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dimanche 21 avril 2013

La voix Nationale : la mission

J'ai trouvé dans mes vieux papiers deux numéros mensuels de la revue La voix Nationale : celui d'août 1952 et celui de février 1953. Le nom de l'abonné était Lucien Tétreau de Victoriaville.

La mission de cette revue était de resserrer les liens entre les Canadiens français partout en Amérique. Les couvertures montrent des photos de bébés sur un arrière-plan tapissé de feuilles d'érable et de fleurs-de-lys, symboles de l'identité nationale. Je crois que les photos de bébés symbolisaient l'avenir des Canadiens français.

Le format des deux exemplaires était de 35 cm par 25 cm, trop grand pour un classeur normal. Ils ont été imprimés par L'imprimerie de l'Écho de Saint-Justin, qui appartenait à la famille Gagné de Saint-Justin de Maskinongé.


Numéros d'août 1952 et de février 1953

La Voix Nationale a été publiée pendant quarante ans, de 1926 à 1966. Cette revue mensuelle était l'organe des missionnaire-colonisateurs qui recrutaient des colons francophones et catholiques pour peupler l'Ouest canadien. Ces missionnaires étaient envoyés par les évêques du Manitoba, de la Saskatchewn et des Territoires du Nord-Ouest. Ils cherchaient des agriculteurs au Québec, mais aussi en France, en Belgique et en Suisse. Quelques villages ont été fondés par des colons européens recrutés de cette façon, au début du vingtième siècle.

Quand il est devenu évident que la bataille pour un Ouest francophone et catholique était perdue, La Voix Nationale s'est recentrée sur la colonisation de l'Abitibi : « Incontestablement, l'Abitibi reste l'unique débouché d'importance pour le surplus des ruraux des vieilles paroisses désireux de s'établir sur une terre ». Elle est alors devenue l'organe des sociétés de colonisation du Québec, tout en continuant à s'intéresser aux francophones hors-Québec.

La fin de la revue a coïncidé avec la baisse de la pratique religieuse, mais aussi avec l'éclatement de l'identité nationale canadienne française. L'affirmation des identités nationales québécoise et acadienne laissait orphelines les autres communautés francophones d'Amérique, fortement minoritaires.

Finalement,  La Voix Nationale a été absorbée en 1966 par Actualité, la revue des Jésuites.

lundi 17 décembre 2012

Vivre pour survivre

Paul-Henri Lavoie agronome, Vivre pour survivre, L'Imprimerie Générale de Rimouski Limitée, Rimouski, 1946, 92 pages.

On croirait que c'est une erreur, un anachronisme. Mais non, cette brochure a vraiment été publiée en 1946. Elle préconise l'ouverture de nouvelles terres à la colonisation et nous apprend comment survivre, dans des conditions misérables, grâce à une agriculture de subsistance.

Paul-Henri Lavoie était agronome au Ministère de la colonisation du Québec. Pour l'essentiel, son manuel du parfait colon aurait pu être écrit au XIXe siècle. Fondé en 1888, le ministère de la Colonisation a survécu à la Révolution tranquille et n'a été aboli qu'en 1973. Son action était soutenue par les autorités religieuses.

On peut lire dans la préface :
« Le colon qui peine sur son lot, même qui mange de la misère, peu porter haut le front, s'enorgueillir de son rôle admirable et digne entre tous ! Il a le droit d'envisager fièrement l'avenir. Les générations futures n'auront certainement pas à rougir de lui ! Car quels que soient les tracas, les peines, les épreuves, les difficultés, les misères du moment présent, rien n'est plus héroïque, rien n'est plus glorieux que VIVRE POUR SURVIVRE. »
Le ministère de la Colonisation s'est illustré dans les années 1935, au sortir de la Grande Dépression, en envoyant des familles défricher des terres peu propices à l'agriculture en Abitibi et en Gaspésie. C'était le Plan Vautrin, du nom du ministre de la Colonisation de l'époque. Mes grands-parents maternels s'étaient établis à Landrienne en Abitibi. La plupart des paroisses qui ont été crées par ces colons du XXe siècle sont fermées aujourd'hui.

Vivre pour survivre contient des informations intéressantes sur l'histoire de la colonisation au Québec. On y apprend notamment que, de 1898 à 1944, neuf congrès de colonisation ont eu lieu dans différentes régions du Québec. Le denier a eu lieu à Montréal les 10 et 11 avril 1944. À cette occasion, le père jésuite Archambault, président des Semaines sociales du Canada, a prononcé un discours qui explique pourquoi l'Église catholique attachait une telle importance à la colonisation :
« Notre groupe ethnique ne résistera aux forces liguées contre lui que par sa propre vitalité, continue le R. P. Archambault. Il puisera sa vigueur en premier lieu dans une forte natalité. Or, notre accroissement numérique est lié à la terre, car la ville ne favorise pas le capital humain. Elle est une mangeuse d’hommes, destructrice à la fois des corps et des âmes. Pour que la famille puisse grandir et prospérer, il lui faut la saine atmosphère de la campagne, la nourriture substantielle et frugale de la ferme, le repos loin du bruit, des odeurs empoisonnantes et des amusements délétères des grands centres.

Les campagnes sont le réservoir, la pépinière de notre nationalité. Mais à mesure que les familles croissent, l’espace alentour d’elles diminue et il faut de toute nécessité s’éloigner du sol natal et aller s’établir ailleurs. La terre ne manque pas chez nous et un magnifique domaine encore inexploité n’attend que le travail des hommes pour se transformer en paroisses prospères et augmenter ainsi notre nombre et notre influence. Susciter ce travail, le faciliter, le soutenir, telle est l’œuvre de la colonisation. »

Voir aussi sur ce blog : Notre mère la terre.