mercredi 16 décembre 2009

Duplessis admirait-il Hitler?

Dans ses mémoires, Léon Balcer (1917-1991), qui fut député progressiste-conservateur de Trois-Rivières de 1949 à 1965 et ministre sous Diefenbaker, raconte un échange auquel il a assisté entre Maurice Duplessis alors premier ministre du Québec et le consul d'Allemagne nouvellement nommé.

Au début des années cinquante, jeune député fédéral, je me trouvais à Québec et j'en profitai pour aller saluer le premier ministre et régler quelques petits problèmes qui intéressaient nos électeurs de Trois-Rivières. Je téléphonai à Mademoiselle Cloutier pour prendre rendez-vous. Elle m'invita à me rendre au bureau du premier ministre vers 9h45 en me disant que même si ce dernier avait un agenda bien chargé il pourrait me voir juste avant le nouveau consul d'Allemagne qui avait rendez-vous à 10 heures.

Nous réglâmes rapidement nos petites affaires et, comme Mademoiselle Cloutier entrait pour annoncer le diplomate, j'étais déjà debout prêt à prendre congé. Monsieur Duplessis me dit : "Non, non va-t-en pas, ce n'est qu'une visite de courtoisie qu'il me fait. Il vient d'arriver au pays."

Je lui répond que je ne voulais pas déranger.

Il insiste : "Non, non c'est une bonne chose que tu le rencontres. Et puis, entre toi et moi, les diplomates européens ne m'impressionnent pas outre mesure. Je suis capable de leur parler."

Ça promettait!

Je vois entrer l'Allemand. Un visage raffiné, très grand, d'une maigreur frappante, résultat de plusieurs années passées dans les prisons hitlériennes. En somme, ce démocrate, ami d'Adenauer, avait dans son visage une expression de souffrance passée qui m'inspirait le plus grand respect.

Après lui avoir serré la main, le premier ministre lui dit : "Je vous présente le député fédéral de Trois-Rivières, c'est un boche comme vous!"

Sans doute aujourd'hui le mot boche ne s'emploie plus mais pour les gens de ma génération, et surtout pour ce consul, le mot avait un lourd sens péjoratif.


Je vis dans les yeux du diplomate qu'il se demandait s'il avait bien compris. C'est alors que monsieur Duplessis commence un long monologue où il donne son interprétation de l'histoire de l'Allemagne contemporaine.
À un moment donné, il ajoute sur un ton catégorique : "Vous savez, Hitler, qu'on l'aime ou qu'on l'aime pas, était un des plus grands orateurs des temps modernes."

Je vois sur le visage du diplomate une expression d'incrédulité totale. Je suis convaincu qu'il ne pouvait comprendre que quelqu'un puisse lui dire une telle énormité.


Duplessis crut qu'il mettait en doute son affirmation et enchaîna : "Oui, oui, je sais ce dont je parle, parce que je l'ai entendu moi-même en plein milieu de l'Atlantique sur le Normandie. La radio nous transmettait un discours qu'il prononçait devant 50 000 personnes. C'était quelque chose à entendre! Extraordinaire!"


Après un moment de silence, le consul fit simplement remarquer qu'à l'endroit où il était incarcéré, il n'y avait pas de radio.


Duplessis ne fut pas plus ému et continua sur le même ton sa dissertation pour finalement terminer sur la thèse suivante : "Aujourd'hui tout le monde blâme Hitler de tous les péchés du monde, mais l'histoire devra admettre que c'est lui qui dans les années trente a sauvé l'Allemagne du communisme. Prenez-en ma parole!"

Son interlocuteur n'en revenait pas. Il était d'une pâleur extrême. Il se retira le plus tôt qu'il pu.

Monsieur Duplessis me dit alors en guise de conclusion : "Tu sais, ces Européens-là il faut leur parler. Il ne faut pas se gêner."


- Mais quand même est-ce que vous ne trouvez pas que vous avez été un peu raide au sujet d'Hitler. Cet Allemand, lui, a passé des années de sa vie en prison à cause d'Hitler.

- Il ne faut pas s'en faire. Il ne faut pas se laisser impressionner.

Pour ma part, je n'ai jamais eu aussi hâte de quitter un bureau de premier ministre.


Voir aussi : La Vierge est en prison à Boston

Joyeux Noël 1913

Un carte postale de Noël postée à Trois-Rivières le 25 décembre 1913. Elle est adressée à une Demoiselle Corinne D'Auteuil qui habitait sur la rue Saint-Jean dans la ville de Québec. "Je vous souhaite une joyeuse fête de Noël. La personne au verso de cette carte ressemble beaucoup à Jeanne Duplessis la plus jolie fille de Trois-Rivières dont je vous ai déjà parlé." Le message n'est pas signé.

C'est une photo coloriée prise en studio sur laquelle on a ajouté de la fausse neige. Remarquez l'inclinaison de la tête et la position de la main gauche qui sont typiques de l'expression dramatique à l'époque du cinéma muet. La tache noire sur l'épaule est due au tampon de la poste.

L'ancien premier ministre du Québec Maurice Duplessis avait une soeur prénommée Jeanne qui est née à Trois-Rivières le 15 septembre 1888. Elle avait donc 25 ans en 1913. Elle a épousé Henri Balcer, le fils d'un industriel local, le 8 janvier 1919. Maurice Duplessis habitait chez elle quand il était dans son comté à Trois-Rivières. Était-ce la Jeanne de la carte?

mardi 15 décembre 2009

La Loi des douze enfants

Dans un épisode de l'ancien téléroman "Les Belles histoires des pays d'en-haut", le colon Basile Fourchu, père de treize enfants vivants, recevait du gouvernement une "terre en bois deboute".

En 1890, le gouvernement d'Honoré Mercier observant «qu'il convient, à l'exemple de tous les siècles, de donner des marques de considération à la fécondité du lien sacré du mariage», fait voter une loi intitulée «Acte portant privilège aux pères ou mères de famille ayant douze enfants vivants». Cette loi accordait gratuitement cent acres de terre publique, ou bien une prime d’un montant de cinquante dollars, aux parents de douze enfants vivants, nés en légitime mariage.

Pour se prévaloir des dispositions de la loi, tout père ou mère de famille admissible devait présenter une requête au secrétaire de la province, accompagnée de son acte de mariage, d'un extrait de naissance de chacun de ses enfants ainsi que d'un certificat devant un juge de paix, constatant le nombre de ses enfants et leurs noms. Les cent acres de terre devaient être choisis parmi les terres publiques propres à la culture, en vente et disponibles au moment du choix, dans le canton, la paroisse ou le territoire non organisé où le requérant demeurait ou, sinon, dans celui le plus rapproché de son domicile.

En vertu de cette loi, Elzéar Bourassa et Odélie Gélinas du Grand Quatre de Saint-Boniface ont reçu le lot numéro 48 du rang 6 du canton Shawinigan (Saint-Boniface). Leur demande d’octroi est datée du 26 décembre 1901. Elle a été signée par le curé Joseph-Télesphore Gravel de Saint-Boniface sur un formulaire intitulé « Certificat des pères (mères) à l’effet qu’il (elle) a douze enfants vivants ». Le formulaire est accompagné d’une copie de l’acte de mariage inscrit au registre de la paroisse de Saint-Boniface. En guise de signature, Elzéar Bourassa a marqué ce formulaire d’une croix.

Cinq autres familles de Saint-Boniface ont profité de cette mesure qui a été abolie en 1905 :

- Jean-Alexis Gélinas et Adélina Pellerin;
- Prosper Lamy et Élisa Milot;
- Jean Matteau et Adéline Desaulniers;
- Augustin Lambert et Philomène St-Onge;
- Antoine St-Onge et Eutychiane Lamothe.

Antoine St-Onge et son beau-frère Augustin Lambert, ont acquis des terres dans ce qui est devenu la paroisse Saint-Marc de la haute-ville de Shawinigan. Ils devenaient ainsi les pionniers de ce secteur de la ville, autrefois appelé village St-Onge. Deux rues ont été nommées en leur honneur et le parc Saint-Marc a été renommé parc Atoine St-Onge il y a quelques années.




Les familles de douze enfants n’ont pas toutes profité de ces octrois. Les formalités administratives ont pu décourager certaines. D’autres ignoraient peut-être même l’existence de cette mesure.

Les dossiers de demande d’octrois gratuits de terres aux familles de douze enfants vivants sont conservés à Québec aux Archives nationales.

mardi 24 novembre 2009

Cage d'oiseau

Hector de Saint-Denis-Garneau (1912-1943) a contracté à l'âge de 16 ans une fièvre rhumatismale qui lui a laissé une lésion au coeur. Sa perception du monde change alors brutalement; il prend conscience de la fragilité de sa vie.

Le 24 octobre 1943, Saint-Denys-Garneau est pris d'un malaise alors qu'il fait du canot sur la rivière Jacques-Cartier. Il s'approche de la rive pour demander de l'aide chez Joseph-Louis Boucher. Il accoste et débarque de son canot mais, au lieu de se diriger vers la rive, il s'enfonce plus profondément dans la rivière. On le retrouvera noyé.


Cage d'oiseau

Je suis une cage d'oiseau
Une cage d'os
Avec un oiseau

L'oiseau dans ma cage d'os
C'est la mort qui fait son nid

Lorsque rien n'arrive
On entend froisser ses ailes

Et quand on a ri beaucoup
Si l'on cesse tout à coup
On l'entend qui roucoule
Au fond
Comme un grelot

C'est un oiseau tenu captif
La mort dans ma cage d'os

Voudrait-il pas s'envoler
Est-ce vous qui le retiendrez
Est-ce moi

Il ne pourra s'en aller
Qu'après avoir tout mangé
Mon coeur
La source du sang
Avec la vie dedans

Il aura mon âme au bec.



On trouve un site entièrement concacré à Saint-Denis-Garneau ici.

Voir aussi sur ce blog : L'enfant est partie

mardi 17 novembre 2009

L'alcool à Yamachiche en 1851

Le notaire Petrus Hubert est né à Yamachiche le 18 août 1810, de Pierre Hubert et de Marie-Louise Carbonneau. Il a fait ses études au Séminaire de Nicolet de 1821 à 1828 et a été admis à la profession de notaire en 1834. Petrus Hubert est l'auteur du premier manuel de notariat canadien.

Il a été nommé responsable du recensement de la population de Yamachiche en 1851. Normalement, les recenseurs se contentaient de remplir des tableaux de données mais Petrus Hubert a cru bon d'ajouter un texte où il fait une appréciation morale des paroissiens qu'il a rencontrés.

Il énumère d'abord le nombre de commerces et d'établissements de toutes sortes : "Il n'y a pas d'auberges ni de tavernes, mais il y a 4 maisons de pension. Il y a 6 magasins, 8 boutiques de forgerons, 4 boutiques de tanneurs, 7 boutiques de cordonniers, 12 boutiques de menuisiers, 1 boutique de voituriers, 2 boutiques de potiers ..."

Yamachiche était en 1851 le centre urbain le plus important de la Mauricie après Trois-Rivières. De plus, le village était très bien situé sur le chemin du Roy, une des routes les plus passantes de l'époque. Qu'il n'y ait eu aucune auberge ou tavernes, c'est-à-dire aucun commerce vendant de l'alcool, est vraiment étonnant. On pourrait croire que des alambics fonctionnaient à plein régime dans le fond des rangs. Mais non! Petrus Hubert nous apprend que les problèmes liés à l'alcool ont été réglés grâce aux sociétés de tempérance :

"Nous avons la satisfaction de pouvoir constater, par l'expérience de nos visites domiciliaires en faisant ce rescensement, qu'il s'est opéré dans la paroisse depuis quelques années une amélioration frappante dans la condition des familles et des individus; on n'y a nulle part rencontré le spectacle d'une indigence et d'une misère désolante, comme il était arrivé auparavant d'éprouver en quelques endroits de pénibles impressions; et nous sommes convaincus que le retour du peuple à la sobriété par l'établissement des sociétés de tempérance y est de beaucoup dans l'heureuse transition morale et physique de la gène à l'aisance qu'ont subie les populations de cette grande paroisse."


Le mouvement de tempérance a débuté aux États-Unis vers 1808. Au Canada français, le principal apôtre de la tempérance a été l'abbé Charles Chiniquy (1809-1899). Fils de notaire, il a étudié au Séminaire de Nicolet de 1822 à 1829, en même temps que Petrus Hubert. Il a été vicaire ou curé dans plusieurs paroisses avant de se consacrer entièrement à la prédication. Il a fondé en 1840 la première société de tempérance à Beauport; ceux qui adhéraient à cette société s'engageaient à ne pas boire de boissons alcooliques et à ne pas fréquenter de cabarets. Doté d'un talent oratoire et d'une forte personnalité de type narcissique, Chiniquy était adulé par les foules. Il a eu des démélés avec les autorités religieuses après avoir été dénoncé, à plusieurs reprises, pour des inconduites sexuelles à l'endroit de "ménagères" qui travaillaient à son presbytère. À chaque dénonciation, ses supérieurs tentaient d'étouffer l'affaire en le déplaçant. Il a fini par s'exiler aux États-Unis, au Michigan, où il s'est converti au protestantisme dans l'Église presbytérienne.

Les sociétés de tempérance, qui avaient pour symbole une croix noire, étaient une manifestion de l'emprise accrue du clergé sur la population canadienne-française. Selon l'historien Jacques Saint-Pierre, vers 1850, elles comptaient environ 400 000 adeptes sur une population totale des 900 000 catholiques, ce qui est énorme. Mais les habitants trouvaient quand même le moyen de prendre un petit coup. Dans ses mémoires, Jos-Phydime Michaud raconte : "Avant 1914, chaque habitant faisait lui-même son gin et son whisky. La fabrication avait augmenté, surtout depuis la fermeture des hôtels à Kamouraska après la campagne de tempérance. La bouteille de whisky coûtait très cher et il était difficile de s’en procurer" (Kamouraska de mémoire… Souvenirs de la vie d’un village québécois).

Ajout : Il semble que les problèmes de comportement de Chiniquy aient commencé tôt, dès l'adolescence. Dans la Revue d'histoire de l'Amérique française (vol 12, no 4, 1959), W. J. Price raconte pourquoi le père adoptif de Chiniquy, le marchand Amable Dionne, qui finançait ses études au Séminaire de Nicolet, a rompu tous ses liens avec lui en 1825. Alors âgé de 16 ans, Chiniquy aurait attenté à la vertu de ses soeurs adoptives, les filles du marchand Dionne. Il a ensuite raconté que c'était à cause d'un petit montant d'argent (28 chelins) qu'il avait dépensé que son père adoptif l'avait renié. Impressionnés par son talent, les prêtres du Séminaire de Nicolet l'ont cru et ont décidé de le garder gratuitement comme pensionnaire.

Bizarre : Une ville du Michigan porte le nom de Temperance.

mercredi 11 novembre 2009

Les femmes du cordonnier Lacombe

Le cordonnier Edmond Lacombe (1863-1941), fils d'Onésime et de Louise Martin, était originaire de la paroisse de Saint-Barnabé-Nord en Mauricie. Il a eu deux épouses qui portaient des prénoms peu communs. Sa première femme, Deigneur Gélinas, lui a donné 18 enfants vivants. Sa deuxième femme, Fridoline Blais, a vécu cent ans.

Deigneur la féconde (1871-1929)

Le prénom de Deigneur Gélinas, fille de Thomas Gélinas et d'Alphie Bellemare, a été écrit de toutes les façons : Daigneur, Dagneur, Degneur, Digneur, Dégneure, Deneur, Dagnès, Meigneur, Lagnure, etc. J'ignore d'où il vient; c'était peut-être une déformation d'un prénom anglais qui étaient en vogue à cette époque.

Elle s'est mariée en 1887 à l'âge de 16 ans. Elle a eu son premier enfant dix mois plus tard et son dix-huitième à 44 ans : Lydia (née en 1887), Virginie (1888), Philémon (1890), Anna (1891), Alfred (1892), Camille (1893), Armédia (1894), Graziella (1896), Wilbray (1897), Rosée (1898), Aldéa (1899), Alphonse (1904), Généré (1905), Albert (1907), Simone (1908), Gérard (1911), Roland (1913) et Lucienne (1916).

Neuf enfants sont décédés avant d'atteindre l'âge adulte. L'année 1898 a été particulièrement éprouvante alors que trois petits, Camille (5 ans), Armédia (4 ans) et Graziella (18 mois) sont morts durant l'hiver, peut-être d'une grippe ou d'une autre maladie infectieuse. Cet hiver-là, la famille habitait à Saint-Mathieu-du-Lac-Bellemare, un village forestier situé au nord de Saint-Boniface-de-Shawinigan, et Deigneur était enceinte pour la dixième fois.

Après leur mariage, ils ont vécu d'abord à Saint-Boniface-de-Shawinigan (1887-1893), puis à Sainte-Flore et à Saint-Mathieu avant de s'établir définitivement à Grand-Mère. La carte postale qui suit présente une vue générale de la ville de Grand-Mère vers 1905-1910 (photo de J.A. Roy). On voit à l'arrière-plan l'usine de pâte Laurentide autour de laquelle la ville s'est développée.



Deigneur Gélinas est décédée à Grand-Mère le 11 janvier 1929 à l'âge de 57 ans. Edmond Lacombe est demeuré veuf pendant cinq ans. En 1935, il s'est remarié avec Fridoline Blais , une veuve âgée de 68 ans.


Fridoline la centenaire (1867-1967)

Contrairement à Deigneur, Fridoline Blais s'est mariée tard. Selon l'âge inscrit sur son acte de sépulture, elle serait née en mai 1867, l'année de la Confédération. Elle était la fille de Georges Blais et de Sophie Saint-Pierre de Saint-Barnabé. Au recensement de 1901, elle était encore célibataire (on disait alors vieille fille) et vivait seule avec sa mère à Yamachiche.

En 1904, à l'âge de 37 ans, elle a épousé un veuf Joseph Lacombe. Ensemble, ils ont eu une fille qu'ils ont prénommée Fridoline comme sa mère (la petite n'a pas aimé son prénom et en a changé plus tard pour celui de Jeannette). Ils ont vécu à Saint-Étienne-des Grès dans le comté de Saint-Maurice où Joseph est décédé en 1934.

L'année suivante, Fridoline Blais s'est remariée avec Edmond Lacombe, veuf de Deigneur Gélinas. Ce deuxième mariage a duré à peine 6 ans. Edmond est mort le 27 novembre 1941 à Grand-Mère.

Fridoline est décédée le 16 septembre 1967, l'année de l'Exposition universelle de Montréal. Elle a été inhumée à Saint-Étienne-des-Grès. Selon l'acte de sépulture, elle était âgée de 100 ans et 4 mois. Il est à noter que sa mère Sophie Saint-Pierre (1827-1924) a vécu elle aussi très longtemps, soit jusqu'à l'âge de 97 ans, ce qui démontre bien le caractère héréditaire de la longévité.

Voir aussi sur ce blog : Quand Grand-Mère était jeune.

lundi 14 septembre 2009

La ferme à Mathurin Martineau dit Saintonge

L'ancêtre Mathurin Martineau dit Saintonge était originaire de Saint-Fraigne en France, une vieille paroisse située près de la ville de Saintes dans l'ancienne province de Saintonge. Il a immigré en Nouvelle-France avant le 16 juillet 1690, date de son mariage avec Marie-Madeleine Fiset à Sainte-Anne-de-Beaupré. Ils ont eu 8 enfants dont un prénommé Simon qui a conservé le surnom de son pêre. Ce dernier est l'ancêtre des Martineau-Saintonge ou St-Onge de la Mauricie.

Mathurin Martineau n'a pas laissé beaucoup de témoignages écrits de son passage en Nouvelle-France. On le savait habitant de Lorette mais on a cherché longtemps l'emplacement exact de sa terre. Le généalogiste Jean-Jacques St-Onge, qui est décédé le 25 mai dernier, l'a trouvé en consultant des actes notariés rédigés pour des voisins. On y apprend que Mathurin Martineau dit Saintonge était le voisin immédiat de Benoît Duhaut sur le chemin de l'Ormière. Sur une carte d'aujourd'hui, on pourrait situer cette terre dans le district Neufchâtel de la ville de Québec, à l'ouest du boulevard l'Ormière et au nord de la rue Chauveau. Elle était bornée, approximativement, par les rues de L'Astrolabe et de l'Amazone.

jeudi 10 septembre 2009

Nécrologie


Alice Lavergne (1908-2008), ma grande-tante centenaire, est décédée le 17 octobre 2008 à Shawinigan à l'âge de 100 ans et 5 mois. Elle était la dernière des enfants de la famille d'Adélard Lavergne et d'Azilda Leclerc, des pionniers de la haute-ville de Shawinigan. La maison où elle est née existe encore sur la rue des Hêtres à Shawinigan. .

Alice avait épousé Elphège Boisvert le 7 septembre 1927 à Sainte-Flore. Elle laisse dans le deuil ses enfants Cécile (feu Rosaire Tessier), Léo (Cécile Mailloux), Jacques (Rita Lesage), Pierrette (Richard Diamond) et Huguette (Michel Desharnais); ses belles-filles Fernande Collin (feu Jean-Paul Boisvert), Lucille Gélinas (feu Roger Boisvert) et Monique Salois (feu Marcel Boisvert), de même que 21 petits-enfants, plusieurs arrière-petits enfants et des arrière-arrière-petits-enfants.



Le généalogiste Jean-Jacques St-Onge (1926-2009) est décédé le 25 mai 2009 à Québec. Journaliste de profession, il a oeuvré au Nouvelliste de Trois-Rivières et au Journal des débats de l'Assemblée nationale à Québec. Il est l'auteur de plusieurs articles et conférences sur l'histoire et la généalogie des familles portant le surnom de Saintonge, dont celle de l'ancêtre Mathurin Martineau dit Saintonge. Il est surtout connu pour les articles qu'il a publiés dans la collection "Nos ancêtres". Il a aussi collaboré à la revue "L'Ancêtre" de la Société de généalogie de Québec.
On retrouve quelques-uns de ses articles sur les familles Saintonge sur un site qui a été construit par son fils François à l'adresse suivante : http://membres.lycos.fr/saintonge/

mercredi 3 juin 2009

La jument est vendue

Désiré St-Onge, fils de François et de Josephte Allard, était forgeron à Saint-Étienne-des-Grès dans le comté de Saint-Maurice. Il a épousé Zoé Milette le 8 janvier 1861 à Yamachiche et acheté, l'année suivante, une maison sur le chemin royal à Saint-Étienne. Désiré et Zoé ont fait baptiser 3 enfants dans cette paroisse :Valida (1862-1866), Pierre-Joseph-Émile (1864) et Vilina (1867).
Le 7 février 1867 en après-midi, Charles Imbault, qui exerçait le métier de mouleur à Joliette, se rend chez lui en compagnie du notaire Uldéric Brunelle pour le sommer de reprendre une jument, sous poil rouge, que le forgeron lui avait vendue le matin même pour la somme de 28 louis courants, payés comptant. Imbault veut annuler la transaction parce qu'il s'est aperçu que la jument boîtait de la patte gauche du devant, ce qui constitue selon lui un vice rédhibitoire connu sous le nom de courbature. Il menace de le traîner en justice s'il ne le rembourse pas. Désiré St-Onge a simplement répondu: la jument est vendue. Avant de partir, le notaire lui a laissé une protestation écrite (greffe du notaire Uldéric Brunelle, acte no 1150).
Le 31 mai suivant, Désiré St-Onge vend une jument à Jean-Baptiste Gauthier, cultivateur de Saint-Étienne, pour la somme de 80 piastres. Il prend soin de préciser dans le contrat que la jument est vendue et livrée sans garantie d'âge ni de qualité. (greffe de Brunelle, acte no 1288)

En 1868, Désiré St-Onge est à Oconto dans le Wisconsin, probablement à l'emploi d'une compagnie forestière. Il a fait parvenir une procuration à sa femme pour qu'elle règle ses affaires à Saint-Étienne. Le 2 décembre 1868, toujours chez le notaire Brunelle, Zoé vend la propriété du chemin royal à Petrus Odilon Desilets, marchand à Saint-Étienne. Elle se garde le droit de l'habiter encore 6 mois sans payer aucun loyer. On perd ensuite leur trace. On peut supposer que Zoé est allée retrouver son mari à Oconto au printemps 1869 après avoir passé un dernier hiver à Saint-Étienne.

mercredi 27 mai 2009

Les trois carmélites

La chronique du 13 mai 2009 racontait l'histoire de Louisa Bourassa qui est morte de la grippe espagnole à l'automne 1918. Elle laissait son mari Ludger Dugré, boulanger à Saint-Boniface-de-Shawinigan, seul avec neuf enfants dont un bébé de cinq mois. Quelques années plus tard, Ludger et sa famille sont allés vivre à Manchester dans le Connecticut.

Trois des filles de Louisa sont devenues carmélites déchaussées, un ordre contemplatif issu d'une réforme des carmes. Elles ont passé leurs vies cloîtrées dans des monastères aux États-Unis. Avec le temps, et faute de pouvoir communiquer, la famille a un peu perdu le contact avec elles.

En novembre 2004, une cousine des trois religieuses, Mlle Anne-Marie Dugré de Saint-Boniface, m'a transmis leurs coordonnées. Elle avait obtenu ces renseignements de Mlle Gabrielle Séguin qui a été autrefois la ménagère de l'abbé Maurice Dugré, le frère des trois carmélites. Des trois soeurs, seule Thérèse, née en 1916, était encore vivante à cette époque. Voici leurs adresses ainsi que d'autres renseignements que j'ai trouvés sur le web :

- Thérèse Dugré était au Carmelite Monastry , 70 Monastry Road, Elysburg (Pennsylvanie). On aperçoit ce monastère et les champs qui l'entourent sur la photo ci-haut. La communauté carmélite d'Elysburg a déménagé à Danville (Pennsylvanie) en 2008. J'ignore si Thérèse est encore vivante; si oui, elle aurait 93 ans aujourd'hui. Une photo d'elle en chaise roulante apparait sur la page couverture du rapport annuel 2006 de l'organisme de charité "Support Our Aging Religious (SOAR)" qui collecte des fonds pour venir en aide aux religieux âgés aux États-Unis (www.usccb.org/nrro/annual_report_pdf/). Je crois bien qu'ils ont choisi sa photo parce qu'elle est jolie, comme sa mère l'était d'ailleurs.

- Bernadette Dugré est décédée en 2000. Elle vivait au Carmelite Monastry, Centre Drive, Latrobe (Pennsylvanie). C'est à Latrobe, petite ville de 6000 habitants, qu'aurait été inventé le fameux Banana Split en 1904, mais c'est une autre histoire. J'ai trouvé un avis de décès de Bernadette sur RootsWeb :

Sister Marie Bernadette of Our Lady of Lourdes (Dugre), O.C.D., of the Carmelite Monastery, Lawson Heights, Latrobe, died Friday, Dec. 8, 2000, at Caritas Christi of the Sisters of Charity, Greensburg. She was born Jan. 29, 1909, in St. Thecle, Quebec, Canada, a daughter of Ludger and Louisa (Bourassa) Dugre. She was educated in Canada and came to the United States in 1922, and became a citizen in 1959. She entered the Carmelite Monastery of St. Therese in Altoona, Dec. 3, 1927, and professed final vows June 24, 1932. Preceded in death by her parents; brothers, Jean, Philip, Germaine, Raymond and Father Maurice; and sisters, Marie Jeanne and Sister Marie of St. Joseph, O.C.D. (Georgette). She is survived by a sister, Sister Therese of the Child Jesus, O.C.D., of Elysburg; and numerous nieces and nephews. Viewing will be in the chapel of the Carmelite Monastery, Center Drive, Latrobe. Arrangements by the JOHN J. LOPATICH FUNERAL HOME INC., Latrobe

-Georgette Dugré est morte en 1960 à Columbus, Ohio. On ne trouve pas de trace d'une communauté carmélite dans cette ville, mais il y en a une depuis 1921 à Cleveland dans le même État.

lundi 25 mai 2009

Une vieille chanson scoute

Quelqu'un l'autre jour a prononcé le nom de Du Guesclin et un petit tiroir s'est ouvert qui contenait une vielle chanson scoute que j'ai chantée il y a très longtemps. L'air et chacune des paroles du refrain et du premier couplet me sont revenus comme si c'était hier. Je sais bien que c'est inutile mais maintenant que le petit tiroir est ouvert, autant la laisser sortir. Elle s'intitule Le cor :

Dans le soir d’or résonne, résonne,
Dans le soir d’or résonne le cor.
Résonne, résonne, résonne le cor. (bis)
Dans le soir d’or résonne, résonne,
Dans le soir d’or résonne le cor.

C’est le cor du grand Roland
Qui sonne affolant sous le ciel sanglant.
C’est le cor du roi Saint Louis
Sonnant l’hallali des païens maudits.
C’est le cor du gai Du Guesclin
Harcelant sans frein l’Anglais qui le craint.


Les paroles sont pompeuses mais l'air est très joli et ça se chantait bien le soir à trente autour d'un feu.

jeudi 21 mai 2009

Le recensement de 1901

Le recensement du Canada de 1901 est disponible en ligne sur le site de Bibliothèque et Archives Canada (http://www.collectionscanada.gc.ca/). Il s'agit de photographies des pages du questionnaire qui sont difficiles à consulter.

Des bénévoles ont retranscrit cette information dans une base de données qui est accessible, en anglais seulement, sur le site d'Automated Genealogy (http://automatedgenealogy.com%29./). C'est un travail colossal. Les erreurs sont nombreuses mais un processus de révision est en cours pour les corriger. À terme, le but d'Automated Genealogy est de coupler cette information avec celles des autres recensements et avec d'autres sources de données nominatives comme le Dictionnaire biographique du Canada et les articles de journaux. Les généalogistes auraient ainsi accès en ligne à une variété d'informations sur un même individu ou une même famille.

J'ai relevé dans la banque de données d'Automated Genealogy les informations sur quelques familles que je connais et ajouté des corrections entre parathèse lorsqu'il y avait des erreurs. Ces erreurs peuvent avoir été faites par les recenseurs qui ont visité les familles en 1901 (certains écrivaient vraiment comme des cochons) ou encore par les bénévoles d'Automated Genealogy qui ont retranscrit les données. Il se peut aussi que des familles aient mal répondu aux questions qui leur étaient posées en 1901, la mauvaise prononciation des prénoms étant une source d'erreur fréquente. Mais dans l'ensemble c'est un excellent travail qui sera très utile aux généalogistes.

Saint-Étienne-des-Grès dans le comté de Saint-Maurice, la famille no 22 : St Onge (St-Onge ou Saintonge) Filex (Félix), sa femme Georgina (Georgianna), leurs enfants Marilouse (Marie-Louise), Edouardina, Alfred, Alvina, Failex (Félix), Arthur, Albert, Mariana (Marie-Anna), de même que Lavallée Exina (Alexina).

Saint-Boniface-de-Shawinigan dans le comté de Saint-Maurice, la famille no 25 : Lampron Olivier, sa femme Marie, son fils George (Georges) et sa fille ? (Eulalie). Dans la même paroisse, la famille no 30 : Bourassa Elzéar, sa femme Osélie (Odélie), ses enfants Diana, Sarah, Louise (Louisa), Philippe, Adjutor, Angélina, Maria, Anna, Antoine , Joseph (Josaphat).

Saint-Mathieu dans le comté de Saint-Maurice, la famille no 74 : Decoteau (Descôteaux) Maxime, sa femme Méry (Marie), ses enfants Atanas (Athanase), Abert (Albert), Adam (Adelme), Eméder (Amédée), Clodia (Élodia). Dans la même paroisse, la famille no 82 : Decoteau (Descôteaux) Thelsphor (Télesphore), sa femme Eulalie et son fils Rogatien. Il y a vraiment beaucoup d'erreurs dans cette paroisse, non seulement dans les noms des personnes mais aussi dans leur date de naissance. Ces données n'ont pas encore été révisées.

Gentilly dans le comté de Nicolet, la famille no 57 : Picard Alphonse, sa femme Aurore, ses filles Léda, Bertha, Alma, Marie A (Marie-Ange) et Jeanne, de même que son frère Ludger.

Sainte-Flore dans le comté de Champlain, la famille no 99 : Lavergne Adelard (Adélard), sa femme Exilda (Azilda), ses enfants Anna, Albertine, Flore, Albert et Lucien.

Pour certaines paroisse, dont Sainte-Flore, des liens hypertextes ont déjà été établis avec le recensement de 1911. On peut ainsi comparer les informations sur une personne ou une famille à dix ans d'intervalle. C'est génial!

vendredi 15 mai 2009

La pieuvre selon Victor Hugo

Victor Hugo s'est exilé sur l'île de de Guernesey de 1855 à 1870 pour fuir le régime de l'empereur Napoléon III. C'est là qu'il a écrit en 1866 son roman "Les travailleurs de la mer" dont le héros Gilliat doit affronter une pieuvre.

"La pieuvre n'a pas de masse musculaire, pas de cri menaçant, pas de cuirasse, pas de corne, pas de dard, pas de pince, pas de queue prenante ou contondante, pas d'ailerons tranchants, pas d'ailerons onglés, pas d'épines, pas d'épée, pas de décharge électrique, pas de virus, pas de venin, pas de griffes, pas de bec, pas de dents. La pieuvre est de toutes les bêtes la plus formidablement armée. Qu'est-ce donc que la pieuvre ? C'est la ventouse.

Dans les écueils de pleine mer, là où l’eau étale et cache toutes ses splendeurs, dans les creux de roches non visités, dans les caves inconnues où abondent les végétations, les crustacés et les coquillages, sous les profonds portails de l’océan, le nageur qui s’y hasarde, entraîné par la beauté du lieu, court le risque d’une rencontre. Si vous faites cette rencontre, ne soyez pas curieux, évadez-vous. On entre ébloui, on sort terrifié. Voici ce que c’est que cette rencontre, toujours possible dans les roches du large. Une forme grisâtre oscille dans l'eau ; c'est gros comme le bras et long d'une demi-aune environ ; c'est un chiffon ; cette forme ressemble à un parapluie fermé qui n'aurait pas de manche. Cette loque avance vers vous peu à peu. Soudain, elle s'ouvre, huit rayons s'écartent brusquement autour d'une face qui a deux yeux ; ces rayons vivent ; il y a du flamboiement dans leur ondoiement ; c'est une sorte de roue ; déployée, elle a quatre ou cinq pieds de diamètre. Épanouissement effroyable. Cela se jette sur vous. L'hydre harponne l'homme. Cette bête s'applique sur sa proie, la recouvre, et la noue de ses longues bandes. En dessous elle est jaunâtre, en dessus elle est terreuse ; rien ne saurait rendre cette inexplicable nuance poussière ; on dirait une bête faite de cendre qui habite l'eau. Elle est arachnéide par la forme et caméléon par la coloration. Irritée, elle devient violette. Chose épouvantable, c'est mou. Ses nœuds garrottent ; son contact paralyse. Elle a un aspect de scorbut et de gangrène ; c'est de la maladie arrangée en monstruosité."

(Victor Hugo, Les travailleurs de la mer, deuxième partie, livre quatrième, chapitre 2)

mercredi 13 mai 2009

Une victime de la grippe espagnole

La grippe A(H1N1), aussi appelée grippe porcine ou mexicaine, a ramené dans l'actualité la crainte d'une pandémie semblable à celle de la grippe espagnole qui s'est répandue en quelques semaines à la fin de la première guerre mondiale.

Lorsque l'armistice a été signée à l’automne 1918, les soldats canadiens qui avaient combattu dans les tranchées en Europe ont ramené avec eux un fléau encore plus terrible que la guerre: un virus qui allait faire vingt millions de victimes dans le monde. Pour une raison inconnue, cette maladie tuait surtout les jeunes adultes.

Louisa Bourassa en est morte. D'après la photo de sa carte mortuaire, c'était une très jolie femme. Elle est décédée le 18 octobre 1918 au plus fort de l’épidémie. Par crainte de la contagion, on l'a enterrée le jour même. Elle avait alors 33 ans et laissait derrière elle son mari et neuf enfants dont un bébé de cinq mois.

Louisa Bourassa avait épousé Ludger Dugré à Saint-Boniface le 25 juillet 1904. Il boitait. Pendant les premières années de leur mariage, ils ont vécu à Saint-Justin dans le comté de Maskinongé où Ludger a exercé le métier de télégraphiste avec ses deux frères Arthem et Arthur qui étaient chefs de gare. Ils sont ensuite retournés vivre à Saint-Boniface où il a acheté une boulangerie sur le site actuel de l’auberge « La Boulangère ». Ils ont eu neuf enfants : Marie-Jeanne (née en 1907), Bernadette (1909), Jean-Marie, Philippe, Germain, Maurice (1913), Raymond (1914), Thérèse (1916) et Georgette (1918).

Ludger Dugré s’est remarié avec Annie Boisvert le 24 février 1920. Il a vendu sa boulangerie à un nommé Kirouac. Ce dernier l’a revendue plus tard à un nommé Therrien qui était réputé pour ses fèves au lard cuites dans le four à pain. En 1922, Ludger Dugré et sa famille sont allés s’établir à Manchester aux États-Unis où il a exercé le métier de garçon d’ascenseur dans un grand magasin.

Certains des petits enfants de Louisa Bourassa sont demeurés au Québec et ont été pris en charge par des parents. Thérèse, qui avait deux ans au décès de sa mère, a passé son enfance chez ses grands-parents Bourassa et chez sa tante Diana dans le Grand Quatre à Saint-Boniface. Diana Bourassa avait pris sa nièce « en élève », comme on disait autrefois.

Quatre des enfants de Louisa sont entrés en religion : un prêtre (Maurice) et trois carmélites (Bernadette, Thérèse et Georgette), qui ont passé leur vie cloîtrées dans des monastères aux États-Unis. Marie-Jeanne, l'aînée des enfants, a travaillé comme infirmière à Trois-Rivières et à Montréal. La photo suivante montre Marie-Jeanne et Bernadette Dugré en 1917, soit un an avant le décès de leur mère.



jeudi 16 avril 2009

Deux souris dans le lave-mains

Un carte postée à Rivière-du-Loup-en-bas le 27 octobre 1906.

Au verso : Cher Papa et chère Maman, je viens vous donner un beau bec à la pincette, et vous dire que nous avons hâte de vous revoir. Adrien est bien et bonne Flavie aussi. Nous avons pris deux souris dans votre lave-mains : êtes-vous contente, ma chère Maman?

Au recto : Est-ce le portrait de votre petit Toto? Je vous embrasse du meilleur de mon coeur. Toto

La légende de la photo, The Age of Innocence, emprunte le titre d'une toile célèbre du peintre britannique Joshua Reynolds (1723-1792).

mardi 31 mars 2009

Josaphat Bourassa a disparu

Josaphat Bourassa, fils d'Elzéar et d'Odélie Gélinas, a disparu sans laisser de traces vers 1925. À l'époque de sa disparition, il travaillait avec son frère Adjutor au moulin à scie de la Howe Lumber aux Trois-Rivières. Il habitait alors une maison de chambres dans cette ville.


On sait peu de choses sur lui. Il est né à Saint-Boniface-de-Shawinigan le 18 décembre 1899. Sa famille vivait assez pauvrement sur une terre située sur le flanc d'une colline dans le Rang Quatre. Josaphat a d'abord travaillé quelques années sur cette ferme pour aider son père avant d'aller aux Trois-Rivières vers 1923 ou 1924.


Sa mère était une dévote qui tirait une grande fierté des vocations religieuses de ses enfants : trois Soeurs de la Providence, une Carmélite, une Adoratrice du Précieux-Sang et un Oblat de Marie-Immaculée. Elle souhaitait ardemment que Josaphat entre lui aussi en religion. Le 28 mai 1918, elle écrivait à son fils Antoni qui venait tout juste d'entrer chez les Oblats à Lachine :

"...nous reconnaissons, non les sacrifices, mais les grands bienfaits du bon Dieu, l'honneur qu'Il nous fait en choisissant six de nos enfants pour les enrôler dans l'armée des Vierges, des privilégiés de son coeur. Comment pouvons-nous remercier ce Dieu si bon, si libéral! Jamais nous ne pourrons nous acquitter de cette dette de reconnaissance. Nous prions sans cesse pour ta persévérance. Remercions Dieu de ta vocation et demandons lui la même faveur pour ton petit frère. Il nous faut deux Oblats à tout prix!..."

Le petit frère dont elle parlait, celui qui devait devenir Oblat à tout prix, c'était Josaphat. Ceux qui l'ont connu sont maintenant décédés. Il serait parti un bon jour sans prévenir ses proches. Je n'ai pas trouvé d'acte de mariage ou de décès à son nom. Il a peut-être décidé d'aller refaire sa vie à l'extérieur du Québec, soit aux États-Unis ou dans une autre province canadienne. Si c'est le cas, il pourrait avoir changé son prénom pour un autre qui sonne plus anglais comme Joseph ou Jos.

jeudi 5 mars 2009

Un cas d'homonymie à Yamachiche

Pour construire un arbre généalogique, il faut essentiellement établir des filiations, c'est-à-dire rattacher les enfants à leurs parents et ces derniers aux grands-parents, et ainsi de suite jusqu'aux ancêtres les plus lointains. Cela semble facile à première vue mais il arrive des cas où une filiation est très difficile à prouver, notamment lorsque plusieurs couples ont porté les mêmes noms dans un même endroit et à une même époque. On en trouve un beau cas à Yamachiche où deux couples homonymes se sont mariés à 15 ans d'intervalle :

Couple A : Le 10 mai 1813, Paul Bellemare, fils de Joseph et de Marie-Josephte Leblanc, épouse Marguerite Gélinas, fille de Joseph-Baptiste et de Françoise Lacerte.

Couple B : Le 29 juillet 1828, Paul Bellemare, fils de Pierre et de Pélagie Carbonneau, épouse Marguerite Gélinas, fille de Pierre et de Marguerite Milot.

J'ai relevé 19 mariages d'enfants d'un Paul Bellemare et d'une Marguerite Gélinas dans la région de Yamachiche à cette époque. Il y en a peut-être eu d'autres; je n'ai pas cherché partout mais c'est déjà beaucoup pour deux couples. Voici ces 19 mariages par ordre chronologique :

Enfant 1 : Le 1er février 1841, Marguerite épouse Antoine Gélinas à Yamachiche.
Enfant 2 : Le 10 août 1842, Paul épouse Thècle Gélinas à Yamahiche.
Enfant 3 : Le 21 février 1843, Joseph épouse M-Hermine Gélinas à Yamachiche.
Enfant 4 : Le 26 août 1844, Monique épouse Joseph Trahan à Yamachiche.
Enfant 5 : Le 18 janvier 1848, Marie-Rosaire épouse Damase Gélinas à Yamachiche.
Enfant 6 : Le 15 janvier 1849, Marguerite épouse Louis Lamy à Yamachiche.
Enfant 7 : Le 23 octobre 1849, Hermine épouse Honoré Gélinas à Yamachiche.
Enfant 8 : Le 15 oct 1850, Frédéric épouse Marie Gélinas à Yamachiche.
Enfant 9 : Le 4 février 1851, Paulée épouse Eusèbe Bellemare à Saint-Barnabé.
Enfant 10 : Le 5 avril 1853, Léonard épouse Anne-Hélène Descôteaux à Yamachiche.
Enfant 11 : Le 5 octobre 1854, Adèle épouse Bathélémi Caron à Yamachiche.
Enfant 12 : Le 28 juillet 1857, Paul épouse Émilie Bournival à Saint-Barnabé.
Enfant 13 : Le 13 avril 1861, M-Anne-Élisa épouse Pierre Morin à Saint-Justin de Maskinongé. Le célébrant a noté que les parents de la mariée étaient de Yamachiche.
Enfant 14 : Le 25 octobre 1864, Moïse épouse Olivine Melançon à Saint-Barnabé.
Enfant 15 : Le 13 août 1866, François-Xavier épouse Adèle Melançon à Saint-Barnabé.
Enfant 16 : Le 16 sep 1868, Sophie épouse Arsène Côté à Saint-Barnabé.
Enfant 17 : Le 26 novembre 1872, Émilie épouse Télesphore Rivard à Saint-Barnabé.
Enfant 18 : Le 11 février 1873, Thomas épouse Elzire Boucher à Yamachiche.
Enfant 19 : Le 25 nov. 1874, Pierre épouse Élisabeth M.-Deschesnes à Saint-Barnabé.


La difficulté est de relier chacun de ces enfants Bellemare à un des deux couples présentés plus haut. Un examen rapide de l'information contenue dans les actes de mariage permet de rattacher les enfants 1, 2, 3, 6 et 12 :


  • Les cas des enfants 1 à 3 sont plus faciles. À cause des dates de leurs mariages, Marguerite, Paul et Joseph doivent être rattachés au couple A.

  • L'enfant 6, Marguerite, doit être rattachée au couple B parce qu'elle porte le même prénom que l'enfant 1. Même raisonnement pour l'enfant 12 Paul qui porte le même prénom que l'enfant 2.

Il en reste donc 14. Nous serions tentés de rattacher les mariages les plus récents au couple B mais il n'y a aucune preuve en ce sens. Il pourrait aussi bien s'agir d'enfants du couple A qui se sont mariés sur le tard. Il faut donc trouver autre chose pour les départager (à suivre...).


Voir aussi sur ce blog : Un cas d'homonymie à Saint-Étienne-des-Grès

vendredi 13 février 2009

Sensation

Pour la Saint-Valentin un court poème d'Arthur Raimbaud écrit en mars 1870. Il a été mis en musique par Robert Charlebois et L. Morin sur l'album Québec Love paru en 1969. Cette chanson a ensuite été reprise par Daniel Bélanger. Je crois que Jacques Higelin l'a aussi interprétée. Raimbaud n'avait que 15 ans quand il a composé ces deux quatrains.




Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux- comme avec une femme.

mardi 27 janvier 2009

Le monde maya : les cénotes

Cénote : du maya Zo-not qui signifie chose profonde. Une bouche ouverte sur l'au-delà.


Les cénotes sont des puits naturels qui résultent de l'effondrement d'un sol calcaire dans une caverne. Ces cavernes à ciel ouvert s'emplissent d'eau de pluie ou de rivières souterraines. Leur profondeur peut parfois atteindre plusieurs centaines de mètres.

Il y aurait plus de 2000 cénotes dans la roche calcaire de la péninsule du Yucatan. Comme il n'y a pratiquement pas d'eau de surface dans cette région, les Mayas construisaient leurs villes à proximité des cénotes pour s'assurer d'une source d'eau potable. Ils considéraient ces puits naturels comme des ouvertures, des bouches, permettant de communiquer avec l'au-delà.



Les deux premières photos montrent le fameux "Cénote bleu" du parc archéologique d'Ik-Kil situé à 3 km de Chichen Itza. Un escalier a été creusé dans la roche pour permettre aux visiteurs d'y descendre et des ouvertures d'observation ont été aménagées, semblables à celles que l'on trouve derrière les chutes du Niagara. La paroi est couverte de mousse et de plantes en différents tons de vert; des racines ou lianes frêles pendent par l'ouverture. L'eau est d'une limpidité remarquable; on peut facilement y distinguer des poissons qui nagent à plusieurs mètres de profondeur. Selon la légende, un plongeon dans cette eau permettrait de rajeunir de 7 ans; il faudrait donc interdire la baignade aux jeunes enfants.



La troisième photo montre un autre cénote situé celui-là sur le site de Chichen Itza. Le nom de cette ancienne ville maya signifie "bouche du puits des Itza" dans l'ancien dialecte local. Le puits mesure près de 30 mètres de diamètre avec une profondeur de 20 mètres. On l'appelle le Cénote sacré. C'est aujourd'hui devenu un trou boueux, très différent du Cénote bleu d'Ik-Kil. Des fouilles ont permis d'y trouver les ossements d'une centaine de personnes, surtout des enfants de sexe masculin, de même que des bijoux en or et en jade. Différentes théories ont été avancées pour expliquer la présence de ces ossements : sacrifices rituels, mise à mort de prisonniers, sépultures d'enfants, etc. En l'absence de témoignage écrit, on ne le saura peut-être jamais avec certitude.



Quelle qu'en soit la raison, cette pratique de jeter des gens dans une source d'eau devait poser des problèmes de salubrité. Notons toutefois qu'il existe un deuxième puits à Chichen Itza, le cénote Xtoloc, qui était peut-être réservé à l'alimentation en eau.