Mis à jour le 16 mai 2016
Au début du vingtième siècle, les préjugés raciaux étaient ancrés dans la littérature populaire et dans les médias d'information. Les lecteurs ne s'en formalisaient pas.
Peter Sellers en Fu Manchu |
Le personnage de roman Fu Manchu a été créé par le l'auteur britannique Sax Rohmer en 1912. Il incarnait le stéréotype de l'Asiatique perfide et cruel qui faisait planer sur l'Occident la menace du Péril Jaune. L'Ombre jaune des Bob Morane, le Docteur No des James Bond et même le Docteur Terreur d'Austin Powers sont en quelque sorte les héritiers de Fu Manchu.
À la même époque, en 1909, on trouve dans le journal Le Bien Public de Trois-Rivières un article qui nous explique, le plus sérieusement du monde, que les traits caractéristiques des Chinois, soit les yeux bridés, la « peau jaune » et même les ongles longs sont dus à leur consommation d'opium. Je reproduis ici le texte en question :
L'opium pernicieux mongolise
« Aux propriétés si pernicieuses de l'opium, il faut en ajouter une assez singulière : l'usage immodéré de ce poison « mongolise » si on peut dire ceux qui s'y adonnent.
Sans jamais avoir été en Chine, les fumeurs d'opium finissent par avoir un certain alourdissement des paupières qui donnent à leur regard cette obliquité particulière à l'oeil de l'Extrême Orient. Leur peau tendue fermement sur un squelette de tête devient jaune olivâtre et parcheminée, les pommettes sont saillantes, les yeux bridés, toutes les caractéristiques enfin de la race jaune.
On doit cependant à la vérité de dire que les ongles, à l'opposé de ceux des Chinois, sont rongés jusqu'à la moelle.
Mais peut-être ne faut-il voir là chez ces fumeurs que l'indice d'une dégénérescence plus grande ? Chacun sait en effet que les Chinois prennent un soin extrême de leurs ongles et s'ils les protègent ainsi, c'est qu'ils ont dû éprouver le besoin de les protéger. Les étuis d'argent où il les enferment ne sont donc destinés qu'à combattre la hantise qu'ils pourraient avoir de se ronger les doigts. »
Cet article a été publié dans le journal Le Bien Public du 2 juillet 1909. Il est disponible dans la collection numérique de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
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