mercredi 24 février 2010

Les Laurentides sont un Éden

Frère Marie-Victorin, Flore Laurentienne, Deuxième édition mise à jour par Ernest Rouleau, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1964.

Conrad Kirouac (1885-1944), mieux connu sous le nom de Frére Marie-Victorin, a publié en 1935 sa Flore laurentienne qui demeure un manuel de référence en matière de botanique au Québec. L'exemplaire que j'ai en main est la deuxième édition mise à jour par Ernest Rouleau et publiée aux Presses de l'Université de Montréal en septembre 1964. Il existe une édition papier plus récente, qui date de 1995, de même qu'une édition en ligne (ici). Je reviendrai sur cette mise en ligne de la Flore Laurentienne qui a été réalisée par Nichole Ouellette.

On connait Marie-Victorin le naturaliste et fondateur du Jardin botanique de Montréal, mais Conrad Kirouac était aussi un littéraire. Il a publié deux recueils de nouvelles : "Récits laurentiens" en 1919 et "Croquis laurentiens" en 1920. Il y a plusieurs niveaux de lecture dans sa Flore Laurentienne. Voici un extrait de l'Esquisse générale que l'on trouve à la page 73 de l'édition de 1964 :

Les Laurentides sont un Éden, un Éden boréal et un peu sévère peut-être, mais où la vie déborde, riche, fraîche, vigoureuse. Arrêtons-nous ici un instant à imaginer la silencieuse remontée des unités militantes de la forêt canadienne vers le nord. C'est un grand tableau biologique déployé sur le mur des temps révolus.

D'abord parurent, sombres et drus, ces rudes pionniers: l'Épinette noire et l'Épinette blanche, le Sapin baumier et le Mélèze, et plus tard, beaucoup plus tard, la majesté myriadaire des Pins. Puis, suivirent les Peupliers et les Bouleaux, les Aulnes et les Viornes, les Cornouillers et les Airelles. Et l'Érable à sucre prit possession des moraines bien draînées sur les flancs des collines; l'Érable rouge se fixa sur les alluvions fraîches des vallées, et l'Érable argenté se pencha sur la course des fleuves. Si bien qu'après des siècles et des siècles, la constitution définitive de la forêt dans ses différents climax fit de notre pays une grande masse de verdure continue. Et voici maintenant, sur les pas des grands arbres, les légions graciles des Graminées, la multitude des Carex, les robustes Eupatoires, les opulentes Verges d'or, et combien de centaines d'autres plantes, poussées en avant par l'esprit de conquête qui est l'âme de tout ce qui vit.


(Cet extrait a été cité sur l'Encyclopédie de l'Agora)


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