jeudi 25 novembre 2010

Le Rapide Blanc (chanson)

Oscar Thiffault (1912-1998) a écrit la chanson Le Rapide Blanc en 1935 alors qu'il travaillait à la construction du barrage du même nom sur la rivière Saint-Maurice. Il l'a enregistrée en 1954. On pourrait qualifier Le Rapide Blanc de chanson de chantiers au même titre que Des mitaines pas de pouces en hiver (ici). Cette chanson traite, à mots couverts, d'un sujet tabou : la sexualité. Remarquez l'usage du verbe fortiller, une fusion de frétiller et tortiller, qui signifiait se trémousser ou remuer en parlant de la queue d'un chien.

La chanson a été reprise par plusieurs interprètes, parfois en supprimant le fameux "la wingnan-en-en" qui pourrait venir d'une langue amérindienne. Denise Filiatrault en a fait une version yéyé en 1962. Le groupe Beau Dommage l'a enregistrée en spectacle au Forum de Montréal en 1984. Voici les paroles :

LE RAPIDE BLANC

Le bonhomme est à la porte
La wingnan-en-en (bis)
La bonne femme lui demande
Ce qu'il voulait-ait
Ce qu'il souhaitait-ait
Ah ! Je voudrais madame
J'voudrais bien entrer

Ah ben ! a dit : Entre donc ben hardiment
Mon mari est au Rapide Blanc
Y a des hommes de rien qui entrent, qui entrent
Y a des hommes de rien qui entrent et qui n'font rien-en.

Après qu'il fut entré
La wingnan-en-en (bis)
La bonne femme lui a d'mandé
Ce qu'il voulait-ait
Ce qu'il souhaitait-ait
Ah ! Je voudrais madame
J'voudrais ben m'chauffer

Ah ben ! a dit : Chauffe-toi donc ben hardiment
Mon mari est au Rapide Blanc
Y a des hommes de rien qui s'chauffent, qui s'chauffent,
Y a des hommes de rien qui s'chauffent et qui n'font rien-en.

Après qu'il se fut chauffé
La wingnan-en-en (bis)
La bonne femme lui a d'mandé
Ce qu'il voulait-ait
Ce qu'il souhaitait-ait
Ah ! Je voudrais madame
J'voudrais ben manger

Ah ben ! a dit : Mange-donc ben hardiment
Mon mari est au Rapide Blanc
Y a des hommes de rien qui mangent, qui mangent
Y a des hommes de rien qui mangent et qui n'font rien-en.

Après qu'il eut mangé
La wingnan-en-en (bis)
La bonne femme lui a d'mandé
Ce qu'il voulait-ait
Ce qu'il souhaitait-ait
Ah ! Je voudrais madame
J'voudrais ben m'coucher

Ah ben ! a dit : Couche-toi donc ben hardiment
Mon mari est au Rapide Blanc
Y a des hommes de rien qui s'couchent, qui s'couchent,
Y a des hommes de rien qui s'couchent et qui n'font rien-en.

Après qu'il fut couché
La wingnan-en-en (bis)
La bonne femme lui a d'mandé
Ce qu'il voulait-ait
Ce qu'il souhaitait-ait
Ah ! Je voudrais madame
J'voudrais ben vous embrasser

Ah ben ! a dit : Embrasse-moi donc ben hardiment
Mon mari est au Rapide Blanc
Y a des hommes de rien qui m'embrassent, qui m'embrassent,
Y a des hommes de rien qui m'embrassent et qui n'font rien-en.

Après qu'il l'eut embrassée
La wingnan-en-en (bis)
La bonne femme lui a d'mandé
Ce qu'il voulait-ait
Ce qu'il souhaitait-ait

Ah ! Je voudrais madame
J'voudrais ben fortiller
Ah ben ! a dit : Fortille-donc ben hardiment
Mon mari est au Rapide Blanc
Y a des hommes de rien qui fortillent, qui fortillent,
Y a des hommes de rien qui fortillent et qui n'font rien-en.

Après qu'il eut fortillé
La wingnan-en-en (bis)
La bonne femme lui a d'mandé
Ce qu'il voulait-ait
Ce qu'il souhaitait-ait

Ah ! Je voudrais madame
J'voudrais ben m'en aller
Ah ben ! a dit : Sacre ton camp ben hardiment
Mon mari est au Rapide Blanc
Y a des hommes de rien qui s'en vont, qui s'en vont,
Y a des hommes de rien qui s'en vont et qui n'font rien-en.


4 commentaires:

Jean-Louis Lessard a dit…

C'était la chanson préférée de mon père et de bien des hommes de l'époque, je crois. Pour mon beau-père, du "Rapide blanc", c'était du baloné. Je ne comprends pas l'association. Je pense que les hommes aimaient bien l'audace qu'on y trouve. Les curés, probablement un peu moins. Un jour, en Suisse, un prof d'allemand m'a demandé si je connaissais "Le Rapide blanc". Je ne pus que lui dire non. Il me regarda, éberlué. En fait pour nous, la chanson s'intitulait : "Aouininhin".

Alain Saintonge a dit…

Ce genre de chanson était populaire à l'époque à cause des interdits. C'était un peu comme le sacre. Mon père lui fredonnait une chanson gaillarde dont les paroles commençaient
par "Monte en-haut Rosie, monte en-haut te déchausser, je te parie cinquante cennes que mes orteils sont plus grosses que les tiennes ...". Je n'ai jamais retrouvé cette chanson-là nulle part. Il l'avait peut-être inventée.

Anonyme a dit…

Surement pas. Car ma mêre nous chantait cette chanson. Je n'ai plus les paroles

Anonyme a dit…

Pareil pour moi. Dans mon souvenir, mon grand-père me chantait "Monte en-haut Rosée, monte en-haut pour te coucher. Les barreaux de ta couchette, c'est ton père qui les a faites. Monte en-en haut Rosée, monte en-haut pour te coucher..."