mardi 16 mars 2010

Pierre-Fortunat Pinsonneault

J'ai déjà présenté sur ce blogue des cartes postales qui portaient la signature du photographe P-F Pinsonneault de Trois-Rivières (1864-1938). Ses photographies, celles qui ornent ses cartes postales en particulier, sont une des principales sources d'images des paroisses de la Mauricie au début du vingtième siècle.

Fils de Camille Pinsonneault et d'Adéline Morin, Pierre-Fortunat Pinsonneault est né le 28 février 1864 à Saint-Jacques-le-Mineur en Montérégie. Initié à la photographie par son frère Joseph-Laurent, il poursuivit des études dans ce domaine aux États-Unis, chez W.J. Cady à Holyoke Mass. Il s'installa à Trois-Rivières en 1888 dans l'atelier du photographe Louis Grenier au 178 de la rue Notre-Dame. Il commença a publier ses photographies sur carte postale vers 1903. Tout comme ses frères Joseph-Laurent, Émile, Alfred-Zénon et sa soeur Fabiola, il aura marqué l'histoire de la carte postale au Québec.

Il avait épousé Évelina Giroux le 14 mai 1895 dans la paroisse Saint-Jean, comté de Saint-Jean. Ils ont fait baptiser six enfants à Trois-Rivières entre 1896 et 1906. Pierre-Fortunat est décédé le 26 janvier 1938 à Trois-Rivières.

Une exposition lui a été consacrée à Trois-Rivières en 1999. Voici l'hommage que lui rendait à cette occasion M. Gilles Roux photographe lui aussi (ici) :
Quand Pierre-Fortunat Pinsonneault débarqua à Trois-Rivières en 1888, à l'âge de vingt-quatre ans, la ville ne comptait que 8500 "âmes"; c'est le mot qu'on utilisait pour nommer les individus à cette époque. Le séminaire Saint-Joseph marquait la limite des habitations. La rue Laviolette portait encore le nom de rue des Champs. Trois-Rivières était relié à Montréal et Québec par train depuis neuf ans. Le port était bourdonnant d'activités. Le fleuve était la porte d'entrée de la ville et les hôtels attendaient les visiteurs près des quais. La communauté était si petite que chacun demeurait à quelques minutes de ses proches.

Pierre-Fortunat arrivait de Saint-Jean-sur-Richelieu après un stage d'études en Nouvelle-Angleterre. Descendu du train sur le quai de Saint-Angèle, il contemplait cette petite ville portuaire qui entassait ses maisons de pierres au bord du Saint-Laurent. Ses rêves étaient à la mesure du fleuve immense qu'il traversait.

Ce jeune homme trapu et boiteux avait peu de choses dans ses valises. Sa volonté et sa force physique allait lui ouvrir le chemin. Il allait transporter des équipements lourds et encombrants, monter sur les toits pour avoir un meilleur angle et courir le pays pour nous le montrer. Son intelligence et sa curiosité lui permettraient de faire imprimer ses images en France.

En posant le pied sur le quai, savait-il qu'il arrivait chez lui et que cette ville deviendrait sa patrie? Toute sa vie, il signerait "Pinsonneault/Trois-Rivières". Jamais "Three-Rivers" comme le voulait l'époque. Pierre-Fortunat Pinsonneault avait de la suite dans les idées.

En montant pour la première fois la rue du Platon, il ne pouvait soupçonner que cent dix ans plus tard, on lui rendrait enfin un hommage mérité mais savait-il que les émotions de ses images toucheraient toujours nos cœurs? Qu'importe, sa vie commençait au coin des Forges et Notre-Dame et il croyait à son destin.

Cet homme moderne a joué un rôle important au niveau artistique et commercial. Il a été le chroniqueur visuel de son époque. Son implication civique fut intense, notamment au Cercle Palamède qui constituait en 1900 une véritable "Maison de la culture" avec sa bibliothèque et ses activités de loisir. Pour eux, la culture était conviviale. Elle cimentait la société.

Son rôle d'éditeur et de photographe auprès des associations de citoyens a contribué au développement et à la reconstruction de la ville. Nous sommes chanceux d'avoir été précédés par des gens comme lui.

Quand Monsieur Pinsonneault est mort en 1938, cinquante ans après son arrivée, la ville comptait quarante mille habitants, presque cinq fois plus. Imaginez le changement. Il avait préservé pour nous, la senteur des bateaux de pommes, le vent sur le fleuve, la tranquillité des rues et la beauté des parcs. Il avait vu brûler sa ville et participé à sa reconstruction. Il avait vu l'implantation des usines et l'arrivée de milliers de familles à la recherche du bonheur. Il avait photographié leur jeunesse, leurs mariages et leurs enfants. Il nous a transmis leurs émotions.

2 commentaires:

Adrienne a dit…

On mesure le pouvoir de la photo en lisant ce bel hommage à Pinsonneault.
Je trouve ça très touchant et très beau.
Félicitations pour tes sujets variés et ta façon de toujours aller au coeur des choses directement sans broderie et flafla.C'est très agréable à lire.
Merci d'écrire ce blog

Audrey a dit…

On peut consulter aux Archives des Ursulines de Trois-Rivières un portrait de Joseph Ulric Dufresne à la cote MTR,2,11,3,9,903,425 portant la mention de responsabilité : P.F. Pinsonneault Photographer, Three Rivers, Que.».