mercredi 10 mars 2010

Mortalité et renouveau

La mortalité infantile était très élevée à la fin du XIXe siècle. La première semaine de vie d'un enfant était particulièrement critique; il n'était pas rare de voir des familles perdre trois ou quatre nouveaux-nés. Les maladies contagieuses et la consommation de lait cru contaminé par des bactéries pathogènes étaient les principales causes de mortalité chez les enfants.

On remarque en fouillant dans les registres paroissiaux une pratique assez répandue qui consistait à redonner le prénom d'un enfant mort au nouveau-né suivant. Certains couples le faisaient de façon systématique. C'était le cas de Félix Martineau-Saintonge, forgeron à Saint-Étienne-des-Grès, et de sa femme Georgiana Paquet-Lavallée qui ont été durement touchés par les morts d'enfants.Le recensement de 1881 nous donne la liste des personnes qui vivaient dans leur maison au printemps de cette année-là. Ils avaient alors cinq enfants: Marie-Louise (née en 1874), Alfred (1875), Félix-Édouard (1877), Alvina (1878) et Édouardina (1880). Ils hébergeaient aussi un apprenti-forgeron de 13 ans nommé Philippe Dubé.
L'année 1882 a été tragique pour cette famille. Les quatre plus jeunes de leurs cinq enfants sont décédés en l'espace de quelques mois seulement. Édouardina, alors âgée de 16 mois, est décédée la première le 28 janvier, suivie d'Alfred le 13 avril et de Félix et Alvina qui ont été enterrés ensemble le 16 mai 1882. Seule l'aînée Marie-Louise, qui était alors âgée de 8 ans, a survécu à cette tragédie. La photo ci-contre date de cette époque. On y voit le père assis sur une chaise avec sa femme debout derrière lui et leur unique enfant Marie-Louise debout à sa droite.
Le 28 août de la même année, Georgiana a donné naissance à une fille qui sera baptisée Édouardina comme celle qui est décédée quelques mois plus tôt. Les trois enfants qui suivront porteront aussi les prénoms de ceux qui sont décédés pendant l'année 1882, soit Alfred en 1884, Alvina en 1886, et Félix en 1888. Puis, viendront Arthur en 1891, Albert en 1894 et Marie-Anna en 1895.

Les actes de sépulture des enfants ne précisaient pas la cause de leur mort mais il s'agissait fort probablement d'une épidémie, du moins pour les trois plus vieux qui sont décédés en avril et mai 1882. On signalait ce printemps-là une épidémie de scarlatine à Trois-Rivières. Le Journal des Trois-Rivières rapportait le 25 mai 1882 : « Les fièvres scarlatines font de terribles ravages en cette ville et enlèvent un grand nombre d’enfants. » La scarlatine est une infection bactérienne qui se transmet par les voies respiratoires. L'infection survient surtout pendant la saison froide.

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