jeudi 31 octobre 2013

Thérèse Gélinas ou comment fabriquer une sainte

En 1925, la canonisation de Thérèse de Lisieux (1873-1897) a créé un précédent dans l'Église catholique : une jeune personne pouvait aspirer à la sainteté sans avoir accompli de grandes actions, simplement par la prière et l'obéissance à Dieu. Cette nouvelle théologie dite de La petite voie a suscité une vague d'imitations de la vie de Thérèse de Lisieux.

La « Thérèse de Lisieux » de Trois-Rivières s'appelait Thérèse Gélinas (1925-1934). Son histoire a été racontée par le père Eugène Nadeau O.M.I. qui a écrit plusieurs biographies de religieux. Elle a été publiée par l'Oeuvre Thérèse Gélinas à Trois-Rivières en 1936, soit à peine deux ans après le décès de la fillette, morte d'une hémorragie cérébrale à l'âge de neuf ans.



Becquer le petit Jésus

Les parents de Thérèse, sa mère surtout, l'ont conditionnée très jeune à agir comme son modèle : « ils veulent que leur Thérèse dise sa foi dès le berceau, et cherchent à introduire du divin jusque dans ses premiers gestes et ses premiers bégaiements ... À dix mois : bébé sait tracer seul avec sa menotte le signe de la croix pendant que maman dit les mots...  Elle ne marchait pas encore que, déjà, se mettre à genoux lui était familier... À deux ans : des Jésus elle en voit partout : dans les médailles qu'elle porte à son cou bien en évidence et qu'elle baise au moins dix fois par jour, appelant ça « becquer le petit Jésus »... À trois ans, Thérèse récite le chapelet à la perfection. »




Jésus n'aimera pas Thérèse

Son comportement change un peu à l'extérieur de la maison : « Elle préfère à tout autre milieu l'isolement du sanctuaire familial. Elle n'aime guère prier avec d'autres que ses parents...Un jour, après la grand'messe, Thérèse, bousculée par la foule, a fait sa génuflexion le dos tourné à l'autel. Sa mère, pour éviter de la gêner, fait mine de ne pas s'en apercevoir, mais une fois à la maison lui fait remarquer : « Tu as fait ta génuflexion le dos tourné au petit Jésus, le petit Jésus n'aimera pas Thérèse. » ... « Quand ils n'écoutent pas leur maman, le petit Jésus n'aime pas les petits enfants.»  


Des miracles ?

L'organisation nommée Oeuvre de Thérèse Gélinas a été constituée pour mousser son dossier de canonisation, notamment en distribuant dans les écoles sa biographie et des images pieuses la représentant. Pour être canonisée, une personne doit non seulement avoir mené une vie exemplaire, mais aussi avoir réalisé au moins deux miracles. Or, l'Oeuvre de Thérèse Gélinas n'avait pas grand chose à offrir comme miracle. L'auteur, Eugène Nadeau, rapporte des témoignages de faveurs attribuées à l'intercession de l'enfant, mais rien qui s'approche d'un véritable miracle. Ainsi, il raconte cette anecdote au sujet d'une pièce de 25 sous :


Thérèse Gélinas a été baptisée le 19 mai 1925 à la cathédrale de l'Immaculée-Conception à Trois-Rivières. Elle était l'unique enfant d'Armand Gélinas et de  Marie-Flore Dubé. Après son décès, le  8 décembre 1934, un millier de personnes auraient défilé devant sa dépouille en chambre mortuaire. On n'entend plus parler d'elle aujourd'hui.

1 commentaire:

Jean-Louis Lessard a dit…

Pauvre petite fille! Aussi pire que les jumelles Dionne.