samedi 12 février 2011

Patronymes anglais en Mauricie

Modifié le 19 mars 2014

Plusieurs familles francophones de la Mauricie ont un patronyme à consonance anglaise. Elles descendent d'immigrants des îles britanniques qui se sont assimilés à la population Canadienne française. J'ai répertorié un certain nombre de ces immigrants qui ont une descendance francophone en Mauricie. Cette liste n'est pas exhaustive.

Bald, William Telfer (1817-1862). Né à Glasgow en Écosse le 2 novembre 1817, fils d'Adam Bald et de Janet Telfer. Il aurait fait des études en médecine. Arrivé au Canada vers 1838-1839, il s'est converti au catholicisme en 1841 à Beauport. William Bald a épousé Éléonore Rocheleau le 26 septembre 1843 au Cap-de-la-Madeleine. Ils  se sont établis à Saint-Maurice près de Trois-Rivières où il a exercé la médecine tout en faisant le commerce du bois. Cinq enfants sont nés dans cette paroisse entre 1845 et 1851. En 1852, les Bald ont été recensés à Trois-Rivières où ils menaient un grand train de vie avec trois serviteurs. Ils étaient voisins du riche marchand de bois Georges Baptist, Écossais d'origine lui-aussi. William Bald est décédé le 1er juin 1862 à Trois-Rivières. On trouve des informations sur sa descendance dans Cinq généalogies d'Eugène Duguay.

Collins, William et Margaret Shankle se sont mariés à la Metropolitan Church de Québec le 21 avril 1788. William Collins se déclarait aubergiste (Innkeeper). Le père de Margaret, Hans Henrich Shankle, est né en Allemagne. Selon ce site, William Collins et Margaret Shankle seraient nés en Nouvelle-Écosse (Granville, Annapolis). En Mauricie, les actes relatifs à cette famille sont difficiles à trouver parce que les noms ont été déformés dans les registres. On les retrouve à Maskinongé en 1790 et au Cap-de-la-Madeleine en 1811. Quatre enfants de ce couple, trois garçons et une fille, se sont mariés à Trois-Rivières. Je crois que les frères Collins travaillaient aux Forges du Saint-Maurice où plusieurs enfants de la troisième génération sont nés. Au recensement de 1852, on trouve plusieurs familles Collins au Cap-de-la-Madeleine (cherchez Cullins). Voir la page consacrée à Henrich Shankle sur Rootsweb.

Davidson, Georges (c1827-1896), fils de Thomas Davidson et de Geneviève (Jane) Johnson. Davidson est un patronyme commun en Écosse. Il a épousé Marcelline Paquin le 28 avril 1846 à Deschambault. Ce couple s'est établi à Saint-Tite dans le comté de Champlain. Georges Davidson est décédé à cet endroit le 1er novembre 1896. Il y a une histoire nébuleuse autour de sa naissance à Québec que je n'ai pas pu vérifier, on la trouve ici. On trouve une autre famille Davidson à Trois-Rivières vers 1820-1830, celle de Jean-Baptiste Davidson et de Brigitte Pépin, mariés dans cette ville le 5 février 1822. Il n'y a pas de lien entre ces deux familles.

Diamond, Henry (1787-1879) et sa femme Mary Thomasime Scott  (c1783-1849) nés en Angleterre. Ils avaient déjà des enfants quand ils sont arrivés en Mauricie vers 1826. Ils auraient vécu à Maskinongé pendant quelques années avant de s'installer définitivement à Saint-Barnabé-Nord où toute la famille s'est convertie du protestantisme au catholicisme. À son baptême catholique en 1837, Henry Diamond a déclaré être né à Londres en 1787, tandis que Mary Scott baptisée en 1835 a déclaré être née en Angleterre.  Il exerçait le métier de "scieur de long" dans le rang Saint-Joseph à Saint-Barnabé-Nord. Cinq de leurs enfants se sont mariés dans cette paroisse entre 1843 et 1847. Certains de leurs descendants prononcent leur nom à la française et d'autres, à l'anglaise. Un Diamond au nom prédestiné a été bijoutier à Shawinigan. Voir Cinq généalogies d'Eugène Duguay.

Elliott, Robert (1762-1816) né en Ecosse. Il était charpentier de navire. Il a épousé Louise-Élisabeth (Marie-Louise) Savoie de Louiseville le 13 mai 1788 à l'église Christ Church de la mission anglicane de Sorel. Il est décédé à Trois-Rivières le 5 février 1816. Selon la Loyalist Gazette, il aurait fait partie d'un groupe de loyalistes qui se sont établis sur les bords du Lac Maskinongé. La descendance de Robert Elliott et Louise-Élisabeth Savoie est nombreuse tant chez les anglophones que chez les francophones. La mère de Pierre Elliott-Trudeau était une descendante de Robert Elliott.

Fraser, John (c1728-1806), fils de John Fraser et d'Ann McDonnel, d'origine écossaise, était caporal dans le 78th Fraser Highlanders lors de la bataille des Plaines d'Abraham. Il a épousé Marie-Marguerite Vallée, de 27 ans sa cadette, le 22 mai 1775 à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Ils ont eu neuf enfants tous nés à Saint-Anne-de-la-Pérade. John Fraser est décédé à cet endroit le 13 décembre 1806. Voir le site consacré au 78th Fraser Highlander. Ce régiment comptait un grand nombre de Fraser et de McDonnell dans ses rangs.

Fraser, Robert (c1730- ), d'origine inconnue, peut-être apparenté au précédent, a épousé Madeleine Roy-Chatellereau vers 1760. Ils ont vécu à Batiscan où une fille Rosalie est née le 9 décembre 1761.

Griffin, John (c1814-1901) d'origine inconnue. Il était le fils de Gerald Griffin et de  Nelly Shahair. Il a épousé Adéline Milot le 11 janvier 1848 à Yamachiche. Il est décédé à Saint-Élie-de-Caxton le 27 novembre 1901. Griffin est un nom irlandais. John Griffin faisait probablement partie des immigrants qui ont fui la grande famine en Irlande entre 1845 et 1848 (voir le site de Parcs Canada sur Grosse-Île).

Hart, Aaron (c1724-1800) venait probablement d'Angleterre d'une famille juive d'origine bavaroise. Il faisait partie des marchands qui suivaient les troupes anglaises pendant la guerre de Conquête. Il serait arrivé à Trois-Rivières vers 1761. Il a épousé sa cousine Catherine Dorothea Judah à Portsmouth en Angleterre le 14 janvier 1768. Aaron Hart est considéré comme le fondateur de la communauté juive au Canada. Ses descendants se sont intégrés progressivement à la population francophone et catholique de Trois-Rivières. Voir l'article qui lui est consacré dans le Dictionnaire biographique du Canada.
 
Hill, Joseph et sa femme Marie-Ann Charlterton sont nés en Angleterre de religion anglicane. Hill était sergent d'artillerie dans l'armée britannique. La famille devait suivre le régiment dans ses déplacements : les quatre premiers enfants sont nés en Angleterre, au Nouveau-Bruswick et en Écosse entre 1823 et 1830. Leur fils Joseph a été baptisé à Québec par un ministre anglican de la garnison en 1831. Leur fille cadette Sarah a été baptisée à l'église anglicane de Trois-Rivières en 1837. Joseph Hill a travaillé comme journalier dans cette ville après avoir quitté l'armée. Après son décès, survenu avant le 5 mai 1846, sa femme a gagné sa vie comme servante. Elle était au service du sheriff Ogden à Trois-Rivières en 1852. Trois des enfants de Joseph Hill et Mary-Ann Charlterton se sont convertis au catholicisme. Leur fils James a épousé Félicité (Philie) Gélinas le 12 août 1856 à Saint-Sévère dans le comté de Saint-Maurice. La fameuse cabane à sucre "Chez Hill" à Saint-Mathieu du Parc appartenait à l'origine à un descendant de cette famille. Pour plus d'informations voir Conversions et servantes : les Hill de Trois-Rivières et Joseph Hill était sergent d'artillerie sur ce blog.

Hogg, William soldat britannique (25th foot soldiers, 2nd bataillon) né vers 1771, originaire du hameau de Gladsmuir dans le comté d'East Lothian en Écosse. Il mesurait 5 pieds et 8 pouces, avait les yeux gris, les cheveux noirs et le teint foncé. Il a été forgeron avant d'entrer dans l'armée. William Hogg a épousé Marie-Louise Pépin-Lachance le 12 mars 1811 à l'église protestante de Trois-Rivières. Le couple s'est établi à Saint-Léon-le-Grand dans le comté de Maskinongé. Le nom a été francisé en Hogue. Une "fille naturelle"de William Hogg prénommée Julie, née vers 1810, habitait avec eux. Plusieurs immigrants du nom de Hogg sont venus d'Écosse, mais il y a aussi au Québec des Hogue qui sont d'origine française.

Long, Philip d'origine inconnue. Il aurait été soldat dans l'armée américaine lors de la guerre d'indépendance (1775-1783). Un site web a été consacré à la recherche des origines de cet ancêtre (ici).  Il a épousé Marie-Julie Couillard-Després le 6 décembre 1792 à  l'église Holy Trinity Anglican Church à Québec. Ils se sont établis dans le Madawaska au Nouveau-Brunswick. Leur fils Philippe a épousé Émilie Boucher le 22 octobre 1833 à Trois-Rivières. En se francisant, le nom de famille a subi plusieurs transformations : Lang, Laing, Laingue. Une entreprise bien connue de Grand-Mère, la boulangerie Laing, appartenait à cette famille.

Newhalt, Samuel-Charles (1720-1800) originaire de la ville de York en Angleterre. Il aurait été capturé avec sa mère Mary Tisdale lors d'un raid en Nouvelle-Angleterre et ramené prisonnier à Québec. Samuel-Charles s'est marié avec Marie-Catherine Guibeau le 18 février 1753 à Yamachiche. Ses descendants ont conservé le nom de famille de sa mère comme surnom. Newhalt-Tisdale a été francisé en Noël-Tisdelle avec plusieurs variantes dans l'orthographe  Un site a été consacré à cette famille sur Family Tree Maker's. 

Turner, John  (c1750-1840) d'origine inconnue. Il s'est établi à Louiseville dans le comté de Maskinongé  avec sa femme Nancy Agnes Clark. Ils se seraient mariés en  1774 à Québec à l'église anglicane Holy Trinity. Ils auraient fait partie d'un groupe de réfugiés loyalistes qui ont séjourné à Yamachiche entre 1778 et 1784.  John Turner a été inhumé à Sorel le 17 juin 1840.  Trois enfants du couple se sont mariés à l'église Saint-James de Trois-Rivières. Ceux de la troisième génération se marient dans des églises catholiques. Turner est un patronyme très répandu en Écosse.

Voir aussi sur ce blog : Patronymes anglais en Mauricie (2).

(Mis à jour le 19 mars 2014)

jeudi 10 février 2011

L'odeur de l'ennemi

On trouve sur le Blog de l'histoire une recension d'un livre intitulé L'odeur de l'ennemi, 1914-1918. Il traite du jugement négatif porté par les Français sur l’odeur des Allemands pendant la Première Guerre mondiale, une façon de déshumaniser l'ennemi. L’occupation allemande du Nord de la France, dès le début de la guerre, a ainsi pu être perçue par les témoins comme une occupation par l’odeur (celle d’une armée en opération), une « invasion olfactive ».

L'auteure Juliette Courmont présente les explications savantes du docteur  Edgar Bérillon qui était une autorité médicale et scientifique reconnue en 1914. Selon ce bon docteur :
l’odeur allemande » ne diffère pas selon qu’on est un homme ou une femme, un civil ou un militaire ; tout au plus peut-on percevoir, selon lui, une odeur de boudin plus marquée chez les bruns, et de « graisse rance » chez les blonds ! Comment explique-t-il alors cette odeur ? Par une maladie qui touche les Allemands, la « bromidrose plantaire » ! Cette maladie pourrait provenir de facteurs physiologiques (« un travail intestinal plus lent » dû à une longueur extrême des intestins, supérieurs de 3 mètres à ceux des Français), mentaux (« l’orgueil, la peur, la vanité »), héréditaires (accumulation des « tares prussiennes »). La maladie serait même aggravée par certains facteurs comme le port de bottes ou d’un casque à pointe imperméable ! 

On en rit aujourd'hui mais c'était très sérieux à l'époque. En 1915, Edgar Bérillon a soutenu cette thèse d'une différence d'odeur corporelle entre les Français et les Allemands devant l'Académie de Médecine de Paris . Il prétendait alors que : 
« l’Allemand, qui n’a pas développé le contrôle de ses impulsions instinctives, n’a pas cultivé davantage la maîtrise de ses réactions vasomotrices. Par là il se rapprocherait de certaines espèces animales chez lesquelles la peur ou la colère ont pour effet de provoquer l’activité exagérée de glandes à sécrétions malodorantes. »

Ces mêmes préjugés étaient véhiculés dans des caricatures, des cartes postales et différentes illustrations de l'époque :




Sur le même sujet, on trouve sur le site de la revue Quasimodo un article intitulé «Bouffer du Boche» : «Animalisation, scatologie et cannibalisme dans la caricature française de la Grande Guerre».

mercredi 9 février 2011

Passé et présent au féminin

Aurore Dessureault-Descôteaux et Yolande Buist-Bordeleau, «Passé et présent au féminin», Trois-Rivières, Éditions du Bien Public, 1979.

Ce répertoire présente une cinquantaine de courtes biographies de résidentes de Grand-Mère (y compris Sainte-Flore) qui se sont impliquées dans différentes oeuvres paroissiales : AFEAS, Saint-Vincent-de-Paul, etc. Il a été écrit à une époque où les femmes mariées portaient deux noms de famille, le leur et celui de leur mari. Pour la plupart, ces femmes n'occupaient pas d'emploi rémunéré et pouvaient  donc consacrer une partie de leur temps au bénévolat après avoir élevé leurs enfants. Ce livre a été écrit pour leur rendre hommage et pour faire connaître le travail qu'elles ont accompli. On peut le consulter en ligne sur le site Nos racines.

Voici, à titre d'exemple, la fiche d'Azilda Lavergne-St-Onge, épouse de Cléophas St-Onge. Je ne l'ai pas choisie au hasard, elle était la soeur de mon arrière-grand-père maternel Adélard Lavergne. On insiste dans le texte qui lui est consacré sur son caractère qu'elle avait fort semble-t-il : femme énergique, qui sait faire respecter ses idées, d'une grande fermeté, d'un courage remarquable  Des qualités essentielles pour une "maîtresse d'école" qui a enseigné pendant une vingtaine d'années dans le rang Saint-Anatole de Sainte-Flore.

Source : Passé et présent au féminin, 1979

J'ajoute ci-après quelques informations sur l'histoire de cette famille. 

Azilda Lavergne (1865-1962) était la fille de Louis Lavergne et de Marie Blais. Cette famille, originaire de Saint-Boniface, habitait le rang des Hêtres de Sainte-Flore dans le secteur qui allait devenir plus tard la paroisse de l'Assomption de Shawinigan. Azilda avait épousé, en premières noces, Augustin Doucet le 9 février 1885 à Sainte-Flore. Je n'ai pas retrouvé la date du décès d'Augustin Doucet avec qui elle a eu deux enfants (Liguori et Aurore). Je suppose que c'est après la mort de ce dernier qu'elle est allée enseigner dans le Rang Saint-Anatole. Les femmes mariées n'avaient pas le droit d'enseigner à cette époque.

Ses enfants étaient adultes quand elle s'est remariée, à l'âge de 49 ans, avec Cléophas St-Onge, lui-même veuf  d'Auréa Bourassa et père de sept enfants. Ce deuxième mariage a été célébré  le 11 juillet 1914 toujours à Sainte-Flore. Azilda est décédée presque centenaire, le 25 octobre 1962 à l'âge de 97 ans et 8 mois.

Auréa Bourassa (1882-1912)
Cléophas St-Onge, le deuxième mari d'Azilda Lavergne, était le fils de Louis St-Onge et de Julie Auger du Rang Quatre de Saint-Boniface de Shawinigan. Il a épousé en premières noces Auréa Bourassa, âgée de 16 ans seulement, fille d'Elzéar Bourassa et d'Odélie Gélinas, aussi du Rang Quatre. Ce mariage a été célébré  le 15 juin 1898 à Saint-Boniface. Cléophas était cultivateur à Saint-Boniface au moment de son mariage avec Auréa mais on retrouve ce couple à Sainte-Flore trois ans plus tard, au recensement de 1901; ils avaient déjà deux enfants (Marie-Anne et Marie-Flore). Auréa Bourassa est décédée le 2 juillet 1912 et a été inhumée à Sainte-Flore (carte mortuaire ci-contre).

mardi 8 février 2011

La ville en Nouvelle-France

André Lachance, «Vivre à la ville en Nouvelle-France», Montréal, Les Éditions Libre Expression, 2004, 273 pages.

L'historien André Lachance a réédité, en le complétant, un ouvrage qu'il a d'abord publié chez Boréal en 1987 sous le titre La vie urbaine en Nouvelle-France. Il nous fait découvrir comment vivaient les citadins de la vallée laurentienne sous le Régime français. On trouve dans l'introduction une synthèse  des rôles joués par les trois centres urbains de l'époque. En voici un extrait :

«Au XVIIIe siècle, lorsqu'on parle des villes canadiennes, on comprend qu'il s'agit de Québec, Montréal et Trois-Rivières. Ville de l'intérieur, Montréal est située à environ cinq ou six jours de voyage de Québec, dont elle dépend pour ses relations avec la France. Toutefois, sa situation géographique aux confluents de plusieurs voies d'eau lui permet de contrôler l'accès au pays riche en fourrures, la région des Grands Lacs, et de jouer un rôle primordial sur le plan commercial. Le commerce étant sa principale activité, Montréal regroupe des marchands bourgeois dynamiques, entreprenants et prospères. Trois-Rivières n'est qu'une petite ville de passage, un relais entre Québec et Montréal, une place de marché et un centre de services pour les ruraux des environs. Enfin Québec, capitale de la Nouvelle-France, est la plus grande des trois villes. C'est là que demeurent les grands personnages politiques et les principaux fonctionnaires du roi. Cette ville est le principal port de mer de la colonie et un centre politique et administratif important. La société la plus brillante de la Nouvelle-France se trouve à Québec. En 1720, le jésuite François-Xavier de Charlevoix écrit à ce propos : On ne compte guère que sept milles âmes, mais on y trouve un petit monde choisi où il ne manque rien de ce qui peut former une société agréable.»

L'auteur décrit les différents aspects de la vie urbaine (la démographie, l'aménagement, les professions  et métiers les classes sociales, l'alimentation, l'hygiène, le logement, la santé, l'éducation, la sécurité publique, la justice) avec des exemples concrets et des anecdotes qui sont tirés des archives. C'est un excellent ouvrage de vulgarisation pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la Nouvelle-France.

lundi 7 février 2011

Une visite virtuelle de Trois-Rivières en 1685



On peut effectuer une visite virtuelle d'une reproduction en 3D du bourg de Trois-Rivières (ici)  tel qu'il était en l'année 1685. C'est un véritable voyage dans le temps qui recrée l'environnement dans lequel ont vécu les habitants du bourg.

À ce sujet, voici un extrait d'un article qui est paru dans le journal Le Nouvelliste de Trois-Rivières, le 4 février 2011, sous la signature de François Houde. Cet article explique l'origine du projet et situe le bourg de 1685 dans le Trois-Rivières d'aujourd'hui :
Il s'agit de la modélisation 3D d'une image qui avait été utilisée pour illustrer la page couverture de l'ouvrage Rencontrer Trois-Rivières, 375 ans d'histoire et de culture, livre publié par les Éditions d'art Le Sabord dans le cadre des célébrations du 375e anniversaire de la ville.
À partir du document d'origine, on a confié à François Villemaire le soin de réaliser images et vidéo tridimensionnelle pour offrir une nouvelle vision de ce bourg de 150 habitants répartis en une vingtaine de familles.

Vous pourrez alors, à loisir, regarder une animation offrant une visite de tout le bourg ou consulter une carte sur laquelle dix éléments sont identifiés et pour lesquels on vous offre des textes explicatifs, une vidéo et des images fixes représentant l'élément choisi.

C'est l'occasion d'en apprendre davantage sur le Fief Pachiriny, l'église paroissiale, la petite chapelle, le manoir de Niverville, la palissade ou sur l'architecture des maisons de l'époque et même les métiers des habitants du bourg.

Les textes sont l'oeuvre de Louise Hamel qui a effectué la recherche. On retrouve donc là un outil complet qui allie l'aspect spectaculaire de la modélisation 3D pour plonger le spectateur 325 ans en arrière avec le côté plus pédagogique que permettent les textes qui nous en apprennent davantage sur l'histoire de la ville.
La technique 3D n'est d'ailleurs pas que simple gadget puisqu'elle permet notamment de mieux concevoir la situation géographique de la ville et de constater qu'elle a été érigée sur un promontoire qui lui offrait une défense naturelle contre des attaques ennemies en provenance du fleuve.

On peut aussi constater qu'à l'extérieur de la palissade qui protège le bourg, une voie d'accès en pente douce vers le fleuve favorise le débarquement des humains comme de la marchandise. Cette artère se situe à peu de choses près où débute aujourd'hui la rue des Forges.

Pour ceux qui se poseraient la question, la face ouest de la palissade qui ceinture le bourg se situerait sensiblement à la hauteur du Bureau de postes au bout de la rue des Ursulines, le côté nord serait à peu près à la hauteur de la rue Notre-Dame actuelle alors que la face est serait un peu à l'est de la rue Saint-François-Xavier, ce qui placerait le monastère des Ursulines d'aujourd'hui en-dehors de l'enceinte.

Le Manoir de Niverville, qu'on retrouve sur le document visuel, est au même endroit qu'aujourd'hui, hors les murs. On peut d'ailleurs avoir une superposition des rues de la ville d'aujourd'hui avec le bourg de 1685 en cliquant sur la cible portant le titre de Le bourg et qui est située à l'entrée ouest de la palissade de 1685.
Pour Louise Hamel, il s'agit d'un outil qui peut combler des lacunes importantes quant à notre connaissance de l'histoire de notre ville : «C'est l'occasion de mieux comprendre comment la ville s'est constituée et développée. D'ailleurs, certains éléments importants qu'on retrouve encore aujourd'hui, comme la rue des Forges, existaient déjà sous une forme quelque peu différente mais la configuration était déjà là. Grâce à l'animation, les gens peuvent imaginer ce qu'était la vie à Trois-Rivières en 1685 et je pense que ça peut non seulement stimuler l'intérêt à l'égard de notre propre histoire mais aussi nous réserver des surprises. On constate, par exemple, que certaines tribus amérindiennes étaient alliées des Français et que leurs membres avaient même accès au bourg où on leur avait aménagé un espace. C'est fascinant.»

vendredi 4 février 2011

Saint-Thomas l'éphémère

L'histoire singulière de Saint-Thomas-de-Caxton  a été racontée par Monsieur Paul Desaulniers sur le site de toponymie de Yamachiche.

La municipalité a eu une existence très brève. Le 24 octobre 1916, la paroisse Saint-Thomas-de-Caxton a été érigée civilement par publication à la Gazette officielle du Québec. Ce territoire agricole était détaché du canton de Caxton. Il comprenait des parties des municipalités voisines de Sain-Étienne-des-Grès (10 102 arpents), de Yamachice (3 717 arpents), de Saint-Barnabé-Nord (1 658 arpents) et de Pointe-du-Lac (909 arpents). 

Le conseil municipal ne durera que deux ans. En 1918, à la suite de chicanes politiques, la municipalité est dissoute et son territoire est divisé entre les municipalités d'origine (voir la carte). Depuis ce temps les habitants de Saint-Thomas doivent payer leurs taxes à ces différentes municipalités selon leur localisation. Par contre, la paroisse religieuse qui a été érigée la même année que la municipalité a continué d'exister. Une église, une Caisse populaire et un couvent ont été construits dans ce qui constitue aujourd'hui un village sans existence légale de quelques centaines d'habitants. Un sentiment d'appartenance s'est développé chez les habitants du lieu.

Les territoires relevant de Saint-Barnabé-Nord et de Yamachiche font partie du Comté de Maskinongé au fédéral alors que l'autre côté de la rue qui appartient à Saint-Étienne-des-Grès et la partie qui appartient à Pointe-du Lac sont situés dans le Comté de Saint-Maurice.

Source : Monsieur Paul Desaulniers de Yamachiche


mardi 1 février 2011

La pendaison comme spectacle

Ceux qui croient que nous vivons dans un monde violent devraient lire cet article qui est paru dans le journal La Patrie le mardi 25 février 1879 :
Exécution. -- Le nègre Georges Washington, reconnu coupable de viol, a été pendu vendredi en public, dans un faubourg de Louisville, Kentucky. Plus de dix milles personnes des deux sexes entouraient l'échafaud. Le patient, après avoir eu le noeud coulant passé autour du cou, a recommandé au shérif de donner son corps à un médecin qu'il a nommé. Il a demandé ensuite à embrasser son père et sa mère, mais ni l'un ni l'autre n'ayant répondu à l'appel, le shérif a fait jouer la bascule. La corde a cassé et le nègre est allé s'aplatir sur le sol aux acclamations frénétiques de la multitude. La machine a été remise en état, et le condamné évanoui a été reporté sur l'échafaud et rependu. À midi et quelques minutes, la corde a été coupée et le corps remis au médecin qui s'en était rendu adjudicataire. (Source : BANQ)
La vieille prison de Trois-Rivières (1822)
Les pendaisons étaient aussi très courues au Canada français. À Trois-Rivières, le couvent des religieuses qui jouxtait la cour de la vieille prison était le meilleur endroit pour profiter du spectacle. Le dernier condamné pendu à cet endroit a été Hildège Blais, le 18 mai 1934. Il avait été reconnu coupable du meurtre de son père Adélard Blais abattu avec une arme à feu le 3 novembre 1932 à Shawinigan.

Hildège Blais est né le 3 janvier 1908 à Saint-Élie-de-Caxton dans le comté de Saint-Maurice.

Voir : Les condamnés à la peine de mort au Canada, 1867-1976.