dimanche 1 janvier 2012

Dans le temps du jour de l'An

Dans le temps du jour de l'An a été enregistré par Ovila Légaré (1901-1978) en 1951, à l'époque où le comédien et folkloriste reprenait des chansons anciennes sur 78 tours. Elle était très populaire au Québec dans le temps des fêtes de fin d'année mais on l'entend rarement de nos jours. Elle pourrait dater de la fin du 19ième siècle ou du début du 20ième siècle. On peut l'écouter ici sur le site des enregistrements sonores de BANQ.

Dans le temps du jour de l'An est aussi connu sous le titre de Tape la galette. Je crois que cette expression fait référence à un jeu où deux enfants se font face et se tapent dans les mains et sur les cuisses en récitant une contine.

La chanson décrit une veillée traditionnelle du jour de l'An. Les personnages sont le  père (le bonhomme) qui a tué un goret pour l'occasion et sert généreusement son whisky blanc, la mère (la bonne femme) qui a fait ses tourtières, le fils aîné (le plus vieux) et sa nombreuse marmaille, les filles de la maison excitées d'embrasser des garçons, et enfin Thomas qui les embrasse toutes. Et à la fin de la soirée, les invités dansent un set, une gigue ou un rigodon. Le set carré (square dance) vient des États-Unis et aurait été introduit au Canada français à la fin du 19e siècle. La gigue et le rigodon sont d'origine française.

 On y trouve quelques mots anciens : se greyer (s'équiper), tannant (énervant), vargeux (impressionant) et pantoute (pas du tout).


Voici les paroles :

Dans le temps du Jour de l'An

Lorsqu'il nous arrive le temps des fêtes
Tout le monde se sent le coeur réjoui
On s'amuse bien et on se la souhaite
Avec ses parents et avec ses amis.

Refrain
C'est comme ça qu'ça s'passe dans l'temps des fêtes
Tape la galette, les garçons les filles avec
C'est comme ça qu'ça s'passe dans l'temps des fêtes
C'est comme ça qu'ça s'passe dans l'temps du Jour de l'An !

Le bonhomme a tué son gros goret'
Puis il s'est greyé de bon whisky blanc
La bonne femme a des tourtières de prêtes
C'est pour régaler ses chers enfants.

Le plus vieux arrive avec sa marmaille
Y'en a un nouveau à tous les ans
Ça court et ça joue et puis ça s'chamaille
Mais ce jour-là on les trouve pas si tannants.

Les filles d'la maison sont sur les épines
Y'ont hâte de voir arriver les garçons
Pour s'faire embrasser, ah! bonté divine!
Elles le font pas voir mais qu'elles trouvent donc ça bon!

C'est Thomas qu'est l'plus "vargeux" de toutes
Y s'fait péter l'bec puis y donne ça dru
Y en faut cinq-six ou ben pantoute
Quand y'en accroche une... il la lâche plus.

L'père est pas avaricieux d'ses traites
L'une n'attend pas l'autre, puis les verres sont pleins
Ç'arrive pas tous les jours le temps des fêtes
Et puis il faut bien se mouiller le Canayen!

Après qu'on s'est bien rincé la luette
Vers sur l'soir on accorde les violons
On s'met dans la place pour danser un "set"
Chacun danse sa gigue ou bien son rigodon.