On trouve dans les annales des Ursulines de Trois-Rivières pour l'année 1843 la mention suivante : "Baptême de deux Flamands de Montachaigne qui étaient descendus aux
Trois-Rivières. Ces jeunes gens étaient âgés l'un de vingt-trois et
l'autre, de dix-huit ans." Ils seraient donc nés en 1820 et 1825.
Il
s'agissait de la mission de Weymontachingue, maintenant nommée
Wemotaci qui comptait alors une vingtaine de familles seulement. On trouve aussi dans cette région les rivières Flamand et
Petit Flamand, de même que le lac Flamand.
Les deux
"Flamands" baptisés en 1843 étaient vraisemblablement des descendants, fils ou petis-fils, de
Joseph Flamand, un chasseur blanc à l'emploi de la Hudson's Bay Company qui a épousé une Algonquine Tête-de-Boule de la
région de Weymontachie vers 1790.
Selon Claude Gélinas, dans
La gestion de l'étranger (page 109), Flamand et sa femme ont eu au moins deux fils métis, Charles
et Joseph qui se sont intégrés à la communauté autochtone. Charles a eu
à son tour deux fils qui ont reçu des noms autochtones : Coocoocoo et
Oskelamask, signe de leur acceptation par la communauté.
Ces deux petits-fils de Joseph Flamand
auraient pu être les baptisés de 1843. Mais rien n'est moins sûr. Il pouvait aussi s'agir de ses fils ou d'autres petit-fils. Les Têtes-de-Boule (on dit maintenant Attikameks) ne connaissaient pas le calendrier grégorien et n'avaient pas de certificat de naissance. L'âge qu'on leur attribuait était donc très approximatif.
On trouve dans un récit d'un certain John Adams le passage suivant qui relate une mascarade des fils d'un vieux chasseur canadien nommé Flamand au poste de "Wemontachinque" en 1829 :
" But these poor
Indians themselves are possessed of no mean talent as masqueraders, of which I
will relate an instance. One
evening while residing at the same post, the party were intruded upon by two of
the most frightfully distorted and disgusting figures I have ever seen, in the persons
of two old men — lame, hump-backed, blackened with gun-powder, and with
white teeth protruding from the upper jaw downwards, at least two inches; they
were represented to us as idiots and brothers, and seated themselves in the
room, making violent gestures, expressive of anger or impatience, and at
intervals furiously striking the floor with their paddles. Having been
previously prepared to expect a singular arrival at the post on that evening,
and the agents of the conspiracy against our discernment having well performed
their part, two of us were deceived, Mr. Ingall alone being sceptical. I myself
doubted them at first, but in the end I confess myself to have been taken in by
their inimitable acting, as on one of the servants of the post pretending great
alarm after they had retired into the next room, and running into ours', apparently
for protection, I seriously asked him whether he was so cowardly as to be
afraid of such poor decripid creatures. These two worthies were handsome lads,
the eldest not more than seventeen, and sons of an old Canadian hunter, named
Flamand, by his wife, a Tète de Boule woman. — The teeth they had cut out of wood, and so fixed
them as to resemble the long, curved upper cutting teeth of a beaver. Never was
deception more admirably managed."
Selon ce témoignage, le fils aîné de cet "
old Canadian hunter named Flamand" serait né vers 1812
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Le titre complet de l'ouvrage de Claude Gélinas est
La gestion de l'étranger : les Attikamekw et la présence eurocanadienne en Haute-Mauricie 1760-1870. Il a été publié en 2000 aux Éditions du Septentrion.
Le texte de John Adams intitulé Sketches of the Tete de Boule Indians of the River St. Maurice a été publié originellement en 1831 dans les
Transactions de la Literary and Historical Society of Quebec, Original Series, Volume 2. Adams relate des souvenirs de l'expédition d'Ingall sur le Saint-Maurice et l'Outaouais en 1829.