Les corps de tambours et clairons ont connu une très grande popularité au Canada à la fin des années 1950 et au début des années 1960. C'est une mode qui nous est venue des États-Unis. On utilise souvent l'expression anglaise « drum corps » pour désigner ces ensembles où les musiciens jouent en marchant. Les gens se déplaçaient en grand nombre pour entendre leur musique et aussi pour admirer les majorettes.
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Des majorettes américaines |
Ces drum corps ont surgi en grand nombre à la fin des années 1950 et la plupart d'entre eux ont eu une vie bien éphémère. On pourrait facilement établir un parallèle avec la prolifération subite des groupes yéyés au début des années 1960.
Selon
Louis-Georges Pellerin, qui a dirigé
Les Majorettes de Shawinigan pendant trente ans, la ville a été le berceau du mouvement des drum corps au Québec. Il y aurait eu seize de ces ensembles musicaux à Shawinigan entre 1960 et 1965, soit presque autant que dans tout le Québec d'aujourd'hui. Ces groupes participaient à des compétitions annuelles aux niveaux québécois, canadien et nord-américain.
Dans Shawinigan depuis 75 ans, Fabien Larochelle raconte que la ville a été l'hôtesse de plusieurs de ces compétitions dans le cadre de la Classique internationale de Canots. Larochelle compte neuf ensembles à Shawinigan au début des années 1960 et non pas seize, ce qui est quand même considérable compte tenu de la population de la ville.
Quelques-uns de ces ensembles ont acquis une certaine notoriété. J'ai amassé des informations sur les cinq formations les plus connues : Les Majorettes, Les Grenadiers-Kiwanis, Les Cadets de Shawinigan, Les Optimistes et Les Ambassadrices.
Les Majorettes de Shawinigan (1957-1987) aurait été le premier groupe féminin du genre au Québec. L'ensemble a été fondé le 17 avril 1957, sous le nom de Roxyettes, par Louis-Georges Pellerin, Jacques Pellerin, Lucille et René Hétu. On comprend pourquoi le nom a été changé après quelques mois pour celui de Majorettes. C'est le groupe qui a duré le plus longtemps, trente ans avec plus ou moins les mêmes dirigeants. Les Majorettes ont été très actives dans les compétitions au début des années 1960, avec plus ou moins de succès. Elles se sont faites plus discrètes par le suite, mettant surtout l'accent sur la formation musicale des jeunes filles. Elles étaient très connues dans la région de Shawinigan où elles participaient à toutes les cérémonies et parades. C'était le groupe des grandes occasions. Curieusement, on trouve aujourd'hui peu de photos de cet ensemble sur internet. Ceux qui en possèdent devraient y remédier.
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Les Majorettes en 1957 |
Le journal
L'Action populaire du mercredi 6 février 1963
nous apprend que Les Majorettes de Shawinigan, édition 1961-1962, étaient formées de : « 1 tambour-major, des couleurs, 10 porte-drapeaux, 2 carabines, 2 épées, 1 tambour-major en chef, 4 tambours, 2 bongos, 2 tampanizes, 2 grosses caisses, 2 cymbales et 30 buggles avec coulisse ». Dans le jargon des drum corps, le mot couleurs désignait les danseurs et gymnastes intégrés à la chorégraphie.
Les Grenadiers Kiwanis (1960 - ?) ont été fondés par François Guay le 28 mai 1960 et ont effectué leur première parade lors des célébrations de la Saint-Jean-Baptiste, un mois plus tard. Ils ont été commandités par le Club Kiwanis, à compter de 1962. C'était sans aucun doute le meilleur ensemble de Shawinigan. Ils ont gagné de nombreux concours au Canada et aux États-Unis, dont quatre championnats provinciaux consécutifs de 1963 à 1966. Le 23 juin 1962, ils organisaient un spectacle nommé « Tambourama » à l'aréna de Shawinigan, en compagnies de plusieurs ensembles de la région, avec l'intention d'en faire un événement annuel. Le groupe a participé aux cérémonies du vingtième anniversaire de Radio-Canada en 1972. C'est la dernière mention d'eux que j'ai trouvée.
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Les Grenadiers Kiwanis |
Les Grenadiers Kiwanis avaient deux traits distinctifs. Pendant les premières années, ils portaient deux drapeaux blancs avec des points d'interrogation noirs pour dénoncer l'absence de drapeau national au Canada. Deuxième particularité : à compter de 1964, leur ligne de couleurs (danse et gymnastique) était formée de douze demoiselles. Le journaliste Michel Auger, qui a été membre de cette formation, racontait que la principale motivation des Grenadiers était de prouver aux filles de Shawinigan qu'ils étaient les meilleurs. C'étaient des adolescents.
Dans un style complètement différent,
Les Cadets de Shawinigan-Sud (1957- ?) ont été fondés par Jacques Thomassin, lieutenant du 62e Régiment d'artillerie de Shawinigan. Les participants étaient des cadets de l'armée, du moins à leurs débuts. Ils se surnommaient eux-même modestement
Les Fameux Cadets de Shawinigan. Ce groupe avait un sens aiguisé du marketing : culottes très courtes, spectacle dans une piscine, cartes postales avec leurs photos, etc. Ils étaient invités partout au Québec et ont fait deux tournées en Europe. Les Cadets étaient âgés de 10 à 17 ans. Les plus jeunes faisaient partie de l'ensemble
Les Bambinos qui assurait la relève. Les Cadets ont cessé brusquement leurs activités à la fin des années 1960. À son apogée, l'organisation très bien structurée comptait une centaine de jeunes.
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Les fameux Cadets de Shawinigan |
Les deux ensembles suivants ont été fondés par Rosaire Chamberland de Shawinigan-Est et ont été commandités par le Club Optimiste de Shawinigan :
Les Cadets de l'Assomption (1959 - ?)
et
Les Ambassadrices (1960 - ?).
Les Ambassadrices, moins connues que
Les Majorettes, étaient le seul autre groupe féminin de Shawinigan.
Elles ont évolué pendant cinq ou six ans.
Les Cadets de l'Assomption n'ont pas duré plus longtemps. Les journaux de l'époque rapportent leur participation à des concours et des spectacles locaux. Ils ont changé de nom après quelques années pour s'appeler
Les Optimistes de Shawinigan, commandite oblige.
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Les Ambassadrices et Les Optimistes de Shawinigan |
La photo des Ambassadrices a été prises à côté de l'église de l'Assomption, ce qui illustre bien leur appartenance à la paroisse du même nom, autrefois appelée Shawinigan-Est.