samedi 12 décembre 2015

Une photographie mal identifiée

J'ai deux identifications d'une même photographie ancienne que je publie en espérant qu'un lecteur m'aide à dissiper cette confusion.

Cette photographie représenterait soit :
  1. Hilarion St-Onge (1870-1940) et son épouse Eugénie Lampron (1875-1959) qui se sont mariés à Saint-Boniface de Shawinigan le 4 juillet 1893. C'est l'identification qui a été faite dans l'album À propos de Saint-Boniface de Shawinigan publié en 1984. Cet album contient beaucoup d'erreurs, alors je me méfie un peu.
  2. Maxime Descôteaux (1848-1921) et Marie-Émilia Caron (1854- ) qui se sont mariés au même endroit le 18 février 1878. Leurs noms étaient écrits au verso d'un exemplaire qui se trouvait parmi des photos de famille.
Je penche pour le premier couple, celui d'Hilarion St-Onge et Eugénie Lampron, mais un doute subsiste dans mon esprit. Voici la photographie en question :




Et sur cette autre photographie, prise dans les années 1950, la femme de droite est Eugénie Lampron, veuve d'Hilaron St-Onge vieillie. Je ne suis pas physionomiste. Est-ce bien le même visage, disons soixante ans plus tard ?

dimanche 6 décembre 2015

Le missionnaire bénissait des fosses


Les postes du Domaine du roi


En 1785, quelques mois seulement après son ordination comme prêtre, le Montréalais Laurent Aubry (1756-1839) a été nommé missionnaire des postes du Domaine du roi. 

La mission des postes du Domaine du roi couvrait un immense territoire s'étendant, d'ouest en est, de Tadoussac, à l'embouchure de la rivière Saguenay, jusqu'à une limite orientale qui pouvait varier, selon les cartes, entre Sept-Îles et l'archipel des Îles Mingan. Au nord-ouest, le Domaine touchait le rivage de la Baie d'Hudson.

Sources : Atlas électronique du Saguenay-Lac-Saint-Jean

Tadoussac, Chicoutimi, Sept-Îles, les Ilets-de-Jérémie étaient des lieux de rencontre avec les nomades montagnais pour la traite des fourrures. Chacun de ces postes comprenait une maison pour le commis, qui servait aussi de magasin et d'entrepôt, de même qu'une chapelle à l'usage du missionnaire.

Le prêtre commençait sa tournée au printemps et en revenait à la fin du mois d'octobre, après avoir parcouru des centaines de kilomètres, à pied ou en canot d'écorce, sous les intempéries et parmi les moustiques. Il fallait un homme jeune et robuste pour accomplir cette mission. 

La mission de l'abbé Aubry


Laurent Aubry n'a oeuvré dans le Domaine du roi qu'une seule saison en 1785. Son registre s'ouvre le 5 mai 1785 et le dernier acte qu'il a signé est daté 8 octobre de cette même année.

Il avait développé un système original pour identifier le poste où se situait chaque acte du registre. Aubry écrivait en très grandes lettres dans la marge : 
  • TA pour Tadoussac, la porte d'entrée du Domaine ;
  • IG pour les Islets-de-Gérémie (Jérémie) ;
  • SI pour Sept-Îles ;
  • CHE pour Chekoutimi (Chicoutimi).

Le missionnaire ne pouvait visiter qu'une partie du Domaine. Souvent, les Amérindiens qu'il rencontrait n'avaient pas vu de prêtre depuis des années. Il y avait donc un rattrapage à faire pour bénir leurs naissances, leurs unions et leurs sépultures qui étaient déjà anciennes.

Aubry a célébré quelques baptêmes à son arrivée à Tadoussac (TA) avant de se rendre aux Islets-de-Jérémie (IG).

La bénédiction des fosses


Le quatorze mai 1785, Aubry a officié une cérémonie inhabituelle qu'il a intitulée : bénédiction de la fausse (sic) de la fille de Joseph Cheucabanau. L'enfant « décédée  il y a un an âgée de trois jours. »

Extrait du registre des Postes-du-Roi

L'enfant de Joseph Cheucabanau avait donc été enterrée l'année précédente en l'absence d'un prêtre et dans une terre non consacrée. Or, le missionnaire n'avait pas le pouvoir de consacrer cette terre pour en faire un cimetière catholique. Il contournait la difficulté en bénissant chacune des fosses qui s'y trouvaient.

Le 10 juin suivant, au poste de Chicoutimi (CHE), l'abbé Aubry a béni huit autres fosses dont les plus anciennes dataient de huit ans. Il devait donc s'en remettre aux témoignages des Montagnais présents pour connaître l'emplacement de ces fosses, la date des décès et l'identité des défunts.

Aubry a été remplacé par un autre jeune Montréalais Jean-Joseph Roy (1759-1824) qui est demeuré en poste pendant dix ans.