samedi 21 juin 2014

La cie de La Fouille à Louiseville

Source : Wikipédia
L'année 2015 marquera le 350e anniversaire de l'arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France. Si on a prétendu, en exagérant un peu, que les filles du roi furent les mères de la colonie, on pourrait affirmer, en exagérant aussi, que les soldats de Carignan en furent les pères.

En Mauricie, les pères en question furent, entre autres, les soldats de la compagnie de La Fouille qui ont colonisé la région de Louiseville.

Dans son Histoire de Louiseville publiée en 1961, une des meilleures monographies de paroisse qu'il m'ait été donné de lire, Germain Lesage racontait l'établissement sur la rivière du Loup (en-haut) de la compagnie du régiment de Carignan-Salières commandée par le Capitaine Jean-Maurice Philippe de Vernon, Sieur de La Fouille.

Le régiment de Carignan-Salières est arrivé en Nouvelle-France à l'été 1665 pour défendre la colonie contre les attaques des Iroquois. Les compagnies formant ce régiment ont été réparties sur le territoire. Je cite l'auteur : « Avant la prise des glaces, Talon se hâte de distribuer les différentes compagnies dans les forts du Richelieu et dans les districts de Québec, de Trois-Rivières et de Montréal ». 

En octobre 1665, la compagnie de La Fouille a été envoyée à l'embouchure de la rivière du Loup, dans le district de Trois-Rivières, pour veiller sur le Lac Saint-Pierre par lequel s'infiltraient les Iroquois. Sa première mission a été de construire un fort à cet endroit avant l'hiver. Elle comprenait 4 officiers, dont l'enseigne Charles de Goudon de Jeu (ou Dujay), Vicomte de Manereuil, et 32 soldats.

Selon Germain Lesage, l'Intendant Jean Talon avait promis au Vicomte de Manereuil de lui concéder ces terres en seigneurie s'il s'établissait à demeure à la rivière du Loup. Fort de cette promesse, l'enseigne a commencé à distribuer des lots aux soldats de sa compagnie qui acceptaient de demeurer à cet endroit avec lui après leur engagement. Ainsi, chacun pouvait commencer à défricher son propre coin de forêt, tout en travaillant à la construction du fort.

Au terme de leur engagement, plusieurs des soldats de La Fouille ont préféré vivre ailleurs en Nouvelle-France, comme Jean Laspron dit Lacharité qui a reçu une concession à la Baie-du-Febvre de l'autre côté du Lac Saint-Pierre. Selon Lesage, aucun n'est retourné en France.

Au moins 12 des soldats de La Fouille ont reçu des concessions à la Rivière-du-Loup (aujourd'hui Louiseville) dans la seigneurie de Manereuil. Les noms donnés par l'auteur Germain Lesage, tels qu'il les a lus sur les listes de censitaires de Manereuil, sont déformés. Je les ai corrigés d'après le Dictionnaire Jetté. J'ai aussi ajouté à cette liste quelques informations sur les familles :

Banliac (Bansillard) dit Lamontagne, François ( -1717), Angoumois d'origine. Il a épousé Marie-Madeleine Doyon, fille de Jean et de Marthe Gagnon, vers 1677. Un fils. Banliac s'est remarié avec Marie-Angélique Pelletier, fille de François et de Marie-Madeleine Morisseau vers 1680. Neuf enfants. Descendance Banliac, Lamontagne,  Milette, Latour, Dupuis et Gignard, notamment.

Brard ou Bérard dit La Réverdra, Jean, originaire de l'Orne en France. Il a épousé Charlotte Coy, une fille du roi originaire de Paris, vers 1669. Trois enfants. Descendance Bertrand dans la région de Montréal.

Brunion (Brugnon) dit la Pierre, Pierre (-1687), d'origine inconnue. Il a épousé Charlotte Coy, veuve de Jean Brard (voir plus haut), le 24 avril 1678 à Sorel. Six enfants. Descendance Bertrand, Mandeville, Papineau, dans la région de Montréal.

Gerlaise (de) dit Saint-Amant, Jean-Jacques (-1722), Belge d'origine. Il a épousé Jeanne Trudel, fille de Jean et de Marguerite Thomas, après le contrat de mariage du 12 septembre 1667 (Aubert). Jeanne Trudel, née en 1656, n'avait qu'onze ans lors de ce contrat. Neuf enfants. Descendance Benoît, Desjarlais, Lamirande, Lesage, notamment.

Germaneau, Joachim, originaire du Limousin en France. Trafiquant de fourrures. Il a épousé la métisse Élisabeth Couc, fille de Pierre Couc et de Marie Miteouamigoukoué, le 30 avril 1684 à Sorel. Deux enfants. Sa fille Marie-Jeanne Germaneau a eu des enfants de père inconnu à Montréal.

Guyon dit Latremblade, Paul ( -1694), originaire de l'Aunis en France. Célibataire décédé à l'Hôtel-Dieu de Québec le 11 décembre 1694.

Huitonneau (ou Vintonneau) dit Laforêt, Jean. Célibataire. Recensé en 1681 à Bécancour.

Letellier (ou Tellier) dit Lafortune, Jean ( -1704), Normand d'origine. Il a éposé Marie Gratiot née à Trois-Rivières en 1662, fille de Jacques et de Madeleine Michelande, le 28 avril 1677 à Boucherville. Quatre enfants de ce premier lit. Il s'est marié deux autres fois : avec Anne Chénier en 1688 et avec Renée Lorion en 1691. Cinq enfants de son troisième mariage. Il s'est établi à Repentigny.

Marais dit Labarre, Marin, Normand d'origine. Il a épousé Marie Deschamps vers 1672 à Louiseville. Deux filles. Descendance Rondeau à Contrecoeur.

Mageau (Maseau) dit Maisonseule, Louis ( -1700). Originaire du Poitou. Il a épousé Marguerite Jourdain, veuve de Bernard Delpèche, le 8 janvier 1689 à Repentigny. Descendance dans la région de Montréal.

Paviot dit la Pensée, Jacques d'origine inconnue. Il a épousé Anne Michel, d'origine inconnue elle aussi, vers 1668 à Contrecoeur. (Une erreur de Germain Lesage : Paviot appartenait à la compagnie de Contrecoeur et non pas à celle de La Fouille).

Villefroy dit Manseau, Didier. Célibataire d'origine inconnue. Il a été recensé au Cap-de-la-Madeleine en 1681.

À ma connaissance, de ces douze soldats censitaires de la seigneurie de Manereuil, seulement deux ont fait souche dans la région de la Mauricie : François Banliac et Jean-Jacques Gerlaise.


Sources :
- Ma base de données généalogiques
- Lesage, Germain, Histoire de Louiseville 1665-1960 ; Presbytère de Louiseville, 1961, 450 pages.
- Jetté, René, Dictionnaire généalogique des familles du Québec des origines à 1730 ; Les Presse de l'Université de Montréal, 1983, 1176 pages.
- Dumas, Sylvio, Les filles du roi en Nouvelle-France ; La Société historique de Québec, Cahiers d'Histoire no 24, 1972, 381 pages.
- Migrations




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