lundi 28 novembre 2011

Les livrets de Loranger et Rousseau

Modifié le 18 avril 2016

Dans les années 1950, les photographes Loranger et Rousseau tenaient un atelier au 425 avenue Tamarac à Shawinigan, sous la raison sociale Loranger & Rousseau Enrg. Ils offraient gratuitement des cartes postales à collectionner aux clients qui faisaient développer leurs pellicules. Ces cartes en couleur représentaient différentes vues de la ville.

Les cartes constituaient la page couverture du livret qui contenait les photos. La dernière page (ci-dessous), le verso du livret, présentait une publicité bilingue des photographes Loranger & Rousseau.  

Dernière page d'un livret de Loranger et Rousseau



Les images suivantes montrent huit des cartes postales qui étaient offertes. C'est un voyage dans le temps, dans la petite ville industrielle prospère d'avant la nationalisation de l'électricité.

The Falls - Les chutes
À chaque printemps, après l'ouverture des pelles (vannes) du barrage de l'île Melville, des centaines d'adolescents, garçons et filles, se rassemblaient au soleil sur les rochers qui bordent les chutes. L'eau sentait bon la pitoune, le billot de sapin qui flottait sur la rivière en amont du barrage. Ce n'est plus possible d'y aller aujourd'hui parce que l'accès a été interdit par des clôtures. On racontait autrefois qu'il y avait eu des noyades dans le Trou du Diable, une fosse profonde creusée dans le roc par la première chute. Selon la légende, le corps d'un missionnaire, le père Buteux tué par des Iroquois, aurait été jeté dans la rivière à cet endroit au XVIIe siècle.


Shawinigan Water & Power Co.
L'usine hydroélectrique de la Shawinigan Water and Power au pied des chutes, là où la rivière Saint-Maurice se jette dans la Baie de Shawinigan. L'énergie produite par l'usine est à l'origine de l'industrialisation de la ville. L'architecture de ce bâtiment en briques rouges, plus que centenaire, est représentative du patrimoine industriel de Shawinigan. Remarquez l'auto verte que l'on retrouve sur plusieurs cartes postales de Loranger et Rousseau. J'imagine que c'était la voiture du photographe et qu'il en était fier.


Les usines - The Mills
Une des deux cartes qui portent le même titre : Les usines - The Mills. Celle-ci montre la Shawinigan Chemical, construite en 1904, qui fabriquait de l'acétylène et des produits chimiques apparentés à partir du coke et du calcaire. On aperçoit à droite un remblayage de chaux dans la rivière Saint-Maurice qui témoigne du peu d'intérêt qu'on accordait alors à l'environnement. Cette chaux hydratée contient plusieurs contaminants comme du mercure et du plomb. Encore la voiture verte.


Les usines - The Mills
Sur la deuxième carte postale intitulée Les usines - The Mills, on voit l'arrière de la Shawinigan Chemical et le chemin de fer qui la desservait. Les enfants jouaient à ramasser des morceaux de coke échappés par les trains le long de ces voies ferrées.


Séminaire Ste-Marie Seminary
Le Séminaire Sainte-Marie (mon Alma Mater) a été construit en 1950. Il offrait alors le cours classique complet donnant accès à l'université. Il a abrité temporairement le Cégep de Shawinigan à la fin des années 60 et au début des années 70 avant la construction du Cégep actuel. Aujourd'hui, c'est une école secondaire mixte, la dernière institution privée d'enseignement de Shawinigan. Avec la diminution de la clientèle scolaire, les deux autres institutions privées d'enseignement, le couvent Saint-Pierre qui offrait le cours classique aux filles et l'école secondaire Montfort, ont fermé leurs portes.



Pendant trois-quarts de siècle, soit avant la construction du centre commercial La Plaza de la Mauricie en 1974, la cinquième rue de Shawinigan a été la principale artère commerciale de la ville. Elle n'est pas bien longue à cause de l'exiguïté de la Pointe-à-Bernard qu'elle traverse. D'autres rues commerciales se sont développées pour compenser ce manque d'espace : la quatrième rue dans la basse-ville et la rue Saint-Marc en haute-ville. Plusieurs cartes postales présentant le même point de vue de la cinquième rue ont été publiées à différentes époques. Celle-ci montre qu'il y avait encore une certaine unité architecturale dans les années 1950.
  
Hôtel de Ville - City Hall
Le nouvel hôtel de ville a été construit en 1945-1946 selon les plans des architectes Arthur Lacoursière de Shawinigan et Ernest Denoncourt de Trois-Rivières. C'est un bel édifice qui, parait-il, ressemble à l'hôtel de ville de Vancouver. Il a abrité plusieurs services municipaux dont la bibliothèque qui était dirigée par Fabien Larochelle, l'historien de Shawinigan. On y trouvait aussi à une époque l'unité sanitaire et le centre de main-d'oeuvre où mes parents travaillaient.

Shawinigan P.Q.

Une vue aérienne de Shawinigan qui montre à l'avant-plan le pittoresque village d'Almaville-en-Bas avec ses rues sinueuses et ses maisons colorées, serrées les unes contre les autres. En face, sur l'autre rive du Saint-Maurice, on distingue à peine derrière l'île la Pointe-à-Bernard ou basse-ville de Shawinigan. 

mardi 22 novembre 2011

La hure des Hurons

Les Hurons vivaient dans la région des Grands-Lacs, au nord du Lac Ontario. Ils formaient une confédération de plusieurs nations iroquoiennes qui se sont alliées aux Français contre les Anglais et contre les Iroquois de la confédération des Cinq-Nations, dont les Mohawks (Agniers). 

Selon l'historien André Suprenant, les premiers Français qui les rencontrèrent les nommèrent Hurons "à cause de leurs cheveux droits comme les soies du sanglier, sur le milieu de la tête, ce qu'on appelle en français une hure". Ils avaient "une grande horreur pour les cheveux frisés, qui sont tout-à-fait rares parmi eux". 

À la fin du vingtième siècle, cette hure a été adoptée par le mouvement punk sous le nom de coupe Mohawk.

samedi 19 novembre 2011

Patronymes anglais en Mauricie (2)

Modifié le 23 mars 1014

Nous avons vu dans un message précédent l'origine de 13 patronymes anglais que l'on retrouve aujourd'hui en Mauricie dans la population francophone : Bald, Collins, Davidson, Diamond, Elliott, Fraser, Griffin, Hart, Hill, Hogg, Long, Nehalt (Noël) et Turner (voir Patronymes anglais en Mauricie sur ce blog). Ces immigrants venaient des îles britanniques ou de la Nouvelle-Angleterre. En voici quelques autres :

Bettez, Jacob (1733-1807). Bien qu'il soit né Suisse, je l'ai ajouté à cette liste parce qu'il fréquentait l'église anglicane et qu'il est probablement arrivé au Canada avec l'armée anglaise.  Il a été marchand à Baie-Saint-Paul où il s'est marié deux fois : avec Catherine Lambert en 1762 puis avec Geneviève Lapare en 1768. Vers 1798, il s'est installé à Yamachiche comme aubergiste. Il est décédé à cet endroit le 21 septembre 1807 et a été inhumé à l'église anglicane Saint-James de Trois-Rivières. Il a eu 13 enfants dont certains se sont mariés dans des églises protestantes. Les Bettez de la Mauricie descendent de ses fils Jacques et Daniel.

Drew Thomas et Joan Ford mariés vers 1820, d'origine inconnue, peut-être des enfants de réfugiés loyalistes américains. Ils étaient dans la région de Montréal le 21 septembre 1823 au baptême de leur fils William à l'église anglicane Christ Church de Montréal. On les retrouve à Yamachiche le 31 octobre 1845, jour du baptême de leur fils Thomas; ce dernier s'est fait baptiser dans la foi catholique pour pouvoir épouser Zoé Lesieur cinq jours plus tard à Yamachiche. Thomas Drew a exploité un moulin à scie sur la rivière Yamachiche et une source d'eau minérale. Il a été élu échevin de la municipalité de Yamachiche en 1851. Le couple Drew-Ford n'a pas été recensé en 1852. Les Drew de la Mauricie descendent de leurs fils Thomas et William. Par ailleurs, on trouve à Shawinigan le pont Drew et la chute Drew sur la rivière Shawinigan, près de l'autoroute 55, un secteur autrefois appelé Glenada qui était rattaché à la paroisse de Sainte-Flore.  Selon M. Henri-Paul Thiffault de Shawinigan, le premier pont Drew aurait été construit par un Drew originaire de Yamachiche qui possédait une maison près de la chute. Il faisait payer 10 cents pour traverser son pont. C'était, je crois, Léopold Drew, fils de Thomas Drew et de Zoé Lesieur, qui s'est marié à Sainte-Flore en 1902.

En 1860, la petite chute a été peinte par Cornelius Krieghoff sous le titre : "A jam of saw logs on the upper fall in the little Shawanagan river - 20 miles above Three Rivers".



Jacob, Baptist dit Langlois, né en 1731 à Londres. Il a épousé, en premières noces, une amérindienne nommée Marie-Françoise Oruatayon, le 30 jan 1753 à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Ils ont eu deux fils métis : Jean-Baptiste (né en 1753) et Alexis (né en 1755). Marie-Françoise Oruatayon a été inhumée le 27 décembre 1755 à La Pérade. Baptist Jacob s'est remarié avec Marie-Josephte Gervais, fille de Louis-Joseph et de Josephte Gendras, le 20 novembre 1757 à La Pérade; ils ont eu 10 enfants.

McKay, Niel ou Daniel, un protestant d'origine inconnue. Il était voyageur. Il a eu une dizaine d'enfants métis entre 1785 et 1803 avec une Améridienne, Marie dite Thérèse, qu'il a probablement rencontrée dans les Pays-d'en-haut. Cette famille a vécu dans les environs de Maskinongé et de Saint-Cuthbert.

Ross, John William dit Jean-Baptiste, né vers 1735 en Écosse. John Ross a servi dans le 78e Frasers Highlanders pendant la guerre de Conquête. C'était un vétéran de la bataille des Plaines d'Abraham. Il a épousé Marie-Louise Delpé dit Saint-Cerny ou Sincerny de Maskinongé le 7 juillet 1764 à Québec (mariage civil). Marie-Louise Delpé-Sincerny avait un huitième de sang algonquin par son arrière-grand-mère maternelle Marie Miteouamigoukoué, épouse de Pierre Couc.

John-William Ross, mieux connu sous le prénom de Jean-Baptiste, a eu une dizaine d'enfants à Maskinongé,  où il a vécu près de soixante ans. Huit de ses enfants se sont mariés. Sa descendance est donc nombreuse. Il est décédé le 21 janvier 1822 à Maskinongé; il a été enterré dans le cimtetière de la Protestant Episcopal Congregation Church of Saint Antoine of Rivière du Loup (aujourd'hui Louiseville). Voir Sépulture d'un vétéran de la bataille de Québec sur ce blog.

(Note : Ne pas confondre avec un autre William Ross qui a fait partie du même régiment et qui s'est établi dans la région de Montmagny, époux de Marie-Josephte Proux.)

Siegmann, Heinrick (1752- ). Bien qu'il soit né en Allemagne, je l'ai ajouté à cette liste parce qu'il était dans l'armée anglaise et qu'il fréquentait l'église anglicane. Il est arrivé au Canada avec l'armée loyaliste après la guerre d'indépendance américaine. Il a épousé Thérèse Quemleur-Laflamme le 30 janvier 1787 à la cathédrale anglicane de Québec; ils ont eu 5 enfants. En 1804, il était commis aux Forges du Saint-Maurice près de Trois-Rivières. Cette année-là, il a épousé en secondes noces Marie Robert à l'église anglicane Saint-James à Trois-Rivières; ils ont eu 12 enfants. Le patronyme a été généralement modifié en Sigman, parfois même en Sickman.

Young, Alexander et Jane Morrow se sont mariés à Trois-Rivières dans l'église méthodiste le 16 octobre 1855. On trouve un autre mariage Young-Morrow dans la même église le 19 juillet 1853, celui de David Young et d'Ellen Morrow, peut-être apparentés aux premiers. Alexander Young était protestant d'origine écossaise, né à Québec vers 1832. Il a été recensé au Cap-de-la-Madeleine en 1871 avec sa femme Jane et 7 enfants. En 1884, ils se sont établis sur le lot 567 du cadastre dans le rang des Grandes-Prairies (aujourd'hui la rue des Prairies) au Cap-de-la-Madeleine.

mardi 15 novembre 2011

Le ragoût en poche

À l'époque où les bûcherons de la Mauricie étaient encore nourris aux binnes et au lard salé, certains amenaient avec eux dans les chantiers une spécialité locale, le ragoût de patte de cochon. C'était pour varier l'ordinaire. Ce met était traditionnellement servi avec des "pelotes", des petites boulettes de viande de porc enrobées de pâte qu'on faisait cuire dans le jus du ragoût vingt minutes avant de servir.

Au début de l'hiver, avant le départ pour les chantiers, les femmes des bûcherons faisaient congeler le ragoût de patte dans des sacs ou poches de coton blanc qui servaient à l'emballage du sucre et de la farine. Ils amenaient ces sacs congelés dans les chantiers et les enfouissaient dans la neige près du camp. Quand ils étaient tannés des binnes et du lard salé, ils allaient se couper un bon gros morceau de ragoût en poche avec la hache et le faisaient mijoter sur le poêle du camp. Ça embaumait les lieux d'une parfum qui leur rappelait la maison et couvrait l'odeur des chevaux qui partageaient leur campement.

Le ragoût de patte de cochon est le met traditionnel du Jour de l'An dans les familles de  la région de Shawinigan et en Haute-Mauricie. C'est délicieux. Encore aujourd'hui, on peut acheter des pelotes de viande à ragoût dans les épiceries de la région.

dimanche 13 novembre 2011

Les brodeuses

 Au XIXe siècle, les artisanes de Louiseville en Mauricie étaient réputées pour leurs broderies.

En 1851, à la Rivière-du-Loup (Louiseville), dans la maison de Jean-Baptiste Martineau-Saintonge et de Marie-Madeleine Fournier, vivaient quatre brodeuses. Elles appliquaient des motifs sur des écorces de bouleau et sur des brodequins en feutre ou en peau, un art appris des femmes amérindiennes. Les quatre soeurs Lucie, Julie, Émilie et Félicité Saintonge avaient dépassé la trentaine sans se marier. Elles se rendaient utiles en fabriquant des produits d'artisanat pour les marchands du village.

Elles devaient subvenir aux besoins du ménage. Leur père Jean-Baptiste, âgé de 74 ans, était rentier, ce qui ne signifiait pas qu'il touchait une rente, mais plutôt qu'il avait arrêté de travailler. À 69 ans, leur mère Marie-Madeleine était trop vieille pour broder, une activité qui requiert une excellente vue. Jean-Baptiste et Marie-Madeleine se sont mariés à Saint-Antoine de la Rivière-du-Loup le 31 mai 1802. Il était un petit-fils de Geneviève Arcand qui a établi sa famille dans cette paroisse en 1759 (voir L'arrivée des Matineau-Saintonge en Mauricie sur ce blog).

Leur fils Désiré Saintonge, qui était voisin de ses parents, était menuisier. Sa femme Aurélie Lemaître-Bellenoix était brodeuse; ils n'avaient pas d'enfant. J'imagine qu'Aurélie brodait avec les soeurs de son mari. Un autre fils Louis Saintonge était aussi menuisier, mais sa femme Hermine Marineau ne faisait pas de broderie; ils avaient un garçon de 2 ans prénommé Désiré comme son oncle. Les mères n'avaient pas le temps de broder.

Les jeunes filles apprenaient très tôt. Toujours en 1851, chez les voisin Desrosiers-Dargis, deux filles de 12 et 14 ans, Hermine et Denise, étaient déjà brodeuses. Il y avait cette année-là 138 brodeuses à la Rivière-du-Loup qui travaillaient dans de petits ateliers, la plupart du temps dans la maison paternelle.

Sources :
- Recensement du Canada en 1851
- Jocelyn Morneau, Petits pays et grands ensembles : Les articulations du monde rural au XIXe siècle. L'exemple du lac Saint-Pierre. Les Presses de l'Université Laval, 2000.
- Jocelyn Morneau, Louiseville en Mauricie au XIXe siècle : la croissance d'une ère villageoise. Revue d'histoire de l'Amérique française, vol 44, no 2, 1990, p. 223-241.

vendredi 4 novembre 2011

Le collège Saint-Louis-de-Gonzague à Louiseville

J'ai quelques photos de l'ancien pensionnat Saint-Louis-de-Gonzague de Louiseville. Ces photos ont appartenu au Frère Louis-Pierre (Germain Lampron) qui a enseigné à cet endroit dans les années 1930.

Le pensionnat Saint-Louis-de-Gonzague de Louiseville était administré par les Frères de l'Instruction chrétienne (FIC). Il a dispensé l'enseignement primaire et une partie de secondaire, jusqu'à la dixième année. Il a été inaugurée en 1894 et détruit par le feu le 13 décembre 1954. L'écrivain Jacques Ferron l'a fréquenté.

La congrégation des Frères de l'Instruction chrétienne a été fondée à Ploërmel en France en 1812, avec pour mission de former des maîtres chrétiens et d'ouvrir des écoles pour garçons. Dans les années 1880, la France a laïcisé ses écoles, obligeant les communautés religieuses enseignantes à aller s'établir ailleurs. Les FIC sont arrivés au Québec en 1886 et ont fondé plusieurs établissements scolaires, notamment à Louiseville et à Shawinigan en Mauricie.


Les frères qui apparaissent sur la photo suivante étaient en poste à Saint-Louis-de-Gonzague vers 1935-1936. Réal Lampron de Cap-Rouge les a identifiés. On retrouve assis, de gauche à droite, les frères Théodorit Gauthier; Augustin Cyr de Ambrosis; Victor Bélanger, le directeur de l'école et de la communauté; Simplicius-Joseph Trudel, surnommé "Ti sec"; Bertrand Roussel et Camille-Marie Lacasse. Debout à l’arrière, de gauche à droite, les frères Flavien-Joseph Lacerte; Gentien Villemure; Sébastien-Henri Roy; Louis-Pierre (Germain) Lampron; Eugénius Croteau et Lucien-René Coutu.


Le frère Victor Bélanger a été directeur du pensionnat de Louiseville de 1931 à 1936. Il a ensuite dirigé le Collège de l'Immaculée-Conception à Shawinigan à compter de 1937. C'était un ardent nationaliste. La Société d'histoire et de généalogie de Shawinigan lui a rendu hommage.
 
La photo suivante montre la classe du Frère Louis-Pierre (Germain Lampron) en 1933-1934. Sa classe regroupait des élèves de deuxième et de troisième années. Les élèves étaient habillés de toutes sortes de façons, certains en culottes courtes avec des bas qui montaient au genou. Il n'y avait pas d'uniforme.


On retrouve plusieurs de ces Frères enseignants du pensionnat de Louiseville sur une autre photo parue sur ce blog (voir Une visite imprévue).

mardi 1 novembre 2011

Sirop d'érable et béret blanc

À la fin des années 1960, sur la rue Frigon à Shawinigan, une gentille vileille demoiselle portait un béret blanc. Quand j'étais scout, elle m'achetait une pinte de sirop d'érable le printemps et un calendrier l'automne, mais seulement après m'avoir raconté à chaque fois l'histoire du petit Jésus de Prague. Elle avait posé une statuette de l'objet de sa dévotion sur son poste de télévision.

On voyait parfois devant chez elle une auto noire d'un modèle ancien conduite par un vieux monsieur au béret blanc. Il y avait sur l'auto un drapeau du Pape, jaune et blanc avec des clefs.

Gilberte Côté-Mercier
Ils appartenaient aux Pélerins de Saint-Michel, surnommés les bérets blancs, un mouvement dirigé par Gilberte Côté-Mercier (1910-2002). Les Pélerins de Saint-Michel publiaient le journal Vers demain qui prônait l'assainissement des moeurs. Gilberte Côté-Mercier faisait campagne notamment contre le port des culottes courtes pendant les cours d'éducation physique à l'école et avait traité de putains les enseignantes qui exigeaient que les jeunes filles s'habillent ainsi. À l'époque de la mini jupe, c'en était était presque comique.

En politique, les bérets blancs étaient proches du Crédit social, un mouvement populiste fondé par Clifford Hugh Douglas dans les années 1920, qui militait en faveur de l'instauration d'un revenu annuel garanti. Le mouvement a connu son heure de gloire à l'élection fédérale de 1962 avec 26 sièges au Québec, sous la direction de Réal Caouette (1917-1976).