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mercredi 25 juin 2014

Received into the Protestant Church

Ceux qui font des recherches sur les Loyalistes américains, réfugiés dans le Bas-Canada à compter de 1781, ont pu constater la difficulté de suivre les déplacements de ces familles d'une paroisse à l'autre et d'une confession chrétienne à l'autre.

J'ai retracé dans le registre de la Protestant Episcopal Congregation de Louiseville, dans le comté de Maskinongé, 30 cérémonies d'accueil de descendants de Loyalistes et d'autres anglophones qui avaient auparavant reçu un baptême catholique. Ces actes, datés du 21 décembre 1821 au 16 juillet 1823, portent tous la mention « received into the Protestant Church ».

Le révérend William, ministre de la Protestant Episcopal Congregation de Louiseville (appelons-la la PEC pour faire court), était un homme très consciencieux et son registre contient de succulents détails sur ses paroissiens.  J'ai déjà trouvé dans ce registre la sépulture de John Ross identifié par le révérend William comme vétéran de la bataille de Québec (voir Sépulture d'un vétéran de la bataille de Québec sur ce blog). Comble de précision, William nous donnait aussi son grade et le nom de son régiment. Seule lacune, les registres protestants ne mentionnent jamais le patronyme de la mère, identifiée seulement par son prénom. On trouve encore cet usage de nos jours dans les familles anglo-saxonnes.

Le registre protestant de Louiseville commence en 1821. Les baptêmes catholiques des personnes reçues dans la foi protestante ont eu lieu entre 1782 et 1823 à Saint-Joseph de Maskinongé ou à Saint-Antoine de la Rivière-du-Loup (Louiseville) pour la plupart. Parmi ces personnes, on compte 6 adultes et 24 enfants répartis dans 15 familles. J'ai ajouté entre parenthèses le patronyme de la mère qui n'est pas mentionné dans le registre. Voici donc les noms des parents des personnes « received into the Protestant Church » à Louiseville entre le 21 décembre 1821 et le 16 juillet 1823 : 
  1. Charles Armstrong et Mary (Marie Béland
  2. David Armstrong et Isabella (Dunn)
  3. Joseph Armstrong et Mary (Marie-Anne Brisset)
  4. Samuel Armstrong et Agatha (Agathe Brisset)
  5. Charles Dunn et Mary (Hebbard)
  6. Charles Dunn et Rebecca (Logie)
  7. William Dunn et Elizabeth (Armstrong)
  8. Robert Elliott et Elizabeth (Élisabeth Savoie)
  9. John England et Margaret (Turner)
  10. John Hebbard et Mary (Armstrong)
  11. Benjamin Page et Elizabeth (Hebbard)
  12. Robert Sinclair et Mary (Marie Rivard-Loranger)
  13. John Sullivan et Margaret (?)
  14. Dennis Sweeney et Mary (restés en Irlande)
  15. Robert Turner et Margaret (Dunn)

Un clan familial


Les patronymes des parents suggèrent des liens de parenté entre eux. Au moins 9 des 15 couples étaient apparentés aux Armstrong, aux Dunn, ou aux deux familles. Les « patriarches » de ce clan étaient les Loyalistes Charles Dunn, époux de Rebecca Loggie, et Jesse Armstrong, époux d'Alda Van Wormer et d'Hannah Crocker.

La fréquence inhabituelle de jumeaux parmi les personnes reçues est sans doute une conséquence de cette parenté. Parmi les 24 enfants, il y avait 3 couples de jumeaux, soit un taux de 25 %, alors que l'incidence des naissances gémellaires est normalement d'environ 2 %. Les parents de ces jumeaux étaient :
  • Robert Turner et Margaret (Dunn)
  • Joseph Armstrong et Mary (Brisset)
  • David Armstrong et Isabella (Dunn)
On trouve d'autres couples de jumeaux dans les familles Armstrong et Dunn.

D'une confession chrétienne à l'autre


L'analyse de ces actes (received into the Protestant Church) m'a permis d'en apprendre davantage sur leurs comportements en matière de pratique religieuse.

La PEC reconnaissait la validité du baptême catholique. Les actes recensés ne sont pas des baptêmes, mais plutôt des cérémonies d'accueil pour des gens qui ont déjà été baptisés. En comparaison, l'Église catholique était beaucoup plus rigide. Elle refusait de marier des couples baptisés dans des religions chrétiennes différentes et refusait aussi la sépulture aux chrétiens d'autres confessions.

Ces descendants de Loyalistes n'attachaient pas beaucoup d'importance à la dénomination de l'Église, pourvu qu'elle soit chrétienne. Ils pouvaient se marier à l'église anglicane de Trois-Rivières, faire baptiser leurs enfants à l'église catholique de Maskinongé et fréquenter ensuite l'église épiscopale de Louiseville. La proximité du lieu de culte et l'accueil qu'on leur faisait étaient semble-t-il plus importants que la confession. Après avoir fait baptiser leurs enfants dans la foi catholique, certains sont revenus à la foi protestante quand une église épiscopale s'est ouverte près de chez eux à Louiseville en 1821.

La consonance des prénoms


Certains des fidèles qui ont fréquenté la PEC étaient plus intégrés à la population canadienne-française qu'il n'y paraît.

Il faut se méfier de la consonance des prénoms. Des enfants ont reçu des prénoms français lors de leur baptême catholique, à Maskinongé ou ailleurs, et ensuite des prénoms anglais lors de leur entrée à la PEC. Quels étaient leurs véritables prénoms d'usage ?

Même remarque pour les conjointes. Marie Rivard-Loranger, Élisabeth Savoie, Marie Béland, Marie Brisset et Agatne Brisset étaient des Canadiennes-françaises dont les prénoms ont été anglicisés par le révérend William. Je crois que ces épouses francophones n'ont pas vraiment fréquenté la PEC, laissant y aller leurs maris protestants. Elles ont reçu une sépulture catholique.

William Hogg, un vétéran du 25th Foot Soldiers, qui a fréquenté la PEC à la fin de sa vie (1825) était connu dans son village de Saint-Léon-le-Grand sous l'identité de Guillaume Hogue. Lui aussi avait épousé une Canadienne-française, Marie-Louise Pépin, à l'église anglicane St.James de Trois-Rivières. 

mardi 28 janvier 2014

La Septuagésime

Il y avait un petit creux dans le calendrier liturgique catholique entre le cycle des fêtes de Noël qui, comme chacun le sait, se termine à l'Épiphanie et celui de Pâques qui commence le Mercredi des cendres. Pour combler ce vide, on inventa donc la Septuagésime, une période liturgique de trois semaines qui précédait le Carême. On s'assurait ainsi que l'attention des fidèles ne se relâchait jamais, du moins pendant la saison froide.

Le premier dimanche de la Septuagésime s'appelait justement la Septuagésime, le deuxième dimanche s'appelait la Sexagésime et le troisième, la Quinquagésime ou Dimanche gras, en référence au Mardi gras qui le suivait.

Que devait-on faire pendant ces trois semaines ? Se mortifier, en attendant de se priver davantage pendant le Carême.

Cette période liturgique a été supprimée par le concile Vatican II.

mercredi 4 décembre 2013

1864 : Les Enfants de Marie arrivent aux Trois-Rivières

Les Enfants de Marie Immaculée étaient encore une nouveauté aux Trois-Rivières dans les années 1860. Cette confrérie féminine visait à encourager, par des récompenses, certains comportements et pratiques religieuses chez les élèves, à former une « élite de piété ». L'Association des Enfants de Marie, d'abord appelée Congrégation, a été créée en  France dans les années 1830 par la communauté enseignante des Filles de la Charité, à la suite d'une prétendue demande qui aurait été faite par la Vierge Marie à la novice Catherine Labouré.  Elle a été reconnue par le Vatican en 1847 et s'est ensuite répandue dans les pays catholiques.

Source : BANQ

Le concept a mis un certain temps à traverser l'Atlantique. Les Ursulines de Trois-Rivières l'ont implanté dans leur couvent à compter du 12 décembre 1864. L'extrait de leurs Annales qui suit (tome 3, page 72) explique le fonctionnement de la congrégation et les récompenses aux élèves les plus méritantes : 
« La congrégation des enfants de Marie est formée des élèves les plus distinguées par leur douceur, leur zèle et leur piété. Tout le monde voudrait bien y entrer, mais on ne le peut sans de grands efforts. Cependant, lorsqu'une pensionnaire a fait voir beaucoup de vertu, les enfants de Marie la reçoive d'abord parmi les aspirantes des saints anges ; c'est un premier degré et une première récompense  ; si on continue ensuite de se bien conduire, successivement, et toujours par l'élection et avec l'agrément des Mères, on est des saints anges, puis aspirante congréganiste, puis congréganiste formée, puis enfant de Marie. Oh ! quel bonheur lorsque enfin l'on en est là ! Il est vrai qu'il faut franchir bien des épreuves, bien travailler et veiller sur soi-même ; mais aussi plus on devient chrétienne et bonne dans toute ces épreuves, plus on a le désir d'appartenir à Marie, et plus on est heureuse d'y arriver. Alors on jouit de grands privilèges, on a dans la maison des charges de confiance, on est décorée d'une belle médaille ; c'est celle que vous voyez à mon cou : elle est destinée à me rappeler toujours la grâce que la sainte Vierge m'a faite, et par là, elle m'engage toujours à mieux m'en rendre digne ; dans les cérémonies on porte les bannières ou les cierges. »
Médailles d'Enfants de Marie (BANQ).
 

jeudi 31 octobre 2013

Thérèse Gélinas ou comment fabriquer une sainte

En 1925, la canonisation de Thérèse de Lisieux (1873-1897) a créé un précédent dans l'Église catholique : une jeune personne pouvait aspirer à la sainteté sans avoir accompli de grandes actions, simplement par la prière et l'obéissance à Dieu. Cette nouvelle théologie dite de La petite voie a suscité une vague d'imitations de la vie de Thérèse de Lisieux.

La « Thérèse de Lisieux » de Trois-Rivières s'appelait Thérèse Gélinas (1925-1934). Son histoire a été racontée par le père Eugène Nadeau O.M.I. qui a écrit plusieurs biographies de religieux. Elle a été publiée par l'Oeuvre Thérèse Gélinas à Trois-Rivières en 1936, soit à peine deux ans après le décès de la fillette, morte d'une hémorragie cérébrale à l'âge de neuf ans.



Becquer le petit Jésus

Les parents de Thérèse, sa mère surtout, l'ont conditionnée très jeune à agir comme son modèle : « ils veulent que leur Thérèse dise sa foi dès le berceau, et cherchent à introduire du divin jusque dans ses premiers gestes et ses premiers bégaiements ... À dix mois : bébé sait tracer seul avec sa menotte le signe de la croix pendant que maman dit les mots...  Elle ne marchait pas encore que, déjà, se mettre à genoux lui était familier... À deux ans : des Jésus elle en voit partout : dans les médailles qu'elle porte à son cou bien en évidence et qu'elle baise au moins dix fois par jour, appelant ça « becquer le petit Jésus »... À trois ans, Thérèse récite le chapelet à la perfection. »




Jésus n'aimera pas Thérèse

Son comportement change un peu à l'extérieur de la maison : « Elle préfère à tout autre milieu l'isolement du sanctuaire familial. Elle n'aime guère prier avec d'autres que ses parents...Un jour, après la grand'messe, Thérèse, bousculée par la foule, a fait sa génuflexion le dos tourné à l'autel. Sa mère, pour éviter de la gêner, fait mine de ne pas s'en apercevoir, mais une fois à la maison lui fait remarquer : « Tu as fait ta génuflexion le dos tourné au petit Jésus, le petit Jésus n'aimera pas Thérèse. » ... « Quand ils n'écoutent pas leur maman, le petit Jésus n'aime pas les petits enfants.»  


Des miracles ?

L'organisation nommée Oeuvre de Thérèse Gélinas a été constituée pour mousser son dossier de canonisation, notamment en distribuant dans les écoles sa biographie et des images pieuses la représentant. Pour être canonisée, une personne doit non seulement avoir mené une vie exemplaire, mais aussi avoir réalisé au moins deux miracles. Or, l'Oeuvre de Thérèse Gélinas n'avait pas grand chose à offrir comme miracle. L'auteur, Eugène Nadeau, rapporte des témoignages de faveurs attribuées à l'intercession de l'enfant, mais rien qui s'approche d'un véritable miracle. Ainsi, il raconte cette anecdote au sujet d'une pièce de 25 sous :


Thérèse Gélinas a été baptisée le 19 mai 1925 à la cathédrale de l'Immaculée-Conception à Trois-Rivières. Elle était l'unique enfant d'Armand Gélinas et de  Marie-Flore Dubé. Après son décès, le  8 décembre 1934, un millier de personnes auraient défilé devant sa dépouille en chambre mortuaire. On n'entend plus parler d'elle aujourd'hui.

mardi 10 septembre 2013

De choses et d'autres (7)

Le carnet du flâneur accueillera bientôt son cent millième visiteur. Merci à ceux qui le suivent régulièrement et qui le citent à l'occasion.

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Antoinette Lemay est née le 6 mars 1680 à Lotbinière et a été baptisée le lendemain à Grondines, ce qui signifie que son père Michel a traversé le fleuve en chaloupe avec un nouveau-né pour le faire baptiser le plus vite possible. Il fallait vraiment avoir peur des limbes! Ce concept tordu de «limbes des enfants» a été aboli par le Vatican en 2007.

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À l'époque de la Nouvelle-France, les morts étaient souvent enterrés le jour même. Je crois que c'est la connaissance de cas de personnes réveillées dans leur tombe qui, plus tard, a incité les familles à attendre quelques jours avant d'enterrer leurs défunts. De tels cas ont été signalés pendant les épidémies, notamment lors de la grippe espagnole de 1918.

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J'ai ajouté à la liste des doyennes de la Mauricie Madame Alice Trudel, née le  21 décembre 1905 à Saint-Jean-des-Piles. Elle est décédée le 22 juin dernier à l'age de 107 ans et 6 mois.

mardi 13 août 2013

Le Séminaire Sainte-Marie

Je retourne sur mes pas, encore une fois. J'ai étudié au Séminaire Sainte-Marie de Shawinigan de 1967 à 1972. C'était la fin du cours classique, condamné par la réforme de l'éducation. Les cinq années d'étude se nommaient : Élément latin, Syntaxe, Méthode, Versification et Belles lettres. Les trois classes d'Élément latin portaient les noms de Saint-Martyrs canadiens : Brébeuf, Buteux et Lallemand. Les trois dernières années du cours classique (Philo1, Philo2 et Rhétorique) avaient disparu pour faire place au Cégep de Shawinigan nouvellement fondé, mais pas encore construit. Le Séminaire Sainte-Marie a fourni des locaux temporaires aux premiers étudiants du cégep.


Après mon passage, le Séminaire s'est transformé en école secondaire privée, accueillant aussi des filles. Le couvent Saint-Pierre de Shawinigan, où les Ursulines offraient le cours classique aux jeunes filles, venait de fermer ses portes.

Les prêtres résidents en 1965

Je suis tombé par hasard sur la la liste des électeurs du Canada pour l'année 1965. Treize prêtres logeaient alors au 5655 boulevard des Hêtres à Shawinigan, adresse du Séminaire Sainte-Marie :
  • Matteau, Jacques, chanoine recteur
  • Abbé Bédard, Gaston, professeur
  • Abbé DeCarufel, Jean-Paul-S., professeur
  • Abbé Foley, Jean-Paul, professeur
  • Abbé Grenier, Jean-Baptiste, professeur
  • Abbé Jacob, Gérard, professeur
  • Abbé Marceau, Roger, professeur
  • Abbé Langevin, Jacques, professeur
  • Abbé Marchand, Gilles, professeur
  • Abbé Mongeau, Jean-Marie, professeur
  • Abbé Perron, Marcel, directeur des études
  • Abbé St-Onge, Bernard, conseiller en orientation
  • Abbé Slight, François, professeur
Les abbés DeCarufel, Foley, Grenier, Marceau, Langevin, Perron, St-Onge et Sligh m'ont enseigné.

Il y avait aussi, sur la liste des électeurs de 1965, un cuisinier nommé Roger Dupuis qui logeait avec eux. Les enseignants laïcs habitaient à l'extérieur.


L'abbé Marcel Perron (1932-2010)


L'abbé Marcel Perron a succédé au chanoine Matteau comme recteur du Séminaire. C'était une des personnes les plus brillantes que j'ai connues. Il pouvait remplacer, au pied levé, dans n'importe quelle matière et donner aux élèves le cours le plus intéressant de l'année. En histoire, il nous expliquait, en dessinant des croquis au tableau, comment ont été construites les pyramides. En mathématiques, il nous démontrait avec le sourire, et hors de tout doute, que deux et deux font cinq. C'était un jeu d'enfant pour lui. On m'a dit que le soir, pour se détendre, il construisait son propre téléviseur dans son bureau.

Il était le fils d'Henri Perron et d'Étudienne Perron de Saint-Tite.


O tempora ! O mores !

La principale mission des collèges classiques était de former des prêtres. Accessoirement, ils servaient aussi à préparer l'accès à l'université, à former des professionnels dans différents domaines.

À la fin des années 60, les élèves sont devenus beaucoup moins réceptifs à la bonne parole. C'était une source de frustration pour les prêtres enseignants. L'un d'eux m'avait dit : « Si c'est comme ça, je serais mieux d'aller vendre des aspirateurs ». Je ne l'ai pas contredit.

À ma connaissance, un seul des élèves de ma promotion se destinait à la prêtrise,  et c'était le neveu d'un abbé du Séminaire.

Avec la réforme de l'éducation, le déclin des vocations religieuses à sûrement joué un rôle dans la disparition des collèges classiques.

samedi 6 avril 2013

De choses et d'autre (6)

Des chercheurs confondent souvent les lieux de naissance et de baptême. Ils écrivent comme lieu de naissance la paroisse où l'enfant a été baptisé. Or, il n'était pas rare qu'un enfant soit baptisé dans une paroisse voisine de son lieu de naissance. Il vaut donc mieux laisser le lieu de naissance en blanc, s'il n'est pas précisé dans l'acte de baptême.

Rappelons qu'autrefois, un enfant qui mourait sans avoir été baptisé dans la religion catholique était menacé des limbes, un endroit déplaisant qui n'existe plus aujourd'hui. Les parents étaient donc pressés de faire baptiser leur nouveau-né et, pour lui ouvrir les portes du Paradis, allaient là où un prêtre était disponible.

La même prudence s'impose pour les lieux de décès et de sépulture : l'inhumation dans une paroisse ne signifie pas que le défunt a trépassé à cet endroit.

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Le surnom Dessaint de la famille Saint-Pierre du Bas-Saint-Laurent viendrait du fait que l'ancêtre se faisait appeler non pas Saint-Pierre, mais plutôt de Saint-Pierre (phonétiquement Dessaint Pierre). Cette préposition "de" n'a rien à voir avec la particule de noblesse ; elle fait plutôt référence à un lieu où sa famille a résidé en France, la paroisse Saint-Pierre de Gouy, près de Rouen en Normandie (voir cet article sur Wikipédia).

On trouve toutes sortes d'histoires à ce sujet. Certains croient que Dessaint est le patronyme et Saint-Pierre le surnom. D'autres prétendent que l'ancêtre Pierre de Saint-Pierre était noble. Or, ce dernier était paysan comme la plupart des immigrants en Nouvelle-France. Il a travaillé comme domestique chez Charles Cloutier à Beaupré avant son mariage.

Voir aussi sur le Carnet du Flâneur : La généalogie pour les snobs.

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lundi 25 mars 2013

De choses et d'autres (5)

« À partir du 7 mars 1965, les messes ont cessé d'être dites en latin. Ce changement, décidé lors du concile Vatican II, précède de peu la désertion des églises par les Québécois. Au même moment, l'Église catholique abandonne le sermon du curé et favorise une décoration plus sobre dans les lieux de culte. » (Radio-canada.ca, 7 mars 2013).

La magie du sacré disparaissait. Les fidèles, pas si fidèles après tout, aimaient mieux obéir sans comprendre ce que disait le prêtre. On trouve un clip d'une messe en latin sur le site web de Radio-Canada.

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L'oiseau de Corine, un minuscule Toui Catherine, est mort. Sa mère s'est assise dessus. Ça ne s'invente pas.

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J'ai ajouté un autre cas, celui de Michel Thibault (c1629-1715), à l'article De faux centenaires publié le 14 octobre 2012.

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J'ai ajouté des informations sur le chauffeur de la remorque dans l'article Le déraillement de Yamachiche, publié le 7 mars 2013.

lundi 7 janvier 2013

Indulgences et porte d'église

Au 16e siècle, l'Église catholique a trouvé un moyen original pour se financer. Elle vendait des indulgences. Les fidèles qui en avait les moyens pouvaient ainsi racheter leurs péchés, sans avoir à se confesser. Ils pouvaient même racheter les péchés de leurs proches défunts. On a attribué la phrase suivante au dominicain allemand Jean Tetzel, grand vendeur d'indulgences :  À peine l'argent a-t-il sonné dans ma caisse, que l' âme s'élance hors du purgatoire et prend son vol vers le ciel. » C'était l'un des excès qui ont conduit le réformateur Martin Luther a quitter l'Église catholique pour fonder le protestantisme.


Heureusement, cette pratique a disparu, mais d'autres moins graves ont subsisté. Ainsi, le journal Le Trifluvien du premier octobre 1897 nous apprend que l'on peut accumuler des indulgences en entrant et sortant plusieurs fois par la porte d'une église, en l'occurrence celle du  sanctuaire du Cap :

« Dimanche prochain, fête de N. D. du Rosaire, une indulgence plénière appelée le Grand Pardon du Rosaire pourra être gagnée à chaque visite faite à l’autel du Rosaire dans l’antique sanctuaire du Cap-de-la-Madeleine. Pour profiter de cette grâce insigne, il faut être contrit, confessé et communié. Il faut aussi, chaque fois, une entrée nouvelle dans l’église. Les visites doivent être réellement distinctes, mais il suffit de sortir de l’église, ne serait-ce qu’un instant. Le Grand Pardon du Rosaire peut se gagner dès la veille, aux premières vêpres, c’est-à-dire dès samedi prochain immédiatement après-midi. Si le temps est favorable, on dit qu’il y aura beaucoup de pèlerins du Cap, dimanche prochain. »

L'article est tiré des Bases de données en histoire de la Mauricie. Le portrait de Jean Tetzel, une estampe, provient de la bibliothèque numérique Gallica.

Voir aussi sur ce blog : Les Quarante heures, La Bonne Mort et De l'importance d'un jubilé.

mercredi 19 décembre 2012

Le triomphe de l'Église

Il y avait un aspect triomphal, presque nord-coréen, dans les grandes manifestations religieuses du début du vingtième siècle au Québec. Alors au faîte de sa puissance, l'Église catholique aimait l'afficher publiquement en mobilisant des foules considérables. La photo suivante a été prise lors du Congrès eucharistique qui s'est tenu à Trois-Rivières du 20 au 24 août 1941. Une foule immense venue des quatre coins du diocèse emplissait toute la cour du Séminaire Saint-Joseph. On remarque sur la photo le grand ordre qui régnait lors de cette manifestation.


Quelqu'un a écrit au verso : « L'hommage d'un diocèse au Christ-Roi. C'est bien ce que fut la triomphale procession du Saint-Sacrement dans les rues de la ville hier après-midi suivie de la bénédiction du Saint-Sacrement au reposoir. C'est tout le diocèse des Trois-Rivières qui s'est agenouillé dans le vaste reposoir du Congrès pour adorer le Roi des Rois. Dans cette immense foule qui débordait la vaste enceinte du reposoir proprement dit et couvrait presque toute la cour du Séminaire des Trois-Rivières, on remarquait des délégations de toutes les paroisses du diocèse ... »

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Par ailleurs, une synthèse de l'histoire religieuse de la Mauricie a été écrite par M. François De Lagrave et publiée dans un cahier spécial du Nouvelliste du 31 décembre 1999. Ce cahier intitulé Un siècle d'histoire a été élaboré par Appartenance Mauricie, la société d'histoire régionale. Le texte de De Lagrave est à la page 15 et s'intitule L'Église catholique en Mauricie

mardi 15 mai 2012

La joyeuse pénitence

Le site Le patrimoine immatériel religieux du Québec présente des articles intéressants sur la vie des communautés religieuses.

Croix en broches portée dans le dos
J'y ai trouvé un article sur les anciennes pratiques de mortification des Adoratrices du Précieux-Sang qui avaient un monastère à Trois-Rivières. Le port d'objets blessants visait à favoriser un rapprochement avec le Christ qui a souffert sur la croix : sang pour sang, amour pour amour. Curieusement, ces pratiques  faisaient partie de ce qu'on appelait « la joyeuse pénitence ». Voici un extrait de cet article intitulé L'évolution de la pénitence chez les Adoratrices du Précieux-Sang :
« Les pratiques de mortification corporelle furent présente au sein de la communauté dès sa fondation, mais elles disparurent dans les années 1970. La mortification corporelle se pratiquait alors durant l'Heure réparatrice, une heure de prière communautaire se déroulant à minuit. À l'aide d'objets de pénitence, les religieuses s'astreignaient à une souffrance contrôlée, selon la capacité d'endurance de chacune, ce qui leur permettait de se rapprocher du Christ et de sa propre souffrance sur la croix. Ces objets de pénitence, fouet, bracelet, collier, jarretière, cilice, bandeau, étaient faits à partir de pointes de broche et portés sur la peau durant une courte période de temps. Toutefois, le port d'un seul de ces objets à la fois n'avait pas pour intention de faire couler le sang, même si on pouvait ressentir de la douleur.

De nos jours, la discipline et la pénitence se vivent dans les petites choses du quotidien, comme le simple fait de devoir cohabiter en tout temps avec des personnes fort différentes de soi ou dans le jeûne du vendredi et l'abstinence de viande ce jour là. »
Voir aussi sur ce blog : Des choristes et des converses

Cette idée de joie dans la pénitence et la mortification a vraiment de quoi surprendre aujourd'hui. En plus de porter des vêtements blessants comme le silice, les membres des communautés religieuses pouvaient (ou devaient ?) se « donner la discipline » en se flagellant. La souffrance dans la maladie était aussi valorisée, comme moyen de se rapprocher de Dieu.

mardi 28 février 2012

L'image sainte de Monsieur Chatillon

Un article paru dans Le Constitutionnel du 5 octobre 1874 :
« Il s’est produit un phénomène vraiment extraordinaire à Nicolet, jeudi le 1er du courant. Monsieur O. H. de Chatillon (professeur de musique au séminaire), possède une petite photographie de Notre-Dame du perpétuel secours dont la figure a paru s’animer à différentes reprises. Plusieurs personnes ont vu le phénomène et s’accordent toutes à dire qu’il s’est réellement produit. À l’heure qu’il est, l’image en question se trouve chez Messire le grand vicaire Thomas Caron [...]. »

Octave Hardy dit Chatillon (1831-1906) a été professeur de musique au séminaire de Nicolet de 1862 jusqu'à sa mort en 1906. Il était aussi compositeur et auteur dramatique. On trouve plusieurs musiciens et compositeurs parmi ses descendants à Nicolet. Un article de l'encyclopédie canadienne lui a été consacré.

Le grand vicaire Thomas Caron (1819-1878) est né à Rivière-du-Loup (Louiseville), fils de Louis Caron cultivateur et d'Euphrosine Béland. Il a été le supérieur du séminaire de Nicolet pendant une vingtaine d'années (voir l'article du DBC)

L'original de l'image de Notre-Dame du perpétuel secours est une peinture sur bois de style byzantin conservée dans l'église Saint-Alphonse de Rome.

L'article du journal Le Constitutionnel est tiré des Bases de données en histoire de la Mauricie.

vendredi 23 décembre 2011

Le retour du prince

Récitez à haute voix en roulant les r : « Montréal, ô ma ville, tu as voulu te faire belle pour recevoir ton pasteur et ton prince! »

En janvier 1953, Paul-Émile Léger (1904-1991), archevêque de Montréal, a été nommé cardinal par le pape Pie XII. À son retour du Vatican, le 29 janvier 1953, il faisait une apparition triomphale à la gare Windsor de Montréal à bord d'un wagon réservé par le Canadien Pacique.  On trouve un reportage radiophonique de cet événement sur le site de Radio-Canada.

Les fidèles s'était massés à l'intérieur de la gare pour l'acclamer avec des banderoles. Le charme a été rompu quand il a prononcé ces paroles : « Montréal, ô ma ville, tu as voulu te faire belle pour recevoir ton pasteur et ton prince! » (à 23 minutes et 45 secondes du reportage). La foule découvrait la vanité de son héros. Le reste de son allocution était de la même eau : « Depuis que le Saint-Père a fait de moi votre cardinal vous ne savez pas comment m'exprimer ce que vous ressentez. »

Paul-Émile Léger dira plus tard qu'il regrettait beaucoup ces paroles. Il a démissionné de son poste d'archevêque le 20 avril 1968 pour travailler comme missionnaire en Afrique auprès des lépreux et des enfants handicapés. Il a réalisé d'importantes levées de fonds pour financer ses missions qu'on appelait « les oeuvres du cardinal ».

On entendait sa voix le soir à la radio de CKAC réciter les prières du chapelet en famille.

samedi 9 juillet 2011

La mitaine de Maskinongé

Il y a une quinzaine d'années, j'avais rencontré dans le stationnement de l'église de Saint-Joseph de Maskinongé un homme qui construisait une maquette à l'échelle de l'ancienne église. Il moulait les pièces dans une matière plastique qu'il faisait cuire au four dans sa cuisine. J'ai malheureusement oublié son nom mais les habitants du lieu s'en souviennent sûrement.

Il m'avait parlé de la mitaine de Maskinongé. Autrefois, les gens appelaient mitaine les chapelles protestantes. Je crois que c'est une déformation du mot anglais meeting, terme qui désigne l'assemblée des fidèles chez les protestants. En pays catholique, c'étaient généralement des bâtiments en bois plutôt modestes, construits pour accueillir une petite communauté de fidèles. 

La mitaine de Maskinongé a été construite en 1891, à l'époque du conflit qui avait divisé les paroissiens à propos de l'emplacement de la nouvelle église paroissiale. Ceux de la rive Nord qui étaient en désaccord avec l'emplacement choisi par Monseigneur Laflêche avaient décidé de construire leur propre temple, sur le bord de la rivière Maskinongé, en croyant qu'il serait desservi par un prêtre catholique. Devant le refus du diocèse de consacrer la chapelle, une poignée de dissidents s'étaient convertis à la religion évangélique baptiste (voir Le schisme de Maskinongé sur ce blog).

Le croquis ci-haut représente la mitaine de Maskinongé, aussi appelée la chapelle maudite parce qu'un prêtre catholique en colère lui avait jeté une malédiction. Il est tiré de L'histoire de la paroisse Saint-Joseph de Maskinongé de Jacques Casaubon publiée en 1982. La chapelle a été démolie en 1930 après avoir été abandonnée vers 1920.


mardi 28 juin 2011

Le petit cathéchisme

Le catéchisme des provinces ecclésiastiques de Québec, Montréal et Ottawa, Approuvé le 20 avril 1888, par les Archevêques et Évêques de ces provinces et publié par leurs ordres, Édition officielle conforme aux récentes modifications du droit canonique, Québec, 1944, 115 pages.

Enfant, j'ai détesté le petit catéchisme. Je n'ai jamais accepté d'apprendre par coeur des questions et réponses qui défiaient toute logique. C'était ma matière faible au primaire.

La question la plus traumatisante : Dieu connait-il tout ? Oui, Dieu connait tout : nos actions, nos paroles et même nos pensées les plus secrètes. J'ai aussi retrouvé dans cette édition la question préférée des petits garçons : qu'est-ce que la communion des seins, ou étaient-ce plutôt des saints ?

L'enseignement du catéchisme a été abandonné en 1964, remplacé par la catéchèse ou pastorale scolaire (voir La catéchèse aujourd'hui). C'était l'année charnière de la grande réforme de l'éducation, avec le dépôt du Rapport Parent et la création du ministère de l'Éducation du Québec. L'abandon du catéchisme faisait alors partie des mesures de laïcisation de l'enseignement. À la même époque, l'Église catholique a subi de profondes transformations dans le cadre du Concile Vatican 2 (1962-1965).

On m'a fait remarquer que le catéchisme illustré plus haut n'est pas celui qui était enseigné dans les écoles (voir le commentaire plus bas). En effet, il contient des questions sur la doctrine sociale de l'Église qui ne s'adressaient pas aux enfant du primaire. En voici deux :
  • L'Église condamne-t-elle le libéralisme économique ? L'Église condamne le libéralisme économique parce qu'il n'accepte que le principe de l'offre et de la demande en vue du plus grand profit possible, au mépris des besoins des hommes.
  • L'Église condamne-t-elle le socialisme ? L'Église condamne le socialisme, si on entend par ce terme le transfert à l'État de toute initiative économique, au mépris de la liberté des personnes.
Jean-Louis Lessard m'a transmis quelques scans du véritable petit catéchisme qui était enseigné dans nos écoles primaires.








lundi 16 mai 2011

Les Quarante heures

Dans Le Constitutionnel du 30 octobre 1874, un article sur une tradition religieuse ancienne que je ne connaissais pas :

« Les exercices des quarante heures ont eu lieu cette semaine dans la paroisse de St-Barnabé. Chaque jour, presque tous les fidèles de la paroisse se rendaient à l’église pour y assister; on y remarquait la présence d’une foule considérable d’étrangers venus des paroisses environnantes. Les exercices ont été prêchés par le révérend père Barron de la congrégation de Oblats de Montréal. » 

Les Quarante heures étaient un exercice de prière au Saint-Sacrement au cours duquel les fidèles se relayaient, jour et nuit, pour assurer une adoration perpétuelle de quarante heures. Afin de motiver les fidèles, l'Église accordait une indulgence plénière pour une période d'adoration du Saint-Sacrement de trente minutes au moins. Les Quarante heures se tenaient successivement dans les différentes paroisses d'un diocèse pour constituer une chaîne d'adoration ininterrompue ou presque. Les fidèles pouvaient donc accumuler les indulgences en visitant les paroisses voisines. C'est ce qui explique ce passage de l'article du Constitutionnel : « on y remarquait la présence d’une foule considérable d’étrangers venus des paroisses environnantes ».

Cette dévotion viendrait de la Renaissance italienne (quinzième siècle). Selon l'Atlas historique des pratiques religieuses, elle s'est répandue dans les paroisses du Québec vers 1840. Les curés  profitaient de la grande popularité des Quarante heures auprès des fidèles pour organiser des sessions massives de confession.

Dans la paroisse Saint-Bernard de Shawinigan, en octobre 1951, les Quarante heures commençaient le dimanche de la fête du Christ-Roi, par une heure d'adoration le soir à 7 heures et se poursuivaient jusqu'à la messe de 8 heures le mardi matin. L'adoration nocturne était réservée aux hommes et aux jeunes gens. (cf Les Chutes de Shawinigan,  24 octobre 1951).

L'article du Constitutionnel cité plus haut est tiré des Bases de données en histoire de la Mauricie.


Voir aussi sur ce blog De l'importance d'un jubilé et Indulgences et porte d'église.

lundi 8 novembre 2010

On n'a pas attendu le corps

Georges Lampron (1889-1959)
Marie Caron était l'épouse d'Olivier Lampron fils. Elle est décédée le 11 décembre 1921 quelque mois après l'incendie qui a détruit l'église de Saint-Boniface de Shawinigan. Il fallait donc amener le corps dans une chapelle temporaire pour les funérailles. Le cortège funèbre formé dans le quatrième rang est arrivé en retard au village alors que le service était déjà commencé. Pour donner une leçon de ponctualité à ses paroissiens, le curé Joseph-Euchariste Héroux avait décidé de célébrer les funérailles en l'absence du corps.  Georges Lampron lui en a voulu pour ce manque de respect envers sa mère.

Ce n'était pas la première fois qu'on n'attendait pas l'arrivée du corps pour chanter un service. Charles Bellemare, curé de Saint-Boniface de Shawinigan, écrivait à ce sujet le 24 février 1888 :
"Nous faisons la levée du corps sur le perron de l’église ou au plus sur le terrain en face de l’église. (Elles sont rares maintenant les paroisses qui ont conservé l’ancienne coutume d’aller à domicile, faire la levée du corps) et aussitôt le Miserere et le Subvenite chantés, nous commençons immédiatement la messe de requiem, suivie de l’absoute et de l’inhumation au cimetière qui presque partout, dans nos campagnes, environne l’église, et tout est fini, excepté le paiement qui parfois se laisse attendre assez longtemps.

… l’hiver, l’heure réglementaire est huit heures et en été sept heures et, généralement, les plus éloignés de l’église sont les plus exacts. On partira de la maison à 5 et 6 heures du matin, pour arriver à l’église à l’heure juste. Nos gens sont fiers de cette ponctualité. Bien entendu, s’il arrive quelquefois que pour une raison ou pour une autre, on retarde d’arriver à l’église, on attend pour commencer la cérémonie que le corps soit arrivé. Quelques curés ont chanté le service avant l’arrivée du corps quand il y avait un retard notable, mais les gens ont crié et l’autorité a parlé."
(Source : La Normandie et  le Québec vus du presbytère, 1987)
L'anecdote à propos des funérailles de Marie Caron a été racontée par M. Alide A. Desaulniers  (1910-1996) qui était le gendre de Georges Lampron.

mercredi 23 juin 2010

La Bonne Mort

Voici un billet d'admission à la Congrégation de la Bonne Mort du diocèse des Trois-Rivières pour l'année 1962.

 La contribution annuelle est de 25 cents si on entre dans la Congrégation avant l'âge de 50 ans et de 50 cents si l'on se fait inscrire après 50 ans. Personne n'est admis après 65 ans. Le billet a été émis par l'abbé Louis Massicotte. Il a été approuvé le 2 novembre 1951, jour de la Fête de la Commémoration des morts, par Georges-Léon, Évêque de Trois-Rivières. L'image sur le billet montre Saint-Joseph,  le Patron des mourants.


L'admission donne droit aux avantages spirituels suivants :

1. Tous les ans, un service solennel sera chanté dans la Cathédrale pour les membres défunts.
2. Un service de Bonne-Mort sera chanté au décès de chaque membre.
3. Une messe basse sera dite chaque jour pour les membres vivants et défunts de la Congrégation.
4. Les membres peuvent gagner au-delà de 30 indulgences plénières dans le cours de l'année.
5. De nombreuses indulgences partielles.

Les devoirs des membres de la Congrégation de la Bonne Mort sont énoncés sur le billet : Réciter, chaque jour, un Pater et un Ave pour demander, en faveur des confrères vivants, la grâce d'une bonne mort et pour la prompte délivrance des âmes des associés défunts. À ce Pater et à cet Ave, on ajoutera l'invocation "Saint-Joseph, priez pour nous".

Cette association est très ancienne. On trouve dans le Journal des Trois-Rivières du 21 août 1882 l'annonce d'un pèlerinage à Beaupré organisé par la Confrérie de la Bonne Mort et présidé par l'Évêque de Trois-Rivières, Monseigneur Laflèche. Par ailleurs, un article du journal Le Bien public du 15 octobre 1914 décrit le fonctionnement de la Confrérie de la Bonne Mort. Les conditions d'admission et les avantages spirituels mentionnés dans cet article de 1914 sont exactement les mêmes que sur le billet émis en 1962. Il semble donc que ce soit la même organisation mais que son nom ait été changé, pour une raison que j'ignore, de Confrérie à Congrégation.

jeudi 22 avril 2010

La Bonne Sainte-Anne

Une carte postale du photographe Pinsonneaul de Trois-Rivières représentant le monument de Sainte-Anne à Yamachiche. C'était le lieu de pèlerinage le plus fréquenté en Mauricie après le sanctuaire Notre-Dame-du-Cap au Cap-de-la-Madeleine.

La carte a été postée le 9 février 1907 à Yamachiche par Soeur Pamphile. Elle est adressé à Mme Conville à l'hôpital Saint-Eusèbe de Joliette :
"Merci chère Madame de votre jolie carte et de vos bons voeux. Pour un instant j'ai pensé être à Joliette ... écoutant la belle musique du soir ... En retour acceptez notre grande Thaumaturge; un grand nombre de pellerins viennent ici la prier. Vous serait-il donné d'y venir un bon jour ! quelle joie vous me feriez ! D'ici à 3 Rivières il n'y a qu'un pas. Ma soeur Antoine serait si contente de vous recevoir. Avec affec. S. Pamphile."
Comme à Notre-Dame-du-Cap, la promotion du pèlerinage à Sainte-Anne d'Yamachiche reposait essentiellement sur les miracles attribués à la patronne du lieu. Cet article publié dans le journal Le Bien Public de Trois-Rivières en fait foi :
« Le 16 juin prochain, les paroissiens de Notre-Dame de Charette, de Saint-Barnabé, et de St-Thomas de Caxton, feront ensemble un pèlerinage à la Bonne Sainte-Anne d’Yamachiche sous la direction de leurs curés respectifs. Ils se souviennent que l’an dernier dans leur pèlerinage un garçon de Saint-Barnabé âgé de 14 ans infirme depuis plusieurs années a laissé ses deux béquilles au pied de la statue de la Bonne Sainte-Anne et est retourné prendre le travail dans sa famille. »  Le  Bien Public (29 mai 1914): 2, col. 4.
En fait, le lieu de pèlerinage d'Yamachiche est un des plus anciens au Québec, plus ancien même que celui de Notre-Dame-du-Cap, mais les rassemblements de pèlerins y ont été interdits  en 1801 à cause des désordres liés à l'alcool. Dans une étude portant sur la grande région du lac Saint-Pierre (Petits pays et grands ensembles, Les Presses de l'Université Laval, 2000), Jocelyn Morneau aborde ce sujet :
"La région du lac Saint-Pierre abrite un des plus anciens lieux de pèlerinage de la province, celui d’Yamachiche consacré à la dévotion de Sainte-Anne. En effet, des pèlerinages y étaient organisés dès avant le XIXe siècle. Frappé d’interdit en 1801 par Mgr Denault en raison des désordres qui y éclataient depuis plusieurs années (débits d’alcool clandestins, rixes, etc.) Yamachiche renaît comme lieu de pèlerinage en 1846 à la demande du curé de la paroisse. Pendant plusieurs années, ce sont surtout des habitants des paroisses voisines qui s’y rendaient le jour de la fête de sainte Anne. Dans le dernier tiers du siècle, le pèlerinage d’Yamachiche obtint la faveur d’un très grand nombre de pèlerins. En 1876, le curé de Saint-Zéphirin-de-Courval et 300 de ses paroissiens embarquèrent à bord d’un bateau à vapeur pour traverser à Yamachiche. Quelques milliers d’autres pèlerins des diocèses de Nicolet, Trois-Rivières et même de Montréal firent de même au cours des années suivantes."

mardi 9 mars 2010

De l'importance d'un jubilé

Un correspondant anonyme a fait parvenir la lettre qui suit au Journal des Trois-Rivières en juillet 1865. Il vante les mérites de travailleurs de La Gabelle qui ont sacrifié leur emploi pour pouvoir faire un jubilé à Saint-Étienne-des-Grès.

Le jubilé était une période décrétée par l'Église catholique pendant laquelle les fidèles pouvaient obtenir des indulgences pour la rémission de leurs péchés. Cette période revenait à tous les 25 ans pour que chaque génération puisse en profiter. C'était donc un événement religieux important que les catholiques les plus fervents ne voulaient pas manquer.

Le style de la lettre nous porte à croire que le correspondant anonyme était un membre du clergé qui voulait raconter une histoire édifiante aux lecteurs du journal. Voici le texte :
« L’on m’a rapporté de la manière la plus positive qu’un grand nombre de travailleurs employés dans l’un des chantiers du St-Maurice, connu vulgairement sous le nom de Gabelle, ont fait en cette circonstance ce qu’on peut appeler un “coup d’état”. Ces braves gens se réunirent donc et résolurent de demander au bourgeois de vouloir bien suspendre leurs travaux pendant quelques heures pour qu’il leur fût loisible d’aller faire leur jubilé [à St-Etienne]; celui-ci ne partageant pas leur esprit de foi, refusa froidement la faveur qu’on lui demandait; alors transportés d’une louable indignation, ces bons travailleurs lui déclarent franc et net qu’ils n’entendent pas être gênés dans l’accomplissement de leurs devoirs de piété et qu’il est bien entendu que pour eux la religion a le pas sur les dollars. En conséquence, ils offrent à régler avec ce coupable maître du chantier (que sans doute on ne sera pas tenté de prendre pour la personnification de la liberté de conscience) s’appuyant sur ce que leur action de générosité serait pour eux la meilleure lettre de recommandation pour trouver ailleurs des situations aussi avantageuses. Celui-ci, blessé par la noble contenance de ces braves gens, les congédie tous sur le champ, leur faisant entendre qu’après comptes réglés, il n’a rien à faire avec eux. “C’est bien, répond l’un d’entre eux, croyez-vous que nous allons vendre nos âmes ici pour un vile salaire de quelques sous par jour?”

J’ai eu le plaisir de voir ces excellents chrétiens s’approcher de la table sainte avec la plus grande ferveur, s’estimant heureux de souffrir cette perte temporelle qui aurait pu entraîner des résultats préjudiciables, à eux et à leur famille, pour profiter de ces dons précieux de la grâce que le vrai sage met bien au-dessus des richesses de ce monde. »

L'article du Journal des Trois-Rivières est tiré des Bases de données en histoire de la Mauricie du Centre interuniversitaire d'études québécoises.

Voir aussi sur ce blog Les Quarante heures.