vendredi 22 avril 2011

Le premier-né de Yamachiche

Dans un pays de colonisation, la naissance d'un premier enfant est un événement important. En 1704, Yamachiche ne comptait que quelques familles nouvellement établies à l'embouchure des rivières sur le bord du Saint-Laurent. Il y avait des Lesieur et des Gélinas, dont les descendant se sont disputé l'honneur d'appartenir à la plus ancienne famille du lieu. Deux historiens de Yamachiche, François Lesieur-Desaulniers et Raphaël (Gélinas-)Bellemare ont entretenu une polémique à ce sujet, chacun soutenant que sa propre famille était arrivée la première.

Photo : Adrienne

Dans Les vieilles familles d'Yamachiche publié en 1898, François  Lesieur-Desaulniers écrit "les membres de la famille Lesieur-Desaulniers seront heureux de lire ce qui suit :
"L'enfant que l'on présente sur les fonds baptismaux est Marie-Françoise Lesieur, fille de Charles Lesieur (les registres disent Pierre) et de Marie-Charlotte Rivard. On est au 4 mai 1705, mais l'enfant est né le premier novembre 1704 ; il a été ondoyé, à la maison paternelle. En y réfléchissant, nous nous rendons bien compte de ce qui s'est passé : l'enfant est né aux jours froids de l'automne, et ce n'est qu'aux premiers beaux jours du printemps, et à l'ouverture de la navigation, qu'il a été possible de le porter aux Trois-Rivières, pour faire suppléer les cérémonies du baptême et pour faire entrer son nom aux registres.
 
Marie-Francoise Lesieur est la première enfant qui soit née à Yamachiche."

D'après mes notes tirées du registre de Trois-Rivières, le premier-né de Yamachiche était plutôt un Gélinas. En effet, on trouve en date du 19 octobre 1704 : 
"Baptême d'Étienne Gélinas, à la maison à Agmachiche, sous condition, ondoyé en cas de nécessité par Pierre Gélinas, né le 8 du même mois, fils d'Étienne Gélinas et de Marguerite Benoist."
Le petit Gélinas est donc arrivé 3 semaines avant la petite Lesieur. L'honneur familial est ainsi partagé : le premier garçon aux Gélinas et la première fille aux Lesieur.

Ces actes de baptême montrent bien l'isolement dans lequel se trouvaient les premiers colons de Yamachiche en 1704. Étienne, né le 8 octobre, a été baptisé 11 jours plus tard à Trois-Rivières, tandis que Marie-Françoise, née le 1er novembre, n'a été baptisée que 6 mois plus tard à Trois-Rivières.  Qu'est-il arrivé entre le 19 octobre et le 1er novembre 1704 ? Probablement la neige et la glace qui ont interrompu la navigation côtière sur le fleuve Saint-Laurent, isolant les premiers habitants de Yamachiche du reste de la colonie pendant 5 ou 6 mois.

4 commentaires:

Jean-Louis Lessard a dit…

Ça faisait lontemps que je n'avais pas entendu l'expression : "Un enfant a été ondoyé..." Quand même, pas mal!

Alain Saintonge a dit…

On ondoyait l'enfant quand on craignait qu'il meurt avant d'avoir été baptisé par un prêtre. L'Église enseignait que l'enfant mort sans baptême allait dans les limbes, une région située quelque part entre l'enfer et le paradis. Je crois que c'était pour faire peur aux parents qui tardaient à faire baptiser leur enfant.

Hervé a dit…

Un enfant nouvellement né est ondoyé lorsqu'il "est en danger de mort", c'est un acte de baptême temporaire qui peut être administré par n'importe quel chrétien (membre de la famille, sage-femme, médecin, ou autre personne ayant aidé l'enfant à naître), tout ceci pour en effet que l'enfant soit porté à l'église et devienne un bon chrétien et comme dit Le Flâneur, faire peur aux parents. Jean-Louis aura appris quelque chose j'en suis sûr.

Hervé a dit…

il aurait été intéressant de voir le registre original numérisés par les mormons dans son entier, dommage qu'il ait été abîmé (celui de Drouin est la copie manuscrite) juste pour voir l'orthographe de Yamachiche. Sur le registre Drouin je lis Ogmachiche. Étienne Gélinas est dans l'arbre de ma fille.
À quand la fin de chicane à propos de l'origine du nom Gélinas ?