vendredi 27 décembre 2013

La débâcle de 1843




Au printemps 1843, l'annaliste du monastère des Ursulines de Trois-Rivières écrivait :

« Réveillées par les ardeurs d'un soleil clair, les eaux captives semblent violenter leur enveloppe de glace qui se dégage, sous l'effort de forces mystérieuses. Le fleuve charrie des banquises amoncelées, des torrents de neige fondue se mêlent aux eaux des rivières et envahissent la plaine submergée. Que d'accidents pour nos populations riveraines, que de dépenses encourues ! Dans une seule partie du district, on nous dit que quarante-huit ponts ont été détruits ; 20, 000 louis ne combleront pas les pertes causées cette année par l'inondation. Des cultivateurs ont subi des dommages estimés à huit cents louis.

Plusieurs marchands sont ruinés ; et nombreux sont les pauvres qui ont vu disparaître, entraînées par les flots en courroux, maisons, dépendances et clôtures. À Gentilly, le 29 avril, les eaux du fleuve se répandirent à vingt-cinq arpents dans les terres. On peut juger de la désolation du pauvre peuple. Au monastère, ont recourt, avec confiance, à Notre-Dame de Prompt-Secours. Un cierge est allumé devant son image et les religieuses se succèdent pour dire ses litanies. Espérons que l'étoile de la mer ne sera pas invoquée en vain et qu'elle fera rentrer dans leur lit les eaux vagabondes. »

mardi 24 décembre 2013

De l'usage du charnier à Shawinigan en 1911

 Des détails inhabituels

J'aime trouver des détails inhabituels dans les registres paroissiaux. Certains officiants étaient plus généreux que d'autres en cette matière. Ainsi, dans la paroisse Saint-Pierre de Shawinigan, le curé Boulay et ses vicaires Meunier et Ladouceur ajoutaient de façon systématique des précisions que l'on ne trouve  habituellement pas dans les registres.

L'acte de sépulture rédigé le 9 janvier 1911 par le vicaire Meunier, pour le décès d'un enfant anonyme d'Harmel Gauthier, contient deux détails inhabituels. Il nous dit que :
  1. l'enfant a été « ondoyé à la maison par le Dr Garceau », ce qui nous donne l'identité du médecin de la famille ;
  2. son corps a été « déposé dans le charnier de cette paroisse »


L'usage du charnier

C'était l'usage, en hiver, de déposer les corps des défunts dans un petit bâtiment, appelé charnier, construit derrière l'église ou dans le cimetière de la paroisse, mais il est rare qu'on le mentionne dans les actes de sépulture. Habituellement, l'officiant se contentait d'écrire la formule habituelle « avons inhumé dans le cimetière de cette paroisse » même si, en réalité, l'inhumation devait attendre jusqu'au printemps pour que le sol dégèle.

Le charnier de la paroisse Sainte-Marie-Madeleine à Trois-Rivières.


Le transport des corps

Tout l'hiver 1911, les officiants de Shawinigan ont consigné que les corps des défunts - j'en ai compté 106 - ont été « déposés dans le charnier de cette paroisse ». Puis, le 25 avril, on trouve la première mention de l'année d'un corps « inhumé dans le cimetière de cette paroisse ». La terre du cimetière était devenue suffisamment meuble pour que l'on puisse la creuser. Deux jours plus tôt, on utilisait encore le charnier.

Il fallait maintenant disposer de la centaine de corps déposés dans le charnier pendant les mois d'hiver, avant qu'ils ne dégèlent. À chaque année, les officiants de la paroisse Saint-Pierre rédigeaient un acte pour consigner le transport des corps du charnier au cimetière. En 1911, cet acte a été rédigé le 2 mai ; il mentionne que les corps ont été déposés au charnier depuis le 17 novembre jusqu'au 23 avril.



Un indicateur des changements climatiques

La période d'utilisation du charnier variait d'une année à l'autre en fonction des conditions climatiques. En 1910, le transport des corps déposés dans le charnier avait été effectué une dizaine de jours plus tôt, soit le 20 avril et l'acte mentionne que les corps ont été déposés du 26 novembre au 9 avril. À Shawinigan, la période de gel aurait donc été plus courte d'environ 3 semaines en 1910 qu'en 1911.


La photo du charnier provient du Répertoire du patrimoine culturel du Québec.

dimanche 22 décembre 2013

Le vrai sens de la fête de Noël

Entre la commercialisation à outrance d'aujourd'hui et la célébration religieuse d'autrefois, comment trouver le vrai sens de la fête de Noël ?

La réponse se trouve peut-être dans cet entrefilet du 19 décembre 1951 publié dans Les Chutes de Shawinigan :
« La joie est sur toutes les figures ... les chants de Noël retentissent dans les airs ... les sapins chargés d'étoiles abritent les gages touchants de l'amour et de l'amitié humaine ... c'est Noël. Mais le vrai Noël au fond de nous-mêmes ... c'est la bonté qui doit nous animer tous les jours de notre vie ... la recherche constante de l'harmonie et le respect des opinions d'autrui ... la volonté de nous aimer les uns et les autres en vue de notre commun destin ... ce bon vouloir qui est la condition de la paix promise à l'homme sur terre. Là est le vrai Noël, le Noël du coeur et de l'âme. »