dimanche 14 octobre 2012

De faux centenaires

Louis-Solyme Caron et Josephte Lacerte
Mis à jour le 22 septembre 2014

Je ne connais pas de véritable centenaire au Québec avant 1950. L'hygiène, la médecine et les conditions de vie ne le permettaient pas. N'empêche qu'on trouve dans les registres plusieurs sépultures de supposés centenaires. Ce sont des exagérations de la part des familles qui tiraient fierté de la longévité de leur parent.

Je me fais ici un petit aide-mémoire pour noter tous les faux centenaires que je rencontre dans mes recherches. Je le compléterai au fur et à mesure de mes découvertes.

Curieusement, c'est surtout aux hommes que l'on prêtait une longévité exagérée, alors que ce sont les femmes qui vivent le plus longtemps. Je crois que c'était dû à l'importance que l'on accordait à la force physique dans la société rurale traditionnelle. La longévité attribuée au grand-père démontrait la vigueur des hommes de la famille.

Cadieux dit Courville, Charles (c1728-1715). Son acte de sépulture du 9 août 1715 à Beauport mentionne qu'il était âgé de 100 ans. Selon le Dictionnaire Jetté, le recensement de 1667 lui donnait 38 ans et celui de 1681, 53 ans. Il serait donc né vers 1628 et mort à 87 ans, ce qui était un âge canonique au XVIIIe siècle.

Paquet dit Lavallée, Jean-Baptiste (1711-1794). À ses funérailles, le 24 octobre 1794 à Yamachiche, l'officiant a écrit dans le registre qu'il est mort à l'âge de 100 ans.  Il avait en réalité seulement 83 ans, mais ses quatre mariages l'avaient peut-être usé prématurément (voir sur ce blog : Usé par la vie). Jean-Baptiste Paquet-Lavallée, fils de Charles et de Jeanne Coulombe, est né le 23 janvier 1711 à Beaumont. 

Payant dit Saintonge, Abraham (1800-1894). Il portait bien son prénom. Dans l'acte de sépulture daté du 3 décembre 1894 à Saint-Pierre de Val-Brillant, on lui donnait l'âge de "cent un an et trois mois". Ses parents se sont mariés le 30 juillet 1798 à La Pocatière. Il avait donc au maximum 95 ans. Au recensement de 1891 à Saint-Pierre, district de Rimouski, il se disait âgé de 91 ans, ce qui lui donnerait 94 ans à son décès. Ce fût sûrement un des hommes les plus âgés du XIXe siècle au Québec.

Plante, Pierre (1778-1869). Selon son acte de sépulture, le 9 août 1869 à Saint-Antoine de l'Isle-aux-Grues, il serait né à Saint-Michel de Bellechasse, fils de Françoise Bolduc. Le curé a écrit dans le registre qu'il était mort à environ 110 ans, ce qui situerait sa naissance vers 1759, l'année de la prise de Québec. Pierre Plante se disait âgé de 91 ans au recensement de 1851 à l'Isle-aux-Grues, et de 108 ans à celui de 1861 (naissance en 1753). Un article publié dans le Courrier du Canada, le 11 août 1869, le disait âgé de 120 ans à son décès (naissance en 1849). Le blog Patrimoine, Histoire et Multimédia lui a consacré cet article.

J'ai trouvé le mariage d'une Françoise Bolduc avec un dénommé Louis-Marie Plante le 11 novembre 1768 à Saint-Vallier-de-Bellechasse. Ils ont un fils prénommé Pierre le 25 septembre 1778 à Saint-Michel de Bellechasse. Il serait donc décédé à l'âge de 90 ans et non pas 110.

Thibault, Michel (c1629-1715). Dans l'acte de sépulture daté du 16 février 1715 à Saint-Augustin, il est dit âgé de 100 ans et 3 mois et demie. Selon Jetté, il a déclaré être âgé de 35 ans en 1664, 35 ans en 1667, et 40 ans en 1681. Il serait donc né en 1629, 1632 ou 1641, ou n'importe quelle autre année. Il ignorait probablement son année de naissance. Si l'on considère l'année de naissance la plus ancienne de ses trois déclarations, soit 1629, il serait décédé à l'âge de 86 ans.

Aucun commentaire: