Dans le secteur de la forêt en Mauricie, le mot portage a pris plusieurs significations différentes, bien que connexes. J'en ai rencontré cinq :
- Le sens premier de portage désignait le transport à dos d'homme d'une embarcation pour franchir un obstacle à la navigation comme la chute de Shawinigan ou le rapide des Hêtres.
- Au milieu du 19ième siècle, des canotiers "portageaient" des marchandises qu'ils allaient livrer dans les chantiers du Haut-Saint-Maurice. On les appelait les "portageux".
- Portage désignait aussi le sentier que les canotiers empruntaient pour franchir l'obstacle.
- Par analogie, on utilisait le même terme pour le chemin suivi par le castor pour transporter les matériaux vers sa hutte.
- On disait aussi portage pour le transport en hiver de marchandises vers les chantiers, en empruntant les rivières et les lacs gelés, avec des traîneaux à chevaux nommés sleighs.
Vers 1902, Georges Lampron de Saint-Boniface, fils d'Olivier et de Marie Caron, a fait du portage en sleigh dans les chantiers forestiers des frères Burrill. Il n'était pas le seul, plusieurs fermiers de Saint-Boniface approvisionnaient les chantiers en "portageant", notamment du foin et de l'avoine pour les chevaux. Le portage représentait pour eux un revenu d'appoint en hiver : "c'était pour se sortir du trou comme de raison" disait Béatrice, la fille de Georges.
Charles et Vivian Burrill exploitaient un gros moulin à scie à vapeur dans le troisième rang de Saint-Boniface, près de la paroisse de Sainte-Flore. Un hameau, qu'on appelait Burrill's Siding, s'était formé autour du moulin. La production de bois-d'oeuvre pouvait être expédiée à faible coût grâce au train qui passait à proximité.
(L'illustration est une peinture de Cornelius David Krieghoff.)
Voir aussi sur ce blog Les portageux et Vocabulaire de la chasse à l'orignal en Mauricie.
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