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jeudi 17 avril 2014

Un meneur de l'émeute de 1917

L'émeute de la conscription à Shawinigan a duré deux jours, les mardi 4 et mercredi 5 septembre 1917. D'après les sources que j'ai consultées, la foule des émeutiers s'est attaquée aux partisans de la conscription et à leurs biens. Plusieurs commerces et résidences ont été saccagés et l'officier recruteur a dû s'enfuir de la ville pour éviter d'être lynché. Heureusement, il n'y a pas eu de morts ni de blessures graves (voir La conscription de 1917 vue de Shawinigan et Ceux qui sont pour vont mourir).

Les casseurs n'ont pas été poursuivis

Selon les témoignages, la police de Shawinigan n'est pas intervenue, la police provinciale non plus, et les casseurs n'on jamais été traduits en justice. On ne rapporte aucune poursuite au civil pour les dommages matériels subis par les victimes. Ces dernières ont peut-être eu peur des représailles. La population de Shawinigan, habituellement paisible, a voulu tourner la page sur ces incidents fâcheux le plus rapidement possible. 

Dans son rapport, l'officier recruteur van Borren a identifié deux meneurs de l'émeute : un nommé Levasseur, employé de la Shawinigan Water and Power, et un nommé Saint-Pierre. Ces deux-là sont décédés depuis longtemps.

Philippe Levasseur est devenu un notable de la ville

Selon Fabien Larochelle, dans Shawinigan depuis 75 ans publié en 1976, « Le M. Levasseur dont fait mention l'officier recruteur dans son rapport est M. Phil. Levasseur  par la suite propriétaire de l'atelier de nettoyage bien connu sur la 4e rue et qui a laissé le souvenir d'un grand ami des sports organisés dans notre ville.». 

Plus loin, Larochelle ajoute ce qui suit : « En 1938, M. Phil. Levasseur établissait son atelier de nettoyage sur la 5e rue et le déménageait peu après sur la 4e rue. Bien organisé, il est vite devenu le plus important du genre dans Shawinigan. Depuis le décès de M. Phil. Levasseur, il y a quelques années, et celui de son fils Marcel, en 1974, les fils de ce dernier continuent l'exploitation de l'entreprise. »


La quatrième rue à Shawinigan en 1962 (Source : Le Nouvelliste)

Philippe Levasseur n'avait que 18 ans lors de l'émeute de 1917. Il a ensuite épousé Yvonne Arsenault, le 2 mai 1922, dans la paroisse Saint-Bernard de Shawinigan. Il a été président du club de hockey junior Les Cataractes de Shawinigan et un membre du sélect Club Rotary. Son commerce, Nettoyeur Phil Levasseur Lteeexiste toujours au numéro 425 de la quatrième rue.

Levasseur est décédé le 23 février 1971 à Shawinigan, à l'âge de 72 ans, 3 mois et 4 jours, selon l'officiant, ce qui situe la date de sa naissance vers le 19 décembre 1898. Ses parents, Arsène Levasseur et Vitaline Bazinet, ont vécu à Saint-Maurice, près de Trois-Rivières. 

dimanche 20 octobre 2013

Roulotte et Michigan

Selon Wikipédia, la roulotte à patates frites est : (Québec) Très petit établissement de restauration constitué par une roulotte en bord de route et généralement ouvert en été seulement pour servir des mets vite faits.
 
La roulotte à Beauparlant à Shawinigan en 2010

Les roulottes à patates qui subsistent de nos jours sont stationnées sur des terrains et non plus en bord de route. J'ai lu quelque part que Shawinigan était la seule ville qui permette encore le stationnement des roulottes en bord de rue, mais seulement sur la cinquième. La roulotte à Beauparlant, qui existe depuis les années trente, est devenue une vénérable institution dans cette ville.

La roulotte à Beauparlant en 1939 (L'Hebdo du Saint-Maurice)

Beauparlant sert encore de nos jours, entre autres délicatesses, son fameux hot-dog Michigan qui est, je crois, une spécialité locale. C'est un hot-dog d'un pied de long, avec deux saucisses, garni de frites, de salade de chou et d'une sauce Chili qui est un ketchup épicé. La collation parfaite pour finir la soirée en ville.

Le hot-dog Michigan de Beauparlant (Le Food Fetishist)

Le Food Fetishist de Montréal a développé une théorie selon laquelle le hot-dog Michigan de Beauparlant serait en réalité une copie du Coney Island Hot Dog de Brooklynn. C'est une très grave accusation.

mercredi 2 octobre 2013

Les chasseurs blancs

À l'origine du métissage des Algonquins Têtes-de-boule de la Haute-Mauricie. des coureurs des bois, employés des comptoirs de traite des fourrures, ont adopté le mode de vie des Amérindiens, partagé leurs territoires de chasse et intégré leur communauté. Ce sont les ancêtres blancs des familles autochtones Bellemare, Boucher, Dubé et Flamand, notamment.

L'apport génétique de ces chasseurs blancs a été déterminant parce que la population amérindienne de la Haute-Mauricie, décimée par les maladies et les famines, ne comptait vers 1830 que quelques dizaines de familles.

J'ai déjà présenté sur ce blog quelques articles sur des descendants de ces chasseurs blancs :

Dans Ma hache, ma femme et mon couteau croche, publié en 1977, l'anthropologue Norman Clermont raconte l'histoire de la population de Weymontachie en Haute-Mauricie et ses relations avec les postes de traite des compagnies du Nord-Ouest et de la Baie-d'Hudson. Il situe le territoire d'origine de ces Algonquins Têtes-de-boule au nord du Lac Supérieur. Ils ont occupé les territoires de chasse des Attikamekws (Poissons blancs) en Haute-Mauricie après l'extermination de ces derniers par les Iroquois à la fin du XVIIe siècle.

Clermont traite, à la page 90, de l'intégration des chasseurs blancs dans la population autochtone de Weymontachie :

Source: Norman Clermont, Ma femme, ma hache et mon couteau croche : deux siècles d'histoire à Weymontachie, Série Cultures Amérindiennes, Ministère des Affaire culturelles, 1977.

mardi 1 octobre 2013

Piles non comprises

Chez Staples, les clients anglophones reçoivent les piles en prime.


mercredi 31 juillet 2013

Le Roi du Spaghetti

Au Québec, dans les années 1950, les Rois de la Patate (frite) étaient légions, mais il n'y avait qu'un seul et unique Roi du Spaghetti, qui régnait sur la nouille italienne.

Son royaume était situé au 135, 4e rue, à Shawinigan. Le Roi du Spaghetti était selon l'annonce : « Le restaurant le plus fashionable et le plus fréquenté en ville. » (La Voix de Shawinigan, 2 novembre 1955).


Il était aussi le monarque des sports, un commanditaire des compétitions de hockey sur glace, de canot et de bowling.

Le hockey

Au hockey, le Roi écrasait ses adversaires : « Devant une foule que l'on estime à environ 1000 personnes, Le Roi du Spaghetti a déclassé le club St-Tite au formidable pointage de 20 à 6. Le St-Tite fut complètement déclassé dès la première période. Les joueurs du Roi du Spaghetti ont affiché trop de fini pour leurs jeunes adversaires qui, au fur et à mesure que la saison avance, prendront de l'expérience. » (Les Chutes de Shawinigan, 21 novembre 1951).

La grande vedette du Roi du Spaghetti était un nommé St-Pierre qui a obtenu 6 buts et 3 passes contre le St-Tite.




En 1954, la boutique de vêtements Doyon, de la rue Saint-Marc en haute-ville, était le dernier obstacle dans sa course au championnat : « Les éliminatoires de la Ligue intermédiaire de Shawinigan ont commencé mardi soir dernier alors que l'équipe Le Roi du Spaghetti rencontrait le Doyon Vêtements. Les hommes de Guy Boucher qui avaient terminé en première position du circuit Gignac ont remporté la victoire par 7 à 1. » (La Voix de Shawinigan, 26 février 1954).

Le Roi du Spaghetti, renommé The Spaghetti King pour l'occasion, était aussi suivi par le journal anglophone de Shawinigan : « The second annual Independant Hockey Tournament, sponsored by the Shawinigan Arena, got under way here Sunday afternoon when The Spaghetti King players, sparked by St-Pierre with five goals, trounced the shorthanded Belleville Knitting team, of Three Rivers 13-2. » (The Shawinigan Standard, 28 mars 1951).

La course de canots

En 1949, les canotiers du Roi du Spaghetti, Paul Vallières et Claude Bronsard, ont participé à la Classique Internationale de Canots sur la rivière Saint-Maurice. Mais l'histoire ne dit pas s'ils ont réussi à terminer cette compétition éprouvante organisée par le Club Nautique de Shawinigan : « À Shawinigan, plus de 15000 personnes attendaient la fin de la course sur le boulevard Saint-Maurice. L'Union musicale de Shawinigan faisait les frais de la musique en attendant les 14 équipes qui étaient encore dans la course. De nouveau l'équipe américaine formée de Estes et Jensen arriva en première place. » (La Voix de Shawinigan, 4 août 1950).


Le bowling

Le Roi du Spaghetti régnait aussi sur les tournois de petites quilles du Shawinigan Bowling Academy : « Jean-Paul Bellemare a roulé un simple de 201 et a gagné le spaghetti offert par le populaire sportif Hervé Roy, propriétaire du Roi du Spaghetti. »  (La Voix de Shawinigan, 9 novembre 1951).


Un royaume éphémère

La première mention que j'ai trouvée du Roi du Spaghetti de la 4e rue à Shawinigan date du mois d'août 1949 et la dernière, du 2 novembre 1955. 


Cette annonce est tirée du Programme-souvenir du 21e festival annuel de l'Association des fanfares amateurs de la Province de Québec, les 2 et 3 juin 1951, à l'occasion du 50e anniversaire de la Cité de Shawinigan Falls.

mardi 2 juillet 2013

Les mes canadiens

Le menu d'une pizzéria du vieux Hull à Gatineau :


mardi 23 avril 2013

Jean-Baptiste Boucher traiteur indépendant

Jean-Baptiste Boucher est maintenant un personnage connu sur ce blog. C'est le quatrième article que je consacre à ce métis, Algonquin Tête-de-Boule (on dit aujourd'hui Attikameg) de la Haute-Mauricie. Voici des liens avec les trois premiers articles :

- Deux portraits de Jean-Baptiste Boucher
- Famine sur le Saint-Maurice
- Jean-Baptiste Boucher mauvais perdant

Je m'intéresse à lui pour trois raisons :
  1. Dans Deux voyages sur le Saint-Maurice publié en 1887, l'abbé Napoléon Caron affirme que Jean-Baptiste Boucher, bon chrétien, est apparenté aux Boucher de Niverville de Trois-Rivières, ce qui a piqué ma curiosité. Un des Niverville a été responsable du Bureau des sauvages pour le gouvernement fédéral.
  2. Il a adopté un mode de vie à mi-chemin entre celui des Blancs et celui des Amérindiens. Il chassait avec les Amérindiens et a même été chef d'une bande, mais il possédait une ferme à l'embouchure de la Croche et, comme nous le verrons plus loin, commercialisait lui-même ses fourrures à Trois-Rivières, plutôt que de les vendre à la Compagnie du Nord-Ouest.
  3. On retrouve son nom dans plusieurs documents, ce qui est le signe d'une activité débordante. On a parlé de lui de toutes les  façons en bien comme en mal
Dans Ma femme, ma hache et mon couteau croche, publié en 1982, Normand Clermont, raconte que Jean-Baptiste Boucher concurrençait la Compagnie du Nord-Ouest dans le commerce des fourrures en Haute-Mauricie :


 


jeudi 22 novembre 2012

Monastère et vie paroissiale

On trouve sur le site Nos Racines le numéro-souvenir du bulletin mensuel Le Foyer du Christ-Roi, consacré à l'ouverture du nouveau monastère des Pères du Saint-Sacrement à Shawinigan en 1947. On y présente notamment un historique avec photos des dix premières années de cette paroisse ouvrière de la haute-ville de Shawinigan qui s'est développée à côté de l'aluminerie Alcan. Une partie des terres sur lesquelles le Christ-Roi a été construit appartenaient à mon arrière-grand-père maternel Adélard Lavergne (voir La maison Adélard Lavergne sur ce blog).


C'est une source d'informations unique sur ce milieu de vie : écoles, caisse populaire, L.O.C, J.O.C., Ligue des citoyens, chorales, garde paroissiale, scouts, Cercle Lacordaire, etc. En 1947, à Shawinigan comme ailleurs au Québec, toutes les activités communautaires étaient structurées en fonction du territoire des paroisses religieuses, et plus ou moins supervisées par des religieux ou prêtres aumôniers. 

On ne manquait pas de prêtres au Christ-Roi. La paroisse était desservie par les Pères du Saint-Sacrement et leur monastère abritait six ou sept Pères et autant de Frères. Je crois qu'ils souhaitaient même en avoir davantage, comme le montrent les dimensions du monastère nouvellement construit. Mais la baisse de la pratique religieuse et le manque de vocations sont venus contrecarrer leurs projets. Aujourd'hui, la paroisse n'existe plus et l'église a été démolie, remplacée par un Jean-Coutu. Le monastère est devenu une résidence pour personnes âgées.

Le monastère, dont on voit l'arrière sur la photo suivante, était donc beaucoup trop vaste pour une communauté d'une quinzaine de religieux. Ses locaux pouvaient servir aux organismes communautaires. Il a aussi logé la Caisse populaire du Christ-Roi. À l'arrière, il y avait un immense balcon où les Pères se promenaient tout en lisant leur bréviaire. Ils avaient une vue imprenable sur les cheminées de l'aluminerie Alcan, située en face de l'autre côté du boulevard Saint-Sacrement.



Le milieu était particulièrement fertile. Jusqu'à la débandade de la fin des années 1960, la plupart des résidents du quartier étaient membres d'une ou de plusieurs organisations paroissiales. Ainsi, ma mère était bénévole à la Saint-Vincent-de-Paul et mon père chantait dans la chorale. Les deux étaient membres de la Ligue ouvrière catholique (L.O.C.). J'ai aussi été embrigadé dans cette nébuleuse paroissiale, au sein des enfants de choeur et du mouvement scout.


À la fin du bulletin, la liste des annonceurs donne un aperçu du secteur commercial en 1947. Ceux qui ont vécu dans le quartier reconnaîtront certains de ces commerces qui logeaient, pour la plupart, sur la rue Frigon, l'artère commerciale du Christ-Roi. On y trouvait, notamment, le 5-10-15 de Bruno Boisvert, un commerce de nouveautés à bon marché que l'on appelait communément le 15 cennes. Les 5-10-15 étaient les ancêtres des magasins à un dollar d'aujourd'hui, sauf que les produits étaient généralement Made in Canada ou bien in USA.

L'infatigable J-Armand Foucher, propriétaire du garage Foucher Auto "En face de l'Aluminium" avait la réputation de vendre l'essence la moins chère de la région. Il avait aussi une imprimerie qui produisait des journaux hebdomadaires, notamment Les Chute de Shawinigan dont j'ai déjà cité des articles sur ce blog. Ses journaux lui permettaient d'annoncer son garage et de faire un peu de politique. Il a aussi été maire de Shawinigan.

En 1947, Arthur Riquier avait déjà un entrepôt de fruits et légumes sur la rue Champlain. Je crois qu'il y est encore, 65 ans plus tard. Non loin de là, le magasin de Meubles Bernard Limoges (200 Frigon) est demeuré ouvert pendant plusieurs décennies.

Sauf exception, les commerces tenus par une femme mariée affichaient le nom du mari, tandis que les demoiselles pouvaient afficher leur propre nom. Leurs commerces ne s'adressaient qu'aux femmes : 
  • Madame J.B. Gingras, marchandises à la verge (403 Frigon).
  • Madame Victor Hamel, magasin de coupons (613 Frigon).
  • Salon Marguerite, chapeaux de choix (232 Frigon).
  • Madame Rose Carbonneau, experte corsetière (689 Saint-Marc).
J'ai trouvé quelques commerces tenus par des gens de ma parenté :
  • Elphège Boisvert, viande fumée et poisson frais (363a Giguère).
  • Dr L. Lavergne, chirurgien-dentiste (124 Champlain).
  • Pharmacie Lavergne (386 Frigon).

Voir aussi sur ce blog : Le Lac McLaren

lundi 27 août 2012

Le Motel Robi

Une carte postale du Motel Robi de Shawinigan-Sud qui accueille, depuis plus de cinquante ans, les automobilistes de passage et les amoureux. Il est situé stratégiquement à l'entrée de Shawinigan-Sud, sur l'ancienne route qui relie Shawinigan et Trois-Rivières (route 157 autrefois 19).


La photographie de la carte date des années soixante. Remarquez l'affichage en anglais (Roby Motel, vacancy, office). Elle a été publiée par W. Schermer de Pierrefonds.

Motel est une fusion des mots anglais motorist et hotel. Le motel est un hôtel bon marché, conçu spécialement pour les automobilistes. Sa particularité est que l'on accède aux chambres par le stationnement.  Le concept a vu le jour en Californie dans les années 1920. Au Canada, les motels se sont multipliés à l'entrée des villes, avec l'expansion du réseau routier à deux voies. Le nombre d'établissements a atteint son maximum dans la décennie soixante qui fut l'âge d'or du motel. On en voit moins depuis la construction des nouvelles autoroutes en dehors des villes.

Des motels célèbres : le Lorraine de Memphis où Martin Luther King a été assassiné (1968) et le Motel Bates où se situe la scène de la douche dans le film Psycho d'Alfred Hitchcock (1960).

Le Robi est très typé. Il a la forme d'un U évasé et un seul étage. L'entrée du stationnement est en plein centre de l'édifice. D'autres motels ont la forme d'un I ou d'un L et certains peuvent compter deux et même trois étages. L'avantage de la forme en U est la discrétion : on ne voit pas les autos des clients de la route.

Il est écrit au verso de la carte : Shawinigan-Sud, P.Q. Sur la route no 19. Quinze unités modernes, tapis mur à mur, bain et douche, T.V. et radio, air climatisé. Prix raisonnable. Salle à manger. Ouvert à l'année.  Art Robitaille, Prop.

La dernière fois que j'ai pris cette route, c'était ouvert. 

Note 1 : On trouve dans les journaux anglophones de la région quelques articles qui mentionnent la participation d'un nommé Art Robitaille de Shawinigan à des tournois régionaux de curling et de golf. Ces articles datent des années 1950 et 1960. J'imagine que le nom Robi représente les deux premières syllabes de son patronyme.

Note 2 : Sur Google Maps, on peut lire le slogan suivant :  "le meilleure motel au monde entier. tres propre et tres belle accueilleé".

mercredi 9 mai 2012

Des Lampron voyageurs

Nous avons vu dans un message précédent que le Centre du patrimoine de la Société historique de Saint-Boniface (Manitoba) a mis en ligne une banque de données sur les Voyageurs. Cette banque contient des informations tirées des contrats notariés signés par les Voyageurs qui se rendaient dans l'Ouest canadien pour le compte des marchands de fourrures (voir Les Voyageurs sur ce blog).


J'y ai effectué une recherche sur le patronyme Lampron (avec les variantes Laspron, Lacharité et La Charité). Voici les onze contrats que j'ai trouvé, classés en ordre chronologique de 1730 à 1818 :
  1. Le 27 mai 1730, Louis Laspron Lacharité de Nicolet s'engage pour Michilimackinac, pour le compte de Charles Nolan Lamarque. Les gages sont de 150 livres et la durée du contrat n'est pas spécifiée.
  2. Le 27 mai 1730, Claude Laspron Lacharité de Nicolet s'engage pour  le même voyage que le précédent, sauf que ses gages sont de 170 livres.
  3. Le 26 mai 1731, Claude Laspron La Charité de Verchères s'engage pour Fort Pontchartrain (Détroit), pour le compte de François Auger. Les gages sont de 160 livres et la durée du contrat n'est pas spécifiée.
  4. Le 26 mai 1736, Claude La Charité de Nicolet s'engage  pour Michilimackinac, pour le compte de Rivard et Compagnie. Les gages sont de 250 livres et la durée du contrat n'est pas spécifiée.
  5. Le 4 mars 1753, Augustin Lapron dit laCharité de La Côte Saint-Léonard (Longue-Pointe) s'engage pour le poste des Illinois, pour le compte d'Alexis Lemoine Monière. Les gages sont de 275 livres pour un an.
  6. Le 7 mai 1756, Augustin Lacharité s'engage pour Michilimackinac, pour le compte de Monière. Les gages sont de 256 livres pour un an.
  7. Le 20 févier 1799, François Lacharité de Nicolet s'engage pour le Nord-Ouest, pour le compte de McTavish, Frpbisher & Co. Les gages sont de 800 livres avec une avance de 96 livres à la signature.
  8. Le 3 janvier 1815, Joseph Lacharité de Maskinongé s'engage pour Michilimackinac, les Dépendances du Nord-Ouet, Fort William et le Portage de la Montagne, pour le compte de A. N. McLeod. Les gages sont de 700 livres pour 3 ans avec une avance de 8 piastres à la signature.
  9. Le 5 janvier 1816, Jean-Baptiste Lampron de Machiche (Yamachiche) s'engage pour Michilimackinac, Fort Williams et  Portage de la Montagne, pour le compte de McTavish, McGillivrays & Co et Alexander McKenzie. Les gages sont de 700 livres pour trois ans.
  10. Le 5 janvier 1816, Joseph Lampron de Machiche (Yamachiche) s'engage pour le même voyage et selon les mêmes termes que le précédent.
  11. Le 2 avril 1818, François Lacharité de Trois-Rivières s'engage pour le compte de W.W. Mathews Negt. Les gages sont de 600 livres pour trois ans. La destination n'est pas spécifiée.
Il est difficile d'identifier les voyageurs avec si peu d'informations personnelles. J'ai réussi à en identifier 5 qui ont signé 7 des 11 contrats ci-haut :

Claude et Louis Laspron-Lacharité étaient les fils de Jean-Baptiste et de Madeleine Geoffroy de Nicolet. Ils ont effectué un premier voyage ensemble à Michilimackinac au printemps 1730. Claude était alors âgé de 28 ans tandis que Louis n'avait que 14 ans. Le marchand Charles Nolan Lamarque a offert 170 livres à Claude, mais seulement 150 à Louis. Claude effectuera deux autres voyages en 1731 à Détroit et en 1736 à Michilimackinac. Il s'est marié à Verchères le 7 mai 1731, vingt jours avant la signature de son deuxième contrat où il est dit résident de cette paroisse. Son premier enfant naîtra à Nicolet en mars 1736, peu avant son troisième voyage.

Augustin Laspron-Lacharité de Longue-Pointe était le fils de Claude et de Marguerite Foucault. Il a effectué deux voyages en 1753 au poste des Illinois et en 1756 à Michilimackinac. Il s'est marié en 1761 à Longue-Pointe. Il était le cousin germain de Claude et Louis Laspron-Lacharité de Nicolet, les deux voyageurs précédents.

Jean-Baptiste et Joseph Lampron de Yamachiche étaient les fils d'Antoine et de Madeleine Desserres. Ils se sont engagés ensemble pour trois ans, le 5 janvier 1816. Jean-Baptiste avait 25 ans et Joseph 22 ans. Leur destination était Michilimackinac, Fort William et Portage de la Montagne. Les deux frères se sont mariés tard : Jean-Baptiste en 1821 et Joseph en 1833. Leur frère Olivier s'est établi à Saint-Boniface de Shawinigan vers 1863 (voir L'arrivée d'Olivier Lampron à Saint-Boniface).


Voir aussi sur ce blog : Une génération de trop chez les Lampron et Les aveux et dénombrements.

lundi 7 mai 2012

Les Voyageurs

Les vieilles paroisses de la Mauricie, de même que celles de la rive Sud du Lac-Saint-Pierre (Nicolet, Bécancour ...) ont été des pépinières de coureurs des bois engagés pour la traite des fourrures. Ils partaient dans des canots d'écorce chargés de marchandises pour aller rencontrer les Amérindiens dans des postes établis dans l'Ouest comme Détroit, Michilimackinac, Fort William, Portage de la Montagne. On les appelait les Voyageurs.


Le Centre du patrimoine de la Société historique de Saint-Boniface (Manitoba) a mis en ligne une banque de données contenant les contrats notariés des Voyageurs qui se rendaient en canot dans l'Ouest canadien pour le compte des marchands de fourrures. Ces voyages pouvaient durer de 1 à 5 ans. Les gages dépendaient de la durée du voyage mais aussi de la qualité du Voyageur.

Le commerce des fourrures était basé à Montréal et les contrats d'engagement se signaient toujours devant les notaires de cette ville. Sous le Régime français, les marchands de fourrures étaient parfois eux-mêmes d'anciens coureurs des bois. Après la Conquête, le commerce passe aux mains de marchands anglophones, des Écossais pour la plupart.

Cette base de données une source d'informations précieuse pour qui veut mettre un peu de chair sur une histoire de famille. Il est cependant difficile d'identifier les Voyageurs. Les contrats ne donnent, comme informations personnelles, que les noms et paroisses d'origine.

On peut obtenir une copie d'un contrat en s'adressant à la Société historique de Saint-Boniface. On peut aussi retrouver certains contrats notariés de Voyageurs sur le site de BANQ.

Voir aussi Gratien Allaire, « Officiers et marchands : les sociétés de commerce des fourrures, 1715-1760 », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 40, n° 3, 1987, p. 409-428.


vendredi 8 juillet 2011

Les timbres Pinky

J'ai trouvé chez un brocanteur un carnet des timbres-primes que ma mère collectionnait dans les années 1960. Les timbres Pinky étaient distribués dans les supermarchés Steinberg. C'était l'équivalent des timbre Goldstar qu'on trouvait dans le épiceries Métro et IGA (voir Les timbres Goldstar sur ce blog). Les timbres Pinky ont aussi été offerts par d'autres commerces, notamment dans des stations-service de la région de Montréal


Ces objets faisaient partie du quotidien des mamans des baby-boomers, une génération de femmes nées entre les deux guerres mondiales (1919-1938).

Après avoir dominé le marché de l'alimentation au Québec pendant les années cinquante et soixante, Steinberg n'a pas réussi à concurrencer les regroupements d'épiciers indépendants (Provigo, Métro-Richelieu, IGA) qui s'étaient formés pour lui tenir tête. Gaétan Frigon, qui a été PDG de la chaîne de dépanneurs La Maisonnée, explique sur son blog l'erreur de marketing qui a finalement causé la perte des supermarchés Steinberg dans les années 1980. L'article s'intitule L'art de creuser sa propre tombe.

On trouve aussi sur le blog de Gaétan Frigon un texte qui explique comment s'est développé le regroupement d'épiciers Métro-Richelieu, la seule grande chaîne qui demeure sous contrôle québécois après les acquisitions de Provigo par Loblaw et de IGA par Sobey's.

vendredi 15 avril 2011

Les timbres GoldStar

Dans la pièce de théâtre Les Belles-Soeurs de Michel Tremblay, créée en 1968, Germaine Lauzon gagne un million de timbres GoldStar. Elle demande l'aide de ses voisines pour les coller dans des livrets qu'elle pourra ensuite échanger contre divers objets de consommation présentés dans un catalogue. L'action se situe dans un milieu défavorisé et c'était, je crois, la première pièce de théâtre québécoise écrite en joual :

"Allô ! Ah ! c'est toé, Rose... Ben oui, sont arrivés... C'est ben pour dire, hein ? Un million ! Sont devant moé, là, pis j'le crois pas encore ! Un million ! J'sais pas au juste combien ça fait, mais quand on dit un million, on rit pus ! Oui, y m'ont donné un cataloye, avec. J'en avais déjà un, mais celui-là c'est celui de ç't'année, ça fait que c'est ben mieux... L'autre était toute magané... Oui, y'a des belles affaires tu devrais voir ça ! C'est pas creyable ! J'pense que j'vas pouvoir toute prendre c'qu'y'a d'dans J'vas toute meubler ma maison en neuf ! J'vas avoir un poêle, un frigidaire, un set de cuisine... "
Les timbres GoldStar étaient distribués par les épiceries IGA et Métro dans les années 1960. C'était une technique de fidélisation des clients. Le livret ci-haut pouvait recevoir des timbres "simples" de couleur jaune, des 10 de couleur mauve et des 50 orange. On inscrivait à la fin du carnet l'article demandé en échange des timbres. 

Cette stratégie de marketing  a été mise au point aux États-Unis dans les années 1930 (S&H Green Stamps). Au Québec, Steinberg a été la première chaîne à l'utiliser en 1959. C'était l'entreprise de distribution alimentaire la plus novatrice de l'époque. On disait alors "faire son Steinberg" comme on dit maintenant faire l'épicerie. C'étaient des timbres de marque Pinky que me mère collectionnait dans des carnets de couleur rose.