Jean-Patrice Arès a publié en 1990 une thèse intitulée : "Les campagnes de tempérance de Charles Chiniquy : un des principaux moteurs du réveil religieux montréalais en 1840". On peut la trouver sur le web à cette adresse. Je ne vais pas résumer sa thèse, qui est très intéressante à lire, mais simplement faire quelques commentaires sur le mouvement de tempérance et sur l'abbé Charles Chiniquy.
Le mouvement de tempérance catholique au Québec a débuté en 1840, suivant celui des Églises protestantes du Bas-Canada qui s'est amorcé douze ans plus tôt. Selon Arès, les protestants ont orienté leur réforme "vers un discours moraliste visant l'efficacité dans le travail et la prospérité économique, les Sociétés catholiques se distingueront par un propos spécifiquement religieux, dirigé vers le renouveau national." On reconnaît bien les deux solitudes : l'économie d'un côté et la question nationale de l'autre.
Arès mentionne qu'avant ce mouvement, pendant les années 1820 et 1830, on assistait à un certain détachement dans le Bas-Canada pour les valeurs religieuses. La pratique religieuse était à son plus bas et le recrutement du clergé était difficile.
Arès mentionne qu'avant ce mouvement, pendant les années 1820 et 1830, on assistait à un certain détachement dans le Bas-Canada pour les valeurs religieuses. La pratique religieuse était à son plus bas et le recrutement du clergé était difficile.
Le mouvement de tempérance a donc permis au clergé catholique non seulement de lutter contre l'alcoolisme mais aussi d'étendre son emprise sur la société canadienne française. Rappelons que ce mouvement au Québec commence juste après l'échec de la révolte des Patriotes, échec qui avait discrédité les leaders laïcs. Le clergé a donc pu occuper l'espace laissé libre en faisant la promotion d'une idéologie de survivance nationale et religieuse.
Par ailleurs, le texte d'Arès présente une image plutôt positive de l'abbé Chiniquy (1809-1899) qui a été le principal apôtre du mouvement de tempérance au Québec avant d'être excommunié par l'Église catholique pour désobéissance, entre autres motifs. Chiniquy était un prédicateur de très grand talent mais les auteurs francophones sont généralement plutôt critiques à son égard à cause de sa personnalité et de son comportement. On sait que les autorités religieuses l'ont muté à plusieurs reprises d'une paroisse à l'autre pour couvrir des agressions sexuelles et ne l'ont finalement dénoncé qu'après son excommunication dans le but de le discéditer. Voir à ce sujet L'alcool à Yamachiche en 1851 sur ce blog.
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