jeudi 16 octobre 2014

Alphonse Picard, tanneur

Alphonse Destroismaisons dit Picard exerçait le métier de tanneur à Gentilly, dans le comté de Nicolet. Il est né le 10 septembre 1861 à Saint-Pierre-les-Becquets, un village situé à l'est de Gentilly.

Alphonse Destroismaisons dit Picard vers 1930


Il a appris son métier de son père Joseph Destroismaisons dit Picard (1809-1876) qui a été tanneur à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, à Lauzon, puis à Saint-Pierre-les-Becquets, avant de s'installer à Gentilly quelque mois après la naissance d'Alphonse.

Le surnom Picard


Le surnom Picard vient de la province d'origine de l'ancêtre Philippe Destroismaisons, cordonnier, qui est né en 1638 dans le hameau des Trois Maisons près d'Amiens en Picardie. Plusieurs autres immigrants en Nouvelle-France ont porté ce surnom qui est associé aux patronymes Bourgeois, Caillé, Collet, Dubois, Lemaître, Olivier et  Philippon, notamment.

Les Destroismaisons ne sont pas apparentés aux Picard que l'on trouve dans certaines communautés autochtones du Québec. On a affirmé que la mère d'Alphonse, Marie-Carmelle Paradis, était une métisse adoptée. Je n'ai rien trouvé qui supporte cette affirmation. Son acte de baptême est au registre de Saint-Pierre-les-Becquets en date du 19 août 1828.

Des artisans


Les tanneurs appartenaient à la classe des artisans que l'on retrouvaient au XIXe siècle dans les villes et dans les principaux villages du Bas-Canada. Ils transformaient en cuir les peaux des animaux d'élevage : le boeuf, le mouton et le porc. Ils s'établissaient habituellement un peu à l'écart des agglomérations à cause des odeurs fortes que dégageait le trempage des peaux dans des produits chimiques.



Les principaux clients des tanneurs étaient les cordonniers qui utilisaient leurs cuirs pour en faire des souliers. Alphonse Picard a d'ailleurs épousé la fille d'un cordonnier, sa voisine Aurore Marchand, le 13 février 1888 à Gentilly. Les deux conjoints savaient lire et écrire, une compétence indispensable pour tenir un commerce. Ils ont d'ailleurs signé au bas de l'acte de mariage.



Aurore Marchand était aussi une artisane. Elle exerçait le métier de modiste, c'est-à-dire qu'elle fabriquait des chapeaux sur commande pour les dames. Elle a poursuivi cette activité après son mariage, aidée par ses filles.



La famille n'était pas riche, mais vivait bien. Les artisans avaient des revenus supérieurs à ceux des cultivateurs qui constituaient la majorité de la population. Au recensement de 1901, Alphonse Picard déclarait un revenu annuel de 400 $ auquel s'ajoutaient les 300 $ gagnés par sa femme modiste. Ils habitaient une grande maison en bois de huit pièces. Selon leur petite-fille Berthe Saintonge (1916-2011) qui les a visités dans les années 1920, le terrain qui entourait leur maison était un peu négligé : les mauvaises herbes y poussaient librement.

Alphonse et Aurore ont eu dix enfants, mais seulement six filles ont atteint l'âge adulte : Léda (1890), Marie-Berthe (1893), Alma (1895), Marie-Ange (1898), Marie-Jeanne (1900) et Lucille (1902). Elles ont été instruites par les Soeurs de l'Assomption qui tenaient un école primaire et un pensionnat pour jeunes filles à Gentilly. L'une d'entre elles, Marie-Berthe, est entrée dans cette communauté religieuse ; les cinq autres se sont mariées.

Aurore Marchand et sa fille Lucille vers 1918


Après la mort de sa femme en 1932, Alphonse Picard a vécu chez ses filles qui le recevaient à tour de rôle. À une époque, il passait ses hivers chez Léda (épouse de Lucien Fontaine) à Montréal et ses étés chez Alma (épouse de Félix Saintonge) à Saint-Étienne-des-Grès en Mauricie où il s'occupait du potager.

Il est décédé à Montréal en 1956, à l'âge de 95 ans. Le secret de sa longévité : le lait caillé qu'il laissait vieillir sur le bord d'une fenêtre.


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