samedi 13 avril 2013

Le désert et l'ermite

On appelle Haut du Quatre les montagnes situées entre Saint-Boniface et Saint-Mathieu au bout du Quatrième rang de Saint-Boniface. L'endroit, parsemé de lacs, est généralement impropre à l'agriculture, mais on y trouve des érablières qui ont été exploitées autrefois par les habitants du rang. C'est à cet endroit qu'un groupe de felquistes s'entraînait à la guérilla à l'été 1964 (voir Des felquistes au Lac Martel).

Le désert à Martel

Le nom du lac où les felquistes s'étaient cachés vient d'un dénommé Martel qui possédait une terre adjacente au bout du Quatrième rang de Saint-Boniface. C'était la dernière terre agricole au pied des Laurentides. On disait aussi « désert à Martel » pour désigner un petit lopin qu'il avait défriché sur le bord du chemin municipal. Il y avait une grange autrefois à cet endroit. Le terme désert vient du verbe ancien déserter qui signifie défricher. Le lopin, laissé en friche pendant des décennies, est devenu une plantation de mélèzes qui a été transformée en marécage par des castors laborieux.

Juste en face du désert devenu marécage, de l'autre côté du chemin municipal, coule la décharge du Lac Lampron qui se jette dans la Rivière Blanche. Au temps des sucres, cette décharge forme une cascade qui est très jolie. À l'automne, l'endroit est excellent pour récolter le pimbina (fruit de la viorne trilobée) dont on fait une gelée.

L'ermite Mastaï

Plus haut dans la montagne, un ermite prénommé Mastaï habitait une cabane. Il avait défriché une petite prairie autour, juste assez pour nourrir un cheval et faire un petit potager. Il devait chasser pour compléter son alimentation. J'ai vu les ruines de cette cabane à la fin des années soixante-dix. Il y avait, au travers des débris de planches vermoulues, une petite table de bois qui avait été rongée par un animal, peut-être un loup. L'endroit était abandonné depuis longtemps.

Les gens que j'ai interrogés ne connaissaient pas son nom de famille. Ils l'appelaient simplement Mastaï. Ce prénom a connu une certaine popularité à la fin du dix-neuvième siècle, en même temps qu'Isaï, autre prénom biblique. J'ai dans ma banque de données généalogiques quatre Mastaï, mais ils étaient tous mariés. L'ermite devait être célibataire ou bien veuf ; peu de femmes auraient accepté de vivre dans ces conditions de pauvreté extrême en plein vingtième siècle.

On trouve non loin de là des ravines et des grottes qui ont été creusées par un ancien cours d'eau. L'une des grottes traverse complètement une colline. Un enfant peut s'y faufiler et en ressortir de l'autre côté.

 

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