mardi 27 décembre 2011

Le sens du courant

Quand le Saint-Laurent était encore la principale voie de communication, on disait monter à Montréal et descendre à Québec, selon le sens du courant. Même chose pour le Saint-Maurice : on montait à La Tuque et on descendait à Trois-Rivières.

Ces expressions sont demeurées en usage bien après le développement du réseau routier et la fin du transport fluvial des passagers. On les utilisait encore dans les années 1950-1960.

Le premier bateau à vapeur au Canada, et un des premiers dans le monde, a été construit par le brasseur John Molson de Montréal en 1809. Les pièces du moteur ont été moulées aux Forges du Saint-Maurice près de Trois-Rivières. Le vapeur Accomodation a commencé son voyage inaugural de Montréal à Québec le 19 août 1809. Le lendemain, il s'est arrêté à Trois-Rivières pour prendre à son bord les ouvriers des Forges qui avaient fabriqué son énorme moteur. Ils devaient procéder aux derniers réglages (voir Quand Molson construisait des bateaux sur L'Actualité.com).

Le sens du courant marquait aussi le nom des lieux : Rivière-du-Loup-en-haut (aujourd'hui Louiseville), en Mauricie, était située en amont de Rivière-du-Loup-en-bas, dans le Bas-du-Fleuve.

vendredi 23 décembre 2011

Le retour du prince

Récitez à haute voix en roulant les r : « Montréal, ô ma ville, tu as voulu te faire belle pour recevoir ton pasteur et ton prince! »

En janvier 1953, Paul-Émile Léger (1904-1991), archevêque de Montréal, a été nommé cardinal par le pape Pie XII. À son retour du Vatican, le 29 janvier 1953, il faisait une apparition triomphale à la gare Windsor de Montréal à bord d'un wagon réservé par le Canadien Pacique.  On trouve un reportage radiophonique de cet événement sur le site de Radio-Canada.

Les fidèles s'était massés à l'intérieur de la gare pour l'acclamer avec des banderoles. Le charme a été rompu quand il a prononcé ces paroles : « Montréal, ô ma ville, tu as voulu te faire belle pour recevoir ton pasteur et ton prince! » (à 23 minutes et 45 secondes du reportage). La foule découvrait la vanité de son héros. Le reste de son allocution était de la même eau : « Depuis que le Saint-Père a fait de moi votre cardinal vous ne savez pas comment m'exprimer ce que vous ressentez. »

Paul-Émile Léger dira plus tard qu'il regrettait beaucoup ces paroles. Il a démissionné de son poste d'archevêque le 20 avril 1968 pour travailler comme missionnaire en Afrique auprès des lépreux et des enfants handicapés. Il a réalisé d'importantes levées de fonds pour financer ses missions qu'on appelait « les oeuvres du cardinal ».

On entendait sa voix le soir à la radio de CKAC réciter les prières du chapelet en famille.

jeudi 22 décembre 2011

Le Bonhomme sept-heures

Autrefois, les rebouteux, ramancheurs ou ramancheux étaient aussi désignés sous le nom anglais de « bone setter ». Ces soigneurs n'avaient pas de formation médicale mais ils pouvaient, grâce à leur dextérité, replacer des os fracturés ou déplacés. C'était évidemment très douloureux et les enfants qui entendaient les clients hurler avaient très peur du « bone setter ».

Les mères menaçaient leurs enfants qui n'étaient pas sage d'aller chercher le « bone setter » pour les punir. Le terme s'est ensuite francisé pour devenir Bonhomme sept-heures, le méchant qui punissait les enfants désobéissants qui rentraient trop tard le soir. C'est ainsi que les langues évoluent, par des emprunts qui sont adaptés aux contexte local.


C'est une explication plausible de l'origine d'un personnage que l'on retrouve dans plusieurs légendes du Canada français et qui se promenait avec un grand sac dans lequel il enfermait les enfants. 

Certains croient que l'origine du personnage serait plus ancienne et viendrait du breton Bonhomme basse heure. C'est ce qui expliquerait qu'on retrouve aussi des histoire de Bonhomme sept-heures en Acadie.

L'image du Bonhomme sept-heures est une acrylique qui provient de ce site. Je n'en connais pas l'auteur.

dimanche 11 décembre 2011

Minuit ! Chrétiens

Minuit ! Chrétiens a été composé en 1847 par Adolphe Adam sur un texte de Placide Cappeau écrit à la demande du curé de Roquemaure. C'est sans doute le cantique français le plus apprécié du répertoire de Noël. On peut lire la petite histoire de cette composition ici.

Le Minuit ! Chrétiens était aussi le cantique de Noël préféré au Canada français. À l'église, lors de la messe de minuit, le meilleur chanteur de la chorale, généralement un ténor, l'entonnait à minuit pile. C'était le moment magique de la messe de minuit.

La version qui a été la plus populaire sur disque est celle enregistrée en 1948 par le ténor Raoul Jobin (1906-1974), une interprétation mémorable avec un orgue et la chorale des Disciples de Massenet. Je crois que personne ne l'a chanté aussi bien que lui. De nombreuses familles avaient ce disque à la maison en 78 tours ou plus tard en 45 tours. Vous pouvez l'écouter ici.

L'interprétation du ténor Richard Verreau (1926-1977), enregistrée en 1959 avec choeur et orchestre, était aussi très populaire (ici). Une belle performance, mais je préfère celle de Jobin.

Ce cantique a été interdit pendant un certain temps par l'Église catholique. On disait que c'était devenu une chanson profane chantée dans des lieux de perdition comme les tavernes. En réalité, l'interdiction était plutôt due à une problème théologique au sujet de cette phrase : Pour effacer la tache originelle et de son Père arrêter le courroux. C'est un peu compliqué. Si j'ai bien compris, c'est le baptême qui rachète le péché originel et non pas la venue du Christ sur terre. L'idée du Père colérique qu'il faut apaiser par un sacrifice est aussi contestable. L'auteur Patrice Cappeau qui avait écrit ces paroles sous l'influence du curé de Roquemaure a voulu corriger son texte, mais il était trop tard, la chanson avait déjà fait son chemin.

Voici la version originale qui comprenait trois couplets. Le couplet central, dont les paroles se chantent plutôt mal, est habituellement escamoté :

Minuit  ! Chrétiens, c’est l’heure solennelle
Où l’homme Dieu descendit jusqu’à nous,
Pour effacer la tache originelle
Et de son Père arrêter le courroux :
Le monde entier tressaille d’espérance
À cette nuit qui lui donne un Sauveur
Peuple, à genoux attends ta délivrance,
Noël  ! Noël  ! Voici le Rédempteur  !
Noël  ! Noël  ! Voici le Rédempteur  !
(Chœur)
Peuple, à genoux attends ta délivrance,
Noël  ! Noël  ! Voici le Rédempteur  !
Noël  ! Noël  ! Voici le Rédempteur  !

De notre foi que la lumière ardente

Nous guide tous au berceau de l’enfant
Comme autrefois, une étoile brillante
Y conduisit les chefs de l’Orient
Le Roi des Rois naît dans une humble crèche,
Puissants du jour fiers de votre grandeur,
Ah ! votre orgueil c’est de là qu’un Dieu prêche,
Courbez vos fronts devant le Rédempteur  !
Courbez vos fronts devant le Rédempteur  !
(Chœur)
Ah ! votre orgueil c’est de là qu’un Dieu prêche,
Courbez vos fronts devant le Rédempteur  !
Courbez vos fronts devant le Rédempteur  !

Le Rédempteur a brisé toute entrave,
La terre est libre et le ciel est ouvert
Il voit un frère où n’était qu’un esclave
L’amour unit ceux qu’enchaînait le fer,
Qui lui dira notre reconnaissance  ?
C’est pour nous tous qu’Il naît, qu’Il souffre et meurt :
Peuple, debout ! chante ta délivrance,
Noël  ! Noël  ! chantons le Rédempteur  !
Noël  ! Noël  ! chantons le Rédempteur  !

lundi 28 novembre 2011

Les livrets de Loranger et Rousseau

Modifié le 18 avril 2016

Dans les années 1950, les photographes Loranger et Rousseau tenaient un atelier au 425 avenue Tamarac à Shawinigan, sous la raison sociale Loranger & Rousseau Enrg. Ils offraient gratuitement des cartes postales à collectionner aux clients qui faisaient développer leurs pellicules. Ces cartes en couleur représentaient différentes vues de la ville.

Les cartes constituaient la page couverture du livret qui contenait les photos. La dernière page (ci-dessous), le verso du livret, présentait une publicité bilingue des photographes Loranger & Rousseau.  

Dernière page d'un livret de Loranger et Rousseau



Les images suivantes montrent huit des cartes postales qui étaient offertes. C'est un voyage dans le temps, dans la petite ville industrielle prospère d'avant la nationalisation de l'électricité.

The Falls - Les chutes
À chaque printemps, après l'ouverture des pelles (vannes) du barrage de l'île Melville, des centaines d'adolescents, garçons et filles, se rassemblaient au soleil sur les rochers qui bordent les chutes. L'eau sentait bon la pitoune, le billot de sapin qui flottait sur la rivière en amont du barrage. Ce n'est plus possible d'y aller aujourd'hui parce que l'accès a été interdit par des clôtures. On racontait autrefois qu'il y avait eu des noyades dans le Trou du Diable, une fosse profonde creusée dans le roc par la première chute. Selon la légende, le corps d'un missionnaire, le père Buteux tué par des Iroquois, aurait été jeté dans la rivière à cet endroit au XVIIe siècle.


Shawinigan Water & Power Co.
L'usine hydroélectrique de la Shawinigan Water and Power au pied des chutes, là où la rivière Saint-Maurice se jette dans la Baie de Shawinigan. L'énergie produite par l'usine est à l'origine de l'industrialisation de la ville. L'architecture de ce bâtiment en briques rouges, plus que centenaire, est représentative du patrimoine industriel de Shawinigan. Remarquez l'auto verte que l'on retrouve sur plusieurs cartes postales de Loranger et Rousseau. J'imagine que c'était la voiture du photographe et qu'il en était fier.


Les usines - The Mills
Une des deux cartes qui portent le même titre : Les usines - The Mills. Celle-ci montre la Shawinigan Chemical, construite en 1904, qui fabriquait de l'acétylène et des produits chimiques apparentés à partir du coke et du calcaire. On aperçoit à droite un remblayage de chaux dans la rivière Saint-Maurice qui témoigne du peu d'intérêt qu'on accordait alors à l'environnement. Cette chaux hydratée contient plusieurs contaminants comme du mercure et du plomb. Encore la voiture verte.


Les usines - The Mills
Sur la deuxième carte postale intitulée Les usines - The Mills, on voit l'arrière de la Shawinigan Chemical et le chemin de fer qui la desservait. Les enfants jouaient à ramasser des morceaux de coke échappés par les trains le long de ces voies ferrées.


Séminaire Ste-Marie Seminary
Le Séminaire Sainte-Marie (mon Alma Mater) a été construit en 1950. Il offrait alors le cours classique complet donnant accès à l'université. Il a abrité temporairement le Cégep de Shawinigan à la fin des années 60 et au début des années 70 avant la construction du Cégep actuel. Aujourd'hui, c'est une école secondaire mixte, la dernière institution privée d'enseignement de Shawinigan. Avec la diminution de la clientèle scolaire, les deux autres institutions privées d'enseignement, le couvent Saint-Pierre qui offrait le cours classique aux filles et l'école secondaire Montfort, ont fermé leurs portes.



Pendant trois-quarts de siècle, soit avant la construction du centre commercial La Plaza de la Mauricie en 1974, la cinquième rue de Shawinigan a été la principale artère commerciale de la ville. Elle n'est pas bien longue à cause de l'exiguïté de la Pointe-à-Bernard qu'elle traverse. D'autres rues commerciales se sont développées pour compenser ce manque d'espace : la quatrième rue dans la basse-ville et la rue Saint-Marc en haute-ville. Plusieurs cartes postales présentant le même point de vue de la cinquième rue ont été publiées à différentes époques. Celle-ci montre qu'il y avait encore une certaine unité architecturale dans les années 1950.
  
Hôtel de Ville - City Hall
Le nouvel hôtel de ville a été construit en 1945-1946 selon les plans des architectes Arthur Lacoursière de Shawinigan et Ernest Denoncourt de Trois-Rivières. C'est un bel édifice qui, parait-il, ressemble à l'hôtel de ville de Vancouver. Il a abrité plusieurs services municipaux dont la bibliothèque qui était dirigée par Fabien Larochelle, l'historien de Shawinigan. On y trouvait aussi à une époque l'unité sanitaire et le centre de main-d'oeuvre où mes parents travaillaient.

Shawinigan P.Q.

Une vue aérienne de Shawinigan qui montre à l'avant-plan le pittoresque village d'Almaville-en-Bas avec ses rues sinueuses et ses maisons colorées, serrées les unes contre les autres. En face, sur l'autre rive du Saint-Maurice, on distingue à peine derrière l'île la Pointe-à-Bernard ou basse-ville de Shawinigan. 

mardi 22 novembre 2011

La hure des Hurons

Les Hurons vivaient dans la région des Grands-Lacs, au nord du Lac Ontario. Ils formaient une confédération de plusieurs nations iroquoiennes qui se sont alliées aux Français contre les Anglais et contre les Iroquois de la confédération des Cinq-Nations, dont les Mohawks (Agniers). 

Selon l'historien André Suprenant, les premiers Français qui les rencontrèrent les nommèrent Hurons "à cause de leurs cheveux droits comme les soies du sanglier, sur le milieu de la tête, ce qu'on appelle en français une hure". Ils avaient "une grande horreur pour les cheveux frisés, qui sont tout-à-fait rares parmi eux". 

À la fin du vingtième siècle, cette hure a été adoptée par le mouvement punk sous le nom de coupe Mohawk.

samedi 19 novembre 2011

Patronymes anglais en Mauricie (2)

Modifié le 23 mars 1014

Nous avons vu dans un message précédent l'origine de 13 patronymes anglais que l'on retrouve aujourd'hui en Mauricie dans la population francophone : Bald, Collins, Davidson, Diamond, Elliott, Fraser, Griffin, Hart, Hill, Hogg, Long, Nehalt (Noël) et Turner (voir Patronymes anglais en Mauricie sur ce blog). Ces immigrants venaient des îles britanniques ou de la Nouvelle-Angleterre. En voici quelques autres :

Bettez, Jacob (1733-1807). Bien qu'il soit né Suisse, je l'ai ajouté à cette liste parce qu'il fréquentait l'église anglicane et qu'il est probablement arrivé au Canada avec l'armée anglaise.  Il a été marchand à Baie-Saint-Paul où il s'est marié deux fois : avec Catherine Lambert en 1762 puis avec Geneviève Lapare en 1768. Vers 1798, il s'est installé à Yamachiche comme aubergiste. Il est décédé à cet endroit le 21 septembre 1807 et a été inhumé à l'église anglicane Saint-James de Trois-Rivières. Il a eu 13 enfants dont certains se sont mariés dans des églises protestantes. Les Bettez de la Mauricie descendent de ses fils Jacques et Daniel.

Drew Thomas et Joan Ford mariés vers 1820, d'origine inconnue, peut-être des enfants de réfugiés loyalistes américains. Ils étaient dans la région de Montréal le 21 septembre 1823 au baptême de leur fils William à l'église anglicane Christ Church de Montréal. On les retrouve à Yamachiche le 31 octobre 1845, jour du baptême de leur fils Thomas; ce dernier s'est fait baptiser dans la foi catholique pour pouvoir épouser Zoé Lesieur cinq jours plus tard à Yamachiche. Thomas Drew a exploité un moulin à scie sur la rivière Yamachiche et une source d'eau minérale. Il a été élu échevin de la municipalité de Yamachiche en 1851. Le couple Drew-Ford n'a pas été recensé en 1852. Les Drew de la Mauricie descendent de leurs fils Thomas et William. Par ailleurs, on trouve à Shawinigan le pont Drew et la chute Drew sur la rivière Shawinigan, près de l'autoroute 55, un secteur autrefois appelé Glenada qui était rattaché à la paroisse de Sainte-Flore.  Selon M. Henri-Paul Thiffault de Shawinigan, le premier pont Drew aurait été construit par un Drew originaire de Yamachiche qui possédait une maison près de la chute. Il faisait payer 10 cents pour traverser son pont. C'était, je crois, Léopold Drew, fils de Thomas Drew et de Zoé Lesieur, qui s'est marié à Sainte-Flore en 1902.

En 1860, la petite chute a été peinte par Cornelius Krieghoff sous le titre : "A jam of saw logs on the upper fall in the little Shawanagan river - 20 miles above Three Rivers".



Jacob, Baptist dit Langlois, né en 1731 à Londres. Il a épousé, en premières noces, une amérindienne nommée Marie-Françoise Oruatayon, le 30 jan 1753 à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Ils ont eu deux fils métis : Jean-Baptiste (né en 1753) et Alexis (né en 1755). Marie-Françoise Oruatayon a été inhumée le 27 décembre 1755 à La Pérade. Baptist Jacob s'est remarié avec Marie-Josephte Gervais, fille de Louis-Joseph et de Josephte Gendras, le 20 novembre 1757 à La Pérade; ils ont eu 10 enfants.

McKay, Niel ou Daniel, un protestant d'origine inconnue. Il était voyageur. Il a eu une dizaine d'enfants métis entre 1785 et 1803 avec une Améridienne, Marie dite Thérèse, qu'il a probablement rencontrée dans les Pays-d'en-haut. Cette famille a vécu dans les environs de Maskinongé et de Saint-Cuthbert.

Ross, John William dit Jean-Baptiste, né vers 1735 en Écosse. John Ross a servi dans le 78e Frasers Highlanders pendant la guerre de Conquête. C'était un vétéran de la bataille des Plaines d'Abraham. Il a épousé Marie-Louise Delpé dit Saint-Cerny ou Sincerny de Maskinongé le 7 juillet 1764 à Québec (mariage civil). Marie-Louise Delpé-Sincerny avait un huitième de sang algonquin par son arrière-grand-mère maternelle Marie Miteouamigoukoué, épouse de Pierre Couc.

John-William Ross, mieux connu sous le prénom de Jean-Baptiste, a eu une dizaine d'enfants à Maskinongé,  où il a vécu près de soixante ans. Huit de ses enfants se sont mariés. Sa descendance est donc nombreuse. Il est décédé le 21 janvier 1822 à Maskinongé; il a été enterré dans le cimtetière de la Protestant Episcopal Congregation Church of Saint Antoine of Rivière du Loup (aujourd'hui Louiseville). Voir Sépulture d'un vétéran de la bataille de Québec sur ce blog.

(Note : Ne pas confondre avec un autre William Ross qui a fait partie du même régiment et qui s'est établi dans la région de Montmagny, époux de Marie-Josephte Proux.)

Siegmann, Heinrick (1752- ). Bien qu'il soit né en Allemagne, je l'ai ajouté à cette liste parce qu'il était dans l'armée anglaise et qu'il fréquentait l'église anglicane. Il est arrivé au Canada avec l'armée loyaliste après la guerre d'indépendance américaine. Il a épousé Thérèse Quemleur-Laflamme le 30 janvier 1787 à la cathédrale anglicane de Québec; ils ont eu 5 enfants. En 1804, il était commis aux Forges du Saint-Maurice près de Trois-Rivières. Cette année-là, il a épousé en secondes noces Marie Robert à l'église anglicane Saint-James à Trois-Rivières; ils ont eu 12 enfants. Le patronyme a été généralement modifié en Sigman, parfois même en Sickman.

Young, Alexander et Jane Morrow se sont mariés à Trois-Rivières dans l'église méthodiste le 16 octobre 1855. On trouve un autre mariage Young-Morrow dans la même église le 19 juillet 1853, celui de David Young et d'Ellen Morrow, peut-être apparentés aux premiers. Alexander Young était protestant d'origine écossaise, né à Québec vers 1832. Il a été recensé au Cap-de-la-Madeleine en 1871 avec sa femme Jane et 7 enfants. En 1884, ils se sont établis sur le lot 567 du cadastre dans le rang des Grandes-Prairies (aujourd'hui la rue des Prairies) au Cap-de-la-Madeleine.

mardi 15 novembre 2011

Le ragoût en poche

À l'époque où les bûcherons de la Mauricie étaient encore nourris aux binnes et au lard salé, certains amenaient avec eux dans les chantiers une spécialité locale, le ragoût de patte de cochon. C'était pour varier l'ordinaire. Ce met était traditionnellement servi avec des "pelotes", des petites boulettes de viande de porc enrobées de pâte qu'on faisait cuire dans le jus du ragoût vingt minutes avant de servir.

Au début de l'hiver, avant le départ pour les chantiers, les femmes des bûcherons faisaient congeler le ragoût de patte dans des sacs ou poches de coton blanc qui servaient à l'emballage du sucre et de la farine. Ils amenaient ces sacs congelés dans les chantiers et les enfouissaient dans la neige près du camp. Quand ils étaient tannés des binnes et du lard salé, ils allaient se couper un bon gros morceau de ragoût en poche avec la hache et le faisaient mijoter sur le poêle du camp. Ça embaumait les lieux d'une parfum qui leur rappelait la maison et couvrait l'odeur des chevaux qui partageaient leur campement.

Le ragoût de patte de cochon est le met traditionnel du Jour de l'An dans les familles de  la région de Shawinigan et en Haute-Mauricie. C'est délicieux. Encore aujourd'hui, on peut acheter des pelotes de viande à ragoût dans les épiceries de la région.

dimanche 13 novembre 2011

Les brodeuses

 Au XIXe siècle, les artisanes de Louiseville en Mauricie étaient réputées pour leurs broderies.

En 1851, à la Rivière-du-Loup (Louiseville), dans la maison de Jean-Baptiste Martineau-Saintonge et de Marie-Madeleine Fournier, vivaient quatre brodeuses. Elles appliquaient des motifs sur des écorces de bouleau et sur des brodequins en feutre ou en peau, un art appris des femmes amérindiennes. Les quatre soeurs Lucie, Julie, Émilie et Félicité Saintonge avaient dépassé la trentaine sans se marier. Elles se rendaient utiles en fabriquant des produits d'artisanat pour les marchands du village.

Elles devaient subvenir aux besoins du ménage. Leur père Jean-Baptiste, âgé de 74 ans, était rentier, ce qui ne signifiait pas qu'il touchait une rente, mais plutôt qu'il avait arrêté de travailler. À 69 ans, leur mère Marie-Madeleine était trop vieille pour broder, une activité qui requiert une excellente vue. Jean-Baptiste et Marie-Madeleine se sont mariés à Saint-Antoine de la Rivière-du-Loup le 31 mai 1802. Il était un petit-fils de Geneviève Arcand qui a établi sa famille dans cette paroisse en 1759 (voir L'arrivée des Matineau-Saintonge en Mauricie sur ce blog).

Leur fils Désiré Saintonge, qui était voisin de ses parents, était menuisier. Sa femme Aurélie Lemaître-Bellenoix était brodeuse; ils n'avaient pas d'enfant. J'imagine qu'Aurélie brodait avec les soeurs de son mari. Un autre fils Louis Saintonge était aussi menuisier, mais sa femme Hermine Marineau ne faisait pas de broderie; ils avaient un garçon de 2 ans prénommé Désiré comme son oncle. Les mères n'avaient pas le temps de broder.

Les jeunes filles apprenaient très tôt. Toujours en 1851, chez les voisin Desrosiers-Dargis, deux filles de 12 et 14 ans, Hermine et Denise, étaient déjà brodeuses. Il y avait cette année-là 138 brodeuses à la Rivière-du-Loup qui travaillaient dans de petits ateliers, la plupart du temps dans la maison paternelle.

Sources :
- Recensement du Canada en 1851
- Jocelyn Morneau, Petits pays et grands ensembles : Les articulations du monde rural au XIXe siècle. L'exemple du lac Saint-Pierre. Les Presses de l'Université Laval, 2000.
- Jocelyn Morneau, Louiseville en Mauricie au XIXe siècle : la croissance d'une ère villageoise. Revue d'histoire de l'Amérique française, vol 44, no 2, 1990, p. 223-241.

vendredi 4 novembre 2011

Le collège Saint-Louis-de-Gonzague à Louiseville

J'ai quelques photos de l'ancien pensionnat Saint-Louis-de-Gonzague de Louiseville. Ces photos ont appartenu au Frère Louis-Pierre (Germain Lampron) qui a enseigné à cet endroit dans les années 1930.

Le pensionnat Saint-Louis-de-Gonzague de Louiseville était administré par les Frères de l'Instruction chrétienne (FIC). Il a dispensé l'enseignement primaire et une partie de secondaire, jusqu'à la dixième année. Il a été inaugurée en 1894 et détruit par le feu le 13 décembre 1954. L'écrivain Jacques Ferron l'a fréquenté.

La congrégation des Frères de l'Instruction chrétienne a été fondée à Ploërmel en France en 1812, avec pour mission de former des maîtres chrétiens et d'ouvrir des écoles pour garçons. Dans les années 1880, la France a laïcisé ses écoles, obligeant les communautés religieuses enseignantes à aller s'établir ailleurs. Les FIC sont arrivés au Québec en 1886 et ont fondé plusieurs établissements scolaires, notamment à Louiseville et à Shawinigan en Mauricie.


Les frères qui apparaissent sur la photo suivante étaient en poste à Saint-Louis-de-Gonzague vers 1935-1936. Réal Lampron de Cap-Rouge les a identifiés. On retrouve assis, de gauche à droite, les frères Théodorit Gauthier; Augustin Cyr de Ambrosis; Victor Bélanger, le directeur de l'école et de la communauté; Simplicius-Joseph Trudel, surnommé "Ti sec"; Bertrand Roussel et Camille-Marie Lacasse. Debout à l’arrière, de gauche à droite, les frères Flavien-Joseph Lacerte; Gentien Villemure; Sébastien-Henri Roy; Louis-Pierre (Germain) Lampron; Eugénius Croteau et Lucien-René Coutu.


Le frère Victor Bélanger a été directeur du pensionnat de Louiseville de 1931 à 1936. Il a ensuite dirigé le Collège de l'Immaculée-Conception à Shawinigan à compter de 1937. C'était un ardent nationaliste. La Société d'histoire et de généalogie de Shawinigan lui a rendu hommage.
 
La photo suivante montre la classe du Frère Louis-Pierre (Germain Lampron) en 1933-1934. Sa classe regroupait des élèves de deuxième et de troisième années. Les élèves étaient habillés de toutes sortes de façons, certains en culottes courtes avec des bas qui montaient au genou. Il n'y avait pas d'uniforme.


On retrouve plusieurs de ces Frères enseignants du pensionnat de Louiseville sur une autre photo parue sur ce blog (voir Une visite imprévue).

mardi 1 novembre 2011

Sirop d'érable et béret blanc

À la fin des années 1960, sur la rue Frigon à Shawinigan, une gentille vileille demoiselle portait un béret blanc. Quand j'étais scout, elle m'achetait une pinte de sirop d'érable le printemps et un calendrier l'automne, mais seulement après m'avoir raconté à chaque fois l'histoire du petit Jésus de Prague. Elle avait posé une statuette de l'objet de sa dévotion sur son poste de télévision.

On voyait parfois devant chez elle une auto noire d'un modèle ancien conduite par un vieux monsieur au béret blanc. Il y avait sur l'auto un drapeau du Pape, jaune et blanc avec des clefs.

Gilberte Côté-Mercier
Ils appartenaient aux Pélerins de Saint-Michel, surnommés les bérets blancs, un mouvement dirigé par Gilberte Côté-Mercier (1910-2002). Les Pélerins de Saint-Michel publiaient le journal Vers demain qui prônait l'assainissement des moeurs. Gilberte Côté-Mercier faisait campagne notamment contre le port des culottes courtes pendant les cours d'éducation physique à l'école et avait traité de putains les enseignantes qui exigeaient que les jeunes filles s'habillent ainsi. À l'époque de la mini jupe, c'en était était presque comique.

En politique, les bérets blancs étaient proches du Crédit social, un mouvement populiste fondé par Clifford Hugh Douglas dans les années 1920, qui militait en faveur de l'instauration d'un revenu annuel garanti. Le mouvement a connu son heure de gloire à l'élection fédérale de 1962 avec 26 sièges au Québec, sous la direction de Réal Caouette (1917-1976).

samedi 29 octobre 2011

Un site sur les Gélinas-Bellemare

La Société historique et généalogique Bellemare a mis en ligne un site d'information nommé Bertpage sur la famille Gélinas-Bellemare. Les responsables sont Bertrand Bellemare webmestre et le généalogiste Roger Bellemare.

J'ai examiné un peu les informations qu'on y trouve et ce site me semble fiable et bien fait.  Il s'est écrit tellement de sottises sur le web, au sujet de la prétendue origine juive de l'ancêtre Étienne Gélineau, qu'on en devient méfiant! En fait, cet ancêtre de la Saintonge appartenait à une famille de paysans, des laboureurs. Il a exercé plusieurs métiers avant d'émigrer, dont celui de sargier (vendeur de serge), ce qui ne fait pas de lui un juif pour autant.

Les auteurs présentent une hypothèse sur l'origine du surnom Bellemare qui viendrait de "belle mer" (bella mare en latin). Ce nom est assez répandu en Normandie. La mère de Jean-Baptiste Gélinas dit Bellemare, Françoise Charmesnil qui était originaire de Rouen en Normandie, lui aurait donné ce surnom.

Le site Bertpage présente aussi des informations sur les familles Béland de la Mauricie.

jeudi 27 octobre 2011

Deux frères homonymes

Certains parents manquent vraiment d'imagination. Anselme Bastarache et Marguerite Melançon, des réfugiés acadiens originaires de Port-Royal, ont donné le même prénom à deux de leurs enfants :
  • Joseph né le 5 mai 1764 à Yamachiche.
  • Joseph né le 11 avril 1770 à Yamachiche.
L'un deux a épousé Françoise Lesieur le 4 mai 1789, tandis que l'autre s'est marié six mois plus tard avec Marie-Louise Rivard, le 9 novembre 1789 à Yamachiche. On pourrait croire, à première vue, que c'est le même Joseph Bastarache qui s'est marié deux fois la même année. Mais non! On trouve de nombreuses mentions des deux couples plus tard dans le registre de Yamachiche.

Comme si ce n'était pas assez de confusion, les frères homonymes ont ensuite engendré des cousins homonymes : les deux Joseph ont eu des fils prénommés Joseph. Et les quatre Joseph Bastarache ont vécu des jours heureux ensemble à Yamachiche.

Les registres de Port- Royal

Heureusement, quelques registres des paroisse acadiennes n'ont pas été détruits par les Anglais lors du Grand Dérangement de 1755. 

Le département des Archives de la Nouvelle-Écosse a mis en ligne une reproduction des registres de Port-Royal qui couvrent la période de 1702 à 1755. Ce sont les seuls registres acadiens qui subsistent dans cette province. À Port-Royal même, les registres antérieurs à 1702 ont malheureusement été perdus.

On peut y accéder par le moteur de recherche où encore examiner les pages, l'une à la suite de l'autre. On y retrouve des familles qui se sont réfugiées en Nouvelle-France après la déportation : des Bastarache, des Melançon, des Richard et des Vigneau, entre autres.

C'est une excellente initiative. Le Québec devrait en faire autant. Les chercheurs auraient ainsi accès à une information de première main, sans perdre des heures à scruter des bobines de microfilms. Ça viendra peut-être un jour.

mardi 25 octobre 2011

Le coconut cake d'Emily Dickinson

Emily Dickinson (1830-1886), née à Amherst dans le Massachusetts, ne sortait presque jamais de chez elle. Elle écrivait des poèmes et cuisinait des pâtisseries. Elle a écrit plus de 1800 poèmes mais seulement 15 ont été publiés de son vivant. Elle laissait ses gâteaux sur le bord de sa fenêtre pour que les enfants du village puissent les prendre et les manger.


Émily Dickinson en 1846

Elle a laissé dans une de ses lettres sa recette de coconut cake (gâteau à la noix de coco). Je l'ai trouvée sur le blog The Salt. C'est très facile à faire et délicieux. Le gâteau est léger mais consistant. Pour vraiment goûter le dix-neuvième siècle, il faut le faire avec les ingrédients qui étaient disponibles à l'époque : du lait entier, du beurre et de la farine blanchie, pas de succédanés modernes.


1 cup coconut
2 cups flour
1 cup sugar
1/2 cup butter
1/2 cup milk
2 eggs
1/2 teaspoon soda
1 teaspoon cream of tartar





On trouve le poème Dying! Dying in the night! traduit par Stéphane Labbe sur son blog Les îles de la nuit.

lundi 24 octobre 2011

De l'accent

Ferdinand Joseph Désiré Constantin (1903-1971), alias Fernandel, avait un accent provençal très prononcé qui était un peu sa marque de commerce. C'était un chanteur et un comédien qui faisait des grimaces mais qui avait aussi de l'esprit. Il a récité ce poème de Miguel Zamacoïs intitulé De l'accent qui nous dit que tout le monde en a un, et que ceux qui prétendent ne pas en avoir sont bien à plaindre. On peut l'entendre ici.


De l'accent, de l'accent...?
Mais après tout, en ai-je?
Pourquoi cette faveur, pourquoi ce privilège?
Et si je vous disais à mon tour, gens du Nord,
Que c'est vous qui pour nous semblez l'avoir très fort
Que nous disons de vous du Rhône à la Gironde
"Ces gens-là n'ont pas le parler de tout le monde
C'est que tout dépendant de la façon de voir
Ne pas avoir d'accent pour nous c'est en avoir.
Eh bien non, je blasphème, et je suis las de feindre
Ceux qui n'ont pas d'accent je ne peux que les plaindre
Emporter avec soi son accent familier
C'est emporter un peu sa terre à ses souliers
Emporter son accent d'Auvergne ou de Bretagne
C'est emporter un peu sa lande ou sa montagne.
Lorsque loin de chez soi le coeur gros on s'enfuit
L'accent, mais c'est un peu le pays qui vous suit.
C'est un peu cet accent invisible bagage
Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage
C'est pour le malheureux à l'exil obligé
Le patois qui déteint sur les mots étrangers
Avoir l'accent enfin c'est chaque fois qu'on cause
Parler de son pays en parlant d'autre chose.
Non je ne rougis pas de mon si bel accent
Je veux qu'il soit sonore et clair, retentissant
Et m'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille
Emportant mon accent sur le coin de l'oreille
Mon accent, il faudrait l'écouter à genoux
Il vous fait emporter la Provence avec vous
Et fait chanter sa voix dans tous nos bavardages
Comme chante la mer au fond des coquillages
Écoutez! En parlant je plante le décor
Du torride midi dans les brumes du nord
Il évoque à la fois le feuillage bleu-gris
De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris
Et le petit village à la treille splendide
Éclabousse de bleu la blancheur des bastides.
Cet accent-là, mistral, cigale et tambourin
A toutes mes chansons donne un même refrain.
Et quand vous l'entendez chanter dans ma parole
Tous les mots que je dis dansent la farandole!

dimanche 23 octobre 2011

Soldats de la première guerre mondiale

On trouve sur le site Voici ma famille une banque de données qui contient les formulaires de recrutement des soldats de la première guerre mondiale, en vertu de la Loi sur la conscription de 1917. En voici un exemple, celui de Philippe Gélinas, natif de Saint-Barnabé :

Il est né le 7 février 1895 à Saint-Barnabé et habitait la paroisse de Guigues. Sa mère se nommait Aurore. Il était fermier, célibataire, de religion catholique. Il avait 23 ans et 7 jours, mesurait 5 pieds 3 pouces et demi, avait un tour de poitrine de 37 pouce en expansion. Son teint était foncé, ses yeux bruns et ses cheveux bruns. Il avait les pieds plats et deux cicatrices : une grosse sur le dessus de la main gauche et l'autre sur la cuisse droite.

Selon BMS2000, on trouve au registre de Saint-Barnabé-Nord, le baptême de Joseph Philippe Gélinas né le 7 février 1895, fils d'Hormidas Gélinas et d'Aurore Rivard. Le prêtre a noté dans la marge que Philippe Gélinas s'est marié deux fois : avec Marie-Anne Lafrenière le 29 décembre 1919 et avec Diane Cadotte le 14 décembre 1972.

Beaucoup de renseignements pour très peu d'efforts.

Familles pionnières du canton Shawenegan

Nous avons vu dans un message précédent qu'au recensement de 1851, effectué en janvier 1852, 19 familles étaient déjà établies dans le Canton Shawenegan, qui correspond au territoire actuel de Saint-Boniface de Shawinigan. Voici la liste de ces familles avec les  quelques informations que j'ai trouvées sur chacune d'elles :

Beaulieu (Hudon dit), Jean et Élisabeth Bournival mariés le 16 novembre 1847 à Saint-Barnabé-Nord. Elle s'est mariée à 14 ans  Ils avaient 2 enfants au recensement de 1852 dans le canton Shawenegan. Jean Hudon est décédé le 15 février 1853, à l'âge de 33 ans. Son acte de sépulture est au registre de Saint-Barnabé-Nord. Élisabeth Bournival s'est remariée avec Romuald Beauchemin le 24 octobre 1854 à Saint-Barnabé. Elle est décédé 6 mois plus tard, à Shawenegan, le 27 mars 1855 à l'âge de 22 ans. Son acte de sépulture a été enregistré à Saint-Barnabé-Nord.

Bellemare, Isaac et Julie Gélinas mariés le 16 septembre 1828 à Yamachiche. Au recensement de janvier 1852, ils avaient 8 enfants tous nés à Saint-Barnabé-Nord. Isaac Bellemare était alors âgé de 53 ans, ce qui était un peu vieux pour commencer une nouvelle vie dans un pays de colonisation. Mais il avait quatre garçons à établir : Isaac (20 ans), Joseph (19 ans), Adolphe (17 ans) et Onésime (10 ans) pour qui il fallait trouver des terres.  Isaac Bellemare est décédé le 20 décembre 1867 à Saint-Boniface.

Boisvert, Raphaël et Marguerite Milet mariés le 25 février 1851 à Yamachiche. Ils n'avaient pas encore d'enfant au moment du recensement de janvier 1852. Le 19 octobre 1853, ils font baptiser à Saint-Barnabé-Nord une fille prénommée Élisabeth née la veille à Shawenegan. Raphaël Boisvert est décédé à Shawenegan le 22 juillet 1854, à l'âge de 23 ans. Il a été inhumé à Saint-Barnabé-Nord. Sa veuve s'est remariée avec Charles Doucet le 4 février 1856 à Yamachiche. Ils se sont établis à Saint-Étienne-des-Grès où ils ont fait baptiser 4 enfants entre 1857 et 1863. Marguerite Milet a été inhumée à Saint-Étienne le 9 mai 1884, à l'âge de 68 ans.

Caron, Louis et Elmire Dugré mariés le 14 octobre 1839 à Saint-Barnabé-Nord. Au recensement de janvier 1852, ils avaient 3 enfants avec eux, tous nés à Yamachiche : Olivier (12 ans), Stéphanie (7 ans) et Caroline (4 ans). Ils avaient vécu quelques années à Saint-Grégoire de Nicolet après leur mariage. Louis Caron est décédé le 13 décembre 1888 à Saint-Boniface, à l'âge de 80 ans. Sa femme est morte onze mois plus tard, le 8 novembre 1889 à Saint-Boniface.

Caron, Louis-Solyme et Josephte Lacerte mariés le 25 février 1835 à Yamachiche. Curieusement, la femme de Louis-Solyme, n'a pas été inscrite au recensement de janvier 1852. C'est probablement une omission du recenseur. Ils avaient alors 8 enfants dont les 7 premiers sont nés à Yamachiche et Saint-Barnabé-Nord. Leur plus jeune Cyriac, âgé de 8 mois, a été le premier enfant né au Canton Shawinigan, le 9 mai 1851. Louis-Solyme Caron est peut-être arrivé dès 1850. Il est généralement considéré comme un des premiers colon de Saint-Boniface avec Augustin (Justin) Gélinas. Louis-Solyme Caron est décédé le 27 juillet 1891 à Saint-Boniface, à l'âge de 80 ans. En décembre 1890, selon le recensement paroissial effectué par le curé Charles Bellemare, Louis-Solyme vivait avec sa fille Marie, son gendre Olivier Lampron et leurs sept enfants.

Charest, Paul et Émerance Lafrenière mariés le 5 octobre 1840 à Saint-Léon-le-Grand. Au recensement de janvier 1852, ils avaient 3 enfants nés à Saint-Léon-le-Grand et Saint-Paulin dans le comté de Maskinongé. Il n'y avait plus de Charest à Saint-Boniface au recensement paroissial de décembre 1890. Paul Charest est décédé, à l'âge de 80 ans,  le 30 avril 1896 à Saint-Léon-le-Grand dans le comté de Maskinongé.

Dugré, Olivier et Marie Landry. Au recensement de janvier 1852, ils avaient 4 enfants tous nés à Saint-Barnabé-Nord. Selon l'album À propos de Saint-Boniface de Shawinigan, Olivier Dugré s'est établi sur le lot 4 du cinquième rang au printemps 1851 et il a exploité une industrie de potasse qui a été reprise par son fils Louis. Olivier Dugré est décédé le 29 mai 1876 à Saint-Boniface, à l'âge de 52 ans.

Dugré, Théophile et Émilie Milette mariés le 18 juin 1844 à Yamachiche. Ils ont eu un premier enfant, une fille prénommée Émilie, à Saint-Barnabé-Nord. Leur deuxième enfant, prénommé Auguste, est né à Shawinigan. Théophile Dugré était le beau-frère de Louis Caron (voir plus haut). Il est décédé le 6 août 1893 à Saint-Boniface à l'âge de 68 ans. Au recensement paroissial de Saint-Boniface, en décembre 1890, il vivait avec sa femme Émilie et hébergeait deux veuves : Félicité Martin, veuve d'Olivier Rivard, et Marcelline Hamel, veuve de François-Xavier Leclerc.

Gélinas, Abraham et Luce Audet-Lapointe mariés le 13 janvier 1835 à Yamachiche. Ils avaient 4 enfants au recensement de 1852, tous nés à Yamachiche. Luce Audet-Lapointe est décédée l'année suivante, le 6 juin 1853 à Shawenegan. Son décès a été inscrit au registre de Saint-Barnabé-Nord. Abraham Gélinas est décédé le 9 janvier 1878 à l'âge de 71 ans, à Saint-Mathieu qui était alors une mission relavant de la paroisse de Saint-Boniface.

Gélinas, Augustin, surnommé Justin, et Adélaïde Bellemare mariés le 31 juillet 1832 à Yamachiche. Au recensement de janvier 1852, ils avaient 7 enfants tous nés à Yamachiche. Selon l'album À propos de Saint-Boniface de Shawinigan, Augustin Gélinas aurait obtenu sa concession du lot 2 du sixième rang le 17 mars 1850. Il est considéré comme le plus ancien colon de Saint-Boniface avec Louis-Solyme Caron. Justin Gélinas est décédé le 23 mars 1884 à Saint-Boniface, à l'âge de 78 ans.

Gélinas, Isaac et Domithilde Dupont mariés le 13 janvier 1852 à Yamachiche. Isaac s'est marié sous le prénom de Georges. Selon l'album À propos de Saint-Boniface-de-Shawinigan, Isaac Gélinas s'est établi sur le lot 118 du quatrième rang vers 1852. Ils ont été recensés à Sain-Boniface en décembre 1890 avec trois enfants adultes célibataires.

Gélinas, Louis et Félicité Desaulniers mariés le 25 aoüt 1851 à Louiseville. Ils n'avaient pas encore d'enfant au recensement de janvier 1852. Félicité Desaulniers est décédée le 1er décembre 1885 à Trois-Rivières. Leurs enfants se marient dans cette ville dans les années 1880-1890.

Gélinas, Thomas et Marie Rivard-Dufresne mariés le 22 octobre 1838 à Saint-Barnabé-Nord. Au recensement de janvier 1852, ils avaient 7 enfants tous nés à Saint-Barnabé-Nord. Leur fille Philomène a épousé Louis-Onésime Caron, fils de Louis-Solyme et de Marie-Josephte Lacerte, le 2 août 1858 à Saint-Étienne-des-Grès. Marie Rivard-Dufresne est décédée à Saint-Boniface le 6 février 1880, à l'âge de 61 ans.

Jalbert, Pascal et Angèle Gagnon mariés le 24 avril 1843 à Yamachiche. Au recensement de janvier 1852, ils avaient 6 enfants tous nés à Yamachiche. Il n'y avait plus de Jalbert à Saint-Boniface au recensement paroissial de décembre 1890. On les retrouve dans le comté de Nicolet dans les années 1860-1870.

Lafrenière, François et Adélaïde Gignac mariés le 27 mai 1833 à Saint-Barnabé-Nord. Au recensement de janvier 1852, ils avaient 6 enfants tous nés à Saint- Barnabé-Nord. Ils ont quitté le canton pour Maniwaki dans le comté de Gatineau où leurs enfants se marient dans les années 1860.

Lefebvre-Boulanger, Gabriel et Angèle Gélinas mariés le 25 février 1840 à Yamachiche : 4 enfants. Gabriel Lefebvre était le beau-frère de Justin Gélinas (voir plus haut). Gabriel Lefebvre-Boulanger est décédé le 18 février 1878 à Saint-Boniface. Leur fille Olivine, épouse de Benjamin Rabouin, a été recensée à Saint-Boniface en décembre 1890.

Magnan, Jean-Baptiste (père) et Marie-Rosalie Lamoureux mariés le 18 janvier 1813 à Saint-Cuthbert dans le comté de Berthier. Ils ont quitté le canton peu de temps après le recensement. On les retrouve ensuite dans le comté de Maskinongé.

Martin, Louis et Émilie Pellerin mariés le 3 février 1846 à Yamachiche. Ils ont été recensé avec une fille de 4 mois née à Shawinigan le 31 aoüt 1851 et baptisée le 1er septembre à Trois-Rivières. Ils se sont établis dans le quatrième rang. Louis Martin a vendu sa terre à Olivier Lampron de Saint-Sévère le 12 décembre 1862, devant le notaire Uldéric Brunelle (voir L'arrivée d'Olivier Lampron à Saint-Boniface sur ce blog). On retrouve ensuite la famille Martin aux Piles.

Rivard-Dufresne, Jean-Baptiste et Mariane Gélinas mariés le 11 février 1842 à Saint-Barnabé-Nord. Au recensement de janvier 1852, ils avaient 4 enfants tous nés à Saint-Barnabé-Nord. Jean-Baptiste Rivard-Dufresne était le beau-frère de Thomas Gélinas (voir plus haut). Je ne sais pas ce qu'il est advenu d'eux. Ils n'ont pas été recensés à Saint-Boniface en janvier 1890.

Voir aussi sur ce blog La population du Canton Shawenegan en 1852.

Les photos sont tirées de l'album souvenir À propos de Saint-Boniface de Shawinigan.

mercredi 19 octobre 2011

La population du Canton Shawenegan en 1852

Voici le premier de deux messages sur la population du Canton Shawenegan en 1852 d'après les résultats du recensement du Canada effectué cette année-là.

Le recensement de 1851 ou 1852

Le recensement canadien de 1851 a connu des retards, de sorte qu'une grande partie des formulaires n'ont été complétés que l'année suivante. On peut voir les résultats de ce recensement sur le site Automated Genealogy.

Dans le comté de Saint-Maurice, on a recensé la population nouvellement établie dans le Canton Shawenegan. C'était le nom qu'on donnait alors au territoire actuel de Saint-Boniface de Shawinigan, avant l'érection de la paroisse. C'était cinquante ans avant la création de la ville du même nom.

La population totale recensée dans le canton était de 241 personnes. On peut diviser cette population en trois groupes distincts :
  1. Une population temporaire formée d'hommes seuls qui avaient leur résidence en dehors du canton. Ces hommes étaient à l'emploi d'entreprises forestières ou travaillaient à la construction d'infrastructures (89 personnes).
  2. Des résidents qui n'avaient pas de famille avec eux au moment du recensement (46 personnes). 
  3. Des cultivateurs qui ont été recensés avec une famille. Ce sont les familles pionnières du Canton Shawenegan (106 personnes).

1. Une population temporaire

Il y avait 89 hommes seuls qui avaient leur résidence à l'extérieur du canton. Ils étaient donc de passage pour un emploi temporaire.  En 1851-1852, on terminait la route qui reliait le fief Saint-Étienne au pied de la chute Shawinigan, tandis que le gouvernement fédéral avait entrepris la construction d'une gigantesque glissade de 1000 pieds de long pour permettre aux billots de pin blanc de franchir la chute et atteindre la baie navigable. C'était un peu le Frontier Town de la Mauricie, la dernière municipalité avant d'entrer dans les grandes concessions forestières.


Il y avait parmi ces hommes seuls des charretiers, des charpentiers, des  voyageurs (c'est ainsi que l'on nommait les coureurs des bois), et des navigateurs. Je ne sais pas ce que le terme navigateur pouvait signifier dans le contexte du Canton Shawenegan. Peut-être des conducteurs de cages (cageux), des draveurs ou encore des canotiers qui effectuaient le transport des marchandises dans les chantiers du Saint-Maurice (portageux). Beaucoup de ces navigateurs étaient originaires de la Pointe-Lévis, en face de Québec.

2. Des résidents sans famille

Ces 46 résidents sans famille étaient cultivateur. Ils venaient des paroisses de la région : Yamachiche, Saint-Barnabé, Saint-Sévère, Saint-Léon, Saint-Paulin, Louiseville. J'imagine qu'ils voulaient commencer le défrichement et construire une maison avant de fonder une famille ou encore, avant de faire venir celle qu'ils avaient laissée dans leur paroisse d'origine. En plus de cultiver la terre, ils pouvaient aussi travailler pour des entreprises forestières. En Mauricie, les hommes étaient souvent cultivateurs en été, bûcherons en hiver et draveurs au printemps.

J'ai fait quelques recherches sur ces colons sans famille et constaté que plusieurs avaient quitté le canton. Ils étaient peut-être moins motivés que ceux qui sont venus avec leur famille.

3. Des familles pionnières

Au printemps de 1851, grâce à la nouvelle route, des familles de colons ont commencé à s'établir sur les  terres fertiles de la future paroisse de Saint-Boniface, au pied des Laurentides.  Quelques-unes sont peut-être arrivées dès 1850. Les familles de cultivateurs suivaient l'industrie forestière dans sa progression, pour profiter des terres qui avaient déjà été défrichées, mais aussi parce que cette industrie leur offrait un débouché pour les produits de la ferme.

Les 19 familles qui avaient leur résidence dans le canton regroupaient 106 personnes. Il y avait 68 enfants dont seulement 3 étaient nés dans le canton : Cyriac Caron (âgé de 8 mois), Émilie Martin (4 mois) et Auguste Dugré (3 mois). Le premier enfant né dans le canton a donc été Cyriac Caron, fils de Louis-Solyme et de Josephte Lacerte, le 9 mai 1851. Il a été baptisé à Trois-Rivières. Le second enfant et première fille a été Émilie Martin, de Louis et Émilie Pellerin, née le 31 août 1851. Elle a aussi été baptisée à Trois-Rivières.

D'après l'âge des enfants, les familles du Canton Shawenegan auraient été recensées en janvier 1852.

Le recensement nous donne aussi le lieu de naissance des individus. Si l'on considère, comme lieu de provenance d'une famille, la paroisse ou est né le plus jeune de ses enfants, on obtient le résultat suivant : Saint-Barnabé-Nord (9), Yamachiche (7),  Saint-Sévère (1), Saint-Paulin (1) et Saint-Cuthbert (1).

Étant donné que Saint-Barnabé-Nord et Saint-Sévère sont des détachements de la paroisse de Yamachiche, on peut conclure que 17 des 19 familles pionnières du Canton Shawenegan venaient de l'ancien territoire de Yamachiche. Les deux exceptions étaient la famille de Paul Charet, originaire de Saint-Paulin dans le comté de Maskinongé, et celle Jean-Baptiste Magnan, originaire de Saint-Cuthbert dans le comté de Berthier.

À quelques exceptions près, ces familles sont demeurées dans le canton.

Nous verrons dans un prochain message la liste des 19 familles pionnières du Canton Shawenegan.

Voir aussi sur ce blog : Les portageux.

La photo du flottage du bois provient du site Tourisme Shawinigan.

vendredi 14 octobre 2011

L'héritier

Je parle rarement de ma famille sur ce blog, mais là je suis grand-père pour la première fois. Le petit Victor Tremblay, fils de Jean-François et de Camille Saintonge, est né le 12 octobre 2011 à 20h06. Sept livres de beau bébé rose.

Pour souligner l'événement, j'ai dressé l'ascendance matrilinéaire du Tipou. C'est toujours une surprise quand on remonte une ascendance de fille en mère parce qu'on change de nom de famille à chaque génération. On ne sait jamais sur qui on va tomber au bout de la ligne­.  Voici le résultat :
  1. Madeleine Couteau et Étienne Saint-Père vers 1626 en Saintonge
  2. Jeanne Saint-Père et Pierre Guillet vers 1648 à Trois-Rivières
  3. Madeleine Guillet et Robert Rivard en 1664 au Cap-de-la-Madeleine
  4. Françoise Rivard et Jean Lafond en 1716 à Batiscan
  5. Françoise Lafond-Mongrain et Jacques Gignac en 1741 à Batiscan
  6. Catherine Gignac et Louis Lamothe en 1774 à Cap-Santé
  7. Josephte Lamothe et Joseph Lesieur-Desaulniers en 1799 à Yamachiche
  8. Julie Desaulniers et Joseph Lord  en 1825 à Yamachiche
  9. Adéline Lord et Sévère Lampron en 1871 à Saint-Barnabé
  10. Eulalie Lampron et Télesphore Descôteaux en 1900 à Saint-Boniface
  11. Alice Descôteaux et Claudio Lampron en 1930 à Joliette
  12. Solange Lampron et Cornelius Van der Poel en 1953 à Saint-Boniface
  13. Ginette Van der Poel et Alain Saintonge en 1975 à Saint-Boniface
  14. Camille Saintonge et Jean-François Tremblay
  15. Victor Tremblay
C'est une lignée presque entièrement mauricienne. L'ancêtre est Madeleine Couteau, veuve Saint-Père, originaire de la Saintonge, une femme qui a eu une vie aventureuse. J'y reviendrai dans un prochain message.

Voir aussi sur ce blog : De mère en fille.

mardi 4 octobre 2011

Radisson de Sarah Larkin

Sarah Larkin, Radisson, Éditions de Bien Public, Trois-Rivières, 1938.

Sarah Larkin (1896-1988) était une Américaine francophile. Elle a vécu quelques années en France après la première guerre mondiale et passait ses étés sur le bord d'un lac en Mauricie. Son mari Albert Loening de New York était un industriel de l'aéronautique.

Madame Larkin entretenait des relations dans le milieu littéraire de la Mauricie qui gravitait autour du régionaliste Albert Tessier et du poète Clément Marchand. Elle a publié quelques oeuvres aux Éditions du Bien Public de Trois-Rivières, dont cette biographie en vers de Pierre-Esprit Radisson (1636-1710), le célèbre coureur des bois. Le Livre est dédicacé : « J'offre ces pages à la Mauricie, le pays de Radisson. »

Pour donner un aperçu du style, voici les premiers vers du chapitre 1 qui traite de l'enlèvement du jeune Radisson par des Iroquois :
« Night passed along the waters and the sky
Quite near the open space of the furrowed fields
Winding to the cooler shade of tamaracks.
Trois Rivières stood a prey to Iroquois.
Full well all knew of danger lurking near;
Had not destruction taken weekly toll
And death been kinder than a lingering fate ?
Passing the heavy, wooden gates three boys
Thought not of fear.
Danger was a wine that stirred
Pierre Radisson's mind and youthful soul. »
Sarah Larkin a présenté en annexe des documents qui prouvent, selon elle, que Radisson n'a pas trahi la France au profit de l'Angleterre. Je crois qu'elle s'est prise d'affection pour son sujet.

Tant qu'à y être : la famille de Sarah Larkin a fait publier, dans le New York Times du 10 octobre 1922, l'annonce de ses fiançailles avec Albert Loening. On y apprend que Sarah a fait ses débuts plusieurs années auparavant  (elle avait en effet 26 ans) et qu'elle a travaillé pour l'American Commitee for Devasted France en 1921. C'est probablement là qu'elle a rencontré Loening qui était major dans l'Air service en France.

lundi 3 octobre 2011

Famine sur le Saint-Maurice

 Un article du jounal Le Trifluvien, du 31 janvier 1891, intitulé Les sauvages du St-Maurice :
« M. Jean Baptiste Boucher, chef des Indiens de la vallée du St-Maurice, est allé à Ottawa demander au Département des sauvages des munitions de bouche pour cette réserve, qui se trouve actuellement dans une profonde misère. L’année dernière la grippe a enlevé plusieurs chefs de famille, de sorte que ces familles se trouvent aujourd’hui sur les bras de la tribu. On manque d’aliments et de vêtements. »
L'article est tiré de Bases de données sur l'histoire de la Mauricie. Voir aussi sur ce blog : Deux portraits de Jean-Baptiste Boucher.

jeudi 29 septembre 2011

Deux portraits de Jean-Baptiste Boucher

Jean-Baptiste Boucher, fils de Jean-Baptiste et de Marguerite Flamand, était un métis rattaché aux Algonquins Têtes-de-Boule de la Haute-Mauricie. Il a épousé Célina Plamondon, fille de Félix et de Margerite Chartrand, le 22 août 1865 à Saint-Tite dans le comté de Champlain. L'abbé Napoléon Caron a écrit que la femme de Jean-Baptiste était une sauvage, mais j'en doute. Elle était peut-être métisse d'une autre nation. Ça reste à confirmer. Des Abénaquis chassaient sur la rivière Batiscan à cette époque.

Ils ont habité une maison sur le bord du Saint-Maurice, à l'embouchure de la rivière Croche, au nord de La Tuque. Ils cultivaient la terre selon l'abbé Caron. Jean-Baptiste Boucher faisait aussi la chasse et la trappe et vendait ses fourrures aux Trois-Rivières. Il était connu parce que sa maison se trouvait sur la route des voyageurs qui remontaient ou descendaient le Saint-Maurice. J'ai trouvé une quinzaine d'actes les concernant dans les registres des paroisses de Saint-Tite, Sainte-Flore et Grande-Anse, notamment des baptêmes d'enfants nés sur la rivière Croche.

On trouve deux témoignages contradictoires sur Jean-Baptiste Boucher : le premier, en 1872, le présente comme un scélérat et le second, en 1887, comme un bon chrétien. Lequel croire ?

Le scélérat

Un article du journal Le Constitutionnel de Trois-Rivières du 22 janvier 1872 nous trace un portait très négatif de Jean-Baptiste Boucher :
"Un sauvage Tête-de-Boule du nom de Boucher, résidant à l'embouchure de la Rivière Croche, dans le haut du St-Maurice, a été arrêté en cette ville, samedi, au moment où il était à vendre des pelleteries chez M. Lesieur, rue Notre Dame. La cause de cette arrestation mérite d'être connue. Si les faits sont tels que les raconte la rumeur publique, cet homme serait d'une cruauté et d'une scélératesse inouïe.

Un jeune homme et une jeune fille restent avec Boucher. Ce sont les enfants d'un de ses beaux-frères nommé Plamondon, mort depuis quelques années. Boucher était parti, il y a quelques temps, avec son neveu pour aller trancher le castor, c'est- à dire pour aller prendre le castor sous la glace sur les lacs. Boucher revint seul à la maison, il y a quelques jours. M. Vassal, qui descendait du St. Maurice, trouva le jeune Plamondon sur le chemin, presque mort de froid et de faim. Il le ramassa, le mit dans sa voiture et le ramena chez son oncle. Le jeune homme raconta que Boucher, prétextant qu'il manquait de vivres, avait refusé de lui donner à manger, et que à mesure qu'il affaiblissait, son oncle le battait pour le faire marcher. A la fin, ne pouvant plus se tenir sur ses jambes, il tomba de lassitude sur le bord de la route. Lorsque Boucher vit que son neveu ne pouvait plus bouger il lui jeta une hache et s'en vint à sa maison. Il était alors à neuf milles de sa demeure. En se rendant chez Boucher, M. Vassal rencontra en route la soeur du jeune homme qu'il avait dans sa voiture. Elle pleurait et lui dit qu'elle allait à la recherche de son frère, Il la ramena avec lui. Arrivé chez Boucher le jeune Plamondon était tellement gelé que les pieds lui tombèrent et qu'enfin il mourut deux jours après. On dit que même durant ces deux jours la conduite de Boucher a été suspecte, qu'il tenait à éloigner les étrangers de la maison et qu'il a lui même enterré son neveu, sans l'aide de personne. Il paraitrait que Plamondon porte sur son corps les marques de mauvais traitements graves. On ajoute que Boucher aurait eu la tentation de ravir l'héritage de son neveu.

Dès que ces faits furent connus à Trois- Rivières, le chef de police de notre ville a télégraphié au coroner de Québec, car la Croche se trouve dans le district de Québec. Le coroner de Québec n'a pas voulu s'occuper de l'affaire.

C'est sous ces circonstances que Boucher, étant venu vendre ses pelleteries en ville, a été arrêté par le constable Fearon. On ajoute qu'au moment où il a abandonné son neveu, Boucher avait encore la viande de deux castors.

Il est probable que cette affaire va donner lieu à une poursuite criminelle fort difficile et que les tribunaux de Québec auront à faire venir plusieurs des témoins de la Tuque et de la Croche."
Il y a au moins une invraisemblance dans cet article du Constitutionnel qui cite « la rumeur publique » : on ne peut pas enterrer quelqu'un au mois de janvier, sans parler des pieds gelés qui tombent.


Le bon chrétien

Selon le récit de ses voyages sur le Saint-Maurice publié en 1888, l'abbé Napoléon Caron s'est arrêté chez Boucher en août 1887, soit quinze ans après la mort du neveu Plamondon. Voici ce qu'il en dit :

"A l'endroit où la rivière Croche se jette dans le Saint-Maurice, il y a deux magnifiques fermes ; celle qui est du côté de la Tuque appartient à M. Alex Baptiste et a été louée à M. B Hall. Celle qui est du côté nord appartient à M. Jean-Baptiste Boucher, ci-devant chef des Sauvages de Montachingue.

Ce monsieur est un métis intelligent et bon chrétien ; par ses ancêtres français, il est de la même famille que le seigneur Boucher de Maskinongé. Il a épousé une sauvage, et il garde un goût prononcé pour la chasse ; mais il est cultivateur par raison. Il a une jolie maison, extérieurement lambrissée en déclin. Quant à la terre qu'il possède, il nous semble qu'un homme qui a une propriété comme celle-là est déjà arrivé à la richesse.

Madame Boucher a plusieurs enfants et nous avons vu le plus jeune sur un de ces berceaux dont nous avons déjà donné la description. Elle a tous les traits du type sauvage, parle bon français mais paraît vouloir toujours laisser la parole à son mari."
L'abbé Caron a ajouté dans la marge que Jean-Baptiste Boucher n'est plus chef et que c'est son frère Sévère qui l'a remplacé.


Le même Boucher ?

Était-ce bien le même Boucher ?  Plusieurs détails le confirment : son appartenance aux Têtes-de-Boule, la maison à l'embouchure de la Croche, un beau-frère Plamondon.

J'ai trouvé l'article du Constitutionnel et plusieurs autres informations sur le Forum Autochtone de Planète Généalogie, qui est animé par le généalogiste Serge Goudreau. C'est un site à visiter pour ceux qui s'intéressent à la généalogie et à la petite histoire des Amérindiens.

Voir aussi :

- CARON, Napoléon. Deux voyages sur le Saint-Maurice,  Éditions du Septentrion.
- GÉLINAS, Claude. La Gestion de l'étranger : Les Atikamekw et la présence eurocanadienne en Haute-Mauricie 1760-1870,  Éditions du Septentrion, 2000, 379 pages.