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jeudi 21 janvier 2016

Un meurtre sordide dans la vieille prison des Trois-Rivières en 1852

Un cloaque


Ceux qui ont eu l'occasion de visiter l'ancienne prison des Trois-Rivières ont pu constater l'aspect malsain des lieux. Les prisonniers étaient enfermés dans des cellules sombres et étroites, sans chauffage, l'humidité suintait sur les murs. Les latrines étaient des trous percés dans le plancher en béton qui répandaient des odeurs dans l'édifice. Ces conditions de détention extrêmes étaient normales au XIXe siècle, mais seraient jugées inhumaines aujourd'hui.

Le « trou » où étaient isolés les prisonniers récalcitrants

Des exécutions par pendaison ont eu lieu dans la cour arrière qui était surplombée par un couvent de religieuses. Le couvent était le meilleur endroit pour profiter du spectacle (voir La pendaison comme spectacle sur ce blogue).

La population carcérale



On trouve dans le recensement de 1851 une page sur la vieille prison. Il y avait alors seulement quinze personnes qui vivaient à cet endroit : le gardien, sa femme qui avait le titre de matrone, leurs cinq enfants, une couturière, une servante, deux geôliers et quatre prisonniers, soit trois hommes et une femme.

Le prisonnier Thomas Therrien âgé de 45 ans, le personnage principal de cette histoire, est né en 1806, s'est marié et a eu plusieurs enfants. Il aurait été condamné pour tentative de meurtre sur sa femme. Therrien n'a pas été recensé avec sa famille en 1852 et n'a pas assisté au mariage de sa fille en 1850. Son acte de décès n'a pas été retrouvé. Je ne l'identifierai pas davantage par délicatesse envers les descendants de cette famille. 

Tué pour un morceau de viande


Le 20 février 1852, soit quelques mois après le recensement, deux nouveaux prisonniers sont arrivés, Charles Pépin et Adolphe Beaudoin, qui avaient été condamnés à une sentence d'une semaine pour une amende impayée de 25 shillings. Ils ont eu la malchance d'être confinés dans la même cellule que Therrien. De toute évidence, le personnel de la prison ne se souciait pas beaucoup de la sécurité des prisonniers.

Le soir du 25 février, Therrien a attaqué  Pépin et Beaudoin avec une hache qu'il avait réussi à cacher dans sa paillasse. Le premier a été tué d'un coup dans le dos et le deuxième a été blessé. Dans un délire paranoïaque, Therrien aurait crû que ses codétenus, qui lui avaient offert un morceau de viande, voulaient l'empoisonner.

L'affaire a été confiée au coroner Valère Guillet de Trois-Rivières, un homme très consciencieux qui a interrogé les témoins et remis un rapport détaillé. Les circonstances de ce meurtre ont été racontées en détail, d'après le rapport du coroner, sur le blogue Historiquement logique.

À l'asile des lunatiques


Au recensement de 1871, « Thomas Therin », un francophone catholique né vers 1804 au Québec, était interné au Rockwood Lunatic Asylum à Frontenac en Ontario. Il venait du pénitencier de Kingston, surnommé l'Alcatraz du Canada, qui est situé dans la même province. C'était là qu'on enfermait les criminels les plus dangereux.


lundi 21 septembre 2015

L'exploitation du suicide d'une adolescente en 1916

J'ai grandi dans une société qui nageait à contre-courant dans l'eau bénite, alors la réaction plutôt brutale du clergé à l'arrivée du cinéma, un médium qu'il ne contrôlait pas, ne m'étonne pas du tout. Dans l'article de presse qui suit, qui n'est pas signé, un membre du clergé exploite un fait divers, le suicide d'une adolescente, pour mettre en garde le public contre les effets pernicieux du cinéma.

Le contexte


La première salle de cinéma permanente à Trois-Rivières, le Théâtre Bijou sur la rue des Forges, a ouvert ses portes en 1909, un an après le grand incendie qui a détruit le centre-ville. Plusieurs autres salles se sont ajoutées au cours des années suivantes dont Le Casino en 1910 et Le Gaieté en 1913. Elles présentaient des « vues animées », c'est ainsi que l'on nommait les films muets à cette époque.

Intolerance : film américain muet sorti en 1916.

Le 22 juin 1916, le journal Le Bien Public de Trois-Rivières consacrait deux colonnes de sa première page au suicide d'une adolescente qui allait au cinéma à l'insu de ses parents. Je reproduis in extenso cet article du Bien Public, un journal conservateur qui était contrôlé par le diocèse de Trois-Rivières.

L'article du journal Le Bien Public

La plupart de nos lecteurs ont appris le suicide de cette fillette trifluvienne qui, le 16 juin vers 5:30 heures du soir, allait se jeter dans le fleuve, près du quai Bureau, et ne réapparût point.
L'enfant appartenait à une excellente famille ouvrière. Elle n'avait que 13 ans et 9 mois. À cet âge où, règle générale, l'on ne songe qu'à s'amuser, où l'on ne connaît ni les noirs chagrins, ni les désillusions ni les amertumes de la vie, qui donc a pu mettre en ce cerveau enfantin l'horrible idée du suicide ? Qui donc a pu amener une fillette à une si affreuse détermination que celle de s'ôter la vie ? Telle est bien la question que tout le monde se posait à l'audition de la sinistre nouvelle. 
Une enquête faite sérieusement nous permet de donner aujourd'hui, avec l'autorisation de la famille si douloureusement éprouvée, les détails suivants. Ils éclairciront un peu le mystère, et la leçon qui s'en dégage devient, nous semble-t-il, fort instructive.
Notons d'abord qu'il ne saurait exister le moindre doute sur la réalité du suicide. Des pêcheurs ont vu la fillette s'avancer lentement sur le quai, reculer d'abord de quelques pas en arrivant au bord de l'abîme, déposer manteau et coiffure près de la voie ferrée, puis revenir plus résolument et se lancer dans les flots. Ils ont vainement tenté de lui porter secours.
Mais y a-t-il eu préméditation ? L'enquête révèle que oui, hélas ! C'est la mère de l'enfant, ce sont ses anciennes compagnes qui apportent sur ce point des témoignages se confirmant les uns par les autres.
Depuis cinq ou six mois, déclare en substance la mère désolée, R. était devenue sombre, jongleuse, revêche, incontrôlable, Il ne nous fut plus possible de l'empêcher de sortir même le soir. Or, nous ne tardâmes pas à nous rendre compte que c'était surtout pour aller aux vues qu'elle sortait si souvent. Et de jour en jour elle devenait plus maussade, plus insoumise, plus impolie, plus insupportable. Soupçonnant bien que la fréquentation des cinémas n'était pas étrangère à ce changement, je résolus un jour de les lui interdire absolument. 
- Et comment accueillit-elle votre défense ?
- La pauvre enfant répondit : si vous ne me laissez pas aller aux vues, vous ne me trouverez plus.
Deux amies de R. interrogées l'une après l'autre, déclarent l'avoir entendu proférer des menaces analogues à propos de la même défense, menaces de désertion ou de suicide.
- Je m'en irai à Montréal. Je me tuerai. Évidemment, elles crurent à un badinage, mais tel était le travail accompli en cette imagination enfantine que déjà (la suite des événements le prouve) elle était prête à faire n'importe quoi plutôt que d'abandonner les vues.
Les premières menaces de cette nature furent faites environ deux mois avant le jour fatal. Et la fillette irréductible continua ses descentes aux cinémas. Une fois, sa mère alla l'en faire sortir de force par le gérant. Employée dans une fabrique, elle demandait souvent congé dans l'après-midi et empruntait de l'argent à son patron pour aller aux théâtres. Détail intéressant et qui établi quelle profonde perturbation même physique peuvent produire en un cerveau juvénile ces fameux films : depuis environ deux mois affirme la mère, R. paraissait avoir des cauchemars ... elle dormait peu et mal ; elle rêvait tout haut. Une nuit qu'elle avait paru plus agitée, je lui demandai, le matin venu, à quoi elle avait rêvé. Je voyais répondit-elle deux filles poursuivies par un cavalier ; celui-ci tirait du revolver ... Une autre fois, c'était une jeune amoureuse qui se jetait à l'eau.
Dans la journée du 6 juin, en dépit de la défense renouvelée, il appert que la malheureuse fillette retourna à ses chères vues. Ce devait être pour la dernière fois. Vers 5 heures pm, après une courte visite chez une connaissance à laquelle R. parut surexcitée, elle réintégra le foyer triste et pensive. À ce moment, la mère lui reprocha à nouveau son insoumission mais ne la battit point contrairement à ce que d'aucuns ont prétendu.
Quelques instants plus tard, la malheureuse s'esquivait et allait mettre fin à ses jours.
Était-elle, à ce moment-là, absolument responsable de ses actes ? Il est à espérer que non et alors Dieu aura eu pitié de la pauvrette plutôt victime que coupable.
Mais la cause en ce cas, de ce déséquilibre mental, n'est-elle pas assez patente ? Et comment se fait-il qu'en dépit de la loi, tant de garçonnets et de fillettes en dessous de 15 ans pénètrent librement dans les salles de cinéma ? Comment expliquer qu'un si grand nombre de parents y conduisent ou y laisse aller leurs enfants qui n'ont pas encore seulement franchi le seuil de l'école.

dimanche 21 décembre 2014

Le petit-poisson de Noël

On pêche encore aujourd'hui en hiver, sur les glaces des rivières Sainte-Anne et Batiscan, le poulamon atlantique aussi appelé petit-poisson des chenaux. Son nom lui vient des chenaux qui sont formés par les îles à l'embouchure de la rivière Saint-Maurice, à Trois-Rivières. Au dix-neuvième siècle, on pêchait le poulamon atlantique à cet endroit pendant la période des fêtes, entre Noël et les Rois. On l'appelait alors le petit-poisson de Noël.

Le poulamon atlantique (Microgradus Tomcod)


En 1895, l'historien Benjamin Sulte nous a décrit cette pêche dans le volume 20 de ses Mélanges historiques :
" L'hiver, c'est un autre spectacle. La neige couvre les îles, les chenaux disparaissent sous une couche de glace. Dans ces lieux désolés, le lièvre et le renard tracent leurs pistes, que le chasseur suivra bientôt d'un oeil attentif. De temps à autre, une voiture passe sur le chemin de la traverse, balisé de petits sapins plantés dans le mol édredon qui recouvre les eaux durcies par l'action de l'hiver.
Mais, durant la semaine qui précède la fête de Noël, tout change, les îles s'animent en quelque sorte ; partout circule une population affairée ; on dresse des cabanages ; la tranche de fer et le godendard entament la glace sur une cinquantaine de points choisis à certaines distances les uns des autres ; le travail se continue jour et nuit jusqu'à ce que des ouvertures soient pratiquées au goût des pêcheurs, car il s'agit de pêcher le fameux petit-poisson de Trois-Rivières !
Chaque trou mesure de douze à quinze pieds de longueur sur cinq de largeur. On y enfonce un long coffre formé de quatre baguettes de bois de frêne revêtues de rêts ; l'un des bouts du coffre est ouvert et placé à l'encontre du poisson qui remonte le courant, et qui entre par masse dans ces appareils ; après quelques minutes d'attente, le pêcheur soulève la gueule du coffre, tire le tout hors de l'eau ; vous voyez alors frétiller sur la glace des centaines de petits êtres qui gèlent, en attendant la poêle à frire. On en prend plus de 40,000 boisseaux chaque hiver, en deux semaines seulement parce que, avant Noël, il n'est pas encore arrivé. et aux Rois, il achève sa course vers le rapide des Forges. Cette manne n'a qu'un temps. "

Pêche au poulamon, Trois-Rivières, Qc, 1890 (Musée McCord)

Déclin du petit-poisson des chenaux


Une dizaine d'années plus tard, Benjamin Sulte ajoutait une note en bas de page :
" Ces lignes étaient écrites en 1895. Depuis lors, les usines de Shawinigan Falls et de Grand-Mère ont pollué les eaux ; le petit-poisson venant de la mer, s'arrête pour frayer à la rivière Champlain et aux battures de Batiscan. Et il ne tardera pas à disparaître tout à fait."
Heureusement, sa prédiction ne s'est pas avérée. S'il a disparu des chenaux de Trois-Rivières, à cause de la pollution de la rivière Saint-Maurice, le petit-poisson de Noël remonte toujours à chaque année les rivières Sainte-Anne et Batiscan. 


mercredi 9 juillet 2014

Les Sébastien de Trois-Rivières

La famille Sébastien ou Bastien de Trois-Rivières a des origines huronnes. Les Sébastien faisaient partie d'un groupe de la Jeune Lorette (Sébastien, Laveau, Romain, Sioui, etc) qui ont travaillé à Trois-Rivières dans l'industrie du cuir, comme mégissiers notamment. Ces métis d'ascendance huronne se sont intégrés à la population trifluvienne par des mariages mixtes avec des Canadiens-français ou avec d'autres métis. Ils se disaient eux-mêmes Canadiens-français, et non pas Hurons, lors des recensements.

L'ancêtre de cette famille à Trois-Rivières est Jean-Baptiste Sébastien (fils du Huron Sébastien et de la Canadienne Marie Hotte) né à la Jeune Lorette vers 1786. Il s'est marié deux fois : avec Agathe Thomas le 13 février 1809 à Saint-Ambroise-de-la-Jeune-Lorette puis avec Louise Savard le 8 septembre 1823 au même endroit. Il a été inhumé le 19 juin 1848 dans la paroisse de l'Immaculée-Conception de Trois-Rivières. Sa deuxième femme, Louise Savard, a été inhumée dans la même paroisse le 9 décembre 1876.

Jean-Baptiste Sébastien s'est installé à Trois-Rivières avec Louise Savard vers 1840. Il eu une douzaine d'enfants de ses deux femmes. Plusieurs sont morts en bas âge. Je ne présente ici que les sept dont j'ai trouvé la trace à Trois-Rivières ou qui ont laissé une descendance dans cette ville :

D'Agathe Thomas
  1. Françoise Sébastien a épousé Basile Picard, fils de Laurent et de Charlotte Koska, le 25 septembre 1826 à Saint-Ambroise-de-la-Jeune-Lorette. Je n'ai pas trouvé trace d'elle à Trois-Rivières, mais trois enfants de sa fille Delphine, épouse de Siméon Romain, se sont mariés dans cette ville : Octave Romain (1886 Marie-Louise Collins), Arthémise Romain (1897 Joseph Abraham) et Arthur Romain (1898 Marie-Louise Hamel).
  2. Judith Sébastien a épousé Charles Picard, fils de Charles et de Marguerite Julien, le 26 novembre 1839 à Saint-Ambroise-de-la-Jeune-Lorette. Au moins deux de ses enfants se sont mariés à Trois-Rivières : Judith Picard avec Jacques Robitaille en 1866 et Luc Picard avec sa cousine Louise Sébastien en 1876.
De Louise Savard
  1. Abraham Sébastien né vers 1827 et décédé le 1 mars 1871 à Trois-Rivières. Peut-être handicapé. Il est demeuré chez sa mère et on ne lui attribue pas de profession dans les recensements.
  2. Joseph Sébastien né vers 1828. Il a épousé Caroline Blais de Yamachiche, fille de Jacques et d'Appoline Gélinas, le 7 février 1853 à Trois-Rivières. Quatre de ses enfants se sont mariés à Trois-Rivières : Louise (1876 Luc Picard), Édouard (1877 Étudienne Panneton), Georgiana (1884 Louis Racette), Églephire (1884 Edmond Lamothe et 1897 Pierre Soucy). Joseph Sébastien a été voyageur dans les Pays-d'en-Haut et journalier à Trois-Rivières.
  3. Marie-Anne (Henriette) Sébastien née vers 1828. Elle a épousé Antoine Noël, fils d'Antoine et d'Anasthasie Perrault, le 18 septembre 1848 à Trois-Rivières. Son mari était journalier dans cette ville. Leur fille Philomène Noël a épouse Alexandre Alarie en 1881 à Trois-Rivières.
  4. Philomène Sébastien née vers 1839. Elle a épousé Prudent Ouellet, fils de Cyrille et de Lucie Sirois, le 25 juillet 1858 à Trois-Rivières. Prudent Ouellet était un bourgeois de Trois-Rivières selon le recensement de 1861. Au moment de ce recensement, la veuve Louise Savard, mère de Philomène, ses frères Abraham et Joseph Sébastien et sa soeur Louise Sébastien habitaient avec eux dans une maison en bois à un étage.
  5. Marie-Louise Sébastien née vers 1837. Elle a épousé Alexandre Laveau, veuf de Caroline Montagnais,  le 10 novembre 1869 à Trois-Rivières. Elle a été inhumée le 16 décembre 1876 au même endroit. Son mari Alexandre Laveau et son fils Henri sont retournés vivre à la Jeune-Lorette (recensement de 1891), puis à Embrun en Ontario (recensement de 1901).
Tous les mariages de Trois-Rivières mentionnés plus haut ont été célébrés dans la paroisse de l'Immaculée-Conception.

mardi 17 juin 2014

Triste accident

Au 19e siècle, la vie des travailleurs ne valait pas grand chose. Les employeurs qui, par négligence, auraient pu être tenus responsables du décès d'un employé s'en tiraient souvent à bon compte.

L'article suivant a été publié dans Le Journal des Trois-Rivières du 22 juin 1871 :
« H. R. Blanchard, Ecr., coroner de ce district, a tenu en cette ville samedi soir, le 17 juin courant, une enquête sur le corps de Raymond Cloutier, âgé de 17 ans, enfant de M. Eusèbe Cloutier de St-Barnabé. Le défunt était à l’emploi de Monsieur Joseph Larivière, voiturier de cette ville depuis le mois d’octobre dernier. Samedi sur les 4 heures, le défunt était à vendre du fer à une personne de campagne et en voulant en avoir une barre du rouleau pour le peser, six gros rouleaux de fer qui étaient debout sont tombés sur lui et l’ont frappé à la tête et lui ont fracturé le crâne. Sa mort a été instantanée. Le juré après avoir visité le lieu et entendu les témoins a rendu un verdict de “mort accidentelle”, et exonéré de tout blâme Monsieur Larivière qui a promis en présence du juré de prendre les moyens d’arrêter les rouleaux de fer qui se trouvent placés debout dans la bâtisse employée à cette fin, par des gardes de sûreté afin qu’ils ne puissent plus tomber. »
Raymond Cloutier, âgé de 17 ans au moment du décès, a été inhumé le 19 juin 1871 à Saint-Barnabé-Sud dans le comté de Saint-Hyacinthe. Il était le fils d'Eusèbe Cloutier et d'Adélaïde Hévey, mariés le 8 novembre 1852 au même endroit.

Souvent, les voituriers étaient aussi forgerons, ce qui expliquerait l'entreposage, imprudent dans ce cas-ci, des barres de fer.


vendredi 28 mars 2014

Le Bécancour

En 1858, un vapeur nommé Bécancour effectue la traverse entre le port de Trois-Rivières et la rive Sud du Saint-Laurent. Des horaires spéciaux sont prévus pour accommoder les cultivateurs de la rive Sud qui se rendent en ville vendre leurs produits, de même que pour ceux qui veulent assister à la Grande Messe ou aux Vêpres à Trois-Rivières. 

Cette annonce, parue dans L'Ère Nouvelle du 26 avril 1858, précise les horaires de traversée pour la nouvelle saison qui s'ouvre après le retrait des glaces : 
« Le vapeur Bécancour fera ses traverses régulières tous les jours entre le sud et les Trois-Rivières, comme suit : de 9 heures du matin aller à 4 heures de l’après-midi, il fera une traverse, toutes les heures, C’est-à-dire huit traverses, quittant le sud à 9 heures. Avant 9 heures du matin, il fera 4 traverses, pour la commodité des cultivateurs et autres personnes. Après 4 heures de l’après-midi, il fera autant de voyages que nécessaires. Les dimanches : avant la Grande Messe il fera une traverse pour les commodités du public en général. Les cultivateurs auront leurs heures accoutumées pour la Grande Messe et les Vêpres. Après les Vêpres, il fera ses traverses comme à l’ordinaire. Hilaire Doucet, capitaine, Trois-Rivières, 24 avril 1858. »  (L'Ère Nouvelle, 26 avril 1858)



L'annonce est tirée des Banques de données en histoire de la Mauricie.

mardi 18 mars 2014

Joseph Hill était sergent d'artillerie

La recherche sur les origines de la famille Hill de Trois-Rivières a beaucoup progressé dernièrement. Madeleine Gélinas Racicot m'a fait part d'un acte de baptême qu'elle a trouvé dans le registre de la Quebec Anglican Garnison de Québec. Il s'agit du baptême de Joseph Hill, fils de Joseph et de Ann, le 7 octobre 1831. Le père était sergent dans la septième compagnie du premier bataillon d'artillerie. Suivant la mauvaise habitude prise par les membres du clergé anglican, le patronyme de la mère n'est pas mentionné.

Baptême anglican de Joseph (fils) Hill en 1831 à Québec

Cet acte pouvait être relié à la famille Hill de Trois-Rivières, mais il fallait le prouver. Je viens de trouver cette preuve :  le baptême anglican de Sarah Hill à Trois-Rivières le 16 avril 1837 « daughter of Joseph Hill late sergeant artillery and Ann his wife was born june the fourteenth eighteen hundred and thirty five ».

Baptême anglican de Sarah Hill à Trois-Rivières en 1837

Curieusement, Sarah avait près de deux ans le jour de son baptême. Peut-être est-elle née lors d'un déplacement du régiment de son père. Par ailleurs, cet acte nous apprend que Joseph Hill avait quitté l'armée à la date du baptême (late sergeant). Il a ensuite travaillé comme journalier à Trois-Rivières.

J'ai dressé un tableau chronologique des principales informations que j'ai recueillies sur cette famille au  fil du temps. Les déménagements révélés par les lieux de naissance des enfants sont compatibles avec les déplacements d'un régiment britannique : Angleterre, Nouveau-Brunswick, Angleterre, Écosse, Québec et enfin Trois-Rivières. On pourra situer plus précisément la date de leur arrivée au Canada en suivant les déplacements du premier bataillon d'artillerie. D'après le tableau qui suit, ils seraient arrivés à Québec vers 1831 en provenance d'Écosse.

An Mois Jour Événement Lieu Source






1802 - - Naissance de Mary-Ann Charleton Angleterre Rec. 1852 Trois-Rivières
1823 - - Naissance de Mary-Ann (fille) N-Brunswick Rec. 1852 Trois-Rivières
1829 - - Naissance de James Angleterre Rec. 1861 Trois-Rivières
1831 - - Naissance de John Écosse Rec. 1852 Trois-Rivières
1831 9 7 Naissance de Joseph (fils) Québec Anglican Garnison Québec
1831 10 2 Baptême anglican de Joseph (fils) Québec Anglican Garnison Québec
1835 6 14 Naissance de Sarah Lieu inconnu Anglican T-Riv 1837-04-16
1837 4 16 Baptême anglican de Sarah Trois-Rivières Anglican
1847 6 23 Conversion de Mary-Ann (fille) Trois-Rivières Catholique
1849 5 5 Conversion de Joseph (fils) Trois-Rivières Catholique
1851 10 6 Mariage de John Trois-Rivières Anglican
1851 11 24 Mariage de Joseph (fils) Trois-Rivières Catholique
1852 - - Sarah servante Trois-Rivières Recensement 1852
1852 - - Mary-Ann (mère) servante Trois-Rivières Recensement 1852
1852 - - John journalier Trois-Rivières Recensement 1852
1856 9 8 Mariage de Mary-Ann (fille) Trois-Rivières Catholique
1856 8 12 Mariage de James St-Sévère Catholique
1861 6 1 Conversion de Sarah Trois-Rivières Catholique
1861 - - Sarah servante Trois-Rivières Recensement 1861
1861 - - James cultivateur St-Boniface Recensement 1861
1861 - - John journalier Trois-Rivières Recensement 1861
1864 6 18 Sépulture de Joseph (fils) Trois-Rivières Catholique
1871

James cultivateur Saint-Mathieu Recensement 1871
1871

John journalier Trois-Rivières Recensement 1871
1874 10 17 Sépulture de James St-Boniface Catholique
1891

John commerçant ferblantier Trois-Rivières Recensement 1891
1905 4 15 Sépulture de Mary-Ann (fille) Trois-Rivières Catholique


Ajoutons à cette chronologie que le sergent Joseph Hill est décédé entre le 16 avril 1837 et le 23 juin 1847. Je n'ai pas trouvé son acte de sépulture dans le registre anglican de Trois-Rivières. Son épouse, Mary Ann Charleton, est décédée entre le recensement de 1852 et le 8 septembre 1856.

Par ailleurs j'ai mis à jour un article précédent intitulé : Des conversions et des servantes : la famille Hill de Trois-Rivières.


dimanche 16 mars 2014

Toussaint Bellemare ou « la nuit tous les chats sont gris »

Modifié le 17 mars 2014

C'est le troisième article que je consacre aux circonstances de la noyade de John Head, le fils du gouverneur général du Canada, en 1859. Celui-ci porte sur Toussaint Bellemare qui a plongé dans l'eau froide de la rivière pour ramener le noyé sur la rive. Il est devenu une célébrité sur le Saint-Maurice. Grand chasseur, nageur et guide de canots, un personnage que l'on ne devine pas en consultant les registres et les recensements.

Le récit de Gérin

Dans Deux voyages sur le Saint-Maurice, publié en 1889, Napoléon Caron racontait que M. Toussaint Bellemare avait repêché le corps du fils du gouverneur général Lord Edmund Head, noyé dans la rivière Saint-Maurice près de la chute de Grand-Mère. Il tenait cette information d'un autre récit de voyage sur le Saint-Maurice publié en 1872 par E. Gérin dans La Revue Canadienne
« À deux lieues au-dessus des Piles nous souhaitons le bonjour, en passant, à Toussaint Bellemare. Toussaint Bellemare est une des célébrités du St. Maurice. Il n'a pas de supérieur comme chasseur, comme nageur ou comme guide de canots. C'est lui qui retira de l'eau le corps du fils du Gouverneur Head lorsque cet infortuné jeune homme se noya à la Grand-Mère. Un sauvage était parvenu à trouver du bout d'une perche l'endroit où il gisait au fond de la rivière, mais c'est Bellemare qui, plongeant hardiment, rapporta sur le rivage le fils du représentant de notre souveraine.
Cette famille de Bellemare est presque toute employée dans le St. Maurice. On en retrouve quelques-uns à la Rivière-au-Rat ; d'autres sont employés de la Compagnie de la Baie d'Hudson.
»

La nuit tous les chats sont gris

Ce cas illustre bien les limites de la recherche généalogique basée sur l'examen des registres paroissiaux et des recensements. Ces sources ne nous disent rien sur la personnalité des gens. Il faut trouver d'autres documents pour mettre un peu de chair autour de l'os, mais ces autres sources sont rarement disponibles.


Ce que l'on sait de Toussaint Bellemare

Toussaint Bellemare est né à Trois-Rivières en 1813. Il n'était donc plus un jeune homme lorsqu'il a plongé dans le Saint-Maurice pour repêcher le corps de John Walker Head en 1859. Il a épousé Françoise Saint-Laurent le 17 janvier 1839 à Trois-Rivières. À son mariage, il était dit journalier, fils de René Bellemare journalier et de Marguerite Doucet.

Toussaint Bellemare et sa famille ont remonté la rivière Saint-Maurice en suivant les progrès de la colonisation. Au recensement de 1852, le couple et ses cinq enfants résidaient au fief Saint-Étienne situé au nord de Trois-Rivières. Ils y étaient encore en avril 1860.

Au recensement de 1861, on les retrouve dans le sous-district « chantiers » au nord du comté de Champlain (cherchez Belleman dans le recensement). Ce territoire comprenait vraisemblablement les établissements sur le Saint-Maurice au nord de la paroisse de Sainte-Flore. Toussaint est dit cultivateur et la population qui l'entoure est constituée d'hommes de passage : des «foremen», des «labourer» dont la résidence est située en dehors du sous-district, probablement des bûcherons. L'endroit était donc relativement isolé.

Il y avait des cultivateurs parmi les bûcherons pour produire le foin nécessaire à l'alimentation des chevaux utilisés pour sortir les billots de la forêt. Le foin valait une fortune dans les chantiers du Saint-Maurice à cause des coûts de transport élevés. Il était donc rentable de produire localement les graminées fourragères peu exigeantes en matière de sol et de climat.

En 1871, la famille a été recensée, sous le nom de Belmar cette fois-ci, dans un sous-distict du comté de Champlain nommé Mékinac, toujours sur une ferme. Je crois que le « Mékinac » de 1871 correspond grosso modo au sous-district « Chantiers » de 1861. René Bellemare, le père de Toussaint âgé de 90 ans habite avec eux. Il y a deux autres couples mariés sous ce toit : leurs fils Pierre et René ont des épouses mais pas d'enfants. Trois filles célibataires : Marie (29 ans), Élise (19 ans) et Augustine (12 ans). Françoise Saint-Laurent, épouse de Toussaint Bellemare a eu son dernier enfant à l'âge de 46 ans.

Le lieu-dit La Pêche

En novembre 1870, Toussaint Bellemare a présenté une pétition au parlement de Québec. J'ignore le sujet de cette pétition, mais le recueil des Journaux de l'Assemblée nationale (volume 4) indique que Bellemare était de l'endroit appelé "La Pêche" sur la rivière Saint-Maurice.

Toussaint Bellemare est décédé le 11 juillet 1876. Ses funérailles ont eu lieu à Sainte-Flore, paroisse voisine des Piles. L'officiant a noté dans le registre que Toussaint était mort à la Pêche, Rivière Saint-Maurice à l'âge de soixante et onze ans.


Il est décédé, non pas alors qu'il pêchait sur le Saint-Maurice comme certains l'ont cru, mais plutôt en un lieu-dit La Pêche sur le Saint-Maurice. Par ailleurs, le curé de Sainte-Flore l'a vieilli de huit ans. Né en 1813, Toussaint avait 63 ans et non pas 71 lors de son décès.

Tout porte à croire que ce lieu-dit La Pêche était situé à l'embouchure de la Rivière à la Pêche sur le Saint-Maurice. C'est probablement à cet endroit que Gérin a visité Toussaint Bellemare vers 1871, deux lieues (environ dix kilomètres) au-dessus des Piles. L'étiquette Sur le Saint-Maurice pouvait signifier qu'il n'y avait par d'autre route que la rivière pour s'y rendre.

On trouve au nord de Saint-Jean-des-Piles, sur la rive Ouest du Saint-Maurice, l'embouchure de la rivière à la Pêche qui prend sa source dans le lac du même nom. Les résidents de cet endroit ont été expropriés lors de la création du Parc national de la Mauricie en 1970. Cette carte du parc montre le secteur de la rivière à la Pêche dans l'encadré en haut à droite.

Carte du secteur Rivière-à-la-Pêche du Parc national de la Mauricie


À la fin du XIXe siècle, les colons installés à cet endroit et plus haut sur les deux rives du Saint-Maurice étaient rattachés à la mission de Mékinac, un mot algonquin qui signifie tortue. Sur son site web, la municipalité de Saint-Roch de Mékinac présente un bref historique qui comporte le passage suivant :
« La prise de possession des terres progressa très lentement. Les colons peu nombreux s’étaient éparpillés à partir de la Pointe-à-la-Mine jusqu’à Rivière Mattawin sur la rive est, et la rive ouest à partir de la rivière La Pêche jusqu’en face du lac Caribou. »



Merci à André Hamel qui m'a beaucoup aidé dans cette recherche.

Note : Il n'y a pas de lien de parenté proche entre Toussaint Bellemare et le coloré ministre de l'Union Nationale Maurice Bellemare, qui fut conseiller municipal à Saint-Jean-des-Piles après son retrait de la politique provinciale.

vendredi 28 février 2014

Collection L'histoire Régionale (1945-1959)

À l'initiative et sous la coordination d'Albert Tessier, Les Éditions du Bien Public de Trois-Rivières ont publié, au début des années 1950, une collection consacrée à l'histoire régionale de la Mauricie. À ma connaissance, aucune autre région du Québec n'a été aussi étudiée à cette époque.



J'ai compté vingt-un titres publiés entre 1945 et 1959. la plupart entre 1950 et 1955. La numérotation des titres de la collection est erratique : il y a eu deux numéros 11, deux numéros 12 et deux numéros 20. Ces erreurs sont peut-être dues à des changements dans la séquence de publication. J'ai remis les numéros en ordre dans la liste qui apparaît plus bas. 

L'intérêt de ces études est inégal. Certaines ont plutôt mal traversé le temps ; les discussions sur les mérites des instituts domestiques, surnommées écoles du bonheur, n'intéressent plus grand monde aujourd'hui. D'autres sont demeurées des références, notamment celle de Marcel Trudel sur le régime militaire dans le gouvernement des Trois-Rivières. On trouve dans L'Apostolat missionnaire en Mauricie et dans Anciens chantiers du Saint-Maurice, pour n'en nommer que deux, des témoignages précieux sur les Amérindiens et les bûcherons de la Haute-Mauricie. Enfin, quelques-unes de ces études ont été reprises par d'autres maison d'édition. Ainsi, Les Éditions du Boréal Express, dirigées par le trifluvien Denis Vaugeois, ont réédité Les forges Saint-Maurice d'Albert Tessier en 1974.

Certains titres ont déjà été présentés sur ce blog. Le cas échéant, j'ai ajouté un lien vers l'article en question.  Je prévois en présenter d'autres bientôt.

Voici la liste des titres parus aux Éditions du Bien Public dans la collection L'histoire Régionale

1 1945 Douville Raymond Les premiers seigneurs et colons de Sainte-Anne-de-la-Pérade
2 1947 Biron Hervé Grandeurs et misères de l'église trifluvienne
3 1950 Blanchard Raoul La Mauricie
4 1950 Houyoux Joseph Routes canadiennes '49
5 1950 Houyoux Joseph Écoles de bonheur
6 1950 Tessier Albert Le miracle du curé Chamberland
7 1951 Thériault Charles-Yvon L'apostolat missionnaire en Mauricie
8 1952 Trudel Marcel Le régime militaire dans le gouvernement des Trois-Rivières
9 1952 Houyoux Joseph Pour ou contre les Écoles de Bonheur
10 1952 Tessier Albert Les forges Saint-Maurice (1729-1883)
11 1952 Boucher Thomas Mauricie d'autrefois
12 1952 Houyoux Joseph Le vrai visage des Écoles de Bonheur
13 1953 Bernard Harry Portages et routes d'eau en Haute-Mauricie
14 1953 Dupin Pierre Anciens chantiers du Saint-Maurice
15 1954 Thériault Charles-Yvon Trois-Rivières, ville de reflets
16 1954 Boucher Thomas Contes et légendes des Vieilles Forges
17 1955 Panneton Georges Chronique mariales trifluvienne
18 1955 Douville Raymond Visages du vieux Trois-Rivières
19 1955 Durand Louis Delavoie Paresseux, ignorants, arriérés
20 1956 Tessier Albert Jean Crête et la Mauricie
21 1959 Durand Louis Delavoie Laborieux, diligents, débrouillards

samedi 8 février 2014

Un accident de steamboat

Le 30 juillet 1846, l'annaliste du couvent des Ursulines rapporte une collision de bateaux à vapeur dans le port de Trois-Rivières  :

« Hier soir, un terrible accident de steamboat a causé plusieurs pertes de vie. Le Québec qui était à la poursuite du Montréal, mouilla dans le port, au moment où le Rowland Hill laissait le quai. Il y eut collision. Le choc fut si fort que l'une des ailes du Rowland fut complètemeut emportée et que la coque de vaisseau a été submergée. Les passagers du Rowland se précipitèrent dans le fleuve. L'équipage du Québec leur vint en aide. On n'a pu constater, dans la confusion d'une nuit sombre, le nombre de pertes de vie. »


jeudi 30 janvier 2014

Le tremblement de terre de 1842

Puisqu'un malheur n'arrive jamais seul, l'automne précédent la grande débâcle de 1843, un tremblement de terre a secoué la région de Trois-Rivières. L'église paroissiale a été endommagée. Voici ce qu'en disait l'annaliste du monastère des Ursulines :
« A la date du 11 novembre 1842, l'annaliste inscrit qu'un violent tremblement de terre a ébranlé le monastère, lundi dernier, vers 8 heures du matin. La secousse s'est fait sentir dans tout le district, jusqu'à Montréal. Ce fut surtout à l'église paroissiale, où se trouvait réunie une foule considérable, pour assister à une cérémonie, qui avait lieu ce jour-là, qu'on eut à déplorer le plus grand nombre d'accidents. Sous la force de l'oscillation, la voûte et le baldequin se fendirent en quelques endroits. Alors, la foule prise de peur se dirigea pêle-mêle vers la porte, et, dans ce sauve-qui-peut général, il y eut bien des évanouissements et des contusions. »
Référence : Annales des Ursulines de Trois-Rivières, tome 3.

Le baldaquin de l'église de Neuville

vendredi 27 décembre 2013

La débâcle de 1843




Au printemps 1843, l'annaliste du monastère des Ursulines de Trois-Rivières écrivait :

« Réveillées par les ardeurs d'un soleil clair, les eaux captives semblent violenter leur enveloppe de glace qui se dégage, sous l'effort de forces mystérieuses. Le fleuve charrie des banquises amoncelées, des torrents de neige fondue se mêlent aux eaux des rivières et envahissent la plaine submergée. Que d'accidents pour nos populations riveraines, que de dépenses encourues ! Dans une seule partie du district, on nous dit que quarante-huit ponts ont été détruits ; 20, 000 louis ne combleront pas les pertes causées cette année par l'inondation. Des cultivateurs ont subi des dommages estimés à huit cents louis.

Plusieurs marchands sont ruinés ; et nombreux sont les pauvres qui ont vu disparaître, entraînées par les flots en courroux, maisons, dépendances et clôtures. À Gentilly, le 29 avril, les eaux du fleuve se répandirent à vingt-cinq arpents dans les terres. On peut juger de la désolation du pauvre peuple. Au monastère, ont recourt, avec confiance, à Notre-Dame de Prompt-Secours. Un cierge est allumé devant son image et les religieuses se succèdent pour dire ses litanies. Espérons que l'étoile de la mer ne sera pas invoquée en vain et qu'elle fera rentrer dans leur lit les eaux vagabondes. »

samedi 21 décembre 2013

Joyeux Noël 1913 (en reprise)

Une image de Noël centenaire.

Un carte postale de Noël postée à Trois-Rivières le 25 décembre 1913. Elle est adressée à une Demoiselle Corinne D'Auteuil qui habitait sur la rue Saint-Jean dans la ville de Québec. "Je vous souhaite une joyeuse fête de Noël. La personne au verso de cette carte ressemble beaucoup à Jeanne Duplessis la plus jolie fille de Trois-Rivières dont je vous ai déjà parlé." Le message n'est pas signé.

C'est une photo coloriée prise en studio sur laquelle on a ajouté de la fausse neige. Remarquez l'inclinaison de la tête et la position de la main gauche qui sont typiques de l'expression dramatique à l'époque du cinéma muet. La tache noire sur l'épaule est due au tampon de la poste.
L'ancien premier ministre du Québec Maurice Duplessis avait une soeur prénommée Jeanne qui est née à Trois-Rivières le 15 septembre 1888. Elle avait donc 25 ans en 1913. Elle a épousé Henri Balcer, le fils d'un industriel local, le 8 janvier 1919. Maurice Duplessis habitait chez elle quand il était dans son comté à Trois-Rivières. Était-ce la Jeanne de la carte ?

(Reprise d'un article publié sur ce blog le 16 décembre 2009).

Merci à Rodrigue Leclerc de la Société de généalogie de Québec qui a identifié l'éditeur de la carte. Elle a été produite par la Neue Photographische Gesellschanft (NPG) dont le logo apparaît en bas à gauche de l'image.


samedi 7 décembre 2013

Euphrosine Caron, supérieure du couvent

En feuilletant les annales des Ursuline de Trois-Rivières, j'ai trouvé des informations sur Euphrosine Caron qui était une arrière-arrière-grande tante de ma conjointe. Elle a été supérieure du couvent sous le nom de Mère Saint-Michel.

La supérieure du couvent des Ursulines était un personnage important à Trois-Rivières. Elle ne sortait presque jamais de son couvent, mais ça ne l'empêchait pas d'exercer une influence auprès de l'Évêque et des notables de la ville dont elle éduquait les filles. En plus du couvent, elle devait gérer la seigneurie de  la Rivière-du-Loup (Louiseville) qui appartenait à la communauté. Quand un personnage important visitait Trois-Rivières, on l'amenait rencontrer Mère Saint-Michel. 

L'histoire de sa famille est bien connue. Son grand-père Michel Caron (Sosa 456 de mes filles), originaire de Saint-Roch-des-Aulnaies dans le Bas-du-fleuve, est arrivé à Yamachiche en 1783 avec une bourse bien remplie. Il a acheté plusieurs terres pour les distribuer à ses fils dans ce qui est devenu le village des Caron.

À travers des considérations religieuses, l'annaliste nous raconte des détails de la vie d'Euphrosine Caron et nous dépeint des traits de sa personnalité :
  • Mère Saint-Michel en imposait. De grande taille, elle avait une personnalité autoritaire, une attitude réservée, une expression presque virile.
  • Elle a été confiée en adoption à son oncle Michel qui n'avait pas d'enfant. Ce Michel Caron a été élu député du comté de Saint-Maurice  en 1804. 
  • Je crois que l'épisode du bateau qui transportait son grand-père acadien est une légende. 

Voici ce qu'écrivait l'annaliste des Ursulines de Trois-Rivières :
« Sous la date de 1830, notre annaliste écrivait : Les mères anciennes, ces vives lumières qui, depuis plus d'un demi-siècle, éclairaient et guidaient leurs enfants adoptives dans les voies de la perfection, se retirent de la lice : les années et l'épuisement commandent cette retraite. Le ciel réclame aussi sa moisson. Que de places vacantes ! Et l'on se demande si ces bonnes mères seront jamais remplacées.  Qu'est-ce que le ciel nous réserve ? Il est vrai que le sacrifice est la grande école du cloître. Les calculs de la sagesse humaine y sont confondus. Plus qu'ailleurs peut-être, les succès et les consolations sont d'autant plus providentiels qu'ils sont moins entrevus. Après quatre-vingts ans, nous pouvons répondre à cette voix d'outre-tombe. Dieu, dans la douceur et le secret de sa Providence, préparait des sujets d'élite qui ont conservé et transmis intact l'esprit de l'Institut. En 1813, une jeune personne grande, svelte, au teint animé, causant avec une grâce calme et tranquille, mais laissant paraître, dans toute sa personne, quelque chose d'énergique qui lui donnait une expression presque virile, se présentait au parloir de notre monastère. Elle semblait être attendue. A la question : — Pourquoi, mon enfant, n'êtes-vous pas venue plus tôt ? elle répondit simplement : — C'était l'époque des semences, j'avais ma part de travail que je n'ai voulu céder à personne. — Très bien, désormais vous cultiverez les âmes. Celle qui échangeait ainsi le travail des champs pour la vigne du Seigneur, se nommait Euphrosine. Elle avait vingt ans. Son père descendait de Robert Caron, premier du nom dans le pays, héritier de vertus mâles et généreuses pratiquées jadis dans la douce France. Il les transmit à sa nombreuse postérité. Le sanctuaire et les communautés religieuses prélevèrent à l'envi, dans cette famille patriarcale, des sujets d'élite. La jeune postulante racontait que son grand père, Michel Caron, demeurant à St-Roch de Québec, s'apercevant vers 1783, que l'espace lui manquerait, en cet endroit, pour y établir ses dix fils, vint demander un jour à Madame Wilkinson, seigneuresse d'Yamachiche, de lui vendre cent arpents de terre. L'affaire conclue, un sac d'argent à la main, il paya un premier versement qui fut bientôt suivi de plusieurs autres. Le village des Caron était fondé. Augustin, père de notre novice, voyait quinze enfants s'asseoir au foyer familial. Son frère et son voisin, Michel, n'avait pas de famille. Il adopta sa nièce Euphrosine et en fit son héritière. Monsieur Michel Caron était alors membre de l'assemblée législative. Par conséquent, nombreuses étaient  les visites dans cette maison hospitalière et l'on s'accorde à dire que, pour recevoir les hôtes, la jeune nièce secondait admirablement sa bonne tante. Madame Caron était acadienne. Son père, Charles Trahan, faisait partie du groupe hardi qui, à l'époque de la déportation, fit prisonnier le capitaine du navire, à bord duquel on avait entassé de nombreuses victimes, désarma l'équipage et mit ensuite le cap sur Québec, sous la conduite de l'un des leurs. Arrivés sur nos plages, ces frères établirent à Yamachiche une nouvelle « Acadie.» C'est dans ce milieu d'héroïsme et de vertu que l'adolescente avait grandi et mûri pour le cloître. Quel était le charme secret qui avait ravi cette jeune fille à une famille dont elle était aimée et à une société dont elle était l'ornement ? Était- ce une prédication de l'abbé de Calonne ? Était-ce une invitation indirecte de M. l'Ecuyer, son curé, fidèle ami des Ursulines ? Ce qui est certain, c'est qu'à ces causes peut-être réunies, il faut joindre l'appel secret de Jésus qui dit : « Viens, mon enfant, j'établirai ta demeure près de mon sanctuaire. » Et la fidèle amante du Sauveur avait répondu : « Me voici, je viens, bon Maître. » L'abbé de Calonne était là pour accélérer, dans la voie des parfaits, l'âme généreuse qui entrait dans les sentiers de la vie intérieure. Elle y marcha à pas de géants. En 1829, nous la trouvons Supérieure du monastère. Son gouvernement est ferme, sa manière d'apprécier les personnes et les événement», prudente et éclairée. Mgr Signay lui imprime une direction forte. Il s'agit de changer le cours d'étude, de bâtir un pensionnat, de maintenir des droits de propriété. Tout se fera. La Mère S. Michel traite auparavant ses intérêts avec Jésus, dans le cœur à cœur de la prière. Pour ses exercices de piété, elle est d'une rigoureuse exactitude, la psalmodie de l'office divin enflamme son zèle : elle ne peut tolérer qu'on baisse la note ou que l'on précipite la récitation. Elle relève une antienne donnée sur un ton trop faible On l'entendait dire : « Ne soyez pas religieuse de chœur sans cœur. » Sa fermeté n'excluait pas, à l'occasion, les paroles maternelles et les soins bienveillants. Dieu lui avait largement départi le don d'éclairer, de consoler et d'encourager les personnes qui se confiaient à elle. Vivre de règle fut sa grande maxime. Mgr Caron, son cousin, a raconté qu'étant jeune prêtre, il était venu lui faire une visite au parloir. Il la voyait pour la première fois. L'entretien, après avoir touché les affaires de famille, était devenu tout personnel. La bonne mère paraissait y mettre un intérêt réel, ce qui ne l'empêcha pas à un moment donné de prier son visiteur de vouloir bien l'excuser. « L'heure du parloir déterminée par nos saintes règles, dit-elle, est écoulée, je ne puis prolonger ma visite, sans prévenir la Mère Assistante. » Cette fidélité à la règle qui avait alimenté la ferveur de la jeune novice, qui avait nourri sa vie religieuse, faisait désormais la consolation de la Supérieure et l'édification de toutes les personnes qui venaient en relation avec elle. Ce qui brillait surtout en cette bonne mère, dit l'annaliste, était son esprit de droiture et de candeur qui la rendait ennemie déclarée de toute apparence de dissimulation et de duplicité. Mettant tout en usage pour faire régner la plus sincère charité entre toutes ses sœurs, elle voulait en même temps cette sage réserve, que commandent la prudence et la discrétion, dans toutes les situations et tous les âges de la vie, ce tact qui donne le bon ton et l'à-propos dans la conversation et qui en fait le meilleur assaisonnement. » (Annales des Ursulines de Trois-Rivières, tome 3).

mercredi 4 décembre 2013

1864 : Les Enfants de Marie arrivent aux Trois-Rivières

Les Enfants de Marie Immaculée étaient encore une nouveauté aux Trois-Rivières dans les années 1860. Cette confrérie féminine visait à encourager, par des récompenses, certains comportements et pratiques religieuses chez les élèves, à former une « élite de piété ». L'Association des Enfants de Marie, d'abord appelée Congrégation, a été créée en  France dans les années 1830 par la communauté enseignante des Filles de la Charité, à la suite d'une prétendue demande qui aurait été faite par la Vierge Marie à la novice Catherine Labouré.  Elle a été reconnue par le Vatican en 1847 et s'est ensuite répandue dans les pays catholiques.

Source : BANQ

Le concept a mis un certain temps à traverser l'Atlantique. Les Ursulines de Trois-Rivières l'ont implanté dans leur couvent à compter du 12 décembre 1864. L'extrait de leurs Annales qui suit (tome 3, page 72) explique le fonctionnement de la congrégation et les récompenses aux élèves les plus méritantes : 
« La congrégation des enfants de Marie est formée des élèves les plus distinguées par leur douceur, leur zèle et leur piété. Tout le monde voudrait bien y entrer, mais on ne le peut sans de grands efforts. Cependant, lorsqu'une pensionnaire a fait voir beaucoup de vertu, les enfants de Marie la reçoive d'abord parmi les aspirantes des saints anges ; c'est un premier degré et une première récompense  ; si on continue ensuite de se bien conduire, successivement, et toujours par l'élection et avec l'agrément des Mères, on est des saints anges, puis aspirante congréganiste, puis congréganiste formée, puis enfant de Marie. Oh ! quel bonheur lorsque enfin l'on en est là ! Il est vrai qu'il faut franchir bien des épreuves, bien travailler et veiller sur soi-même ; mais aussi plus on devient chrétienne et bonne dans toute ces épreuves, plus on a le désir d'appartenir à Marie, et plus on est heureuse d'y arriver. Alors on jouit de grands privilèges, on a dans la maison des charges de confiance, on est décorée d'une belle médaille ; c'est celle que vous voyez à mon cou : elle est destinée à me rappeler toujours la grâce que la sainte Vierge m'a faite, et par là, elle m'engage toujours à mieux m'en rendre digne ; dans les cérémonies on porte les bannières ou les cierges. »
Médailles d'Enfants de Marie (BANQ).
 

lundi 18 novembre 2013

Nous te plumerons

Où il est question de Martha la dernière tourte et de la récréation chez les Ursulines de Trois-Rivières.

Un oiseau grégaire

La tourte (Ectopistes migratorius) aimait la compagnie. C'est d'ailleurs ce qui a causé sa perte. À chaque année, à l'automne et au printemps, les tourtes se rassemblaient par millions, tellement que le ciel en était obscurci. Un chasseur pouvait facilement en tuer des centaines en tirant à l'aveugle dans les airs ou encore, en les frappant au sol avec un bâton. Une maladie est venue aggraver le tout, de sorte que le dernier spécimen de cet oiseau migrateur du Nord-Est de l'Amérique, cousin du pigeon, est mort au zoo de Cincinnati en 1914. Elle s'appelait Martha.

Photo de Martha, la dernière tourte morte en 1914.

Selon un document ancien, les Ursulines de Trois-Rivières auraient joué un rôle dans la disparition de la tourte.


Les pensionnaires s'amusent

En 1857, au pensionnat des Ursulines de Trois-Rivières, les distractions étaient rares. Les jeunes filles effectuaient de petits travaux pour se rendre utiles quand une récréation leur était accordée :
« De fois à autres, ce plaisir leur était accordé. Parfois la récréation avait lieu au réfectoire des religieuses, pour trier du blé d'hostie ; un autre jour, à la cuisine, pour plumer des tourtes que les serviteurs apportaient à pleines charrettes » (Annales des Ursulines de Trois-Rivières, tome IV, p 69).


jeudi 14 novembre 2013

Des conversions et des servantes : les Hill de Trois-Rivières

Modifié le 18 mars 2014

J'ai déjà abordé brièvement l'histoire des Hill de Trois-Rivières dans Patronyme anglais en Mauricie, juste assez pour constater que cette famille est passée un peu sous le radar des généalogistes. On connaît bien James Hill et sa descendance, mais on sait peu de choses de ses parents, Joseph Hill et Mary-Ann Charlton. Des découvertes récentes dans les registres anglicans permettent d'étoffer un peu l'histoire de cette famille.

Selon mes recherches, Joseph Hill et sa femme Mary-Ann Charlton sont nés en Angleterre de religion anglicane. Joseph Hill était sergent dans la septième compagnie du premier bataillon d'infanterie britannique. Ils sont arrivés à Québec vers 1831 en provenance d'Écosse vraisemblablement. On trouve l'acte de baptême de leur fils Joseph dans le registre anglican de la garnison de Québec en date du 2 octobre 1831 (voir Joseph Hill était sergent dans l'artillerie).

Leur fille Sarah, née en 1835, a été baptisée à l'église anglicane de Trois-Rivières le 16 avril 1837. Joseph Hill avait alors quitté l'armée. Il a ensuite travaillé comme journalier à Trois-Rivières.

Voici la liste des enfants de Joseph Hill et de Mary-Anne Charlton (née en 1802 en Angleterre) :
  1. Mary-Ann (n c1823 Nouveau-Brunswick) m 1856 François-Xavier Châteauneuf
  2. James (n c1829 Angletrerre) m 1856 Félicité Gélinas et m 1864 Constance Milette
  3. John (n c1831 Écosse) m 1851 Domithilde Zaste
  4. Joseph (n 1831 Québec) Bas-Canada) m 1851 Arline Ayotte et m 1858 Elise Sincaster
  5. Sarah (n 1835 et b 1837 Trois-Rivières). Célibataire.


Des conversions

Il y avait à cette époque une importante population anglicane à Trois-Rivières à laquelle les Hill se sont joints, mais au moins trois de leurs enfants se sont convertis à la religion catholique. J'ai retrouvé les baptêmes de conversion de Mary-Ann en 1847, Joseph fils en 1849 et Sarah en 1861. Ces documents nous donnent en prime l'année de leur naissance et leur ancienne religion. Ils nous indiquent aussi si leurs parents étaient vivants ou non. Dans celui de Joseph fils, le 5 mai 1849, il est écrit fils de feu Joseph Hill et Ann Charlton. Joseph père est donc décédé avant cette date.


Conversion de Josep Hill fils le 5 mai 1849 à Trois-Rivières (Immaculée-Conception).



Je n'ai pas retrouvé de baptême de conversion pour James et John, ni pour les parents qui sont probablement demeurés anglicans.

Des servantes

Après le décès de Joseph père, son épouse Mary Ann Charlton et sa fille Sarah ont gagné leurs vies comme servantes dans des familles bourgeoises de Trois-Rivières.

En 1852, Mary-Ann Charlton, âgée de 50 ans, a été recensée sous le nom de Ann Hill. Elle était servante dans la maison du Shériff Ogden. Ce recensement nous confirme qu'elle est bien née en Angleterre de religion anglicane.

Recensement de 1852 à Trois-Rivières


La même année, la jeune Sarah Hill, âgée de 15 ans, était servante dans la maison du marchand irlandais John Keenan. Elle a déclaré être née à Trois-Rivières de religion protestante. C'était avant sa conversion. En 1861, elle était servante dans une famille Wright d'origine américaine à Trois-Rivières.

Descendance

Mary-Ann (1823-1891) s'est mariée tard. Elle a épousé François-Xavier Châteauneuf, un journalier de dix ans son cadet, en 1856. Selon l'annuaire de 1879, ils habitaient au 132 rue Bonaventure à Trois-Rivières. Ils ont eu au moins deux enfants : Marie (1858) et Ormina (1861).

James (1829-1874) a été cultivateur à Saint-Boniface. Il a eu quatorze enfants de ses deux femmes, dont huit ont atteint l'âge adulte. Sa descendance est nombreuse dans la région de Shawinigan. Son fils William s'est marié quatre fois. La fameuse cabane à sucre Chez Hill de Saint-Mathieu appartenait autrefois à un descendant de cette famille.

John  (1831- ) était journalier et habitait sur la rue Plaisante à Trois-Rivières, selon l'annuaire de 1879. En 1891, il était commerçant ferblantier toujours à Trois-Rivières. Sa femme, Domithilde Zaste, était une petite-fille du mercenaire allemand Heinrich Szass qui s'est établi à Berthier après sa démobilisation en 1783. Lors des recensements, Domithilde se disait d'origine allemande. Ils ont eu au moins six enfants à Trois-Rivières auxquels ils ont donné des prénoms anglophones : Mary Ann (1852), William Henry (1856), Elmire (1861), Delia (c1862), Elizabeth (1865) et John Philippe (1869).

Joseph fils (1834-1864) a eu au moins cinq enfants de ses deux mariages : Marie-Anne (1852), Joseph (1855), James (1858), Sara et un autre Joseph. Sa deuxième femme, Elise Sincaster était l'arrière-petite-fille de William Sangster un autre immigrant anglophone d'origine inconnue.

Sara (1835- ) ne s'est pas mariée. Je n'ai rien trouvé sur elle après le recensement de 1861.

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Note : Il y avait à la même époque un Thomas Hill à Saint-Étienne-des-Grès. Il a épousé Adéline Isabelle le 10 mai 1858 à l'Église protestante de Trois-Rivières. Les noms des parents ne sont pas mentionnés dans l'acte. Il s'est converti en 1868. Je n'ai pas réussi à le relier à la famille de Joseph Hill et Mary Ann Charlton. Thomas Hill n'a pas été recensé au Québec en 1852, il pourrait donc être arrivé plus tard.