jeudi 3 avril 2014

La conscription de 1917 vue de Shawinigan

La crise de la conscription de 1917 a été un des événements marquants de l'histoire du Québec. Encouragée par ses élites politiques et religieuses, la population canadienne française et catholique était massivement contre l'enrôlement obligatoire pour la défense de l'Europe. Cette crise a provoqué des émeutes dans la ville de Québec et aussi en région, notamment à Shawinigan en Mauricie où des manifestations violentes se sont produites les 4 et 5 septembre 1917.

Le Royal 22e régiment, défilant devant le Parlement d'Ottawa.

Ces événements n'ont pas été spontanés. La lecture des journaux de l'époque révèle que des groupes d'activistes parcouraient le Québec pour organiser la résistance à la conscription. Voici quatre extraits de journaux de la Mauricie qui illustrent les réactions des habitants de la ville de Shawinigan. Le premier extrait est tiré de L'Écho du Saint-Maurice de Shawinigan et les trois autres, du journal Le Bien Public de Trois-Rivières.

Le premier article nous parle d'un assemblée anti-conscription qui a été organisée le 7 juin 1917 par un groupe venu de Montréal.   
7 juin 1917 :  « Shawinigan Falls est contre la Conscription. Une assemblée enthousiaste. «Grande assemblée anti-conscription convoquée par les membres de la Ligue des Amis de la Liberté, de Montréal. » 
Deux mois plus tard, la ville est couverte d'affiches qui dénoncent la conscription de façon plutôt agressive. Des partisans de la conscription sont intimidés.
28 août 1917 : « Chutes Shawinigan. Dans la nuit de samedi à dimanche, des affiches contre la conscription ont été posées partout sur les trottoirs, sur les magasins, sur les poteaux, etc. On lisait sur ces affiches: “À bas la conscription. À bas Borden et ses Trusts. À bas les traîtres Blondin et Sévingy”. Nos bons bleus, qui continuent de professer une admiration béate pour le gouvernement, il en est même qui ont la témérité de parler en faveur de la conscription, [ils] ont reçu une attention toute spéciale de la part des poseurs d’affiches. »
Le mercredi 5 septembre, une manifestation dégénère en émeute. La boutique du bijoutier Flamand, partisan de la conscription, est saccagée.
6 septembre 1917 : « Manifestations Anticonscriptionistes. Mercredi soir, à Shawinigan Falls, des manifestations violentes ont eu lieu contre la conscription. Une foule de douze à quinze cents personnes ont paradé par les rues et ont manifesté devant la demeure de Monsieur Flamand: des discours violents ont été prononcés; les vitres de la maison ont été brisées et les meubles déménagés dans la rue. On dit même qu’un soldat a été fort malmené par la foule. »
L'été suivant c'est la chasse aux conscrits qui sont pourchassés par la police militaire :
18 juillet 1918 : « La chasse aux conscrits. Les autorités militaires ont commencé dans notre district la recherche des insoumis. Des contingents assez nombreux de soldats et de policiers sont déjà rendus aux Chutes de Shawinigan et à Grand-Mère où ils ont commencé leurs investigations. Ces jours-ci, une escouade opérait dans les environs de Ste-Anne de la Pérade, et un peu partout, on s’attend à leur visite. Certains même se demandent si l’on ira jusqu’à faire des recherches à domicile de nuit. Dans l’état d’énervement et de tension causé par la recherche des insoumis, un pareil procédé, s’il devient nécessaire, demandera infiniment de tact et de prudence, et il est à souhaiter qu’on ait recours à d’autres moyens. »

Les extraits sont tirés des Bases de données en histoire de la Mauricie.

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