mercredi 14 mars 2012

Des loups la nuit

Quand je suis allé le voir quelques mois avant son décès, le vieux Monsieur Lampron du chemin des Dalles à Saint-Étienne-des-Grès m'a raconté une autre anecdote qui montre bien que la vie des enfants comportait davantage de risques dans son temps. Les garçons surtout devaient commencer très jeunes à assumer des responsabilités d'adultes en dehors de la maison.

Voici l'histoire qu'il m'a raconté. Son père lui avait demandé d'aller chercher des bardeaux de cèdre au moulin à scie de Saint-Mathieu. Le chemin le plus court pour y aller passait par la montagne au bout du chemin du quatrième rang de Saint-Boniface. Cet ancien « chemin de bois » qui traversait une érablière était juste assez large pour laisser passer les voitures à chevaux. C'est devenu ajourd'hui une piste pour les motoneiges.

Monsieur Lampron, alors âgé de neuf ou dix ans, était parti très tôt le matin « pour revenir de clarté », disait-il. Mais un problème au moulin à scie avait retardé son retour et l'obscurité, « la noirceur »,  l'avait surpris en pleine forêt. Dans la montagne entre Saint-Mathieu et Saint-Boniface, on ne distinguait plus le chemin bordé par les arbres. Des loups hurlaient. L'enfant effrayé s'était blotti au fond du chariot en pleurant, convaincu qu'il allait âtre dévoré par les loups.


Il est difficile la nuit dans la montagne de localiser les hurlements des loups et de se se faire une idée précise de la distance qui nous sépare de la meute. Heureusement, le cheval n'a pas paniqué. Il a poursuivi sa route et ramené l'enfant vivant mais traumatisé à la maison de son père.

Il paraît que la pression de la machoire d'un loup est trois fois plus forte que celle d'un chien.

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