Joseph-Elzéar Bellemare, Histoire de Baie-Saint-Antoine dite Baie-du-Febvre 1683-1911 avec annotations de M. B. Sulte, Imprimerie La Patrie, Montréal, 1911.
"Aller au fort" serait une expression ancienne qui date des guerres franco-iroquoises. Elle viendrait de l'insécurité qui régnait en Nouvelle-France à cette époque, en particulier autour du Lac Saint-Pierre, la région la plus exposée aux raids des Iroquois.
Dans son histoire de Baie-du-Febvre publiée en 1911, l'abbé J.E. Bellemare nous explique à la page 8 l'origine de cette expression :
Dans ce temps de guerre avec les Iroquois et autres nations sauvages, tout groupe de colons un peu notable devait avoir son fort. On le construisait près de l'église ou du manoir. S'il advenait un incursion de ces ennemis féroces et sanguinaires, toute la petite colonie allait s'y blottir, surtout les femmes, les enfants et autres personnes sans défense. L'habitude de voir un fort près de l'église est tellement passée dans les moeurs de nos pères, qu'ils ont continué, même en temps de paix, à donner le nom de "fort" à tout village bâti près d'une église. Que de Canadiens disent encore : "Je vais au fort" pour "Je vais au village".
C'était raconté il y a plus de cent ans. L'expression "aller au fort" serait disparue depuis. Pour ma part, je ne l'ai jamais entendue ni lue ailleurs que dans cet ouvrage.
L'étude de J.E. Bellemare est très bien documentée et plutôt rigoureuse. Un peu de patriotisme enflammé et de bondieuseries, mais ce sont les défauts communs des travaux historiques de l'époque, en particulier de ceux qui ont été écrits par des ecclésiastiques. Bellemare a raconté plusieurs anecdotes intéressantes dans cet ouvrage. J'y reviendrai.
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