mardi 6 juillet 2010

Régionalisme et littérature

En 1993, l'historien René Verrette a fait un survol de productions littéraires des années trente qui, selon lui, doivent leur cachet particulier, sinon leur existence, aux mots d'ordre lancés par les régionalistes trifluviens. Albert Tessier avait incité les écrivains locaux à exploiter la richesse que constitue la Nature, à promouvoir l'effort tenace et illustrer l'amour du risque dans leurs récits et leurs poèmes. Clément Marchand, qui avait pris la direction du Mauricien avec Raymond Douville, faisait de son côté l'apologie d'un régionalisme plus ouvert à la réalité urbaine et d'une littérature canadienne modelée sur les écrivains célébrés par la droite française catholique ou régionaliste.

Ce survol des oeuvres littéraires qui ont été influencées par le régionalisme mauricien des années trente comprend non seulement des oeuvres d'auteurs de la région, mais aussi celles d'écrivains ou poètes de l'extérieur dont les écrits ont été inspirés par la Mauricie de cette époque. J'ai classé les auteurs mentionnés dans l'article de Verrette selon l'ordre alphabétique et ajouté quelques informations de nature biographique :


Genevoix, Maurice (1890-1980). Écrivain régionaliste du Val de Loire, il publie un roman Laframboise et Bellehumeur qui met en scène des trappeurs mauriciens. Genevoix avait visité la Mauricie en 1939 avec Albert Tessier comme guide.

Laferrière, Philippe dit Phyl. (1891-1971)  Il publie un recueil de nouvelles intitulé La Rue des Forges (Montréal, Albert Lévesque,1932).

L'Archevêque, Jeanne (1901-1998). Épouse du peintre paysagiste Rodolphe Duguay, elle fait paraître Écrin (Trois-Rivières, Le Bien public, 1934), un recueil de textes en vers et en prose illustrant des personnages trifluviens et la défense de la vie rurale.

Larkin, Sarah (1896-1988). Elle a écrit un poème Three Rivers (1934) et un roman Radisson (1938) inspirés de ses séjours en Haute-Mauricie. Cette riche américaine passait ses vacances d'hiver et d'été à son domaine du lac Clair de 1930 à 1965.

Le Franc, Marie (1879-1964). Elle a publié pendant son séjour au Canada le roman La Randonnée passionnée (1936) au sujet duquel Raymond Douville écrivait «Le Saint-Maurice fait son entrée dans la littérature française».

Marchand, Clément (1912- ) : Les soirs rouges (Trois-Rivières, le Bien Public, 1947). Les poèmes qui composent ce recueil avaient d'abord paru dans le journal Le Bien Public durant les années trente.

Olier, Moïsette pseudonyme de Corinne Beauchemin (1885-1972). Elle a  publié L'homme à la physionimie macabre (1927) qui raconte l'histoire des Forges du Saint-Maurice et qu'Albert Tessier qualifie de roman régional, de même que Le Saint-Maurice (Trois-Rivières, Le Bien Public, 1932), Cha8inigane (Trois-Rivières, Le Bien public, 1934), Étincelles (Trois-Rivières, Le Nouvelliste, 1936) et Mademoiselle Sérénité (Trois-Rivières, Le Nouvelliste, 1936), ce dernier roman ayant pour toile de fond le tricentenaire de la ville de Trois-Rivières. Un texte lui est consacré sur le site de la Société d'histoire et de généalogie de Shawinigan (ici).

Piché, Alphonse (1917- 1998) : Ballades de la petite extrace (Montréal, Fernand Pilon, 1946), un recueil de poèmes écrits à Trois-Rivières en 1939 qui évoquent la misère urbaine.

Ringuet pseudonyme du Dr Philippe Panneton (1895-1960). Natif de Trois-Rivières,  il a publié Trente arpents (Paris, Flammarion, 1938), un roman qui évoque la vie rurale mais sans complaisance aucune.

Sylvain pseudonyme du Dr Auguste Panneton, frère de Ringuet (1888-1966) : Mon petit pays (Trois-Rivières, Le Bien public, 1932), En flânant dans les portages (Trois-Rivières, Le Bien public, 1933).


(Source : Verrette, René, Le régionalisme mauricien des années trente, Revue d'histoire de l'Amérique française, vol 47, no 1, 1993, p 27-52.)

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