E.-Z. Massicotte, Sainte-Geneviève-de-Batiscan, Collection "Pages trifluviennes", Série A, no 18, Les éditions du Bien Public, Les Trois-Rivières, 1936, 127 pages.
L'historien montréalais Édouard-Zotique Massicotte (1867-1947) a publié en 1936 ce petit livre d'une centaine de pages sur l'histoire de la paroisse de Sainte-Geneviève-de-Batiscan qui était le chef-lieu du comté de Champlain. Son père était né dans cette paroisse. L'avant-propos est signé par Albert Tessier qui dirigeait la collection Pages trifluviennes. L'ouvrage comporte quelques passages intéressants, dont le récit saisissant d'une catastrophe naturelle. On trouve ce récit à la page 40 sous le titre Affreux malheur :
Le premier mai 1877, vers onze heures du matin, un éboulement se produisit sur la Rivière-à-Veillet, à un mille au nord du village de S.-Geneviève.
La partie écroulée était en bois debout ; elle avait une étendue d'environ six arpents de longueur, quatre en largeur et trente à quarante pieds en profondeur.
Cette masse de terre, en tombant dans le lit étroit de la rivière souleva une vague de trente pieds de hauteur qui alla s'abattre quelques arpents plus bas, sur le moulin de Xavier Massicotte et le détruisit complètement.
Au moment de l'éboulement, M. Jean Cloutier causait sur la chaussée du moulin avec M. Massicotte. M. Cloutier fut emporté par la vague et disparut, mais le meunier Massicotte put se cramponer à un poteau et sauver sa vie.
Dans le moulin, il y avait six personnes : Samuel lanouette, sa femme, trois enfants, puis Ferdinand Gervais. Tous furent entraînés avec les débris; cependant les sieurs Lanouette et Gervais projetés sur le rivage sans connaissance purent être ranimés. La catastrophe avait causé la mort de cinq personnes. La nouvelle du sinistre se répandit partout, et bientôt, tant de S.-Geneviève que des paroisses voisines, au-delà de mille personnes accoururent.
Environ deux cents d'entre elles se mirent à faire des fouilles dans les décombres. On retira d'abord le corps d'un enfant, le lendemain celui d'un autre enfant et, le trois mai, les corps de dame Lanouette et de M. Cloutier. La cinquième victime, une petite fille de six semaines, ne put être retrouvée.
Le curé Noiseux, de S.-Geneviève, le curé Roberge, de S.-Prosper, et le curé Gouin, de S.-Anne, assistèrent aux fouilles et contribuèrent à entretenir le courage et l'ardeur des travaillants.
Par ce désastre, Samuel Lanouette perdait ses trois enfants et sa femme, Célanire Romaré, agée de 21 ans seulement.
La famille Cloutier éprouvait une perte douloureuse. Jean Cloutier, cultivateur âgé de 58 ans, était maire de S.-Prosper. Quatre de ses filles étaient religieuses et deux de ses fils étaient prêtres. L'un des deux devint évêque des Trois-Rivières, l'autre fut curé de Champlain."
Ajout du 20 novembre 2010 : Massicotte a grandement sous-estimé la progéniture de Jean Cloutier. Il a eu, avec sa deuxième femme Olive Rivard-Lacoursière, 14 enfants qui ont atteint l'âge adulte parmi lesquels on trouve 11 membres du clergé, soit 3 prêtres dont un évêque et 8 religieuses dont une supérieure de la Congrégation de Notre-Dame. Je crois bien que c'est un record pour un couple. Voir sur ce blog Le destin de Jean Cloutier.
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