lundi 22 septembre 2014

Mes ancêtres du Limousin étaient soldats

Dernière mise à jour le 17 août 2015

Mes cinq ancêtres mâles originaires du Limousin étaient tous soldats : trois du régiment de Carignan-Salières et deux des troupes de la Marine.

Nom Prénom Naissance Lieu Parents Arrivée Régiment Sosa
Blet (Blais) Jean c1640 Sarrazac Pierre et Françoise Jardinier 1665 Carignan 2596a
Coupy (Goupil) Antoine c1673 Cornil Jean et Marie Chasseing c1698 Marine 1882g
Dubord Guillien c1636 Thiviers Louis et Catherine de la Brugière 1665 Carignan 1074a
Émery Antoine 1643 Sarrazac Mégny et Marguerite Pasquau 1665 Carignan 5210a
Tessier (Éringué) Mathieu c1660 Cognac-le-Froid Jacques et Laurence Boigeou c1687 Marine 1062a








Ce n'est pas un hasard. Je crois que le Limousin a fourni à la Nouvelle-France davantage de soldats que de civils. Les soldats étaient recrutés dans toutes les régions de France, tandis que les engagés (36 mois) provenaient surtout des régions proches des ports d'embarquement. Le Limousin est une région du centre de la France relativement éloignée des ports de mer. 



Le Limousin est le pays des noms de lieu en « ac » : Allasac, Ambazac, Bellac, Boussac, Canillac, Cosnac, Donzenac, Juillac, Lubersac, Magnac, Meymac, Rilhac, Sarrazac, Sornac, Ussac, etc. Ce suffixe est répandu en France dans les régions de langues d'oc où il marque l'emplacement ancien d'une villa gallo-romaine (Wikipédia). Son équivalent dans les régions de langues d'oil, plus au nord, est le suffixe « ay » ou « y » comme dans Mézeray, Champigny ou Sévigny.

Les soldats de Carignan


Les trois soldats du régiment de Carignan-Salières (Jean Blet, Guilien Dubord et Antoine Émery) sont arrivés en Nouvelle-France à l'été 1665 pour combattre les Iroquois. Ils appartenaient à des compagnies différentes, mais venaient du même coin du Limousin au Nord-Ouest de Périgueux : Jean Blet et Antoine Émery étaient du village de Sarrazac (300 h), tandis que Guillien Dubord était de Thiviers, petite ville voisine de Sarrazac. Il se connaissaient donc vraisemblablement.

En France, les découpages territoriaux sont multiples et changeants. J'hésite à utiliser le découpage administratif actuel (département de Dordogne) qui n'a pas grand chose à voir avec la réalité de 1665, année du départ du régiment de Carignan. Thiviers et Sarrazac se situaient au nord de l'ancien comté du Périgord, région aujourd'hui nommée Périgord vert. Les deux localités relevaient alors de l'évêché de Périgueux. C'est encore le cas aujourd'hui, Thiziers et Sarrazac font partie de la paroisse de Notre-Dame Des Hauts De L'Isle dans le diocèse de Périgueux.

Les paroisses actuelles  du diocèse de Périgueux.

Selon mes recherches, au moins quatre autres soldats de Carignan sont venus de cette paroisse : Pierre Barbary (Thiviers), Sicaire De Guire (Thiviers), Pierre Dextras (Sarrazac) et Jean Gazaille (Sarrazac). Un recruteur efficace est passé à cet endroit.

Jean Blet (ou Blais) dit Gazaille (c1640-1722) originaire de Sarrazac, est arrivé à Québec le 14 septembre 1665 à bord du navire Le Justice. Il appartenait à la compagnie de Saint-Ours qui a été stationnée dans la région de Montréal.

Guillien Dubord dit Lafontaine (c1636-1705), originaire de Thiviers, est arrivé à Québec le 12 septembre 1665 à bord du navire Saint-Sébastien. Il appartenait à la compagnie de La Fouille qui a été stationnée à l'embouchure de la Rivière du Loup sur la rive Nord du Lac Saint-Pierre, à l'ouest de Trois-Rivières. Après sa démobilisation, il a épousé une fille du roi, Catherine Guérard, et s'est établi à Champlain à l'est de Trois-Rivières. (Voir La compagnie de La Fouille à Louiseville sur ce blog).

Antoine Émery dit Coderre (1643-c1715), originaire de Sarrazac, est arrivé à Québec le 19 août 1665 à bord du navire La Paix. Il appartenait à la compagnie de Contrecoeur qui a été stationnée dans la région de Montréal.

Les troupes de la marine


Les troupes de la marine sont arrivées plus tard en Nouvelle-France pour continuer la guerre contre les Iroquois menée d'abord par le régiment de Carignan. Trente-cinq compagnies de la marine se sont embarquées pour la Nouvelle-France à Rochefort entre 1683 et 1688, mais d'autres soldats sont arrivés plus tard pour compléter les effectifs.

Mes deux ancêtres limousins, soldats de la marine, étaient originaires de deux communes du diocèse de Limoges : Cornil (Corrèze) et Cognac-le-Froid (Haute-Vienne) :

Antoine Goupil ou Coupy dit Laviolette (c1673-1715), originaire de Cornil près de Tulle au sud de Limoges. La première mention de sa présence en Nouvelle-France date du 3 novembre 1698, jour de son mariage avec Marie Gaboury à La Durantaye.

Mathieu Tessier ou Éringué (c1660-1745), originaire de Cognac-le-Froid, tout près de Limoges en Haute-Vienne, aujourd'hui Cognac-la-Forêt. Il appartenait à la compagnie de Bouraillan arrivée en Nouvelle-France en 1687. Il a épousé Marguerite Carreau  le 25 novembre de la même année à Beauport.

Des dizaines de soldats de la marine ont fait souche en Nouvelle-France. Voici six autres noms qui comptent parmi mes ancêtres : Jean-Baptiste Leclerc dit Francoeur (cie de Cloches, originaire de Bretagne), Pierre Sylvain (cie de Périgny, originaire de Saintonge), Thomas Duhamel dit Sansfaçon (cie de Cabanac, originaire de Normandie), Robert Houy (cie de Bergères, originaire de l'Orléanais), François Duval (cie de Louvigny, originaire de Bretagne), Jean Crevier dit Saint-Jean (cie de Bégon, originaire du Quercy).

Sources :

jeudi 4 septembre 2014

Baptême et décès des prématurés

La mortalité périnatale était un phénomène encore fréquent au début du vingtième siècle. Les naissances prématurées en étaient la cause principale. Les femmes accouchaient à la maison et les familles n'avaient pas les connaissances ni l'aide médicale requises pour prendre soin d'un enfant de petit poids. Aujourd'hui, on les garde en incubateur pendant des semaines, sinon des mois.

On couchait le petit bébé derrière le poêle à bois pour qu'il ait bien chaud, mais on l'amenait à l'église par temps froid pour le faire baptiser le plus rapidement possible. Selon les préceptes de l'Église catholique, les enfants morts sans baptême étaient privés du Paradis et restaient à jamais prisonniers des Limbes. Il fallait donc se dépêcher de les faire baptiser.

On constate en parcourant les registres paroissiaux que certaines femmes perdaient leurs bébés à répétition, non pas à l'accouchement, mais dans les jours suivant la naissance, et souvent après le baptême de l'enfant. La répétition de ces naissances prématurées pouvait être causée par une malformation de l'utérus que l'on ne savait pas diagnostiquer.

Odélide Lampron, épouse d'Adélard Boucher, a accouché cinq fois, mais aucun de ses quatre premiers bébés n'a vécu plus de 48 heures. Ils ont tous été baptisés à l'église de la paroisse Saint-Pierre de Shawinigan, et non pas ondoyés à la maison, la veille de leur décès. Soulignons que ces baptêmes ont eu lieu à la fin d'octobre, en mars et en avril (ne te découvre pas d'un fil).










Prénom Jour Mois Année


Naissance Baptême Décès Sépulture










Georges 21 22 23 24 oct. 1904

Jeannette 12 12 13 14 mars 1906

Adélard 12 12 13 14 avril 1908

Adélard 19 19 20 21 avril 1909









Source : Registre de la paroisse Saint-Pierre de Shawinigan


Odélide Lampron est décédée le 10 janvier 1911 à Shawinigan, à l'âge de 25 ans, des suites de son cinquième accouchement. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de ce cinquième enfant qui a été baptisé Adélard-Oscar-Omer le 8 janvier 1911 dans la paroisse Saint-Pierre. Je n'ai pas trouvé son acte de sépulture. 

Adélard Boucher s'est remarié avec Sara Pellerin le 29 juin 1914 à Saint-Boniface de Shawinigan. 

mardi 2 septembre 2014

La réincarnation d'Isaïe Lampron


Né le jour du décès de son frère homonyme


Il était d'usage courant au Canada français, où les naissances étaient nombreuses, que l'on redonne au nouveau-né le prénom d'un enfant décédé. Cette tradition a perduré jusqu'au début du vingtième siècle. J'ai déjà vu des familles qui ont donné le même prénom une troisième fois. C'est d'ailleurs une source de confusion pour les généalogistes.

Le cas d'Isaïe Lampron est unique parce que son frère homonyme est décédé le jour même de sa naissance. Les deux actes se suivent dans le registre de la paroisse de Saint-Boniface de Shawinigan en date du 18 mai 1877. La probabilité d'une telle coïncidence est infime.


Le premier Isaïe


Isaïe Lampron, fils d'Olivier et de Marie Caron, est décédé le 16 mai 1877 à l'âge de 15 mois. Voici son acte de sépulture :





Le deuxième Isaïe


Isaïe Lampron est né le 16 mai 1877 à Saint-Boniface, fils d'Olivier et de Marie Caron.  Voici son acte de baptême :



Ce deuxième Isaïe n'a pas vécu longtemps non plus. Il a été inhumé dans le cimetière de Saint-Boniface de Shawinigan le 13 septembre 1898, mort à l'âge de 21 ans.

Un an plus tôt, il avait épousé Virginie Lampron, fille de Benjamin et de Dina Melançon, le 23 juin 1897 à Manchester dans le New Hampshire. Les mariés étaient petits cousins. Virginie s'est remariée deux fois : avec Élisée Cantin en 1901 à Manchester, puis avec Joseph Girardin en 1912 à Grand-Mère, près de Shawinigan. Elle est décédée à Grand-Mère le 5 mai 1964 à l'âge de 85 ans.


Voir aussu sur ce blog : Les prénoms bibliques.