mercredi 12 novembre 2014

Conçue par voie de fornication

Le prêtre récollet Bertin Mullet ne mâchait pas ses mots. En 1711, il était missionnaire à la Rivière Maskinongé, située à l'ouest de Trois-Rivières. Le 12 février de cette année, il a consigné l'acte suivant dans le registre de Trois-Rivières :



Qui était le père ? Le seul suspect possible est le fils de Pierre Blais et d'Anne Perrault, né en 1685 sur l'Île-d'Orléans.  Ce Jean Blais a passé un contrat de mariage avec Geneviève Martin le 25 octobre 1709 devant le notaire Chambalon de Berthier. Il était donc nouvellement marié au moment des faits. Je dois avouer que ce fornicateur compte parmi mes ancêtres, par son fils légitime Jean-Baptiste qui s'est marié à Trois-Rivières en 1742.

La mère, Marie Faye dite Sansquartier s'est mariée avec un autre homme, tout juste un mois avant la naissance de l'enfant. Elle a épousé François Banliac dit Lamontagne le 12 janvier 1711 à Trois-Rivières. La petite Marie a ensuite porté le nom de son beau-père Banliac. C'est sous le nom de Marie Banliac qu'elle a épousé Pierre Piet en 1739.

Il est rare que les actes de baptême des enfants illégitimes mentionnent le nom du père. La franchise du récollet Mullet allait avoir des conséquences juridiques. En 1749, l'héritage de Marie Banliac a été contesté devant les tribunaux, son beau-frère Michel Rabouin, époux de Geneviève Banliac, arguant que Marie n'y avait pas droit parce qu'elle était la fille naturelle de Jean Blais et non pas l'enfant de François Banliac. Il faisait valoir comme preuve l'acte de baptême rédigé en 1711 par le récollet Mullet. Je ne connais pas l'issue du procès.

Le document faisant état de cette contestation se trouve dans la biographie de Pierre Piet sur le site Nos Origines.