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samedi 2 août 2014

Les noms de guerre

L'historien Luc Lépine a étudié l'impact des noms de guerre des militaires français sur la patronymie québébécoise. Ces noms de guerre (Lafleur, Lafontaine, Laliberté, Laviolette, Sansfaçon, etc) sont devenus les surnoms et plus tard les patronymes de nombreuses familles du Québec. Je rapporte ici sa conclusion :

  • Les soldats français reçoivent un surnom lors de leur entrée dans l’armée. 
  • Ces surnoms sont idividuels. En France, ils ne se transmettent pas de père en fils.
  • Sous le régime francais, près de 30,000 soldats ont foulé le sol de la Nouvelle-France.
  • Les autorités ont tout fait pour inciter ces militaires à s’intégrer dans la société.
  • Nous estimons que plus de 70% de tous nos ancêtres francais étaient militaires à leur arrivée au pays.
  • La Nouvelle-France constitue une société quasi militaire. Les anciens militaires, devenus miliciens, servent sous leurs anciens officiers, devenus seigneurs.
  • Ces mêmes seigneurs continuent d’appeller leur censitaires par leurs noms de guerre.
  • Les noms de guerre se transmettent de père en fils, les fils ne servant pas dans l’armée mais dans la milice.
  • D’après nous, les noms de guerre des militaires français venus en Nouvelle-France constituent la grande majorité de tous les sobriquets que l’on retrouve dans la province de Québec.

vendredi 4 juillet 2014

De choses et d'autres (9)

Lu dans le journal Les Chutes de Shawinigan du 3 janvier 1951 :
« Un coup d'épée blesse et avec de bons soins, cette blessure se referme et guérit; mais rien ne peut guérir la blessure faite par un coup de langue. »
Dans la même veine, le proverbe :
« Un coup de langue est pire qu'un coup de lance. » 
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Il est important de signaler les erreurs que l'on trouve dans les banques de données accessibles en ligne comme BMS2000  pour améliorer le produit.

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Deux ouvrages sur la fin de la Nouvelle-France ici

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Réflexions d'une adolescente sur Twitter. Souvent drôle, parfois un peu vulgaire.

One More Joke 

- Parents spend 2 years teaching their child to walk and talk and then spend the next 16 years telling them to sit down and shut up
- "Clean your room, guests are coming over." Oh, I’m sorry. I didn’t realize the gathering would be held in my bedroom.


- Why do some couples make their status "single" every time they fight? I don't put "orphan" when I get into fights with my parents.

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On appelait garde-moteur les conducteurs de tramway et les conducteurs de train.

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dimanche 13 avril 2014

Un cas d'homonymie à la Pointe-du-Lac

À trois ans d'intervalle, deux Olivier Lefebvre dit Descôteaux d'Yamachiche ont épousé deux Adélaïde Martin de la Pointe-du-Lac, près de Trois-Rivières en Mauricie. De plus, dans les deux cas, le père du marié se prénommait François. Pour les généalogistes, c'est un piège dans lequel il est facile de tomber :

Couple 1 : Le 21 août 1827 ... entre olivier lefebvre dit descôteaux laboureur fils majeur de françois lefebvre dit descôteaux laboureur et de josette gina de la paroisse d'yamachiche d'une part et adélaîde martin fille majeure de jean-baptiste martin laboureur et de marguerite doucet de cette paroisse d'autre part ... (signé Joyer prêtre, alors curé de Pointe-du-Lac).

Couple 2 : Le 16 octobre 1830 ... entre Olivier Décoteau cultivateur fils majeur de François Décoteau cultivateur et de défunte Rosalie Thibeault de la paroisse de Ste-Anne d'Yamachiche d'une part et Adélaïde Martin fille mineure de Louis Martin cultivateur et de Pélagie Biron de cette paroisse d'autre part ... (signé Ol. Larue, alors curé de Pointe-du-Lac).

Les deux Adélaïde Martin étaient cousines germaines.








Pierre Martin



Élisabeth Dufault



19 octobre 1765



Nicolet







J-B Martin
Louis Martin

Marguerite Doucet
Pélagie Biron

27 mai 1793
8 avril 1799

Pointe-du-Lac
Pointe-du-Lac






Adélaïde Martin
Adélaïde Martin

Olivier Descôteaux
Olivier Descôteaux

21 août 1827
16 octobre 1832

Pointe-du-Lac
Pointe-du-Lac







Remarque : L'abbé René-Pierre Joyer, Français d'origine, nommait laboureur celui qui cultive la terre (couple 1), tandis que l'abbé Olivier Larue, né au Canada, utilisait plutôt le terme de cultivateur que l'on retrouve généralement dans nos registres (couple 2). Joyer n'utilisait pas la majuscule pour les noms propres.

dimanche 23 mars 2014

Sépulture d'un vétéran de la bataille de Québec

Selon l'officiant qui a rédigé son acte de sépulture, le 23 janvier 1822, John Ross de Maskinongé a participé à la bataille de Québec. Il faisait probablement référence à la bataille des Plaines d'Abraham qui s'est déroulée à Québec le 13 septembre 1759. Le cas échéant, Ross avait donc près de 90 ans au moment de son décès.

J'ai trouvé cet acte dans le registre de la Protestant Episcopal Congregation of Saint Antoine of the River du Loup (aujourd'hui Louiseville). Le défunt John Ross était un fermier né en Grande-Bretagne, habitant de la paroisse de Maskinongé depuis quarante ans, et autrefois sergent major du 78th régiment à la bataille de Québec.




Le 78th Fraser Highlanders, un régiment formé de soldats provenant des Highlands en Écosse, a participé à la prise de Louisbourg en 1758 et à celle de Québec en 1759. Ce régiment a été dissous en 1763 et plusieurs soldats sont demeurés dans la vallée du Saint-Laurent, se mêlant à la population locale. C'est d'ailleurs le seul régiment britannique à avoir été dissous en dehors de la Grande-Bretagne, parce que les Anglais craignaient que des Écossais entraînés au maniement des armes reviennent dans leur pays. Ils leur ont donc offert des terres dans leur nouvelle colonie du Canada, notamment à Maskinongé où quelques-uns d'entre eux se sont établis.

Reconstitution du 78th Hignlanders au Musée McCord à Montréal

John (William) Ross, qui se faisait parfois appeler Jean-Baptiste Ross, est l'ancêtre des Ross de la Mauricie. Il a épousé Marie-Louise Délpé-Sincerny le 7 juillet 1764 à Québec. Marie-Louise avait un huitième de sang algonquin par son arrière-grand-mère maternelle Marie Miteouamigoukoué, épouse de Pierre Couc. Ils ont eu au moins dix enfants à Maskinongé entre 1766 et 1795. Tous leurs enfants ont reçu des prénoms français et des baptêmes catholiques.

On trouve deux erreurs dans l'acte de sépulture présenté plus haut. Premièrement, John Ross était habitant de Maskinongé depuis près de 57 ans et non pas 40. Deuxièmement, selon les sources que j'ai consultées, il avait le grade de caporal dans le 78th Highlander et non celui de sergent major.

William Ross et James Ross qui ont marqué d'une croix l'acte de sépulture étaient les fils du défunt : Guillaume Ross né en 1768 et marié à Théotiste Dupuis, et Jacques Ross né vers 1774 et marié à Geneviève Grégoire.

dimanche 16 mars 2014

Toussaint Bellemare ou « la nuit tous les chats sont gris »

Modifié le 17 mars 2014

C'est le troisième article que je consacre aux circonstances de la noyade de John Head, le fils du gouverneur général du Canada, en 1859. Celui-ci porte sur Toussaint Bellemare qui a plongé dans l'eau froide de la rivière pour ramener le noyé sur la rive. Il est devenu une célébrité sur le Saint-Maurice. Grand chasseur, nageur et guide de canots, un personnage que l'on ne devine pas en consultant les registres et les recensements.

Le récit de Gérin

Dans Deux voyages sur le Saint-Maurice, publié en 1889, Napoléon Caron racontait que M. Toussaint Bellemare avait repêché le corps du fils du gouverneur général Lord Edmund Head, noyé dans la rivière Saint-Maurice près de la chute de Grand-Mère. Il tenait cette information d'un autre récit de voyage sur le Saint-Maurice publié en 1872 par E. Gérin dans La Revue Canadienne
« À deux lieues au-dessus des Piles nous souhaitons le bonjour, en passant, à Toussaint Bellemare. Toussaint Bellemare est une des célébrités du St. Maurice. Il n'a pas de supérieur comme chasseur, comme nageur ou comme guide de canots. C'est lui qui retira de l'eau le corps du fils du Gouverneur Head lorsque cet infortuné jeune homme se noya à la Grand-Mère. Un sauvage était parvenu à trouver du bout d'une perche l'endroit où il gisait au fond de la rivière, mais c'est Bellemare qui, plongeant hardiment, rapporta sur le rivage le fils du représentant de notre souveraine.
Cette famille de Bellemare est presque toute employée dans le St. Maurice. On en retrouve quelques-uns à la Rivière-au-Rat ; d'autres sont employés de la Compagnie de la Baie d'Hudson.
»

La nuit tous les chats sont gris

Ce cas illustre bien les limites de la recherche généalogique basée sur l'examen des registres paroissiaux et des recensements. Ces sources ne nous disent rien sur la personnalité des gens. Il faut trouver d'autres documents pour mettre un peu de chair autour de l'os, mais ces autres sources sont rarement disponibles.


Ce que l'on sait de Toussaint Bellemare

Toussaint Bellemare est né à Trois-Rivières en 1813. Il n'était donc plus un jeune homme lorsqu'il a plongé dans le Saint-Maurice pour repêcher le corps de John Walker Head en 1859. Il a épousé Françoise Saint-Laurent le 17 janvier 1839 à Trois-Rivières. À son mariage, il était dit journalier, fils de René Bellemare journalier et de Marguerite Doucet.

Toussaint Bellemare et sa famille ont remonté la rivière Saint-Maurice en suivant les progrès de la colonisation. Au recensement de 1852, le couple et ses cinq enfants résidaient au fief Saint-Étienne situé au nord de Trois-Rivières. Ils y étaient encore en avril 1860.

Au recensement de 1861, on les retrouve dans le sous-district « chantiers » au nord du comté de Champlain (cherchez Belleman dans le recensement). Ce territoire comprenait vraisemblablement les établissements sur le Saint-Maurice au nord de la paroisse de Sainte-Flore. Toussaint est dit cultivateur et la population qui l'entoure est constituée d'hommes de passage : des «foremen», des «labourer» dont la résidence est située en dehors du sous-district, probablement des bûcherons. L'endroit était donc relativement isolé.

Il y avait des cultivateurs parmi les bûcherons pour produire le foin nécessaire à l'alimentation des chevaux utilisés pour sortir les billots de la forêt. Le foin valait une fortune dans les chantiers du Saint-Maurice à cause des coûts de transport élevés. Il était donc rentable de produire localement les graminées fourragères peu exigeantes en matière de sol et de climat.

En 1871, la famille a été recensée, sous le nom de Belmar cette fois-ci, dans un sous-distict du comté de Champlain nommé Mékinac, toujours sur une ferme. Je crois que le « Mékinac » de 1871 correspond grosso modo au sous-district « Chantiers » de 1861. René Bellemare, le père de Toussaint âgé de 90 ans habite avec eux. Il y a deux autres couples mariés sous ce toit : leurs fils Pierre et René ont des épouses mais pas d'enfants. Trois filles célibataires : Marie (29 ans), Élise (19 ans) et Augustine (12 ans). Françoise Saint-Laurent, épouse de Toussaint Bellemare a eu son dernier enfant à l'âge de 46 ans.

Le lieu-dit La Pêche

En novembre 1870, Toussaint Bellemare a présenté une pétition au parlement de Québec. J'ignore le sujet de cette pétition, mais le recueil des Journaux de l'Assemblée nationale (volume 4) indique que Bellemare était de l'endroit appelé "La Pêche" sur la rivière Saint-Maurice.

Toussaint Bellemare est décédé le 11 juillet 1876. Ses funérailles ont eu lieu à Sainte-Flore, paroisse voisine des Piles. L'officiant a noté dans le registre que Toussaint était mort à la Pêche, Rivière Saint-Maurice à l'âge de soixante et onze ans.


Il est décédé, non pas alors qu'il pêchait sur le Saint-Maurice comme certains l'ont cru, mais plutôt en un lieu-dit La Pêche sur le Saint-Maurice. Par ailleurs, le curé de Sainte-Flore l'a vieilli de huit ans. Né en 1813, Toussaint avait 63 ans et non pas 71 lors de son décès.

Tout porte à croire que ce lieu-dit La Pêche était situé à l'embouchure de la Rivière à la Pêche sur le Saint-Maurice. C'est probablement à cet endroit que Gérin a visité Toussaint Bellemare vers 1871, deux lieues (environ dix kilomètres) au-dessus des Piles. L'étiquette Sur le Saint-Maurice pouvait signifier qu'il n'y avait par d'autre route que la rivière pour s'y rendre.

On trouve au nord de Saint-Jean-des-Piles, sur la rive Ouest du Saint-Maurice, l'embouchure de la rivière à la Pêche qui prend sa source dans le lac du même nom. Les résidents de cet endroit ont été expropriés lors de la création du Parc national de la Mauricie en 1970. Cette carte du parc montre le secteur de la rivière à la Pêche dans l'encadré en haut à droite.

Carte du secteur Rivière-à-la-Pêche du Parc national de la Mauricie


À la fin du XIXe siècle, les colons installés à cet endroit et plus haut sur les deux rives du Saint-Maurice étaient rattachés à la mission de Mékinac, un mot algonquin qui signifie tortue. Sur son site web, la municipalité de Saint-Roch de Mékinac présente un bref historique qui comporte le passage suivant :
« La prise de possession des terres progressa très lentement. Les colons peu nombreux s’étaient éparpillés à partir de la Pointe-à-la-Mine jusqu’à Rivière Mattawin sur la rive est, et la rive ouest à partir de la rivière La Pêche jusqu’en face du lac Caribou. »



Merci à André Hamel qui m'a beaucoup aidé dans cette recherche.

Note : Il n'y a pas de lien de parenté proche entre Toussaint Bellemare et le coloré ministre de l'Union Nationale Maurice Bellemare, qui fut conseiller municipal à Saint-Jean-des-Piles après son retrait de la politique provinciale.

jeudi 7 novembre 2013

Un ancêtre bâtard

Avoir un ancêtre bâtard était autrefois une honte, c'est aujourd'hui un amusement, presque une fierté. Pour le généalogiste, ce peut être un obstacle insurmontable si l'identité du père n'est pas connue.

Un de mes ancêtres, Jacques Crevier dit Saint-Jean (Sosa 700) était un « enfant naturel », ce qui signifie que son père et sa mère n'étaient pas mariés ensemble au moment de sa conception. C'est le sens que l'on donnait autrefois au mot bâtard : un enfant conçu hors des normes sociales. Si l'un de ses parents avait été marié, on l'aurait qualifié d' « enfant adultérin » selon la terminologie du droit ancien. De nos jours, avec la baisse de taux de nuptialité, la moitié des enfants naissent hors-mariage et ces termes anciens ne sont plus guère utilisés.

Le baptême 

Jacques a été baptisé sous le nom de Bonin  le 8 octobre 1707 à Varennes. Il était le fils de Jacques Bonin et de Marie-Rose Prévost. Dans l'acte de baptême qui suit, le curé Claude Volant de Saint-Claude n'a pas fait mention de l'illégitimité de l'enfant, mais n'a pas écrit les mots habituels « du légitime mariage »  Par contre, l'officiant a inscrit le nom du père, ce qui signifie que son identité était de notoriété publique.



Le père Jacques Bonin

L'enfant a reçu non seulement le nom, mais aussi le prénom de son père biologique, ce qui me porte à croire que les parents étaient en bons termes. Rien n'indique que le père était présent lors du baptême, mais les convenances ne l'auraient peut-être pas permis. Jacques Bonin père n'a pas laissé d'autre trace en Nouvelle-France que ce fils. On ne trouve aucune autre mention de lui ni avant, ni après le baptême. Il est peut-être retourné en France.

Parmi les six autres Bonin qui ont immigré en Nouvelle-France, trois étaient originaires de La Rochelle et un de la Saintonge voisine. On sait que beaucoup de huguenots ont émigré de cette ville après la révocation de l'édit de Nantes en 1685. Si Jacques Bonin avait été protestant, s'il avait fui les persécutions religieuses en France, aurait-il pu épouser Rosalie Prévost sans abjurer sa foi ? Ou bien était-il déjà marié en France ? Ce ne sont que des hypothèses, bien sûr.

La mère Rosalie Prévost

Marie-Rose ou Rosalie était âgée de 19 ans à la naissance de son fils. Elle était la fille d'Eustache Prévost, un soldat du régiment de Carignan, et d'Élisabeth Guertin. Cette dernière a aussi eu un enfant naturel, ou plutôt adultérin, avec un dénommé Jacques Hubert marchand de fourrures, en 1678. C'était donc une tradition familiale. Je crois que le mari était alors voyageur dans les Pays-d'en-Haut. On en vient à douter de la validité de nos tableaux d'ascendance !

Rosalie Prévost épousera Jean Crevier dit Saint-Jean le 31 mai 1713 à Montréal. Ils auront douze enfants ensemble. Le petit Jacques adoptera alors le patronyme de son beau-père : Jacques Bonin deviendra Jacques Crevier. Il perdra ainsi sont étiquette de bâtard. Plus tard, à son mariage avec Thérèse Prud'homme le 23 octobre 1737 à Saint-Sulpice, Jacques est dit fils de Jean Crevier et de Rosalie Prévost habitants de la coste St-Michel. Son père adoptif et son demi-frère Jean-Baptiste sont présents au mariage.


Comment nommer un bâtard ?

Anciennement, certains généalogistes l'ont identifié sous le patronyme de Prévost, celui de sa mère, même s'il a été baptisé Bonin. Je suppose qu'ils ne pouvaient accepter, pour des raisons d'ordre moral, qu'un enfant reçoivent le nom d'un homme qui n'est pas l'époux de sa mère. D'ailleurs, le curé de Varennes a peut-être erré en 1707 en baptisant un enfant naturel sous le nom de son père biologique. L'usage était plutôt, je crois, de donner le patronyme de la mère ou pas de patronyme du tout.

mardi 22 octobre 2013

Je veux un petit frère !

Geneviève Arcand de Deschambault, épouse de Simon Martineau-Saintonge, à eu huit filles de suite avant d'avoir enfin un garçon. Parmi ces huit filles, un couple de jumelles nées en 1729 :
  1. Josèphe (1726)
  2. Geneviève (1729)
  3. Cécile (1729)
  4. Angélique(1731)
  5. Anne (1732)
  6. Geneviève (1735)
  7. Angélique (1737)
  8. Louise (1739)
La probabilité qu'un tel événement se produise est plus élevée qu'on ne le croit généralement. C'est comme tirer huit fois à pile ou face. Un couple qui a huit enfants a 1 chances sur 256 d'avoir huit filles ou huit garçons et une chance sur 128 d'avoir huit enfants du même sexe.  C'est beaucoup plus probable que de gagner à la loterie, par exemple.

Aussi, j'aurais pu intituler cet article : je veux une petite soeur ! Émilia Caron, épouse de Maxime-Édouard Desôteaux, a eu huit garçons de suite avant d'avoir enfin une fille :
  1. Télesphore (1879)
  2. Thomas (1881)
  3. Charles-Henri-Émile (1883)
  4. Athanase (1885)
  5. Adolphe (1886)
  6. Albert (1888)
  7. Adelme (1889)
  8. Amédée (1891)
Certains prétendent que des couples peuvent avoir des prédispositions pour un sexe en particulier, mais j'en doute. Je crois plutôt que c'est la fréquence relativement élevée des séquences d'enfants du même sexe qui est à l'origine de ces croyances.

samedi 19 octobre 2013

Alice et les fractions

En complétant l'arbre généalogique de mes enfants et de mes petits-enfants, je tiens une comptabilité de l'apport de différents groupes ethniques dans leur patrimoine génétique.

Dans un article daté du 18 octobre 2012 (Victor et les fractions), j'avais estimé que mon petit-fils Victor né en 2011 avait un total de 3,13 % de sang amérindien qui lui venait de deux sources : la compagne Nipissirienne de l'explorateur Jean Nicolet et une Huronne nommée Marie-Louise Sioui qui a épousé Philippe Panneton à Trois-Rivières en 1882.

Alice Tremblay née le 31 juillet 2013

Depuis cet article, Victor a eu une petite soeur prénommée Alice et mes recherches généalogiques ont progressé, ce qui m'amène à réviser ce calcul de l'apport des Amérindiens dans le patrimoine génétique de mes petits-enfants. Voici les trois changements qui sont survenus depuis la première estimation en octobre 2012 : 

Premièrement, en complétant un recoin de mon arbre qui était resté dans l'ombre jusqu'ici, j'ai découvert une autre souche amérindienne, celle de Marie-Olivier Sylvestre (Manitouabeouich), épouse de Martin Prévost. Ce fut, en 1644, le premier mariage entre un Blanc et une Amérindienne célébré en Nouvelle-France. Marie-Olivier apparaît à la quatorzième génération, ce qui lui donne un apport modeste mais non négligeable de 0,024 %. Je reviendrai plus tard sur cette Amérindienne que l'on a dit Huronne, mais qui était vraisemblablement de la famille Algonquienne.

Deuxièmement, je me suis rendu compte que Marie-Louise Sioui, une trisaïeule huronne du papa d'Alice et de Victor, avait des ancêtres blancs, ce qui réduit évidemment son apport amérindien dans le patrimoine génétique de mes petits-enfants. Selon mes estimations, l'épouse de Philippe Panneton, née en 1861 à la Jeune-Lorette, avait au plus 50 % de sang amérindien. Son apport est donc revu à la baisse de 3,12 % à 1,563 %.

Troisièmement, j'ai découvert que la compagne Nipissirienne de Jean Nicolet, dont on ignore malheureusement le nom, apparaissait non seulement dans mon ascendance, mais aussi parmi les ancêtres de ma conjointe, ce qui augmente très légèrement sont apport de 0,012 % à 0,018 %.

Au total, et selon l'état actuel des recherches, mes petits-enfants Alice et Victor Tremblay auraient donc 1,6 %  ou 1/63e de sang amérindien. Les quatre lignées qui conduisent aux souches amérindiennes sont présentées dans le schéma suivant.

Lignée A Lignée B Lignée C Lignée D
CamilleSaintonge Camille Saintonge Camille Saintonge Jean-François Tremblay
Alain Saintonge Alain Saintonge Ginette Van der poel Mario Tremblay
Hubert Saintonge Hubert Saintonge Solange Lampron Noella Marcouillier
Félix Saintonge Félix Saintonge Alice Descôteaux Élisa Panneton
Félix Saintonge Georgiana Lavallée Eulalie Lampron Marie-Louise Sioui
François Saintonge Euphémie Allard Adéline Lord
François Saintonge Josephte Croisetière Julie Desaulniers
Madeleine Pichet Jacques Croisetière Joseph Desaulniers
Jean Pichet Étienne Croisetière Amable Paillé
Louis Pichet Jeanne Prévost M-Thérèse Pichet
Madeleine Leblanc Jean-Baptiste Prévost Louis Pichet
Euphrosine Nicolet Marie-Olivier Sylvestre Madeleine Leblanc
Nipissirienne
Euphrosine Nicolet


Nipissirienne

mardi 8 octobre 2013

De choses et d'autres (8)

J'ai entendu des personnes de la génération de mes grands-parents, qui sont nées à la fin du 19ième siècle ou au début du 20ième siècle, prononcer curieusement certains mots. Ils disaient, par exemple, orguieux plutôt qu'orgueilleux. Faîtes une recherche sur le mot orguieux et vous allez trouver des citations d'ouvrages littéraires antérieurs à 1700 comme Ysaÿe le Triste, les Œuvres de Froissart ou les Vers sur la mort. 

Ces formes anciennes ont été conservées à la campagne au Canada français pendant plus de deux cents ans, mais je crois que la plupart sont aujourd'hui disparues. Du moins, je n'ai plus entendu prononcer orguieux depuis très longtemps.

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J'ai ajouté des informations sur William Telfer Bald dans Patronymes anglais en Mauricie. Le recensement de 1852 nous apprend qu'il menait grand train à Trois-Rivières.

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Étienne Gélineau est un ancêtre bien connu au Québec, en particulier dans la région de la Mauricie où sa descendance est nombreuse. Son patronyme a été déformé en Gélinas.  À ma connaissance, aucun de ses descendants ne porte le patronyme d'origine Gélineau.

Il existe au Québec une souche distincte de Gélineau qui descendent du cordonnier François Gélineau dit Lachapelle. Cette seconde famille, beaucoup moins nombreuse que la première, se retrouve surtout dans la région de Montréal et dans l'Outaouais. Les descendants de François Gélineau ont conservé son patronyme.

Les deux Gélineau étaient Saintongeais. Étienne venait de la ville de Saintes et François, de Saint-Paul de Clion, à une centaine de kilomètres plus au sud.

mercredi 25 septembre 2013

Une ligne de vie

Un sceptique comme le Flâneur ne croit pas aux lignes de la main. La ligne de vie dont il est question ici est la suite chronologique des événements qui concernent un individu, de sa naissance jusqu'à son décès.
 
Des chercheurs plus disciplinés que moi développent des méthodes de classement des informations généalogiques. J'essaie de m'en inspirer pour mettre un peu d'ordre dans mon fouillis. On trouve, notamment, une présentation de la ligne de vie sur l'excellent blog Chroniques d'antan et d'ailleurs. Son tableau m'a servi de modèle.

Les informations que l'on intègre dans une ligne de vie sont  celles que l'ont trouve le plus souvent dans les documents-sources en généalogie : les actes de baptême, mariage et sépulture, les actes notariés et les recensements, principalement. Ces informations sont la date, le domicile, la profession, l'âge et l'événement.

An Mois Jour Domicile Profession Âge Événement

La ligne de vie permet donc de visualiser le déroulement de la vie d'un individu. Ça peut sembler trivial, mais ce tableau fait parfois ressortir des continuités, des ruptures ou même des incohérences que l'on n'aurait pas remarquées autrement. L'ennui, c'est qu'il faut y consacrer plusieurs heures. Pour ma part, je ne l'utilise que dans les cas les plus compliqués comme celui de Nazaire Robitaille dans le tableau qui suit.

Le cas de Nazaire Robitaille est compliqué parce qu'il a vécu, avec sa famille, dans six localités différentes où il a pratiqué toutes sortes de métiers. La famille de Nazaire a vécu, notamment, à Lowell, Mass. Je croyais qu'ils y étaient restés une dizaine d'années, mais la ligne de vie m'a permis de découvrir que leurs séjours aux États-Unis étaient de courte durée, jamais plus de deux ou trois ans. Ils y sont allés à quatre reprises.

Je reviendrai plus tard sur l'histoire de cette famille, mais voici pour l'instant la ligne de vie de Nazaire Robitaille de sa naissance à Saint-Félix-de-Valois en 1854 à son décès à Sainte-Flore en 1927.


Ligne de vie de Nazaire Robitaille (1854-1927)







An Mois Jour Domicile Profession Âge Événement
1854 12 23 St-Félix-de-Valois
0 Sa naissance
1861 ? ? St-Jean-de-Matha
6 Recensement
1871 ? ? St-Jean-de-Matha
16 Recensement
1874 11 12 St-Jean-de-Matha

Parrain de Délia Potvin
1880 7 14 St-Alexis-des-Monts

Parrain d'Odila Robitaille
1881 ? ? St-Alexis-des-Monts Voyageur 25 Recensement
1882 9 24 St-Alexis-des-Monts

Parrain de Georgiana Soucy
1883 7 8 Lowell, Mass Brick Maker 28 Son mariage
1884 7 12 St-Alexis-des-Monts

Baptême de sa fille Exina
1885 5 9 St-Alexis-des-Monts

Parrain de Nazaire Beaulieu
1885 8 9 St-Alexis-des-Monts

Parrain de Wilfrid Ducharme
1886 1 2 St-Alexis-des-Monts

Baptême de sa fille Héléna
1887 12 20 St-Alexis-des-Monts

Baptême de son fils Joseph
1890 2 18 St-Alexis-des-Monts

Baptême de sa fille Dérilda
1891 ? ? St-Jean-de-Matha
36 Recensement
1892 4 25 St-Jean-de-Matha

Baptême de sa fille Azélia
1894 8 14 St-Jean-de-Matha

Baptême de son fils William
1897 2 15 Lowell, Mass Laborer
Naissance de son fils Henry
1899 3 30 St-Jean-de-Matha

Baptême de son fils Télesphore
1899 4 28 St-Jean-de-Matha

Parrain d'Ozias Bruneau
1901 8 31 Lowell, Mass Wood Chopper
Naissance de sa fille Cléona
1902 11 3 Lowell, Mass Operative
Mariage de sa fille Exina
1903 5 1 St-Jean-de-Matha

Naissance de son fils Napoléon
1904 7 11 St-Mathieu

Mariage de sa fille Héléna
1904 11 4 St-Mathieu

Parrain de Dorilda Lafrenière
1905 4 7 St-Mathieu

Parrain de Cléona Lafrenière
1905 11 8 Lowell, Mass Laborer
Naissance de son fils Roméo
1906 2 24 Lowell, Mass

Décès de son fils Napoléon
1909 2 26 St-Mathieu

Parrain d'Azéline Grenier
1910 ? ? Lowell, Mass

Recensement (sauf Nazaire)
1911

St-Mathieu Cultivateur 55 Recensement
1918 11 7 St-Mathieu

Décès de son fils Télesphore
1918 11 12 St-Mathieu

Décès de sa fille Dorilla
1925 2 25 Ste-Flore

Décès de son fils William
1925 8 26 Ste-Flore

Mariage de son fils Roméo
1927 7 6 Ste-Flore
72 Son décès

mardi 24 septembre 2013

Lewis Barttro

Au 19e siècle, des centaines de milliers de Canadiens français ont émigré en Nouvelle-Angleterre. Les nostalgiques ont reformé des «Petits Canada», alors que les plus pressés de réussir ont voulu s'américaniser le plus rapidement possible. La facilité avec laquelle certains ont renoncé à leur identité, pour se fondre complètement dans le creuset états-unien, est étonnante.

Pour illustrer ce phénomène d'assimilation rapide et consentante, prenons l'exemple de Louis Berthiaume, alias Lewis Barttro, de Pointe-du-Lac, près de Trois-Rivières, qui a émigré au Massachusetts vers 1837. Il a acquis une certaine notoriété en Nouvelle-Angleterre pour avoir survécu à la bataille de Gettysburg pendant la Guerre de Sécession. On trouve une abondance de documents sur lui et sa famille sur le site américain de recherche Familysearch.

 
Source : Lewis Barttro and Family.

Lewis Barttro (Louis Berthiaume) a épousé Julia Bliss (Julie Duplessis), le 23 septembre 1849 à Worcester, Mass. Louis Berthiaume est né à la Pointe-du-Lac, près de Trois-Rivière, et Julie Duplessis-Sirois, à Saint-Pierre-les-Becquets sur la rive Sud du Saint-Laurent.

Ils connaissaient évidemment leurs véritables patronymes, mais n'ont rien fait pour les rétablir. J'ignore s'ils savaient lire, probablement pas, mais ils n'étaient pas stériles : leurs 18 enfants, dont 16 ont atteint l'âge adulte, ont tous porté le nom de Barttro avec deux t.

Source : Lewis Barttro and Family.

Ils n'étaient pas les seuls à avoir anglicisé ou laissé angliciser leur nom. Une de leurs filles a épousé un Christmas (Noël), une autre a marié un Zeno (Lusignan). On trouvait aussi dans leur entourage des Jeannette (Genest), des Root (Racine?), des Desany (Desaulniers?), des Cross (Lacroix?) et des Laflash (Laflêche?).

Selon John Fisher qui leur a consacré cette page, certains de leurs petits-enfants ont repris le nom de Berthiaume au début du vingtième siècle. On ne peut pas effacer son passé.

On trouve un article sur Louis Berthiaume sur Patrimoine, Histoire et Multimédia (ici) où j'ai découvert le site de John Fisher.

mardi 10 septembre 2013

De choses et d'autres (7)

Le carnet du flâneur accueillera bientôt son cent millième visiteur. Merci à ceux qui le suivent régulièrement et qui le citent à l'occasion.

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Antoinette Lemay est née le 6 mars 1680 à Lotbinière et a été baptisée le lendemain à Grondines, ce qui signifie que son père Michel a traversé le fleuve en chaloupe avec un nouveau-né pour le faire baptiser le plus vite possible. Il fallait vraiment avoir peur des limbes! Ce concept tordu de «limbes des enfants» a été aboli par le Vatican en 2007.

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À l'époque de la Nouvelle-France, les morts étaient souvent enterrés le jour même. Je crois que c'est la connaissance de cas de personnes réveillées dans leur tombe qui, plus tard, a incité les familles à attendre quelques jours avant d'enterrer leurs défunts. De tels cas ont été signalés pendant les épidémies, notamment lors de la grippe espagnole de 1918.

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J'ai ajouté à la liste des doyennes de la Mauricie Madame Alice Trudel, née le  21 décembre 1905 à Saint-Jean-des-Piles. Elle est décédée le 22 juin dernier à l'age de 107 ans et 6 mois.

jeudi 5 septembre 2013

Patronyme et génétique

Les amateurs de généalogie, comme moi, accordent beaucoup d'importance à leur ancêtre du nom. Ils écrivent l'histoire de sa famille, adhèrent à une association qui lui est consacrée et font des voyages en Europe pour visiter le lieu d'origine de cet immigrant.

Saint-Fraigne, lieu d'origine de Mathurin Martineau


Pourtant, l'ancêtre du nom ne tient pas plus de place, dans le patrimoine génétique, que n'importe lequel des 4096 individus que l'on trouve dans un tableau d'ascendance à la treizième génération. Il est même moins important, génétiquement parlant, que ceux dont le nom apparaît plusieurs fois dans ce même tableau en forme d'arbre.

Source : Parcourslemonde.com


Par exemple, dans le tableau d'ascendance de mes filles, Mathurin Martineau dit Saintonge, l'ancêtre du nom,  n'apparaît qu'une seule fois, tandis que l'on retrouve dans cet arbre :
  • Robert Caron 7 fois,
  • le saintongeais Étienne Gélinas 6 fois, 
  • le percheron Pierre Rivard 6 fois,
  • le normand Charles Lesieur 5 fois.
On pourrait donc en conclure qu'elles ont sept fois plus de Caron ou six fois plus de Gélinas que de Saintonge.

Il n'y a pas que les patronymes et les gènes qui passent d'une génération à l'autre. Des valeurs, des connaissances, des façons de faire peuvent aussi être transmises. Généralement, les garçons apprenaient leurs tâches et leurs rôles avec leur père et les filles, avec leur mère. Mais sur ce plan, je crois qu'il faudrait accorder davantage d'attention aux femmes qui ont d'abord élevé nos ancêtres.