mardi 23 août 2011

Duplessis jeune


Maurice Duplessis et ses soeurs vers 1896
En 1909, Maurice Duplessis, alors âgé de 19 ans, était étudiant au Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières. Il était déjà reconnu pour son talent d'orateur. En juin de cette année, on lui a demandé de prononcer le discours d'adieu à l'intention des finissants lors de la « séance de sortie » qui marquait la fin de l'année scolaire et le retour des pensionnaires dans leurs familles.

Déjà à cet âge, Duplessis affichait des opinions ultra-conservatrices typiques de l'idéologie de survivance du vieux nationalisme canadien-français, toujours sur la défensive. Il prônait la suprématie du clergé sur la société laïque et mettait ses camarades en garde contre les dangers des idées libérales. On peut lui reprocher bien des choses, mais pas d'avoir été incohérent dans sa pensée politique. Il a défendu les mêmes idées jusqu'à la fin de sa vie. Voici un extrait de ce discours du jeune Duplessis:
Certes, mesdames et messieurs, nous connaissons les dangers de l'époque actuelle, parce qu'on nous les a signalés, et ceux qui, tout-à-l'heure, seront arrivés au terme de leur carrière collégiale, en possèdent une connaissance plus complète encore : Aussi bien, pour ne pas faillir à la tâche, s'inspirant des mâles exemples et des salutaires préceptes des fondateurs, les Cooke, les Laflêche et les Richard, dont les noms chers à tous doivent réveiller dans cet auditoire de sympathiques échos, seront-ils avant tout catholiques de nom et d'action. Les succès et les honneurs ne seront jamais capables de diminuer chez eux l'ardeur à défendre les droits de l'Église et, « toujours jeunes, toujours ardents, ils passeront à côté des blasés et des indifférents comme des soldats qui vont au feu pour Dieu et la Patrie ». Aux hommes qui veulent confiner le prêtre dans la sacristie pour en faire un hibou suivant le désir de Voltaire et de Frédéric II de Prusse, ils rappelleront l'inlassable dévouement et les bienfaits inappréciables de notre clergé à l'endroit du peuple canadien-français, puis ils répondront avec Lacordaire que « le prêtre vient de Dieu qui est en tout et que rien ne lui est étranger, parce que rien n'est étranger à Dieu. »
L'extrait est tiré d'un article qui a été publié dans le journal Le Bien Public de Trois-Rivières le 29 juin 1909. On le trouve dans la collection numérique de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

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