jeudi 30 janvier 2014

Le tremblement de terre de 1842

Puisqu'un malheur n'arrive jamais seul, l'automne précédent la grande débâcle de 1843, un tremblement de terre a secoué la région de Trois-Rivières. L'église paroissiale a été endommagée. Voici ce qu'en disait l'annaliste du monastère des Ursulines :
« A la date du 11 novembre 1842, l'annaliste inscrit qu'un violent tremblement de terre a ébranlé le monastère, lundi dernier, vers 8 heures du matin. La secousse s'est fait sentir dans tout le district, jusqu'à Montréal. Ce fut surtout à l'église paroissiale, où se trouvait réunie une foule considérable, pour assister à une cérémonie, qui avait lieu ce jour-là, qu'on eut à déplorer le plus grand nombre d'accidents. Sous la force de l'oscillation, la voûte et le baldequin se fendirent en quelques endroits. Alors, la foule prise de peur se dirigea pêle-mêle vers la porte, et, dans ce sauve-qui-peut général, il y eut bien des évanouissements et des contusions. »
Référence : Annales des Ursulines de Trois-Rivières, tome 3.

Le baldaquin de l'église de Neuville

mardi 28 janvier 2014

La Septuagésime

Il y avait un petit creux dans le calendrier liturgique catholique entre le cycle des fêtes de Noël qui, comme chacun le sait, se termine à l'Épiphanie et celui de Pâques qui commence le Mercredi des cendres. Pour combler ce vide, on inventa donc la Septuagésime, une période liturgique de trois semaines qui précédait le Carême. On s'assurait ainsi que l'attention des fidèles ne se relâchait jamais, du moins pendant la saison froide.

Le premier dimanche de la Septuagésime s'appelait justement la Septuagésime, le deuxième dimanche s'appelait la Sexagésime et le troisième, la Quinquagésime ou Dimanche gras, en référence au Mardi gras qui le suivait.

Que devait-on faire pendant ces trois semaines ? Se mortifier, en attendant de se priver davantage pendant le Carême.

Cette période liturgique a été supprimée par le concile Vatican II.

vendredi 17 janvier 2014

Le salaire des bûcherons pendant la guerre 14-18



Au début du vingtième siècle, les bûcherons de la Batiscan, comme ceux des autre régions j'imagine, n'avaient pas de pouvoir de négociation parce que l'offre de main-d'oeuvre était trop abondante. Sauf pendant la guerre 14-18 alors que leurs salaires mensuels ont presque doublé. Voici ce qu'écrivait à ce sujet Roland St-Amand dans un mémoire de licence publié en 1966 :
« Généralement, vers la fin du XIXe siècle, on montait au chantier avec les premières neiges et on descendait avec la drave, donc un séjour de 7 mois. Un bon « engagé » pouvait « sortir du bois » avec une somme de 100,00$. Beaucoup d’ouvriers ne touchaient que de 7 à 10 dollars par mois. On comprend mieux l’exode de nos bûcherons vers les chantiers du Michigan dans ces années-là. Vers 1910, un maître-bûcheur sur la Batiscan pouvait toucher 40.00$ par mois de 26 jours de travail; le second-bûcheur selon son habileté et son allant gagnait de 20 à 30 dollars. Le charretier recevait environ 35,00$ par mois. Habituellement le « petit jobber » qui avait frappé un bon chantier réalisait 350.00$ dans son hiver; mais la moyenne ne faisait que de 150 à 175 dollars. Il n’était pas encore question de salaires minimums. Au cours de la Première Guerre mondiale, quand beaucoup de bûcherons se firent soldats ou qu’ils se cachèrent dans les bois comme « proscrits », le manque de main-d’oeuvre porta les salaires à 50 ou 55 dollars par mois; en 1917, la pénurie était telle que le salaire approchait 150 dollars par mois. Mais la guerre ne dura pas toujours; déjà vers 1921, on en était revenu à la piastre par jour de travail. Le travail à forfait débuta dans la Batiscan vers les années 1920-25 avec l’introduction du sciotte à cadre de fer (frame). Alors un maître-bûcheur pouvait « renfler ses gages » jusqu’à 2 dollars par jour. »


Référence :

Roland St-Amand, La Géographie historique et l’exploitation forestière du bassin de la Batiscan, Mémoire de licence (géographie), Québec, Université Laval, 1966: 86-87.

mercredi 15 janvier 2014

Pauvres mendiants

Louis Delaunay a été curé de Saint-Léon-le-Grand de 1806 jusqu'à sa mort en 1837. Il a rédigé l'acte de sépulture de l'Écossais Jean Stuart qui est décédé à Saint-Léon  le premier mars 1813, à l'âge de 63 ans. Dans un élan de pitié sans doute, il a qualifié le défunt de pauvre mendiant. Delaunay a précisé que Stuart est décédé alors qu'il se trouvait chez Antoine Lesage, agriculteur de Saint-Léon.

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Comment devenait-on un pauvre mendiant en 1813 ? Par malchance, infirmité ou maladie, pour survivre en l'absence de sécurité sociale. Il fallait d'abord se faire accepter comme tel par la communauté, ce qui n'était pas aussi facile qu'aujourd'hui. Certaines paroisses émettaient un permis de mendicité aux « quêteux » qui, pour l'obtenir, devaient démontrer de bonnes moeurs. Les gens n'accueillaient pas les inconnus, et encore moins les ivrognes.

Il pouvait aussi arriver que l'on naisse mendiant. Nous avons déjà vu que deux familles avec enfants exerçaient cette activité à la Pointe-du-Lac en 1852 (voir Des mendiants à la Pointe-du-Lac sur ce blog).

Selon l'acte de sépulture, Jean Stuart était marié avec Marie-Josephte Courvillon. Je n'ai trouvé aucune trace de ce couple. À ma connaissance, il n'y avait ni Stuart ni Courvillon dans la région. D'ailleurs, l'acte n'indique pas que le couple vivait à Saint-Léon. Stuart était peut-être simplement de passage dans cette paroisse au moment de son décès. Certains mendiants faisaient des tournées de paroisses qu'ils répétaient à chaque année. On aimait les recevoir à la maison parce qu'ils apportaient des nouvelles et des potins des villages qu'ils avaient visités.

Treize ans plus tard, l'abbé Delaunay a utilisé la même expression pour désigner un autre défunt, Louis Gauthier, mort le 1er mai 1826, à l'âge de 63 ans lui aussi. Ce pauvre mendiant était l'époux de Madeleine Arsenault.

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Contrairement au premier cas, il s'agit ici d'un couple de la région. Le mariage Gautier-Arsenault a été célébré 18 septembre 1809 à Louiseville, paroisse voisine de Saint-Léon. Louis Gauthier s'est marié à un âge avancé, à 46 ans. Madeleine Arsenault, âgée de 25 ans au moment du mariage, était la veuve de Jean-Baptiste Soulard.

Selon le recensement du Bas-Canada de 1825, Louis Gauthier ne vivait pas seul. Il partageait son logement avec une femme mariée, probablement Madeleine Arsenault, et deux autres personnes qui étaient absentes au moment du recensement. Le recensement de 1825 ne donne pas l'identité de ces personnes ni leurs liens avec le chef de famille.

samedi 11 janvier 2014

Bozo ...

Dans les années d'après-guerre, on suivait dans les journaux les aventures de Bozo, un petit vagabond avec un cigare au bec. Ses histoires sans dialogues étaient brèves, seulement trois cases pour amener un punch final à la quatrième.

Bozo a été créé au début des années 1920 dans le Richmond Times en Virginie. Il est devenu une des bandes dessinées les plus populaires des journaux en Occident de 1945 à 1955, année du décès de son créateur Francis Xavier "Foxo" Reardon.

Les deux épisodes suivants ont été publiés dans La Voix de Shawinigan du vendredi 5 janvier 1951. Le premier est un exemple classique des anciens « comic strips » qui se terminaient souvent par une poursuite. Le deuxième, avec la lampe et la boîte de chocolat, est un petit chef-d'oeuvre de concision en quatre images : rien à ajouter ni à enlever.

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