lundi 16 juin 2014

Des Abénaquis à Saint-Léon

Les mentions d'Amérindiens dans les paroisses du comté de Maskinongé sont plutôt rares. Le registre de Saint-Léon-le-Grand contient quelques actes qui signalent la présence d'Abénaquis le long de la rivière du Loup entre 1811 et 1823. Ces chasseur exploitaient des territoires laissés vacants par la disparition des anciens Attikamegs, exterminés par les Iroquois et les maladies dans les années 1670.

Des réfugiés

Les Abénaquis étaient des réfugiés, au même titre que les Acadiens et les Loyalistes de la Nouvelle-Angleterre qui se sont établis plus tard dans le comté de Maskinongé.

Dans son Histoire de Louiseville publiée en 1961, Germain Lesage signalait leur présence sur la rivière du Loup :
« Vers la fin de 1679, des réfugiés d'un autre genre arrivent dans le district. Des Abénaquis de Kennebec, vaincus par les Bostonnais, émigrent au Canada et se fixent à la rivière Saint-François de l'autre côté du Lac-Saint-Pierre. Ils ne tardent pas à venir chasser tout le long de la rivière du Loup qu'ils appellent, en leur langue Abamasie, la rivière croche. »
Ils fréquentaient donc la rivière du Loup bien avant l'ouverture du registre de Saint-Léon-le-Grand en 1802. J'ai trouvé dans ce registre trois mentions de ces chasseurs en 1811, 1817 et 1823.

Première mention

La première mention en 1811 n'en dit pas beaucoup. C'est la sépulture d'un enfant noyé, de parents inconnus : 
« Le 20 de juillet 1811, par nous soussigné, curé de cette paroisse, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de François né de parents inconnus ; le dit enfant, noyé hier âgé d'environ sept ans, Sauvage de la nation abénaquise ... Delaunay prêtre »
L'intérêt de cet acte est qu'il mentionne la nation abénaquise à laquelle appartenait l'enfant. Ses parents ont peut-être préféré garder l'anonymat de peur d'être inquiétés.

Deuxième mention

La deuxième mention en 1817 est plus révélatrice. C'est le baptême de Joseph Louis sauvage dont les parents étaient connus :
« Le 8 avril 1817, par nous curé soussigné a été baptisé Joseph né de ce jour du légitime mariage de Joseph Louis et de Narcisse Joseph, Sauvages Abénaquis du village de Saint-François ; le parrain a été Jean-Baptiste Hostein dit Marineaut agriculteur de la paroisse de Saint-Antoine de la rivière du Loup ; la marraine a été Angélique Desserre Épouse d'Augustin Lambert qui ainsi que le père présent ont déclaré ne savoir signer de ce enquis. Delaunay prêtre. »
Ce deuxième acte nous donne, en plus de la nationalité de l'enfant, le lieu d'où venaient ses parents : Saint-François. Il s'agit bien sûr de Saint-François-du-Lac, le village abénaquis situé au sud du Lac-Saint-Pierre.

Je n'ai pas réussi à retrouver ses parents. Les patronymes Louis et Joseph font probablement référence aux prénoms des grand-pères de l'enfant baptisé, ce qui ne nous avance pas beaucoup.

Le parrain Jean-Baptiste Hostein dit Marineau n'était pas apparenté aux Abénaquis. La marraine Angélique Deserre, épouse d'Augustin Lambert, non plus. Il ont probablement assumé ces rôles comme témoins du baptême, à la demande du curé Delaunay.

Troisième mention

La troisième mention du registre de Saint-Léon en 1823 est un autre baptême, celui de Paul Rotono :
« Le 31 de janvier 1823, par nous curé soussigné, a été baptisé paul né de ce jour du légitime mariage de François Rotono et de Marie Josephte sauvages hivernant dans ces endroits ; le parrain a été jean-baptiste grenier La marraine Thérèse Delaunay épouse de joseph Foucher et qui ont déclaré ne savoir signer ; le père étant allé à la chasse, de ce enquis Delaunay prêtre. »
L'acte nous apprend que les parents hivernaient dans les environs de Saint-Léon et que François Rotono était à la chasse le jour du baptême de son fils.

Pour connaître la nationalité des parents, il faut se référer à l'acte de mariage de leur fille Marie-Josephte avec l'Abénaquis Noël Saint-Aubin le 2 juillet 1825 à Trois-Rivières (Immaculée-Conception). Cet acte mentionne que François Rotono était un Algonquin et que sa femme Marie Josephte était une Abénaquise. Joseph Boucher de Niverville a été témoin de ce mariage.

On retrouve le patronyme Rotono chez des membres de la bande des Algonquins de Trois-Rivières. Le mariage de François Rotono avec une Abénaquise pouvait lui donner accès aux territoires de chasse fréquentés par les Abénaquis.

Le parrain et la marraine du petit Paul Rotono, Jean-Baptiste Grenier et Thérèse Delaunay, n'étaient pas apparentés aux Abénaquis. 

Voir aussi sur ce blog : La fureur des Abénaquises.

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