Le 23 avril 1896, le curé Charles Bellemare, anciennement de Saint-Boniface-de-Shawinigan et maintenant en poste à Sainte-Geneviève de Batiscan, écrit à son correspondant le curé Vital Bellemare de Chambray en Normandie :
"Pendant que je vous écris, toute la vallée du Saint-Laurent, celle de la rivière Batiscan et d'un grand nombre d'autres rivières tributaires du Saint-Laurent sont inondées ; la désolation est générale. Pour ne parler que de Sainte-Geneviève, une grande partie de notre village est couverte d'eau. En plusieurs endroits, l'eau atteint dans les maisons des hauteurs de cinq et six pieds. Notre beau pont de 5 à 600 pieds de longeur en face de l'église, a été, hier, emporté tout d'un pain par les glaces. L'eau ayant monté et monté encore, il fut soulevé par les glaces à pas moins de trois pieds au-dessus de ses assises et les glaces s'étant mises en mouvement l'ont emporté. Il git maintenant à une dizaine d'arpents en bas de l'église. C'est un désastre pour notre paroisse divisée maintenant en deux parties par la rivière. Ce pont avait coûté au-delà de $ 10,000. Quand pourrons-nous en refaire un autre ?
Aux Trois-Rivières, près de 50 maisons ont été emportées par les glaces. Sainte-Anne-de-la-Pérade, notre paroisse voisine est sous l'eau. À Batiscan, il y a deux pieds d'eau dans l'église et c'est ainsi jusqu'à Montréal. À Yamachiche, Gaspard doit avoir de l'eau sur ses comptoirs. J'y suis allé la semaine dernière ; déjà l'eau entourait sa maison. Dégâts partout ! C'est la plus forte inondation de mémoire d'homme. Tout notre monde est découragé ; on pourrait l'être à moins."
(Source : Nadine-Josette Chaline et al, La Normandie et le Québec vus du presbytère, Publications de l'Université de Rouen, 1987).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire