La dernière manifestation de la peste en Europe s'est produite en 1878-1879 en Russie, dans la région d'Astrakhan sur les rives de la Volga. Le bacille était originaire de la Mésopotamie (Irak). Environ 400 personnes seraient mortes de cette maladie entre novembre 1878 et janvier 1879, la plupart dans le village de Vetlanka. La nouvelle du retour de la peste avait terrifié les populations européennes. Des mesures avaient été prises pour empêcher sa propagation en fermant les frontières avec la Russie.
Au Canada comme en Europe, les journaux ont couvert cet événement à leur façon, en exagérant ses effets, faisant partager à leurs lecteurs les craintes qu'inspirait la peste russe. En février 1879, le journal La Patrie a offert un récit romancé de l'origine et de la propagation de la maladie. Selon cette version, la fiancée d'un soldat tartare aurait déclenché l'épidémie en dansant devant ses amis vêtue d'un châle infecté :
La peste fait des ravages terribles et s'est répandue dans les provinces méridionales. Les personnes atteintes ne vivent ordinairement que deux heures. Des milliers et des milliers de victimes ont succombé depuis quelques semaines. Tous les médecins sont morts dans l'espace de 24 heures après leur arrivée. Tous les cadavres sont brulés ainsi que les maisons dans lesquelles les gens meurent. Des villes entières sont dépeuplées. Le gouvernement a placé des cordons de soldats autour des provinces infectées. Sont impitoyablement fusillés tous ceux qui dépassent la ligne de démarcation. Personne ne peut sortir de l'empire. Les gouvernements autrichien et allemand ont placé un double cordon de troupes autour des frontières. Toutes les personnes sortant de la Russie en chemin de fer sont arrêtées à la frontière pour y subir une quarantaine. Les gens sont logés dans des hangars et des granges dépourvus de toute espèce de commodité.
On rapporte que cette peste a été introduite, il y a un mois, par un soldat tartare qui s'était enveloppé d'un châle trouvé sur le cadavre d'un soldat turc. En arrivant à sa ville natale, il fit cadeau de ce châle à sa finacée. Elle s'en enveloppa et se mit à danser dans un appartement où se trouvaient vingt-cinq personnes. Elle est morte au bout de deux heures et au bout de cinq heures les 25 personnes qui se trouvaient avec elle étaient mortes. Dans l'espace de trois jours, la population de la ville composée de 1100 personnes était passée de vie à trépas moins quarante-tois qui avaient pris la fuite. Telle est l'origine de la peste.
Une lettre venant du médecin de la cour de l'empereur dit que le onze du courant, la peste avait quasi terminé ses ravages. Cependant, le gouvernement tient encore strictement en force la loi de la quarantaine.
(Source de l'article : Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
L'histoire du châle est tirée d'une dépêche publiée à Londres le 3 février 1879 que l'on peut lire sur ce site. La Patrie a ajouté à ce récit plusieurs détails sensationnels, notamment la danse de la fiancée. Notons que dans cette dépêche la fiancée est morte au bout de deux jours alors qu'elle n'a survécu que deux heures selon La Patrie.
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