lundi 20 août 2012

La mariée avait onze ans

Une grave pénurie de filles à marier sévissait en Nouvelle-France avant l'arrivée des filles du roi. Les hommes se pressaient de réserver les quelques filles disponibles avant que d'autres ne les prennent. Une stratégie pour devancer la concurrence était de s'engager auprès d'une jeune fille avant qu'elle soit pubère, quitte à attendre quelques années pour consommer le mariage.

Voici deux exemples de très jeunes filles qui ont été mariées à cette époque de pénurie : Marguerite Couillard et Marguerite Sédilot.

Marguerite Couillard

Marguerite Couillard est née le 10 août 1626 à Québec. Elle était donc âgée de onze ans et deux mois lors de son mariage avec Jean Nicolet, le 7 octobre 1637 à Québec. Nicolet avait près de quarante ans. Ils n'ont pas attendu bien longtemps pour consommer le mariage. Marguerite a eu son premier enfant vers décembre 1639, à l'âge de treize ans. L'acte de baptême de cet enfant prénommé Ignace est perdu, mais on sait qu'il était âgé d'un an à son décès en décembre 1640.

À ce rythme, une femme pouvait être grand-mère très jeune. Marguerite Couillard l'a été à l'âge de trente ans, le 10 mars 1657, quand sa fille aînée a accouché de son premier enfant. Cette fille, Marguerite Nicolet, s'est mariée le 9 juillet 1656, à l'âge de quatorze ans. Son mari, Charles LeGardeur de Repentigny, avait vingt-cinq ans.

Marguerite Sédilot

Marguerite Couillard n'est pas un cas unique. Marguerite Sédilot, née le 4 avril 1643 à Québec, s'est mariée à l'âge de onze ans et demie le 19 septembre 1654 à Trois-Rivières. Son mari, Jean Aubuchon, était âgé de 22 ans. Leur mariage a dû être réhabilité l'année suivante parce qu'il avait été déclaré nul par défaut d'âge requis. Marguerite Sédilot a eu son premier enfant le 7 août 1660, à l'âge de dix-sept ans.

Le marchand Jean Aubuchon a été retrouvé assassiné dans son lit le 3 décembre 1685 à Montréal. Il avait été égorgé. Marguerite a été soupçonnée dans cette affaire mais n'a pas été accusée.

Une autre stratégie

Une autre stratégie, pour ceux qui ne trouvaient pas de femme en Nouvelle-France, était de prendre une épouse amérindienne lors des voyages de traite dans les Pays-d'en-Haut. Avant son mariage avec Marguerite Couillard, Jean Nicolet avait déjà une « fille naturelle » prénommée Euphrosine d'une union avec une Nipissirienne rencontrée dans la région des Grands Lacs (voir Suis-je un Métis ? sur ce blog).

L'équilibre démographique s'est rétabli entre 1663 et 1673 avec l'arrivée en Nouvelle-France de près de 800 filles du roy.

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