jeudi 25 novembre 2010

Aux Grandes-Piles en voiture

Elzéar Gérin (1843-1886), frère de l'auteur Antoine Gérin-Lajoie, est né à Yamachiche. Il a été avocat, journaliste, député conservateur du comté de St-Maurice à la Législature de Québec et conseiller législatif à Ottawa. C'était un apôtre du progrès économique, reconnu pour ses discours en faveur de l'industrie forestière et pour la construction de chemins de fer.

Gérin a publié en janvier 1872, dans la Revue Canadienne, un article intitulé "Le St-Maurice : notes de voyage". Son récit nous donne un portrait de la vallée du Saint-Maurice vingt ans après l'ouverture de cette région à la colonisation.  Le voyage commence le 1er août 1871. Un premier segment s'effectue en voiture de Trois-Rivières jusqu'aux Grandes-Piles et un second, sur une barge des Piles jusqu'à La Tuque. Voici quelques extraits du premier segment de son voyage :
(...) St-Étienne! joli village, avec haute-ville et basse-ville, belle église en pierre toute flambant neuve. Un peu plus haut que le village on voit à droite la route qui conduit aux Grès. Là encore, il y a un poste considérable de travailleurs. Le moulin est bâti sur un des plus beaux pouvoirs d'eau qu'on puisse désirer. (...) Les terres ne sont pas bien bonnes à St-Étienne. le sable est généralement sec et peu fertile. À Shawinigan, le sable est plus frais et la moisson est meilleure. Il y a un joli village à St-Boniface aussi. L'église est construite sur le versant méridional d'une chaîne des Laurentides.

Plus haut que Shawinigan il y a encore une paroisse qui sera fondée dans un an. La place de l'église est marquée et le clocher de St-Mathieu s'élèvera bientôt au sein de la forêt. Au-dessus de St-Paulin, surgit en même temps la paroisse de St-Alexis. Quelques jeunes gens de Montréal ont pris des terres entre St-Mathieu et St-Alexis, sur le bord du lac des Souris, et ils s'accordent à dire que la terre est excellente pour la colonisation. Dans le lac ils prennent du poisson autant qu'ils veulent. Voilà jusqu'où la colonisation a pénétré. Et dire qu'il y a vingt ans, il fallait un guide pour aller de Trois-Rivières à Shawinigan. Qui peut prévoir les développements que prendra le territoire du St-Maurice dans les vingt ans à venir ?

Ste-Flore vient à peine de naître et déjà c'est une belle paroisse.  Presque toute la paroisse est formée d'une vallée qui se trouve entre deux chaînes des Laurentides. Le sol est excellent. Il y a des côtes cependant, qui sont rudes à traverser, mais n'importe, nous sommes aux Grandes-Piles avant six heures du soir.

(...) Les Piles! Saluons les Piles, c'est le siège d'une ville future et d'une ville qui deviendra grande. Que le chemin de fer des Piles passe d'un côté du St-Maurice ou de l'autre, cette place n'en restera pas moins le pied de la navigation.

Source : Pierre Dupin, Anciens chantiers du Saint-Maurice, Éditions du Bien Public, Trois-Rivières, 1953
Quand Gérin parle de Shawinigan, c'est du canton qu'il s'agit puisque la ville n'a été fondée que trente ans après son voyage. Il ne mentionne pas la chute qui était une attraction touristique à l'époque. Si je comprend bien son itinéraire, la voiture a emprunté l'ancienne route de Saint-Mathieu qui traversait les montagnes au bout du quatrième rang de Saint-Boniface pour atteindre ensuite le village de Sainte-Flore.

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