jeudi 12 novembre 2015

La légitimation d'un enfant naturel par mariage

Le 2 janvier 1783, le curé Jean-Baptiste-Noël Pouget de Berthierville a baptisé Pierre, né le même jour, de père et mère inconnus. Son parrain a été Louis Houde et sa marraine, Marie-Angélique Fournaise, femme de Pierre Botineau.

Extrait du registre de Berthierville, 2 janvier 1783

Un nouveau-né n'arrivait jamais seul à l'église pour son baptême.  Il était porté par sa marraine qui était souvent la grand-mère ou la tante de l'enfant. Le curé connaissait donc l'identité des parents, mais ne pouvait pas l'inscrire dans le registre parce que ces derniers n'étaient pas mariés. L'enfant devait porter le stigmate d'une naissance illégitime.

Il était possible de légitimer à posteriori la naissance d'un enfant soit par une décision de justice, soit par le mariage de ses parents. C'est la voie qu'ont choisie les parents naturels du petit Pierre : Pierre Botineau, le fils de la marraine de l'enfant, et Angélique Joly, qui était veuve de Louis Durand. Ils se sont mariés le vingt janvier 1783, soit 18 jours après le baptême, en présence de l'enfant, de son parrain et de sa marraine. Voici la formule que le curé Pouget a ajouté à la fin de l'acte de mariage pour légitimer l'enfant :

« lesquels ont reconnu pour légitime un garçon né d'eux et baptisé le 2 janvier courant en présence des susdits témoins nommé Pierre et dont les témoins Louis Houde et Marie-Angélique Fournaise mère de l'époux ont été parrain et marraine et présenté en ce jour par les dits époux. »

Extrait du registre de Berthierville, 20 janvier 1783

J'imagine que la mariée tenait l'enfant dans ses bras.

Louis Durand, le premier époux d'Angélique Joly est décédé avant le 21 mars 1779, jour du baptême d'une enfant posthume. Je n'ai pas retrouvé son acte de sépulture. Angélique Joly a eu deux filles de ce premier mariage : Louise Durand née le 28 janvier 1777 et Angélique Durand, l'enfant posthume en question. Elle était donc veuve depuis près de quatre ans quand elle a épousé Pierre Botineau. Angélique Joly et Louis Durand ont signé un contrat de mariage devant le notaire Faribault de Berthierville le 19 février 1776.

mardi 10 novembre 2015

François Fournaise, chaudronnier ambulant, est tombé d'une falaise

L'ancêtre François Fournaise dit Laboucane, ancien soldat et chaudronnier ambulant, a connu une fin tragique alors qu'il faisait sa tournée dans la région de Donacona. Aux Écureuils, il est tombé d'une falaise, d'un escarpement que l'on nommait écore. 

L'acte de sépulture signé par le curé Chartier de Lotbinière raconte les derniers jours de François Fournaise comme le ferait un journaliste. C'est un acte comme je les aime, qui raconte une histoire.

L'acte du registre de la paroisse des Écureuils, est daté du 20 juillet 1772.


Le texte est petit et l'écriture est pâle, mais j'ai réussi à le lire (avec l'aide d'Hervé). J'ajoute une ponctuation pour faciliter la lecture :
L'an mil sept cent soixante douze, le vingt de juillet, j'ai inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de françois fournelle dit la boucane, homme marié et passant chodronnier de profession, âgé de quarante trois ans ; il a tombé des écores de cette paroisse et a été ramassé et mené chez un nommé pierre langlois le dix huit du présent mois et est mort la veille de la sépulture, sans recevoir aucun sacrements, personne ne s'étant aperçu de son état ; en présence de pierre dusaut et de plusieurs autres qui ne savent signer de ce enquis. Chartier de Lotbinière, ptre.
François Fournaise dit Laboucane, ancien soldat de la compagnie de Montigny des troupes de la Marine, était le père d'Angélique Fournaise dite Laboucane, épouse de Pierre Bottineau dont j'ai parlé dans l'article précédent. Il est le sosa 686 de mes enfants. À son décès, il avait 63 ans plutôt que 43.

François Fournaise avait un fils prénommé François qui, selon le registre de la Rivière-des-Prairies, est né le 14 juillet 1731 à 4 heures du matin. Le mort des Écureuils était-il le père ou le fils ? J'ai présumé que c'était le père parce qu'il était chaudronnier. Je réviserai cette conclusion si jamais j'apprend que le fils exerçait le même métier.

samedi 7 novembre 2015

Pierre Botineau et Angélique Fournaise dite Laboucane

Il y a trente ans, aux Archives nationales du Québec. dans la salle des microfilms, j'ai découvert un couple de mes ascendants, les sosas 342 et 343 de mes enfants, dont les noms singuliers m'ont fait sourire : Pierre Botineau et son épouse Angélique Fournaise dite Laboucane. J'ai découvert récemment qu'ils étaient les grands-parents du fameux coureur des bois Pierre Botineau que les Américains ont surnommé "The Kit Carson of the Northwest".


Pierre Botineau (c1730-1790)

L'ancêtre Pierre Botineau était originaire de la région de Nantes en Bretagne. Selon son âge au décès, il serait né vers 1730. Il a immigré en Nouvelle-France peu de temps avant la prise de la colonie par les Anglais. La première mention que j'ai trouvée de sa présence en Amérique est son mariage avec Marie-Angélique Fournaise dite Laboucane, le 7 janvier 1760 à Lavaltrie, quatre mois après la Bataille des plaines d'Abraham.

L'acte de mariage nous donne l'identité de ses parents : Mathurin Botineau et Marie Aubron de la paroisse de Doulon dans le diocèse de Nantes en Bretagne. L'ancienne commune de Doulon fait aujourd'hui partie de la ville de Nantes.

Le patronyme Botineau n'est pas d'origine bretonne. Il viendrait plutôt de la Vénétie, dans le nord de l'Italie. Il s'est répandu dans plusieurs régions de France, dont la Bretagne.

Aucun des actes que j'ai consultés ne donne le métier de Pierre Botineau père, mais je crois qu'il était sabotier parce que ses deux fils aînés, Pierre et Joseph-Jacques, ont exercé ce métier dans la région de Berthier. Le cas échéant, ils l'auraient appris en travaillant avec leur père.

Au XVIIIe siècle, les sabots étaient portés dans toute l'Europe du Nord, mais on les associe souvent au costume traditionnel du paysan breton. Les immigrants de Bretagne et d'autres régions du Nord de la France ont apporté cette chaussure avec eux en Amérique.

Comme on peut le voir sur la carte postale ci-contre, le sabotier sculptait chaque chaussure dans une bûche de bois, d'abord planée en forme de sabot, puis creusée pour façonner l'intérieur à la forme du pied. Il en faisait de toutes les grandeurs, pour les enfants comme pour les adultes. Le sabot de bois était la chaussure de tous les jours, tandis que le soulier de cuir n'était porté que dans les grandes occasions.

Angélique Fournaise dite Laboucane (1742- )

Son épouse, Angélique Fournaise dite Laboucane, était la fille du soldat François Fournaise et d'Angélique Serre. Cet improbable surnom de Laboucane était vraisemblablement le nom de guerre que son père avait reçu dans le compagnie de Montigny des troupes de la Marine.

Après sa démobilisation, Fournaise a exercé le métier de chaudronnier à Lavaltrie. Un peu orfèvre, il restaurait des objets de culte dans les églises de la région.

L'acte de sépulture d'Angélique Fournaise est introuvable.


Descendance

Pierre Botineau et Angélique Fournaise on fait baptiser huit enfants à Lavaltrie et à Berthierville entre 1760 et 1776. Trois garçons et deux filles se sont mariés : Pierre (né en 1760), Joseph-Jacques (1762), Angélique (1764), Marie-Jeanne (1771) et Charles (1776). Leur fille Angélique Botineau est le sosa 171 de mes enfants.

Leur fils cadet, le coureur des bois Charles Botineau, est l'ancêtre des Botineau métis du Nord-Ouest des États-Unis.

(À suivre)