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mardi 22 octobre 2013

Je veux un petit frère !

Geneviève Arcand de Deschambault, épouse de Simon Martineau-Saintonge, à eu huit filles de suite avant d'avoir enfin un garçon. Parmi ces huit filles, un couple de jumelles nées en 1729 :
  1. Josèphe (1726)
  2. Geneviève (1729)
  3. Cécile (1729)
  4. Angélique(1731)
  5. Anne (1732)
  6. Geneviève (1735)
  7. Angélique (1737)
  8. Louise (1739)
La probabilité qu'un tel événement se produise est plus élevée qu'on ne le croit généralement. C'est comme tirer huit fois à pile ou face. Un couple qui a huit enfants a 1 chances sur 256 d'avoir huit filles ou huit garçons et une chance sur 128 d'avoir huit enfants du même sexe.  C'est beaucoup plus probable que de gagner à la loterie, par exemple.

Aussi, j'aurais pu intituler cet article : je veux une petite soeur ! Émilia Caron, épouse de Maxime-Édouard Desôteaux, a eu huit garçons de suite avant d'avoir enfin une fille :
  1. Télesphore (1879)
  2. Thomas (1881)
  3. Charles-Henri-Émile (1883)
  4. Athanase (1885)
  5. Adolphe (1886)
  6. Albert (1888)
  7. Adelme (1889)
  8. Amédée (1891)
Certains prétendent que des couples peuvent avoir des prédispositions pour un sexe en particulier, mais j'en doute. Je crois plutôt que c'est la fréquence relativement élevée des séquences d'enfants du même sexe qui est à l'origine de ces croyances.

dimanche 20 janvier 2013

Émery abat un ourson

En 1951, il était bien vu d'abattre les ours qui s'approchaient des lieux habités. On pouvait tuer un ourson et s'en vanter dans le journal local. Le 12 septembre de cette année-là, le journal Les Chutes de Shawinigan rapportait qu'Émery Lavergne avait abattu un ourson, disons plutôt un jeune ours puisque la bête de 18 mois pesait quand même 150 livres. Trois semaines plus tard, le même journal rapportait qu'Elphège Boisvert, le beau-frère d'Émery Lavergne, avait tué une femelle de deux ans pesant 200 livres.

Il était inhabituel que ce journal rapporte des histoires de chasse. J'en déduis que la présence des ours était préoccupante à l'automne 1951. Ce qui m'a particulièrement intéressé dans ces articles, c'est la profusion de détails, j'adore les détails. Remarquez le prétexte pour abattre les ours : « Chaque année, des moutons disparaissent. Actuellement, on monte bonne garde. Il n'y a eu que très peu de pertes et on entend qu'il n'y en ait pas davantage. » Comme dit le proverbe : qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.

Émery Lavergne, Léo Lavergne et Elphège Boisvert étaient mes grands-oncles. Voici donc les deux articles du journal Les chutes de Shawinigan.


- Un jeune ourson abattu à St-Gérard des Laurentides. Les résidents de la municipalité de St-Gérard des Laurentides rapportent la présence de plusieurs ours qui parcourraient les bois environnants à ce temps-ci de l'année. M. Émery Lavergne de Shawinigan en a abattu un, qui peut avoir 18 mois, et d'un poids de 150 lb, dimanche soir, au bout de la terre de M. Willie Thiffault, et à proximité du chalet de son frère le Dr Léo Lavergne. Depuis trois semaines, on constatait que des ours, et plus particulièrement celui qui a été tué dimanche, mangeaient dans les champs d'avoine et causaient de sérieux dégâts. MM. Émery Lavergne, Léo Lavergne et Léo Lafrenière le guettèrent, dimanche soir, et mirent bien en vue des déchets de viande, à environ 200 pieds du bois. L'ours se dirigeait directement vers cet appât, et il était à 150 pieds du bois déjà, quand il fut abattu d'une balle de la carabine 30-30 Winchester, maniée par M. Émery Lavergne. (Les Chutes de Shawinigan, 12 septembre 1951, page 10).

- Un ours de 200 livres abattu à St-Gérard - Depuis le milieu de l'été dernier, on a signalé à quelques reprises la présence d'ours dans les bois avoisinants de St-Gérard des Laurentides et de St-Mathieu à quelques milles de Shawinigan. Comme ces bêtes sauvages sont une menace à la vie des personnes et causent des dommages matériels en dévorant des moutons, les cultivateurs leur donnent la chasse du mieux possible. On se souvient qu'il y a un mois et demi environ, un ours avait été abattu au fusil par un cultivateur de St-Gérard. La semaine dernière, un autre ours, une femelle cette fois, de quelque 200 lb a été tiré par M. Elphège Boisvert de Shawinigan et M. Willie Thiffault de St-Gérad. Elle mangeait dans un champ de trèfle, sur la terre de M. Thiffault, à un demi-mille du village. Tous les deux armés, MM. Boisvert et Thiffault ont tiré d'une distance de deux arpents. Les deux coups ont porté à l'épaule. Il s'agissait d'un animal de deux ans, pesant plus de 200 lb. De l'avis de M. Boisvert, les ours deviendront plus menaçants, pour les moutons aux pâturages. Chaque année, des moutons disparaissent. Actuellement, on monte bonne garde. Il n'y a eu que très peu de pertes et on entend quil n'y en ait pas davantage. (Les Chutes de Shawinigan, 3 octobre 1951, page 6).

mercredi 14 mars 2012

Des loups la nuit

Quand je suis allé le voir quelques mois avant son décès, le vieux Monsieur Lampron du chemin des Dalles à Saint-Étienne-des-Grès m'a raconté une autre anecdote qui montre bien que la vie des enfants comportait davantage de risques dans son temps. Les garçons surtout devaient commencer très jeunes à assumer des responsabilités d'adultes en dehors de la maison.

Voici l'histoire qu'il m'a raconté. Son père lui avait demandé d'aller chercher des bardeaux de cèdre au moulin à scie de Saint-Mathieu. Le chemin le plus court pour y aller passait par la montagne au bout du chemin du quatrième rang de Saint-Boniface. Cet ancien « chemin de bois » qui traversait une érablière était juste assez large pour laisser passer les voitures à chevaux. C'est devenu ajourd'hui une piste pour les motoneiges.

Monsieur Lampron, alors âgé de neuf ou dix ans, était parti très tôt le matin « pour revenir de clarté », disait-il. Mais un problème au moulin à scie avait retardé son retour et l'obscurité, « la noirceur »,  l'avait surpris en pleine forêt. Dans la montagne entre Saint-Mathieu et Saint-Boniface, on ne distinguait plus le chemin bordé par les arbres. Des loups hurlaient. L'enfant effrayé s'était blotti au fond du chariot en pleurant, convaincu qu'il allait âtre dévoré par les loups.


Il est difficile la nuit dans la montagne de localiser les hurlements des loups et de se se faire une idée précise de la distance qui nous sépare de la meute. Heureusement, le cheval n'a pas paniqué. Il a poursuivi sa route et ramené l'enfant vivant mais traumatisé à la maison de son père.

Il paraît que la pression de la machoire d'un loup est trois fois plus forte que celle d'un chien.

jeudi 25 novembre 2010

Aux Grandes-Piles en voiture

Elzéar Gérin (1843-1886), frère de l'auteur Antoine Gérin-Lajoie, est né à Yamachiche. Il a été avocat, journaliste, député conservateur du comté de St-Maurice à la Législature de Québec et conseiller législatif à Ottawa. C'était un apôtre du progrès économique, reconnu pour ses discours en faveur de l'industrie forestière et pour la construction de chemins de fer.

Gérin a publié en janvier 1872, dans la Revue Canadienne, un article intitulé "Le St-Maurice : notes de voyage". Son récit nous donne un portrait de la vallée du Saint-Maurice vingt ans après l'ouverture de cette région à la colonisation.  Le voyage commence le 1er août 1871. Un premier segment s'effectue en voiture de Trois-Rivières jusqu'aux Grandes-Piles et un second, sur une barge des Piles jusqu'à La Tuque. Voici quelques extraits du premier segment de son voyage :
(...) St-Étienne! joli village, avec haute-ville et basse-ville, belle église en pierre toute flambant neuve. Un peu plus haut que le village on voit à droite la route qui conduit aux Grès. Là encore, il y a un poste considérable de travailleurs. Le moulin est bâti sur un des plus beaux pouvoirs d'eau qu'on puisse désirer. (...) Les terres ne sont pas bien bonnes à St-Étienne. le sable est généralement sec et peu fertile. À Shawinigan, le sable est plus frais et la moisson est meilleure. Il y a un joli village à St-Boniface aussi. L'église est construite sur le versant méridional d'une chaîne des Laurentides.

Plus haut que Shawinigan il y a encore une paroisse qui sera fondée dans un an. La place de l'église est marquée et le clocher de St-Mathieu s'élèvera bientôt au sein de la forêt. Au-dessus de St-Paulin, surgit en même temps la paroisse de St-Alexis. Quelques jeunes gens de Montréal ont pris des terres entre St-Mathieu et St-Alexis, sur le bord du lac des Souris, et ils s'accordent à dire que la terre est excellente pour la colonisation. Dans le lac ils prennent du poisson autant qu'ils veulent. Voilà jusqu'où la colonisation a pénétré. Et dire qu'il y a vingt ans, il fallait un guide pour aller de Trois-Rivières à Shawinigan. Qui peut prévoir les développements que prendra le territoire du St-Maurice dans les vingt ans à venir ?

Ste-Flore vient à peine de naître et déjà c'est une belle paroisse.  Presque toute la paroisse est formée d'une vallée qui se trouve entre deux chaînes des Laurentides. Le sol est excellent. Il y a des côtes cependant, qui sont rudes à traverser, mais n'importe, nous sommes aux Grandes-Piles avant six heures du soir.

(...) Les Piles! Saluons les Piles, c'est le siège d'une ville future et d'une ville qui deviendra grande. Que le chemin de fer des Piles passe d'un côté du St-Maurice ou de l'autre, cette place n'en restera pas moins le pied de la navigation.

Source : Pierre Dupin, Anciens chantiers du Saint-Maurice, Éditions du Bien Public, Trois-Rivières, 1953
Quand Gérin parle de Shawinigan, c'est du canton qu'il s'agit puisque la ville n'a été fondée que trente ans après son voyage. Il ne mentionne pas la chute qui était une attraction touristique à l'époque. Si je comprend bien son itinéraire, la voiture a emprunté l'ancienne route de Saint-Mathieu qui traversait les montagnes au bout du quatrième rang de Saint-Boniface pour atteindre ensuite le village de Sainte-Flore.