samedi 12 décembre 2015

Une photographie mal identifiée

J'ai deux identifications d'une même photographie ancienne que je publie en espérant qu'un lecteur m'aide à dissiper cette confusion.

Cette photographie représenterait soit :
  1. Hilarion St-Onge (1870-1940) et son épouse Eugénie Lampron (1875-1959) qui se sont mariés à Saint-Boniface de Shawinigan le 4 juillet 1893. C'est l'identification qui a été faite dans l'album À propos de Saint-Boniface de Shawinigan publié en 1984. Cet album contient beaucoup d'erreurs, alors je me méfie un peu.
  2. Maxime Descôteaux (1848-1921) et Marie-Émilia Caron (1854- ) qui se sont mariés au même endroit le 18 février 1878. Leurs noms étaient écrits au verso d'un exemplaire qui se trouvait parmi des photos de famille.
Je penche pour le premier couple, celui d'Hilarion St-Onge et Eugénie Lampron, mais un doute subsiste dans mon esprit. Voici la photographie en question :




Et sur cette autre photographie, prise dans les années 1950, la femme de droite est Eugénie Lampron, veuve d'Hilaron St-Onge vieillie. Je ne suis pas physionomiste. Est-ce bien le même visage, disons soixante ans plus tard ?

dimanche 6 décembre 2015

Le missionnaire bénissait des fosses


Les postes du Domaine du roi


En 1785, quelques mois seulement après son ordination comme prêtre, le Montréalais Laurent Aubry (1756-1839) a été nommé missionnaire des postes du Domaine du roi. 

La mission des postes du Domaine du roi couvrait un immense territoire s'étendant, d'ouest en est, de Tadoussac, à l'embouchure de la rivière Saguenay, jusqu'à une limite orientale qui pouvait varier, selon les cartes, entre Sept-Îles et l'archipel des Îles Mingan. Au nord-ouest, le Domaine touchait le rivage de la Baie d'Hudson.

Sources : Atlas électronique du Saguenay-Lac-Saint-Jean

Tadoussac, Chicoutimi, Sept-Îles, les Ilets-de-Jérémie étaient des lieux de rencontre avec les nomades montagnais pour la traite des fourrures. Chacun de ces postes comprenait une maison pour le commis, qui servait aussi de magasin et d'entrepôt, de même qu'une chapelle à l'usage du missionnaire.

Le prêtre commençait sa tournée au printemps et en revenait à la fin du mois d'octobre, après avoir parcouru des centaines de kilomètres, à pied ou en canot d'écorce, sous les intempéries et parmi les moustiques. Il fallait un homme jeune et robuste pour accomplir cette mission. 

La mission de l'abbé Aubry


Laurent Aubry n'a oeuvré dans le Domaine du roi qu'une seule saison en 1785. Son registre s'ouvre le 5 mai 1785 et le dernier acte qu'il a signé est daté 8 octobre de cette même année.

Il avait développé un système original pour identifier le poste où se situait chaque acte du registre. Aubry écrivait en très grandes lettres dans la marge : 
  • TA pour Tadoussac, la porte d'entrée du Domaine ;
  • IG pour les Islets-de-Gérémie (Jérémie) ;
  • SI pour Sept-Îles ;
  • CHE pour Chekoutimi (Chicoutimi).

Le missionnaire ne pouvait visiter qu'une partie du Domaine. Souvent, les Amérindiens qu'il rencontrait n'avaient pas vu de prêtre depuis des années. Il y avait donc un rattrapage à faire pour bénir leurs naissances, leurs unions et leurs sépultures qui étaient déjà anciennes.

Aubry a célébré quelques baptêmes à son arrivée à Tadoussac (TA) avant de se rendre aux Islets-de-Jérémie (IG).

La bénédiction des fosses


Le quatorze mai 1785, Aubry a officié une cérémonie inhabituelle qu'il a intitulée : bénédiction de la fausse (sic) de la fille de Joseph Cheucabanau. L'enfant « décédée  il y a un an âgée de trois jours. »

Extrait du registre des Postes-du-Roi

L'enfant de Joseph Cheucabanau avait donc été enterrée l'année précédente en l'absence d'un prêtre et dans une terre non consacrée. Or, le missionnaire n'avait pas le pouvoir de consacrer cette terre pour en faire un cimetière catholique. Il contournait la difficulté en bénissant chacune des fosses qui s'y trouvaient.

Le 10 juin suivant, au poste de Chicoutimi (CHE), l'abbé Aubry a béni huit autres fosses dont les plus anciennes dataient de huit ans. Il devait donc s'en remettre aux témoignages des Montagnais présents pour connaître l'emplacement de ces fosses, la date des décès et l'identité des défunts.

Aubry a été remplacé par un autre jeune Montréalais Jean-Joseph Roy (1759-1824) qui est demeuré en poste pendant dix ans.

jeudi 12 novembre 2015

La légitimation d'un enfant naturel par mariage

Le 2 janvier 1783, le curé Jean-Baptiste-Noël Pouget de Berthierville a baptisé Pierre, né le même jour, de père et mère inconnus. Son parrain a été Louis Houde et sa marraine, Marie-Angélique Fournaise, femme de Pierre Botineau.

Extrait du registre de Berthierville, 2 janvier 1783

Un nouveau-né n'arrivait jamais seul à l'église pour son baptême.  Il était porté par sa marraine qui était souvent la grand-mère ou la tante de l'enfant. Le curé connaissait donc l'identité des parents, mais ne pouvait pas l'inscrire dans le registre parce que ces derniers n'étaient pas mariés. L'enfant devait porter le stigmate d'une naissance illégitime.

Il était possible de légitimer à posteriori la naissance d'un enfant soit par une décision de justice, soit par le mariage de ses parents. C'est la voie qu'ont choisie les parents naturels du petit Pierre : Pierre Botineau, le fils de la marraine de l'enfant, et Angélique Joly, qui était veuve de Louis Durand. Ils se sont mariés le vingt janvier 1783, soit 18 jours après le baptême, en présence de l'enfant, de son parrain et de sa marraine. Voici la formule que le curé Pouget a ajouté à la fin de l'acte de mariage pour légitimer l'enfant :

« lesquels ont reconnu pour légitime un garçon né d'eux et baptisé le 2 janvier courant en présence des susdits témoins nommé Pierre et dont les témoins Louis Houde et Marie-Angélique Fournaise mère de l'époux ont été parrain et marraine et présenté en ce jour par les dits époux. »

Extrait du registre de Berthierville, 20 janvier 1783

J'imagine que la mariée tenait l'enfant dans ses bras.

Louis Durand, le premier époux d'Angélique Joly est décédé avant le 21 mars 1779, jour du baptême d'une enfant posthume. Je n'ai pas retrouvé son acte de sépulture. Angélique Joly a eu deux filles de ce premier mariage : Louise Durand née le 28 janvier 1777 et Angélique Durand, l'enfant posthume en question. Elle était donc veuve depuis près de quatre ans quand elle a épousé Pierre Botineau. Angélique Joly et Louis Durand ont signé un contrat de mariage devant le notaire Faribault de Berthierville le 19 février 1776.

mardi 10 novembre 2015

François Fournaise, chaudronnier ambulant, est tombé d'une falaise

L'ancêtre François Fournaise dit Laboucane, ancien soldat et chaudronnier ambulant, a connu une fin tragique alors qu'il faisait sa tournée dans la région de Donacona. Aux Écureuils, il est tombé d'une falaise, d'un escarpement que l'on nommait écore. 

L'acte de sépulture signé par le curé Chartier de Lotbinière raconte les derniers jours de François Fournaise comme le ferait un journaliste. C'est un acte comme je les aime, qui raconte une histoire.

L'acte du registre de la paroisse des Écureuils, est daté du 20 juillet 1772.


Le texte est petit et l'écriture est pâle, mais j'ai réussi à le lire (avec l'aide d'Hervé). J'ajoute une ponctuation pour faciliter la lecture :
L'an mil sept cent soixante douze, le vingt de juillet, j'ai inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de françois fournelle dit la boucane, homme marié et passant chodronnier de profession, âgé de quarante trois ans ; il a tombé des écores de cette paroisse et a été ramassé et mené chez un nommé pierre langlois le dix huit du présent mois et est mort la veille de la sépulture, sans recevoir aucun sacrements, personne ne s'étant aperçu de son état ; en présence de pierre dusaut et de plusieurs autres qui ne savent signer de ce enquis. Chartier de Lotbinière, ptre.
François Fournaise dit Laboucane, ancien soldat de la compagnie de Montigny des troupes de la Marine, était le père d'Angélique Fournaise dite Laboucane, épouse de Pierre Bottineau dont j'ai parlé dans l'article précédent. Il est le sosa 686 de mes enfants. À son décès, il avait 63 ans plutôt que 43.

François Fournaise avait un fils prénommé François qui, selon le registre de la Rivière-des-Prairies, est né le 14 juillet 1731 à 4 heures du matin. Le mort des Écureuils était-il le père ou le fils ? J'ai présumé que c'était le père parce qu'il était chaudronnier. Je réviserai cette conclusion si jamais j'apprend que le fils exerçait le même métier.

samedi 7 novembre 2015

Pierre Botineau et Angélique Fournaise dite Laboucane

Il y a trente ans, aux Archives nationales du Québec. dans la salle des microfilms, j'ai découvert un couple de mes ascendants, les sosas 342 et 343 de mes enfants, dont les noms singuliers m'ont fait sourire : Pierre Botineau et son épouse Angélique Fournaise dite Laboucane. J'ai découvert récemment qu'ils étaient les grands-parents du fameux coureur des bois Pierre Botineau que les Américains ont surnommé "The Kit Carson of the Northwest".


Pierre Botineau (c1730-1790)

L'ancêtre Pierre Botineau était originaire de la région de Nantes en Bretagne. Selon son âge au décès, il serait né vers 1730. Il a immigré en Nouvelle-France peu de temps avant la prise de la colonie par les Anglais. La première mention que j'ai trouvée de sa présence en Amérique est son mariage avec Marie-Angélique Fournaise dite Laboucane, le 7 janvier 1760 à Lavaltrie, quatre mois après la Bataille des plaines d'Abraham.

L'acte de mariage nous donne l'identité de ses parents : Mathurin Botineau et Marie Aubron de la paroisse de Doulon dans le diocèse de Nantes en Bretagne. L'ancienne commune de Doulon fait aujourd'hui partie de la ville de Nantes.

Le patronyme Botineau n'est pas d'origine bretonne. Il viendrait plutôt de la Vénétie, dans le nord de l'Italie. Il s'est répandu dans plusieurs régions de France, dont la Bretagne.

Aucun des actes que j'ai consultés ne donne le métier de Pierre Botineau père, mais je crois qu'il était sabotier parce que ses deux fils aînés, Pierre et Joseph-Jacques, ont exercé ce métier dans la région de Berthier. Le cas échéant, ils l'auraient appris en travaillant avec leur père.

Au XVIIIe siècle, les sabots étaient portés dans toute l'Europe du Nord, mais on les associe souvent au costume traditionnel du paysan breton. Les immigrants de Bretagne et d'autres régions du Nord de la France ont apporté cette chaussure avec eux en Amérique.

Comme on peut le voir sur la carte postale ci-contre, le sabotier sculptait chaque chaussure dans une bûche de bois, d'abord planée en forme de sabot, puis creusée pour façonner l'intérieur à la forme du pied. Il en faisait de toutes les grandeurs, pour les enfants comme pour les adultes. Le sabot de bois était la chaussure de tous les jours, tandis que le soulier de cuir n'était porté que dans les grandes occasions.

Angélique Fournaise dite Laboucane (1742- )

Son épouse, Angélique Fournaise dite Laboucane, était la fille du soldat François Fournaise et d'Angélique Serre. Cet improbable surnom de Laboucane était vraisemblablement le nom de guerre que son père avait reçu dans le compagnie de Montigny des troupes de la Marine.

Après sa démobilisation, Fournaise a exercé le métier de chaudronnier à Lavaltrie. Un peu orfèvre, il restaurait des objets de culte dans les églises de la région.

L'acte de sépulture d'Angélique Fournaise est introuvable.


Descendance

Pierre Botineau et Angélique Fournaise on fait baptiser huit enfants à Lavaltrie et à Berthierville entre 1760 et 1776. Trois garçons et deux filles se sont mariés : Pierre (né en 1760), Joseph-Jacques (1762), Angélique (1764), Marie-Jeanne (1771) et Charles (1776). Leur fille Angélique Botineau est le sosa 171 de mes enfants.

Leur fils cadet, le coureur des bois Charles Botineau, est l'ancêtre des Botineau métis du Nord-Ouest des États-Unis.

(À suivre)


mardi 27 octobre 2015

Deux cent mille

Ce matin, Le Carnet du Flâneur a reçu son deux cent millième visiteur. 

Le tout a commencé en mai 2008 par un article sur la disparition d'une croix de chemin.  Je ne m'attendais pas à une telle diffusion.

J'ai couvert à peu près tous les sujets qui m'intéressent : l'histoire, la généalogie, la littérature, l'environnement, l'économie bien sûr, et même la musique. Mais peu à peu, la généalogie et l'histoire des familles de la Mauricie se sont imposés comme sujets principaux, sinon exclusifs. On peut dire maintenant que Le Carnet du Flâneur est un blogue de généalogie.

Mon public s'est élargi au fil des ans. Certains atterrissent sur Le Carnet au hasard d'une recherche, d'autres le consultent régulièrement. Mes visiteurs viennent autant de France que du Québec. J'en connais qui sont des lecteurs assidus parce qu'ils laissent des commentaires sur les articles que je publie.

Il n'y a pas beaucoup de blogues de généalogie au Québec : quatre ou cinq, tout au plus. Très peu comparé aux centaines de blogues qui traitent du sport ou de la politique. En France, je connais une douzaine de blogueurs qui font des recherches semblables aux miennes. Nous formons une petite communauté sur le net grâce à Twitter.

Cette deux cent millième visite m'amène à prendre une résolution, celle d'être plus productif sur ce blogue. Parole de flâneur.


lundi 21 septembre 2015

L'exploitation du suicide d'une adolescente en 1916

J'ai grandi dans une société qui nageait à contre-courant dans l'eau bénite, alors la réaction plutôt brutale du clergé à l'arrivée du cinéma, un médium qu'il ne contrôlait pas, ne m'étonne pas du tout. Dans l'article de presse qui suit, qui n'est pas signé, un membre du clergé exploite un fait divers, le suicide d'une adolescente, pour mettre en garde le public contre les effets pernicieux du cinéma.

Le contexte


La première salle de cinéma permanente à Trois-Rivières, le Théâtre Bijou sur la rue des Forges, a ouvert ses portes en 1909, un an après le grand incendie qui a détruit le centre-ville. Plusieurs autres salles se sont ajoutées au cours des années suivantes dont Le Casino en 1910 et Le Gaieté en 1913. Elles présentaient des « vues animées », c'est ainsi que l'on nommait les films muets à cette époque.

Intolerance : film américain muet sorti en 1916.

Le 22 juin 1916, le journal Le Bien Public de Trois-Rivières consacrait deux colonnes de sa première page au suicide d'une adolescente qui allait au cinéma à l'insu de ses parents. Je reproduis in extenso cet article du Bien Public, un journal conservateur qui était contrôlé par le diocèse de Trois-Rivières.

L'article du journal Le Bien Public

La plupart de nos lecteurs ont appris le suicide de cette fillette trifluvienne qui, le 16 juin vers 5:30 heures du soir, allait se jeter dans le fleuve, près du quai Bureau, et ne réapparût point.
L'enfant appartenait à une excellente famille ouvrière. Elle n'avait que 13 ans et 9 mois. À cet âge où, règle générale, l'on ne songe qu'à s'amuser, où l'on ne connaît ni les noirs chagrins, ni les désillusions ni les amertumes de la vie, qui donc a pu mettre en ce cerveau enfantin l'horrible idée du suicide ? Qui donc a pu amener une fillette à une si affreuse détermination que celle de s'ôter la vie ? Telle est bien la question que tout le monde se posait à l'audition de la sinistre nouvelle. 
Une enquête faite sérieusement nous permet de donner aujourd'hui, avec l'autorisation de la famille si douloureusement éprouvée, les détails suivants. Ils éclairciront un peu le mystère, et la leçon qui s'en dégage devient, nous semble-t-il, fort instructive.
Notons d'abord qu'il ne saurait exister le moindre doute sur la réalité du suicide. Des pêcheurs ont vu la fillette s'avancer lentement sur le quai, reculer d'abord de quelques pas en arrivant au bord de l'abîme, déposer manteau et coiffure près de la voie ferrée, puis revenir plus résolument et se lancer dans les flots. Ils ont vainement tenté de lui porter secours.
Mais y a-t-il eu préméditation ? L'enquête révèle que oui, hélas ! C'est la mère de l'enfant, ce sont ses anciennes compagnes qui apportent sur ce point des témoignages se confirmant les uns par les autres.
Depuis cinq ou six mois, déclare en substance la mère désolée, R. était devenue sombre, jongleuse, revêche, incontrôlable, Il ne nous fut plus possible de l'empêcher de sortir même le soir. Or, nous ne tardâmes pas à nous rendre compte que c'était surtout pour aller aux vues qu'elle sortait si souvent. Et de jour en jour elle devenait plus maussade, plus insoumise, plus impolie, plus insupportable. Soupçonnant bien que la fréquentation des cinémas n'était pas étrangère à ce changement, je résolus un jour de les lui interdire absolument. 
- Et comment accueillit-elle votre défense ?
- La pauvre enfant répondit : si vous ne me laissez pas aller aux vues, vous ne me trouverez plus.
Deux amies de R. interrogées l'une après l'autre, déclarent l'avoir entendu proférer des menaces analogues à propos de la même défense, menaces de désertion ou de suicide.
- Je m'en irai à Montréal. Je me tuerai. Évidemment, elles crurent à un badinage, mais tel était le travail accompli en cette imagination enfantine que déjà (la suite des événements le prouve) elle était prête à faire n'importe quoi plutôt que d'abandonner les vues.
Les premières menaces de cette nature furent faites environ deux mois avant le jour fatal. Et la fillette irréductible continua ses descentes aux cinémas. Une fois, sa mère alla l'en faire sortir de force par le gérant. Employée dans une fabrique, elle demandait souvent congé dans l'après-midi et empruntait de l'argent à son patron pour aller aux théâtres. Détail intéressant et qui établi quelle profonde perturbation même physique peuvent produire en un cerveau juvénile ces fameux films : depuis environ deux mois affirme la mère, R. paraissait avoir des cauchemars ... elle dormait peu et mal ; elle rêvait tout haut. Une nuit qu'elle avait paru plus agitée, je lui demandai, le matin venu, à quoi elle avait rêvé. Je voyais répondit-elle deux filles poursuivies par un cavalier ; celui-ci tirait du revolver ... Une autre fois, c'était une jeune amoureuse qui se jetait à l'eau.
Dans la journée du 6 juin, en dépit de la défense renouvelée, il appert que la malheureuse fillette retourna à ses chères vues. Ce devait être pour la dernière fois. Vers 5 heures pm, après une courte visite chez une connaissance à laquelle R. parut surexcitée, elle réintégra le foyer triste et pensive. À ce moment, la mère lui reprocha à nouveau son insoumission mais ne la battit point contrairement à ce que d'aucuns ont prétendu.
Quelques instants plus tard, la malheureuse s'esquivait et allait mettre fin à ses jours.
Était-elle, à ce moment-là, absolument responsable de ses actes ? Il est à espérer que non et alors Dieu aura eu pitié de la pauvrette plutôt victime que coupable.
Mais la cause en ce cas, de ce déséquilibre mental, n'est-elle pas assez patente ? Et comment se fait-il qu'en dépit de la loi, tant de garçonnets et de fillettes en dessous de 15 ans pénètrent librement dans les salles de cinéma ? Comment expliquer qu'un si grand nombre de parents y conduisent ou y laisse aller leurs enfants qui n'ont pas encore seulement franchi le seuil de l'école.

mardi 1 septembre 2015

Savoir signer au XIXe siècle

Au XIXe siècle, les actes des registres paroissiaux se terminaient souvent par la mention suivante :



Mon ancêtre ne savait pas signer ! Est-ce normal ? Pour répondre à cette question, j'ai compilé le pourcentage de signatures dans les registres de trois paroisses de la Mauricie entre 1841 et 1891. L'année de l'ouverture du registre apparaît sous le nom de chaque paroisse.


St-Léon St-Sévère St-Boniface

1802 1856 1861




1841 8,7 * *
1851 11,0 * *
1861 15,3 20,0 7,4
1871 41,6 30,0 39,9
1881 57,8 43,6 45,6
1891 67,4 45,7 58,3

Savoir signer son nom n'est pas une preuve de scolarisation mais, à tout le moins, l'indice d'un début d'alphabétisation, la manifestation d'une volonté d'écrire. Je retiens de cette compilation des signatures les conclusions suivantes :

  1. Alphabétisation : Le taux de signature augmente très rapidement à la fin du XIXe siècle. S'il était « normal » de ne pas savoir signer en 1861, c'était devenu un peu plus gênant en 1891.
  2. Classe sociale : Bien sûr, la capacité de signer variait selon la classe sociale : les commerçants et les artisans signaient davantage que les paysans.
  3. Valeurs familiales : On observe aussi des écarts importants entre les familles d'un même milieu. Tous les membres de certaines familles paysannes savaient signer alors que des familles voisines en étaient incapables. La scolarisation de la mère et l'importance que les parents accordaient à l'éducation des enfants pourraient expliquer ces différences. 
  4. Sexe : Je n'ai pas fait de compilation selon le sexe, mais j'ai remarqué, en parcourant les registres, que les marraines et les mariées signaient un peu plus souvent que les parrains et les mariés. 
  5. Colonisation : Les nouvelles paroisses avaient généralement des taux de signature plus faibles. Je crois que cet écart est dû à la composition de la population : les nouvelles paroisses étaient d'abord peuplées par des colons peu instruits auxquels s'ajoutaient, graduellement, des commerçants et des artisans qui signaient davantage.
  6. Négligence : Certains curés ne se donnaient pas la peine de faire signer les témoins. J'ai dû écarter deux paroisses dont les registres ont été visiblement mal tenus : Saint-Étienne-des-Grès, sous l'administration du curé Joseph De Carufel (1866-1884), et Sainte-Flore à l'époque du curé Ferdinand Verville (1890-1903). 


Méthodologie :

Chaque mariage comporte quatre possibilités de signature : celles des mariés et celles des pères des mariés ou bien, le cas échéant, des témoins qui les remplaçaient. Je n'ai pas compté les signatures des autres témoins.

Chaque baptême comporte trois possibilités de signature, soit celles du parrain et de la marraine et celle du père, s'il était présent. Lorsque le père de l'enfant était déclaré absent, je n'ai considéré que deux possibilités de signature, ne pouvant présumer de la capacité du père.

Je n'ai pas compilé les signatures des actes de sépulture parce que les témoins étaient souvent les mêmes personnes : les fossoyeurs.



mercredi 19 août 2015

La pauvreté des registres anglicans

Voici un acte de sépulture, daté du 20 mai 1844, dans le registre de l'église anglicane de Trois-Rivières  :
« William son of William Somerville farmer was drowned in the canal of the Batiscan Forges on the thirtieth of april and was buried may the twentieth eighteen hudred and forty four. »
Comparés aux registres catholiques, les registres anglicans sont d'une pauvreté affligeante. Un registre catholique aurait ajouté l'âge du défunt, le nom de sa mère et la paroisse de résidence des parents. Le même acte aurait été formulé à peu près comme suit :
« Le 20 mai mil huit cent quarante quatre, par nous soussigné recteur de la paroisse, a été inhumé le corps de William Somerville, fils de William Somerville cultivateur de la paroisse de ( ...) et de (...) son épouse légitime, noyé accidentellement dans le canal des forges de Batiscan le 30 avril dernier à l'âge de (...).
Un prêtre catholique aurait précisé que la noyade était accidentelle pour exclure la possibilité du suicide, auquel cas l'inhumation en terre consacrée était refusée au défunt. Une façon de se prémunir contre une éventuelle contestation du droit de sépulture.

Les Somerville dont il est question dans l'acte étaient originaires d'Irlande. Ils ont exploité un moulin à farine situé près des Forges de Batiscan où William s'est noyé. En 1844, année de la noyade, les forges étaient abandonnées depuis longtemps. 

Par ailleurs, il s'est écoulé trois semaines entre le décès et l'inhumation, ce qui signifie qu'on a mis du temps à retrouver le corps. La noyade étant survenue au printemps, William a pu être entraîné par le courant loin du lieu de l'accident.

mardi 18 août 2015

Une grande famille reconstituée

Cette photo a été prise à l'été 1931, probablement à Shawinigan.


À gauche et derrière, le menuisier Sem-Wilfrid Descôteaux et les trois enfants survivants de son premier mariage avec Marie-Hélène Labranche : Lucien (1925), Henri-Paul (1918) et Fernande (1919) Descôteaux. Devant à droite, Blanche-Yvonne Lavergne et les deux filles de son premier mariage avec Roméo Robitaille : Madeleine (1928) et Simone (1926) Robitaille. Le bébé sur les genoux de Blanche-Yvonne est Marcel Descôteaux (1930), le premier enfant du couple. Ils en auront onze autres.

Ensemble, Sem-Wilfrid (1894-1990) et Blanche-Yvonne (1906-1997) ont donc élevé 17 enfants, provenant des trois lits. Sur la photo, la maman à l'air épuisée. Le papa fume la pipe qui ne le quittait jamais, bourrée de tabac canadien de son jardin.

lundi 17 août 2015

Notes sur le régiment de Carignan-Salière

  • Cette année 2015 marque le 350ième anniversaire de l'arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France. Des activités ont été prévues, au Québec et en France, pour souligner cet anniversaire.
  • J'ai été un peu déçu de l'exposition présentée au Château Ramezay à Montréal. Elle vise un public de touristes ; les amateurs de généalogie et d'histoire restent sur leur faim.
  • En vente au Château Ramezay : Le régiment de Carignan-Salière, Les premières troupes françaises de la Nouvelle-France 1665-1668, de Marcel Fournier et Michel Langlois. L'ouvrage, excellent, contient notamment un répertoire des soldats classés par ordre alphabétique.
  • Selon ce répertoire, Julien Dubord dit Lafontaine faisait partie de la compagnie de Saint-Ours, arrivée à Québec le 14 septembre 1665 sur le navire Justice. Le dictionnaire Jetté, publié en 1983, rattache plutôt Dubord à la compagnie de La Fouille qui est arrivée à Québec le 18 juin 1665 sur le Saint-Sébastien et a été stationnée à Louiseville. Comme Jetté, le site Migrations.fr rattache Dubord à la cie de La Fouille, de même que Germain Lesage dans son Histoire de Louiseville, publiée en 1961. Je ne sais pas qui a raison. Pour l'instant je conserve les informations de Jetté, tout en sachant qu'il y a peut-être une erreur. 
  • Le nom de François Péloquin dit Crédit n'apparaît pas dans le répertoire. Le dictionnaire Jetté le dit soldat de la cie de Saint-Ours du régiment de Carignan. Le Fichier Origine le dit plutôt soldat de la cie de Saint-Martin des troupes de la Marine. Dans ce cas-ci, je crois que Jetté est fautif. La confusion vient peut-être du fait que Péloquin a vécu dans la paroisse de Saint-Ours.
  • Des troupes du régiment du Poitou sont arrivées à Québec en 1665, la même année que le régiment de Carignan. 
  • Pierre Lamoureux dit Saint-Germain est le seul soldat du régiment de Carignan qui a épousé une Amérindienne. Il s'est établi en Acadie. La majorité de ceux qui sont restés au pays ont épousé une fille du roi.
  • Un décompte rapide m'a permis d'identifier 29 soldats du régiment de Carignan parmi les ancêtres de mes enfants. Il y en a probablement davantage.

Mis à jour le 3 septembre 2015




lundi 9 mars 2015

Tabac et histoire du Canada

En 1926, l'Imperial Tobacco Company of Canada Limited a produit une série de 48 cartes en anglais relatant des épisodes de l'histoire du Canada. Elles étaient insérées dans les paquets de cigarettes ou de tabac. La plupart des cartes concernent l'histoire de la Nouvelle-France. Sur celle-ci, Samuel de Champlain se rend à Kirke en 1629, mettant fin au siège de la ville de Québec par les Anglais.





1 CABOT SAILS FROM BRISTOL, 1497
2 FIRST CANADIAN STEAMSHIP WAS BUILT IN MONTREAL IN 1809
3 CARTIER ENTICES DONNACONNA ON BOARD HIS VESSEL, 1536
4 CHAMPLAIN AND FRENCH PIONEERS ENTERTAIN MEMBERTON AND OTHER INDIANS AT PORT ROYAL, 1607
5 THE GREAT QUEBEC BRIDGE
6 CHAMPLAIN DISCOVERS LAKE CHAMPLAIN, ABOUT 1609
7 CHAMPLAIN SOJOURNS WITH THE INDIANS, 1615-1616
8 BUILDING THE FIRST CHURCH, 1615
9 PRINCESS PATRICIA INSPECTS HER REGIMENT
10 INDIANS GIVE WARNING OF KIRKES APPROACH, 1628
11 CHAMPLAIN SURRENDERS QUEBEC TO KIRKE, 1629
12 INDIANS ASSIST BREBEUF IN BUILDING HIS MISSION HOUSE, 1634
13 THE FIRST NUNS ARE WELCOMED TO QUEBEC, 1639
14 FOUNDING OF MONTREAL, LANDING OF EXPEDITION UNDER MAISONNEUVE, 1641
15 JEANNE MANCE
16 ADAM DOLLARDS HEROIC CHECK TO THE IROQUOIS, 1660
17 LANDING OF THE TRACY, 1665
18 STATES GENERAL CONVENED BY FRONTENAC, 1672
19 LASALLE PRESSES FORWARD ALONE TO OBTAIN SUCCOUR FOR HIS EXPEDITION, 1678
20 MASSACRE AND FIRE AT LACHINE, 1689
21 PHIPS ENVOY IS REBUFFED BY FRONTENAC, 1690
22 DEFENCE OF CASTLE DANGEROUS BY MADELEINE DE VERCHERES, OCTOBER 1692
23 CONSTRUCTION OF CITADEL AND FORTIFICATIONS AT QUEBEC, 1693
24 FRONTENAC BORNE ON THE SHOULDERS OF INDIANS IN HIS LAST EXPEDITION AGAINST THEIR ENEMIES, 1696
25 PEACE TREATY WITH INDIANS, 1701
26 VERENDRYES EXPEDITION FIRST VIEW OF THE ROCKIES, 1743
27 PEPPERELL CAPTURES LOUISBOURG, 1745
28 WASHINGTON DELIVERS PROTEST TO FRENCH COMMANDER, 1754
29 H.R.H. THE PRINCE OF WALES HONORS WAR HEROES IN WINNIPEG
30 INVESTMENT OF QUEBEC BY WOLFE
31 WOLFE WITH LANDING-PARTY CARRIED FORWARD BY THE TIDE, 1759
32 WOLFES ARMY SEALING THE CLIFFS, 1759
33 BATTLE OF QUEBEC, GENERAL FRASER LANDING HIS HIGHLANDERS, 1759
34 MONTCALM, WOUNDED, ENCOURAGES THE THRONG, 1759
35 SURRENDER OF CANADA TO BRITAIN, 1760
36 CARLETON ESCAPES FROM MONTREAL, 1775
37 AMERICAN INVASION, MONTGOMERYS BODY FOUND IN THE SNOW BEFORE QUEBEC, 1775
38 FIRST LEGISLATIVE ASSEMBLY, 1792
39 MACKENZIES FIRST SIGHT OF THE PACIFIC, 1793
40 DEATH OF BROCK AT QUEENSTOWN HEIGHTS, 1812
41 LAURA SECORD WARNS FITZGIBBON OF PROJECTED AMERICAN ATTACK, 1813
42 SALABERRYS VICTORY OF CHATEAUGUAY, 1813
43 THE PRINCE OF WALES LAYING FOUNDATION STONE OF THE HOUSES OF PARLIAMENT, OTTAWA, 1860
44 FENIANS DRIVEN BACK AT RICHARDS FARM, 1865
45 RED RIVER EXPEDITION. CAMP AT MALAWIN BRIDGE, 1870
46 NORTH-WEST REBELLION TROOPS MARCHING OVER THE ICE, LAKE SUPERIOR, 1885
47 JACQUES CARTIER PLANTS ARMS OF FRANCE AT GASPE BAY IN 1534
48 COLOURS PRESENTED TO CANADIAN CONTINGENT FOR SOUTH AFRICA, 1900

dimanche 8 mars 2015

Le repas du dimanche chez les grands-parents

Le repas familial du dimanche est une vieille tradition qui remonte à l'époque où l'on travaillait six jours par semaine. Le septième jour, on se faisait beau pour assister à la messe et ensuite aller visiter les grands-parents. C'était l'occasion pour les cousins de se rencontrer et de jouer ensemble.




Cette photo a été prise à Saint-Étienne-des-Grès en 1919. Elle montre quatre petits cousins endimanchés, les premiers-nés de la famille de Félix St-Onge et de Georgina Lavallée. Selon ce qui est écrit au verso, les quatre cousins sont, de gauche à droite : Jean-Roch St-Onge, Berthe St-Onge, Simone Plourde et Armand St-Onge. Voici quelques informations sur eux :
  1. Jean-Roch St-Onge était le fils aîné d'Albert et de Cora Lamy, né le 25 août 1917 à Shawinigan.
  2. Berthe St-Onge était la fille aînée de Félix fils et d'Alma Picard, née le 9 juillet 1916 à Saint-Étienne-des-Grès.
  3. Simone Plourde était la fille aînée d'Alphonse Plourde  et de Marie-Anna St-Onge, née le 22 mars 1915 à Saint-Étienne-des-Grès.
  4. Armand St-Onge était le fils aîné d'Alfred et de Célestina Paré, né le 7 juin 1916 à Saint-Étienne-des-Grès.
Edouardina St-Onge, épouse d'Uldoric Godin, avait des enfants plus âgés mais ils n'apparaissent pas sur la photo. Justement, sur la carte ci-après, Edouardina s'excusait auprès de se parents de ne pouvoir les visiter un dimanche. Elle devait assister au pique-nique des pompiers.



mardi 3 mars 2015

Soixante ans de mariage des van Zundert en 1962

J'aime beaucoup cette photo de deux vieillards heureux entourés de leurs cinq filles bien en chair. Un beau souvenir de famille de ma conjointe. 

Elle a été prise le 28 avril 1962 à Klundert aux Pays-Bas. C'était le soixantième anniversaire de mariage des grands-parents Jacobus van Zundert et Helena Fritjers. J'ai pu identifier avec certitude deux des cinq filles : soeur Wilhelmina van Zundert (1912-1989), debout au centre, et Adriana van Zundert (1904-1967), assise à droite, épouse de Johannes van der Poel.



Un article avait paru dans le journal local pour souligner cet événement. Remarquez les sabots aux pieds de la grand-mère, le béret et la pipe du grand-père.


lundi 5 janvier 2015

Les gardiens de la variole

Une épidémie de variole, aussi appelée grosse picote, a frappé Saint-Étienne-des-Grès en Mauricie en 1902. Ces épidémies survenaient presque toujours durant l'hiver quand l'air frais et sec favorisait la propagation du virus. À cette époque, le village de Saint-Étienne était isolé durant une partie de la saison froide parce que le déneigement de la route qui menait à Trois-Rivières représentait une trop grande dépense pour la municipalité. Il n'y avait donc pas de secours à attendre de l'extérieur. Par ailleurs, une recrudescence de la variole a aussi été signalée dans la ville de Trois-Rivières cet hiver-là.

Il fallait isoler les malades pour arrêter la contagion. Le conseil municipal de Saint-Étienne a donc demandé à des citoyens de prêter leur maison pour loger les malades pendant la durée de l'épidémie. Wilfrid Marchand, Louis Garceau et Trefflé Bouchard père ont accepté de le faire contre rémunération. On les appelait les « gardiens de la variole».

Des reçus ont été émis pour les dépenses relatives à l'épidémie en septembre 1902. Voici un reçu signé par Wilfrid Marchand pour un montant de 10 dollars reçu « pour avoir été gardien pendant que la variol a sévie dans la paroisse de St-Étienne. » C'était une somme relativement importante, à peu près l'équivalent de 2000 dollars en monnaie d'aujourd'hui.


Les deux autres gardiens ont reçu 12 et 15 dollars pour le même travail.

Certains ont pu profiter de l'épidémie pour s'enrichir. On utilisait alors de la vapeur de souffre pour désinfecter la literie et les vêtements des malades. Le conseil municipal a effectué deux achats de souffre qui ont été payés le 22 septembre :
  • Joseph Hould en a vendu 76 livres pour 3 dollars et 93 cents, soit au prix unitaire de 5 cents la livre.
  • Onésime Bellemare en a vendu 10 livres pour 5 dollars, soit au prix unitaire de 50 cents la livre. La municipalité a donc payé 10 fois plus cher pour le souffre de Bellemare ! Il est possible qu'il y ait eu une pénurie de souffre due à l'épidémie, ce qui expliquerait l'écart de prix entre les deux achats.



Jean Milette, le secrétaire-trésorier de la municipalité, s'est versé à lui-même 46 dollars « pour salaire pendant que la picotte a sévi dans la paroisse. » C'était trois ou quatre fois plus que la rémunération reçue par les gardiens de la variole.

J'ai examiné le registre de Saint-Étienne-des-Grès pour y trouver le signalement de décès causés par la variole. Malheureusement, le curé Garceau ne mentionnait jamais les causes des décès. Je n'ai pas constaté d'augmentation significative du nombre des sépultures pendant l'année 1902. Il semble donc que les mesures qui ont été prises pour circonscrire l'épidémie aient été efficaces.

Les photographies des reçus sont tirées de Souvenances : Histoire du fief et de la paroisse de St-Étienne-des-Grès depuis 1673. Presse de Publicité Paquet, 1984.