Monsieur Serge Fournier, professeur au Cégep de Shawinigan, a publié en 1985 une étude sur le vocabulaire utilisé par les chasseurs d'orignaux de la Mauricie. L'étude est basée sur les témoignages de vingt chasseurs et trappeurs expérimentés qui ont passé la plus grande partie de leur existence en Mauricie. La plupart sont nés entre 1900 et 1930.
Il y a des anglicismes (ex : buck, swamp), des emprunts aux langues amérindiennes (moskeg, ouache), des termes qui viennent des anciens dialectes de France (étrette, forçures), de même que des innovations québécoises (portager, tondreux).
En voici quelques exemples :
En voici quelques exemples :
Amourettes : testicules des animaux
Arrachis : arbres arrachés par le vent
Babiches : lèvres de l'orignal
Coureur des côtes : chasseur d'orignal
Dur : foie des animaux
Étrette : rétréci, passage étroit sur un lac
Forçures : gros viscères d'un animal
Frontière : courroie qui s'appuie sur le front pour porter la venaison
Gorgoton : gosier des animaux
Moskeg : marécage
Ouache : cache du chasseur
Portager : transporter à dos d'hommes
Ouache : cache du chasseur
Portager : transporter à dos d'hommes
Reinquiers : bas du dos, épine dorsale des animaux
Repoussis : aire de la fôret en regénération
Savane : herbes longues en milieu marécageux
Tondreux : glandes du castor utilisées pour attirer le gibier
La prononciation ette dans étrette (étroit) est très ancienne. Selon l'auteur, elle viendrait du Moyen-Âge dans la région de Paris. On la retrouve aussi au Québec dans frette (froid) et drette (droit).
Les chasseurs disaient "baiser le cul de la vieille" quand ils revenaient bredouille de la chasse. La même expression était utilisée pour signifier qu'une personne avait perdu à un jeu de cartes sans faire une seule levée. Les chasseurs qui n'avaient pas tué disaient aussi "faire un voyage blanc" ou encore "manger du steak de pistes".
Beaucoup de ces mots ou expressions sont aujourd'hui rarement employés ou en voie de disparition; on ne les trouve pas dans les dictionnaires du parler québécois actuel. J'en ai retrouvé plusieurs dans le Glossaire du parler français au Canada qui a été publié en 1930 par la Société du parler français au Canada et qui a été mis en ligne par Monsieur Mario Lemoine (ici). Le même site héberge aussi deux dictionnaires encore plus anciens : le Glossaire franco-canadien et vocabulaire de locutions vicieuses utilisées au Canada d'Oscar Dunn qui a été publié en 1880, de même que le Dictionnaire canadien-français de Sylva Clapin qui date de 1894.
1 commentaire:
Attention. «Le Glossaire du parler français» a été édité en 1930, ce n'est donc pas un dictionnaire et il n'est pas actuel. C'est un valeureux, et très utile, témoin de la langue rurale du tout début du XXe siècle. Si ma mémoire est bonne, les enquêtes lexicologiques ont été effectuées entre 1912 et 1918. Marcel Juneau, un de nos meilleurs linguistes, a déjà publié une analyse critique fort intéressante sur cet ouvrage. Il y fait ressortir ses qualités indéniables, mais aussi ses manques, surtout quand on considère les renseignements sur l'étymologie des faits lexicaux. M. Juneau étudie aussi le Dunn (1880), le Clapin (1894) et le Dionne (1909). Pour un ouvrage de référence fiable, il faut consulter le «Dictionnaire historique du français québécois» (1998) de Claude Poirier et de l'Équipe du TLFQ. Il ne serait pas mauvais, non plus, de fouiller le «Dictionnaire du français québécois» (1985) dirigé par Claude Poirier, Marcel Juneau et al. Finalement, les études que je fais sur Internet ne me semblent pas dénuées d'intérêt (http://suite101.fr/article/mots-du-quebec-dict-diff-partie-86--mariage-a-la-gaumine-a36540#axzz2LpqzKoyy).
Cordialement,
Serge Fournier
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