Empêchement dirimant : une façon savante de dire que le mariage n'a pas été consommé par les époux. En Nouvelle-France, un mariage pouvait être annulé pour ce motif.
Dans À travers les registres publié en 1886, Cyprien Tanguay nous présente un tel cas, en date du 24 octobre 1663 :
Dans À travers les registres publié en 1886, Cyprien Tanguay nous présente un tel cas, en date du 24 octobre 1663 :
Dans ce cas-ci, il est possible que le mariage n'ait pas été consommé parce que la mariée n'était pas encore pubère. Marguerite Crevier, fille de Christophe Crevier dit Lameslée et de Jeanne Évard, avait entre 12 et 15 ans lors de son mariage avec Jacques Fournier le 14 mai 1657 à Trois-Rivières. On ne connait pas la date de sa naissance, mais selon diverses sources (recensement de 1667, acte de mariage et acte de sépulture), Marguerite Crevier serait née entre 1642 et 1645. Son mari, Jacques Fournier avait 24 ans.
Après l'annulation du mariage en 1659, Marguerite est retournée vivre chez ses parents. Puis, le 28 août 1660, Jacques Fournier a demandé et obtenu du tribunal que sa femme lui soit rendue : "ladite fille fut remise avec lui pour trois mois afin de voir si la consommation de leur mariage s'en suivrait". L'épreuve n'ayant pas réussi, ils se séparèrent de nouveau. Les deux conjoints se sont ensuite remariés et ont eu des enfants chacun de leur côté. Il s'agissait donc d'un cas d'incompatibilité et non pas d'impuissance.
Après l'annulation du mariage en 1659, Marguerite est retournée vivre chez ses parents. Puis, le 28 août 1660, Jacques Fournier a demandé et obtenu du tribunal que sa femme lui soit rendue : "ladite fille fut remise avec lui pour trois mois afin de voir si la consommation de leur mariage s'en suivrait". L'épreuve n'ayant pas réussi, ils se séparèrent de nouveau. Les deux conjoints se sont ensuite remariés et ont eu des enfants chacun de leur côté. Il s'agissait donc d'un cas d'incompatibilité et non pas d'impuissance.
Marguerite s'est remariée en 1663. Elle et son deuxième mari Michel Gamelin ont été impliqués dans un trafic d'eau-de-vie avec les Amérindiens à Trois-Rivières (voir Madame de la Meslée trafiquante d'eau de vie sur ce blog). Ils ont été dénoncés pour ce délit mais jamais condamnés. La famille Crevier avait beaucoup d'influence dans la société trifluvienne parce que Jeanne, la soeur aînée de Marguerite, avait épousé Pierre Boucher, qui fut gouverneur des Trois-Rivières.
Au début de la Nouvelle-France, il y avait une pénurie de femmes et il n'était pas rare que de très jeunes filles se marient. Dans un message précédent, j'ai relevé les mariages de deux filles de 11 ans qui se prénommaient aussi Marguerite (voir La mariée avait onze ans sur ce blog). De tels mariages ont été célébrés même si l'âge minimal légal était de 12 ans pour les femmes. Il était convenu qu'il fallait attendre que la mariée ait ses règles avant de cohabiter.
Cette notion de consommation est encore très présente dans certaines sociétés où les mariages sont arrangés par les familles, notamment dans le monde musulman. Si j'ai bien compris, le Coran et la Charia prévoient des dispositions à ce sujet.
Sources :
- Benjamin Sulte, La famille Crevier, Revue canadienne, volume 22, Prendergast et Cie, Propriétaires Imprimeurs, Montréal, 1886.
- Cyprien Tanguay, À travers les regstres, Librairie Saint-Joseph, Cadieux et Derome, Montréal, 1886.
Au début de la Nouvelle-France, il y avait une pénurie de femmes et il n'était pas rare que de très jeunes filles se marient. Dans un message précédent, j'ai relevé les mariages de deux filles de 11 ans qui se prénommaient aussi Marguerite (voir La mariée avait onze ans sur ce blog). De tels mariages ont été célébrés même si l'âge minimal légal était de 12 ans pour les femmes. Il était convenu qu'il fallait attendre que la mariée ait ses règles avant de cohabiter.
Cette notion de consommation est encore très présente dans certaines sociétés où les mariages sont arrangés par les familles, notamment dans le monde musulman. Si j'ai bien compris, le Coran et la Charia prévoient des dispositions à ce sujet.
Sources :
- Benjamin Sulte, La famille Crevier, Revue canadienne, volume 22, Prendergast et Cie, Propriétaires Imprimeurs, Montréal, 1886.
- Cyprien Tanguay, À travers les regstres, Librairie Saint-Joseph, Cadieux et Derome, Montréal, 1886.
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