J'ai en main un exemplaire de l'édition 1916 de l'Histoire du Canada, cours élémentaire qui était publié par les Frères des Écoles Chrétiennes. Ce livre , qui coûtait 22 cents, a appartenu, en 1921, à Louis-Georges Vincent qui avait 15 ans à l'époque. Il était le fils de Théodore Vincent et de Sévérina Lamy de Sainte-Flore dans le comté de Champlain. Une personne pieuse, peut-être Résina Vincent qui était la soeur de Louis-Georges, a inséré un marque-page dans ce livre, une prière pour le succès du Congrès Eucharistique de Québec en 1938.
À l'époque, le clergé enseignait des dogmes, des certitudes. Les Frères des Écoles Chrétiennes qui écrivaient les manuels scolaires cherchaient davantage à édifier qu'à instruire. L'introduction du manuel de 1916 illustre parfaitement cette ancienne mentalité :
"Notre patrie jouit des bienfaits d'une civilisation avancée. Près de nous, nous voyons des maisons élégantes, des champs cultivés ; plus loin de grandes villes reliées par des chemins de fer ; partout un peuple intelligent qui forme une société de plusieurs millions d'individus. Ce peuple, régi par des lois sages, professe la religion chrétienne et cultive avec succès les arts et les sciences.
Le Canada, ainsi que l'Amérique dont il fait partie, n'a pas toujours possédé ces précieux avantages. Il y a trois siècles, notre territoire n'était qu'une immense solitude, habitée çà et là par une race d'hommes demi-nus, vivant à l'état sauvage.
L'histoire du Canada va nous faire assister à cette transformation graduelle qu'a subie notre pays. Nous y verrons : les chefs civils, qui ont découvert le pays, fondé les villes, colonisé les campagnes et administré les nouvelles sociétés ; les hommes d'église, notamment les missionnaires qui ont évangélisé les nations indigènes et entretenu, dans les colonies naissantes, le flambeau de la foi et de la morale chrétiennes ; les hommes de guerre qui, au prix de longs et héroïques sacrifices, ont défendu notre patrie contre la férocité ou la cupidité d'injustes agresseurs."
2 commentaires:
C'est presque incroyable! Ce genre de texte me remplit de honte envers certains de mes ancêtres...
Bien sûr, il faut éviter de juger l'époque avec nos valeurs d'aujourd'hui, mais je dois reconnaître que ce n'était pas fort! L'enseignement de l'histoire était teinté par l'idéologie de survivance canadienne-française. On voulait avant tout former de bons catholiques et leur inculquer un sentiment de fierté nationale. Cependant, il faut dire qu'à l'époque l'enseignement de l'histoire était biaisé dans tous les pays. Ce n'était pas beaucoup mieux en Europe. On enseignait moins de bondieuseries dans un pays comme la France, mais le chauvinisme était très présent dans les manuels d'histoire.
On revient de loin ...
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