jeudi 23 juin 2016

Le bon voisinage

À Saint-Étienne-des-Grès, mon grand-père Félix St-Onge et Ferdinand Milette étaient des amis. On les voit sur cette photographie assis, mon grand-père à gauche et Ferdinand à droite. Elle a été prise chez le photographe Pinsonneault de Trois-Rivières vers 1908. Les trois autres jeunes gens debout, probablement de Saint-Étienne-des-Grès eux aussi, n'ont pas encore été identifiés.

Félix St-Onge, Ferdinand Milette et trois amis vers 1908.

Après leurs mariages, Félix et Ferdinand ont été voisins sur la rue Principale de Saint-Étienne-des-Grès. Leurs enfants sont aussi devenus des amis, par affinité bien sûr, mais aussi parce que ma grand-mère Alma Picard interdisait à ses enfants, mes oncles et mes tantes, de sortir de la cour arrière de la maison. Leur choix d'amis se résumait donc aux voisins immédiats sur la rue Principale. 

Ma grand-mère, qui était une ancienne maîtresse d'école, donnait à ses enfants une éducation bourgeoise très rigide, en décalage avec celle que recevaient la plupart des autres enfants du village. Très peu de familles du voisinage trouvaient grâce à ses yeux. 

La photo suivante a été prise vers 1939. On reconnait, sur la deuxième rangèe : Angèle Milette, ma tante Jacqueline St-Onge, Louis-Joseph Milette et ma tante Berthe St-Onge. Yolande St-Onge est au deuxième rang de la première rangée.

Enfants Milette er St-Onge vers 1939

Ma tante Berthe St-Onge, l'aînée de la famille, a fréquenté Louis-Joseph Milette, fils de Ferdinand, pendant plusieurs années. On les voit ici ensemble devant le barrage hydroélectrique de La Gabelle vers 1940. Finalement, Louis-Joseph, surnommé Titou, en a épousé une autre en 1942. Il a repris la maison de son père décédé en 1939.


Berthe St-Onge et Louis-Joseph (Titou) Milette vers 1940

Ma grand-mère Alma Picard a été alitée pendant plusieurs années avant son décès en 1976. Sa fille Jacqueline, qui en prenait soin, la transportait dans ses bras, de la chaise longue de la cuisine jusqu'à son lit dans la chambre voisine dont la fenêtre donnait chez les voisins Milette. Elle demandait à sa mère : « de quel côté voulez-vous vous coucher ? » Et ma grand-mère répondait :  « la cuisine » ou bien « chez Titou ».


dimanche 19 juin 2016

Azilda donnée en élève

Il semble que la valeur d'un enfant était moins grande autrefois, à l'époque où les femmes en avaient beaucoup.

C'est difficile à concevoir aujourd'hui, mais au 19e siècle, on pouvait donner son propre enfant à un couple de parents ou d'amis qui n'en avait pas. C'était même considéré comme un geste de générosité. L'enfant ainsi donné demeurait dans sa nouvelle famille jusqu'à l'âge adulte, sans papiers d'adoption ni aucune autre formalité.

La famille d'Adèle Gélinas


Mon arrière-arrière-grand-mère Adèle Gélinas, fille de Léon et de Marie Hébert, est née le 22 janvier 1848 à Saint-Barnabé dans le comté de Saint-Maurice. Elle a épousé Norbert-Alfred Leclerc le 24 février 1868 à Sainte-Flore dans le comté de Champlain.

Ils ont eu quatre enfants : Victoria (née en 1868), Mathias (1870), Azilda (1872) et Marie-Louise (1874). La photo suivante, sur métal, montre Adèle Gélinas avec sa fille Azilda Leclerc, mon arrière-grand-mère, en 1874 ou 1875.


Adéle Gélinas et Azilda Leclerc vers 1874-1875

Norbert-Alfred Leclerc est décédé le 21 avril 1874, trois semaines avant la naissance de Marie-Louise. Adèle Gélinas se retrouvait donc seule avec bientôt quatre enfants. Elle a gardé avec elle ses deux plus vieux, Victoria et Mathias, et donné en élève ses deux plus jeunes, Azilda et Marie-Louise.


Victoria et Mathias Leclerc vers 1880.

Je ne sais pas où est allé le bébé Marie-Louise, mais mon arrière-grand-mère Azilda a été prise en charge par Joseph Pothier et Caroline Biron, des amis d'Adèle Gélinas qui n'avaient pas d'enfant. Azilda a passé toute son enfance chez ce couple, tout en sachant qui était sa véritable mère. Sainte-Flore était un petit village.

Je crois que le placement d'Azilda chez Joseph Pothier et Caroline Biron a dû se faire peu après la prise de cette photographie vers 1875.

Mathias et Azilda Leclerc vers 1875

Au recensement de 1881 à Sainte-Flore. Adèle Gélinas vivait chez son père Léon, avec ses enfants Victoria et Mathias, tandis qu'Azilda, âgée de 8 ans habitait chez Joseph Pothier et Caroline Biron qui n'avaient pas d'autres enfants. J'ignore où se trouvait alors Marie-Louise la petite soeur d'Azilda.

Adèle Gélinas s'est remariée en 1881


Adèle Gélinas, veuve de Norbert-Alfred Leclerc s'est remariée avec Narcisse Benoît le 9 août 1881 à Sainte-Flore. Joseph Pothier lui a servi de témoin et on trouve la signature de Caroline Biron au bas de l'acte de mariage. Les parents suppléants d'Azilda étaient donc des amis proches de sa mère Adèle Gélinas.


Elle a eu six autres enfants de ce second mariage.

Du ressentiment ?


Azilda Leclerc a épousé Adélard Lavergne le 10 novembre 1891 à Sainte-Flore. Étant mineure, il lui a fallu demander la permission de sa vraie mère, Adèle Gélinas, pour se marier.

Malgré la tradition qui voulait que les grands-parents soient parrain et marraine des aînés d'une famille, Adèle Gélinas n'a été marraine d'aucun des 14 enfants d'Azilda Leclerc et d'Adélard Lavergne. Par contre, sa mère suppléante Caroline Biron a été marraine de l'aînée d'Azilda, prénommée Anna, tandis que son père suppléant Joseph Pothier a été parrain de sa deuxième fille, prénommée Albertine.

Les trois autres enfants Leclerc 


Les trois frère et soeurs d'Azilda ont émigré aux États-Unis.

Victoria Leclerc est allée travailler à Manchester dans le New Hampshire où elle a épousé Adélard René le 4 janvier 1889. La photo suivante, prise vers 1913, montre quatre générations de femmes : Victoria Leclerc debout à droite, sa mère Adèle Gélinas assise, sa fille Aurore René à gauche et sa petite-fille Irène Paradis. 

Quatre générations de femmes

Mathias Leclerc s'est marié avec Rose-Anna Martel le 24 juillet 1893 à Saint-Jacques-des-Piles. Ils sont allés vivre aux États-Unis. Leur passage à la frontière du Vermont a été enregistré par les autorité américaines le 2 avril 1919. Mathias revenait alors d'une visite chez sa mère Adèle Gélinas. Je perd ensuite sa trace.

Marie ou Marie-Louise Leclerc est aussi allée travailler aux États-Unis, probablement avec sa soeur Victoria. Elle a épousé Maurice Grenier le 15 février 1891 à Manchester dans le New Hampshire.

Leclerc ou Boisclair

 

Il y avait deux familles de Leclerc dans la région de Sainte-Flore à cette époque : des Leclerc dit Francoeur et des Leclerc dit Boisclair. Il en est résulté une certaine confusion dans les registres paroissiaux. Azilda était une Leclerc-Francoeur, mais plusieurs actes relatifs à sa famille ont été inscrits, de façon erronée, sous le surnom de Boisclair.