vendredi 18 mai 2012

Battre le lièvre




Dans Histoire de Saint-Gabriel de Brandon, un ouvrage anonyme publié en 1917 et attribué à l'éditeur Gonzague Ducharme, on nous raconte comment les Amérindiens invoquaient le « Grand-père » en battant le lièvre. Les Amérindiens en question étaient probablement des Algonquins Têtes-de-boule, ou encore des Abénaquis de la rive sud du Saint-Laurent qui fréquentaient les anciens territoires de chasse des Attikameks, L'auteur ne le précise pas. Pour la compréhension du texte, les harts étaient des liens que l'on fabriquait avec des branches flexibles comme celles du saule. Voici le récit :
Pierre Martial aimait les aventures, les bois, la chasse ; mais il ne pouvait s'empêcher de faire remarquer que la vie n'y était pas toujours rose. Ainsi, un jour qu'il accompagnait des sauvages dans une chasse d'hiver, un grand dégel survint. Deux pieds d'eau recouvrait la glace des lacs, et les raquettes, enfonçant dans la neige fondante, rendaient la marche presque impossible. Les provisions manquaient et on était exténué. Les sauvages résolurent, après avoir tenu conseil, d'en venir aux grands moyens, de « battre le lièvre ». Cette cérémonie consiste à faire un lièvre en neige et à le fouetter avec des harts en disant à chaque coup l'invocation : « Grand-père apporte nous du froid ». M. Martial, alors jeune, avait la charge de fournie les harts aux exécuteurs. On battit donc le lièvre, et cela jusqu'à ce que les coups eussent balayé la neige qui recouvrait les feuilles, puis on se coucha. Un vent froid s'éleva pendant la nuit et durcit quelque peu la surface de la neige, ce qui permit aux chasseurs de continuer leur route, et augmenta grandement en eux la confiance qu'ils avaient dans le moyen employé.
Source : (Gonzague Ducharme), Histoire de Saint-Gabriel de Brandon et de ses démembrements : Saint-Damien, Saint-Didace, Saint-Charles de Mandeville, Saint-Cléophas, Saint-Edmond, etc : à travers les registres et en marge. Montréal, G. Ducharme, 1917.

Administrativement, Saint-Gabriel de Brandon fait aujourd'hui partie de la région de Lanaudière, mais historiquement sa localisation, à la source de la rivière Maskinongé, le reliait au comté du même nom, d'où sont venus les premiers colons qui se sont installés sur les rives du lac Maskinongé.

Voir aussi sur ce blog : Le Windigo.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Pourriez-vous me faire connaître la référence qui indique que Casimir Hébert est bien l'auteur d'Histoire de St-Gabriel-de-Brandon et de ses démembrements?
J'ai toujours considéré Gonzague Ducharme comme l'auteur-éditeur de ce livre.
Mon exemplaire, daté de 1917, ne mentionne pas spécifiquement le nom de l'auteur.
Merci,

Jules Lafortune

Alain Saintonge a dit…

Vérification faite, Casimir Hébert a écrit la préface, mais le nom de l'auteur n'est pas mentionné. C'est mon erreur. Je fais la correction requise.

Merci du renseignement.