vendredi 11 mars 2016

Le Québec ne sera pas une deuxième Corée !

En 1950, les manoeuvres de l'Union Soviétique en Corée laissaient craindre une troisième guerre mondiale. Au Québec, l'Union Nationale de Maurice Duplessis a exploité cette peur pour asseoir son pouvoir. 

L'hedomadaire La voix de Shawinigan était réputé très proche de l'Union Nationale. Son propriétaire-éditeur, M. Gilles Trudel, était le fils du Dr Marc Trudel, député unioniste du comté de Saint-Maurice de 1944 à 1952. À chaque semaine, une chronique intitulée La politique au Québec faisait l'éloge des réalisations de l'Union nationale et tournait en ridicule les interventions des libéraux.

Citant l'agence Brithish United Press, l'édition du 21 juillet 1950 rapportait que :

« Le gouvernement provincial du Québec a pris toutes les mesures pour mettre en état d'arrestation, en moins de quelques heures, tous les Communistes et leurs sympathisant, en cas d'urgence ... C'est grâce à la Loi du Cadenas, adoptée sous la première administration Duplessis, que les agents anti-subversifs ont pu découvrir les nids de traîtres qui n'attendent que le signal de Moscou pour agir contre leur propre patrie.

Selon un porte-parole du Procureur général, le gouvernement du Québec possède une liste complète et à date de tous les agitateurs et nous savons constamment où chacun se trouve afin de pouvoir les cueillir si nécessaire. Il semble que le gouvernement provincial ait entouré cette liste et son plan de campagne du plus grand secret afin de pouvoir entrer en action en quelques instants si la chose devenait nécessaire ... Les plans comprennent l'arrestation immédiate des communistes et de leurs amis, la protection des édifices publics, des entrepôts, des points stratégiques, des ponts et des services publics, en cas d'urgence, et jusqu'à ce que l'armée puisse relever les agents provinciaux ...

C'est pourquoi des agents spéciaux de la Sûreté provinciale travaillent sans relâche à se renseigner sur les agissements communistes et subversifs. Tout en insistant sur le fait que le gouvernement provincial n'anticipe pas d'avoir à mette ces plans en action, un porte-parole a insisté sur le fait que le Québec ne serait pas " une deuxième Corée ". »

Le plan secret dont il est question dans cet article ressemble beaucoup à celui qui a été mis en oeuvre vingt ans plus tard contre les activistes du Front de libération du Québec (FLQ). 

Voir aussi sur ce blogue : Des felquistes au Lac Martel